Grotte de Cougnac
L'une des plus anciennes grottes ornées qui se visite encore

Les grottes de Cougnac sont constituées d'un réseau de grottes séparées de 200 mètres environ. La première présente de nombreuses concrétions naturelles. C'est l'écoulement d'eau chargé de calcite qui a façonné les structures stalagmitiques. Cette première grotte ne contient aucune représentation pariétale.
La deuxième grotte, la plus connue, est ornée de nombreuses figures datant du Paléolithique. La grotte de Cougnac fait la part belle aux bouquetins mais présente également des mammouths et des cervidés. Sa plus grande particularité est la présence de plusieurs représentations humaines, assez peu fréquentes dans l'art pariétal. C'est l'une des rares grottes ornées de représentations datées de - 25 000 ans et encore ouverte au public.
A droite, entrée de la grotte ornée de Cougnac en 2009.

Situation
Les grottes de Cougnac sont situées sur la commune de Payrignac-Lot, à 4 km de de Gourdon. La grotte ornée se trouve en haut de la colline (190 mètres d'altitude) alors que la grotte stalagmitique est située plus bas, sur le versant oriental. Lors de la visite, la traversée d'un petit bois ombragé (bien agréable en période de forte chaleur) permet de rejoindre les deux cavités et de converser avec votre guide. Une autre grotte, Mazet, se trouve à la base de la colline mais c'est une cavité modeste, sans intérêt particulier.
Ci-dessous, à droite, concrétions situées dans la grotte préhistorique mais non ornée de Cougnac.

La découverte et les fouilles à Cougnac Les débuts de la grotte de Cougnac sont un peu ésotériques mais ils ont permis la découverte d'une très belle grotte ornée... En 1949, un radiesthésiste amateur, M. Lagarde, informe le préhistorien Jean Mazet qu'une grande cavité se trouve aux alentours de Gourdon. Plutôt septique ce dernier entreprend quand même quelques recherches. Sur les indications du radiésthésiste il trouve une voûte rocheuse totalement obstruée ! Avec l'aide d'agriculteurs de la région il réussit à retirer les sédiments qui s'étaient accumulés... Il venait de découvrir, le 3 novembre, une première grotte à Cougnac, celle des concrétions naturelles. Le 23 novembre 1952, continuant sur sa lancée, et toujours avec les indications du radiésthésiste (...) Jean Mazet trouve l'entrée de la seconde grotte, celle contenant les représentations préhistoriques. Pour cette deuxième découverte il était accompagné de R. Borne, R. Boudet, L. Gouloumès, A. Sauvant. Les premières fouilles et le relevé des figures ont été réalisés par L. Meroc et J. Mazet. La grotte est classée monument historique le 19 mai 1954. A partir de 1980 c'est le préhistorien Michel Lorblanchet qui reprend les études de l'art pariétal à Cougnac. Il procède à des analyses modernes pour dater les représentations et étudier la composition des pigments.

La grotte ornée de Cougnac
Longue de 200 mètres la grotte ornée de Cougnac a bénéficié d'une protection naturelle pendant plus de 10 000 ans. Les entrées de la grotte ont été comblées, empêchant ainsi toute détérioration extérieure jusqu'en 1952. Comme dans la majorité des grottes ornées, les représentations sont situées loin de l'entrée. Pour Cougnac il faut marcher une soixantaine de mètres pour les admirer. La grotte de Cougnac est formée de 3 galeries, dont la plus importante mesure 100 mètres. La hauteur sous plafond évolue entre 3 et 6 mètres...

L'art pariétal
A Cougnac vous trouverez des dessins et non des peintures. L'homme du Paléolithique a tracé les contours des figures mais il n'a pas peint l'intérieur des figures. Selon Michel Lorblanchet la majorité des dessins a été réalisée avec un morceau de charbon de bois ou un crayon d'ocre.
Au global, la cavitée est ornée de 505 motifs : de très nombreux signes et marques (474), dont certains ne sont recensés que dans de très rares grottes, 25 animaux, 5 figures humaines, et 1 motif non identifié (1).
Si l'animal le plus représenté est le bouquetin (8 motifs), on trouve également des cervidés (7), des mammouths 6) et un cheval. Beaucoup plus rares dans l'art préhistorique, ce ne sont pas moins de 4 figures anthropomorphes qui sont représentées à Cougnac !

Les deux premiers panneaux de la frise principale de Cougnac

La frise principale de Cougnac, longue de 13 mètres, peut être divisée en 3 panneaux séparés par des concrétions naturelles :
- la première présente 3 mégacéros, 2 bouquetins, un mammouth, un cerf et un humain acéphale (voir image ci-dessus),
- sur la deuxième on distingue 3 bouquetins et des traces de frottements de couleur,
- la troisième permet de découvrir des signes linéaires, 3 mammouths, des figures fantomatiques, un bouquetin et un humain transpercé.

Les animaux
Les majorité des représentations de la faune à Cougnac est de taille imposante (plusieurs dizaines de centimètres). Certains des dessins de Cougnac montrent des traces de "rénovation" ou de reprise : superposition de traits ou pigments différents. C'est le cas pour 3 mégacéros et 3 bouquetins... Les nouvelles générations de Magdaléniens avaient donc le droit de "retoucher" les oeuvres de leurs aînés !

Les 8 bouquetins de Cougnac sont assez raides, dessinés de façon statique. Le couple de bouquetins ci-dessus a été positionné afin de profiter du relief naturel de la paroi.	Un bouquetin dont l'artiste a utilisé le relief de la paroi pour simuler les longs poils qui tombent du ventral de l'animal.
Les mégacéros sont représentés en couple ou seuls. Cougnac fait partie des rares grottes ou cet animal est représenté. C'est donc l'une des figures à ne pas manquer ! On note la présence d'un "homme blessé" surperposé à l'animal.	Le mammouth le plus complet représentés à Cougnac est assez étonnant. Peu figuratif, l'animal est doté de pattes disproportionnées par rapport au corps. Sur l'image on distingue par-dessus l'animal un humain au corps transpercé de traits.

A propos des mammouths de Cougnac l'abbé Breuil avait dit : "si ces dessins sont faux, ils imitent si bien les modèle magdaléniens qu'une seule personne au monde aurait été capable de les peindre, et cette personne c'est moi ; comme je n'en suis pas l'auteur, je peux vous assurer que ces dessins sont authentiques"(2)...

Les signes
On ne dénombre pas moins de 474 marques et signes dans la grotte de Cougnac. Ces signes sont de plusieurs formes, comme de simples ponctuations, jusqu'à des dessins plus élaborés comme les tectiformes (en forme de toits de maisons). En apposant simplement le bout des doigts peints sur les parois les hommes préhistoriques ont également fait figurer un grand nombre de points.

On ne trouve les signes tectiformes que dans un nombre restreint de grottes : Cougnac, Pech-Merle, Le Placard, Cosquer... On ne connaît pas leur signification.	Le signe tectiforme est également appelé aviforme, en cheminée, en accolade, ou de type Placard.

Les humains
Quand une grotte ornée a la chance de posséder une représentation humaine sur ses parois, c’est déjà un événement.  La grotte de Cougnac détient,quant à elle, deux représentations anthropomorphes très claires, mais également trois figures « fantomatiques » semblant s’échapper d’une anfractuosité invisible de la paroi…
Les 2 hommes transpercés de Cougnac, semblables à celui du Pech Merle, restent un mystère. Que représentent les traits qui semblent leur rentrer dans le corps ? C'est l'hypothèse de l'homme blessé qui est la plus argumentée : soit les traits symbolisent des jets de sang s'échappant du corps, soit ce sont des lances fichées.

Homme transpercé de traits	3 silhouettes humaines...presque fantomatiques !

Les pigments utilisés à Cougnac
Les dessins sont majoritairement des tracés rouges et bruns, mais quelques-uns sont en noir. La couleur rouge a été obtenue par l'utisation directe d'ocre rouge, ou par la cuisson de l'ocre jaune que l'on trouve naturellement dans la grotte. Le brun est issu d'un mélange d'ocre rouge et d'oxyde de manganèse. Les rares figures en noir proviennent probablement de charbon de bois ou de charbon d'os...

Fouilles du sol
Les fouiles du sol de la grotte de Cougnac ont permis de mettre en évidence la présence à l'entrée de la grotte d'un habitat moustérien du Paléolithique moyen . Dans les parties ornées de dessins, les fouilles ont démontré une occupation humaine fréquente (réserves d'ocre rouge, ossements de rennes, lampe à graisse et outils de silex). Les ossements de rennes ont été datés de - 15 000 ans.

Datation de Cougnac
Sous la direction de Michel Lorblanchet, des prélèvements de charbon de bois réalisés en 1990 et 1992 ont permis de dater certaines des représentations de la grotte de Cougnac. Par la méthode du carbone 14 (radiocarbone) on a ainsi pu découvrir que le panneau des mégacéros a été réalisé il y a 23 000 ans, au minimum (Gravettien). Les signes ponctués sont plus récents mais sont quand même estimés à - 14 000 ans (Magdalénien). (Etude Lorblanchet  et Hélène Valladas au laboratoire du CNRS à Gif-sur-Yvette).
Un os de renne, trouvé dans la grotte, a quant à lui été daté du Magdalénien.
La différence entre les deux datations peut signifier deux choses : soit les hommes ont effectué un rafraîchissement  des peintures 8 000 ans après le premier passage, soit la grotte a été "visitée" à plusieurs reprises.

Bonne visite !

C.R.

Notes
1 L'art préhistorique du Quercy - Michel Lorblanchet.
2 Selon Yves Coppens dans La France préhistorique, Gallimard.

Sources : Grottes de Cougnac Art pariétal, grottes ornées du Quercy - Michel Lorblanchet L'art préhistorique du Quercy - Michel Lorblanchet Cougnac - Louis Meroc - Jean Mazet L’« art » pariétal gravettien en France : éléments pour un bilan chronologique, Jacques Jaubert. Europreart Irmh
	Musée de l'Homme de Néandertal	Les Fieux	Maison et grotte du Piage	Grotte du Pech Merle

La grotte Cougnac en bref