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Saint-Cirq – Grotte du Sorcier
La grotte du Sorcier
Une petite grotte mais avec des représentations anthropomorphes !
Saint-Cirq – Les Eyzies-de-Tayac
Périgord
Les parois de la Grotte de Saint-Cirq sont profondément gravées et son « sorcier » au sexe érigé ne fait pas peur…
Fermeture de la grotte du Sorcier sur toute la saison 2024
Situation
Située entre les Eyzies-de-Tayac et Le Bugue, la grotte de Sain-Cirq est un peu en dehors des circuits touristiques habituels. Au pied de la falaise qui surplombe Saint-Cirq-du-Bugue, cachée derrière un rideau de bambous, la grotte de Saint-Cirq est presque intégrée à un réseau de maisons troglodytes. Quelques places de parking à proximité de l’entrée permettent de se garer facilement. A noter les routes sont très escarpées: ne venez pas avec la caravane…
La découverte de la grotte de Saint-Cirq
La cavité d’origine était connue et même utilisée depuis plusieurs années comme lieu d’entrepôt : son entrée avait été élargie. L’intérêt de la grotte ainsi que ses gravures n’avaient pas encore été découverts.
En mai 1952, Noël Brousse, le propriétaire, contacte un préhistorien de sa famille, Séverin Blanc qui invite B. Mortureux et sa femme à visiter la grotte. C’est à ce moment qu’il aperçoit les premières figures pariétales les plus proches de l’entrée : les équidés et le bison. Ces figures sont gravées tellement profondément qu’on peut même parler de bas-relief pour le bison.
Les autres gravures, au fond de la grotte, seront progressivement découvertes par les scientifiques qui vont se succéder dans la cavité. A partir de 1953, l’Abbé Glory, André Leroi-Gourhan, Alain Roussot puis Brigitte et Gilles Delluc vont répertorier toutes les représentations et les signes que contient la grotte. Contrairement à ce que l’on croit, l’Abbé Breuil a certainement visité la grotte de Saint-Cirq mais il ne l’a pas étudiée.
La grotte du Sorcier de Saint-Cirq
Rouffignac présente le plus grand réseau karstique du Périgord. Si les galeries sont maintenant asséchées, il subsiste, au niveau inférieur (non visitable), un petit ruisseau. Au total, c’est plus de 10 km de galeries, répartis sur 3 niveaux. C’est l’eau infiltrée dans le calcaire qui a commencé à creuser les galeries il y a 70 millions d’années. Le processus s’est poursuivi jusqu’au début de l’Ere tertiaire (-65 m
Aux temps préhistoriques, la grotte était une diaclase étroite dans laquelle les hommes devaient ramper pour avancer. Au bout de la cavité une partie plus large (appelée la Coupole) permettait au « visiteur » de se tenir assis.
La grotte a depuis été agrandie, le sol abaissé pour la transformer en grenier ou hangar. La cavité élargie mesure 6 mètres de large sur 13 mètres de profondeur. Le visiteur d’aujourd’hui a donc une vision toute autre des représentations qu’il découvre désormais debout et, pour la partie la plus profonde, reflétées dans une glace.
Le dispositif d’éclairage mis en place dernièrement permet de voir très facilement les gravures et les bas-reliefs.
La zone d’entrée (Zone en bas à droite du plan ci-contre)
La première partie de la grotte qui bénéficiait de la lumière naturelle présente une frise de plusieurs chevaux et un bison (à noter que pour Henri Leroi-Gourhan cette frise était de style III). On dénombre 10 unités graphiques dans cette partie dont 4 chevaux, 2 animaux indéterminés et 1 bison.
La zone profonde (Zone en haut à droite du plan ci-contre)
La seconde partie, plus profonde et dans l’obscurité, présente 18 gravures différentes du Magdalénien, dont une représentation masculine célèbre : le sorcier. Corps féminin limité au bassin, au sexe et au cuisses, gravé tête-bêche, figurine féminine génoïde, têtes humaines bestialisées, bison, bouquetins, cheval, signe triangulaire, traits parallèles complètent la série. Les gravures de cette partie sont plus fines et beaucoup moins profondément gravées.
Les gravures de Saint-Cirq, la zone d’entrée
Le bison de l’entrée
Le bison de la découverte, a été la première gravure identifiée. Elle était masquée par une branche de lierre et fut découverte par Bernard Mortureux. Ce premier bison est un véritable bas-relief gravé profondément dans la calcite.
On distingue très nettement son arrière-train et son fanon (encolure) très marqués. Photo Delluc.
Le cheval acéphale
On découvre d’abord le dos, puis une patte et la croupe. Une deuxième patte avec un sabot se détache nettement.
Comme beaucoup de chevaux dans l’art pariétal, nous avons ici un cheval acéphale (sans tête). Le corps de l’animal est parcouru de traits comme sur certaines peintures de Lascaux. Le sabot ovaloïde rappelle également le style de Lascaux.
Avec un certain éclairage il est possible d’imaginer une tête retournée vers l’arrière (comme à Pair-non-Pair et Angles-sous-Anglin). Mais rien ne permet d’affirmer que les traits sont gravés ou que c’est simplement une variation naturelle de la paroi. Photo Delluc.
Les gravures de Saint-Cirq, zone profonde
Le sorcier ithyphallique
Disons-le tout de suite le « sorcier » n’en n’est pas un… Ou, en tout cas, rien ne permet de lui attribuer ce titre ! Assez impressionnante cette figure humaine à la tête ronde, au ventre prohéminent et aux deux mains tendues en avant est l’une des rares représentations humaines et masculines assez réaliste dans tout l’art préhistorique.
Cet homme est également caractérisé par un sexe en érection qui étonne plus d’un visiteur. C’est l’Abbé Glory qui attribua à cette représentation le terme de « sorcier » sans qu’aucun élément ne vienne expliquer cette dénomination. Dimensions de la gravure : 50 cm de haut sur environ 22 cm de large. Photo et relevé Delluc.
Outils armes et art mobilier découverts dans le gisement voisin du Roc-Saint-Cirq
Il y a 13 000 ans environs, les hommes du Magdalénien se sont enfoncés dans les galeries de Rouffignac. Si le trajet nous paraît simple d’accès aujourd’hui, il faut penser qu’à l’époque la progression se faisait à la lueur d’une lampe à graisse. Les vascillements de la flamme devaient rendre les galeries presque effrayantes… Malgré cela, les Magdaléniens sont allés au plus profond des cavités, nous laissant des dessins et des gravures très spécifiques.
« Les dessins peints et gravés sont répartis dans la majeure partie des galeries de l’étage supérieur, mais leur densité varie selon les secteurs ; le public visite les zones où leur concentration est la plus forte » (2).
Le petit musée de Saint-Cirq
Avant et après votre visite de la grotte, vous avez accès (inclus dans le prix de l’entrée) au petit Musée de Préhsitoire de Saint-Cirq. Vous pourrez y voir des moulages des gravures de la grotte qui permettent une meilleure lisibilité des oeuvres mais aussi un récapitulatif des représentations masculines dans l’art préhistorique.
C.R.
Hominides.com remercie Brigitte et Gilles Delluc pour les informations et photos.
La Grotte du Sorcier en bref…
Type | Techniques employées | Périodes | Occupation | Restes Humains |
Grotte ornée | Gravures profondes Bas-relief et gravures fines. | Magdalénien | entre 17 000 et 19 000 ans BP | Non |
Dimensions | Nombre de représentations | Outils / Artefacts | ||
13 mètres de profondeur sur 5-6 mètres de large | Une quinzaine | Burins pointes de sagaies | ||
Localisation | Accessibilité | Date découverte | Particularités | |
St-Cirq-du-Bugue | Pour tous | mai 1952 | Coord. GPS N 44° 55′ 33″ / E 0° 58′ 04″ |
Visite de la grotte du Sorcier à Saint Cirq
En attendant de rentrer dans la grotte, vous pourrez visiter l’espace préhistoire qui présente les découvertes faites à Saint-Cirq.
Durée de la visite de la grotte : environ 30 minutes
Adresse
Route de Saint-Cirq entre Les Eyzies de Tayac et Le Bugue,
Réservation et moyens de contact
Téléphone : 05 53 07 14 37 ou sur grottedusorcier@gmail.com
Fermeture de la grotte du Sorcier sur toute la saison 2024
En savoir plus sur la préhistoire en Périgord
Sources
La grotte ornée de Saint-Cirq (Dordogne) par Brigitte et Gille Delluc et Francis Guichard
La Préhistoire, Histoire et dictionnaire sous la direction de Denis Vialou.
Visite de la grotte 2009 et 2019