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Bara-Bahau Grotte
Badaboum… Bara-Bahau la grotte des ours… avant d’être ornée de gravures par les Homo sapiens il y a 15 000 ans.
Le Bugue
Périgord
Situation
Située un peu en dehors des chemins touristiques classiques, sur la commune du Bugue (à 10 km des Eyzies-de-Tayac), la grotte de Bara-Bahau est relativement méconnue du grand public. Certes les représentations sont moins « lisibles » que celles de Lascaux ou du Cap Blanc mais elles sont tout aussi impressionnantes. La visite vaut le détour aussi bien pour la cavité en elle-même que pour les gravures préhistoriques.
A l’extérieur du Bugue le site est très peu indiqué. Une fois dans la ville, suivez les pancartes. Devant la colline calcaire qui abrite la grotte, un parking (gratuit) peut accueillir votre véhicule.
Une bonne flopée de marches vous permet d’accéder à la grotte située 70 mètres plus haut.
La découverte de la grotte
La première salle de la grotte était connue de tous dans le passé. Cette grande cavité montre en effet les grandes strates marines datant de l’ère secondaire. Le sol était accidenté du fait de nombreux blocs de calcaires effondrés du plafond. C’était une petite attraction naturelle.
En avril 1951 le spéléologue Norbert Casteret, son fils Raoul et sa fille explorent plus profondément la cavité et découvre les gravures magdaléniennes.
Pourquoi Bara-Bahau ?
Le nom de Bara-Bahau vient de l’ancien patois périgordin que l’on peut traduire par « badaboum » en référence aux blocs de calcaire qui s’étaient effondrés du plafond en faisant un grand bruit amplifié par la cavité…
Les études de la grotte
Les spécialistes sont appelés en renfort et les gravures sont authentifiées par l’abbé Henri Breuil en août 1951. Il déclare « J’ai visité avec un grand intérêt la nouvelle grotte ornée de Bara-Bahau ; elle contient assurément des panneaux décorés d’une réelle importance pour l’histoire de l’art à ses premiers débuts… »
Une étude plus conséquente de la grotte sera faite par l’abbé Glory en 1955, puis Brigitte et Gilles Delluc publieront en 1997. Voir les sources en bas de page.
Comme les autres grottes paléolithiques, Bara-Bahau n’a jamais été « habité » par les Hommes préhistoriques. Il n’y a que les enfants qui pensent que Cro-Magnon était au fond des cavités et faisait à manger avant d’aller au lit… !
Formation de la grotte
La grotte est située dans un petit massif calcaire. Ce sont l’érosion et le ruissellement des eaux qui ont creusé peu à peu cette immense cavité à la fin de l’ère Tertiaire. Les effondrements du plafond ont eu lieu au Quaternaire.
Les différentes strates visibles sont superbes et ont dû fortement impressionner nos ancêtres…
Il y a 15 000 ans le sol de certaines parties de la grotte était plus élevé que maintenant. Les hommes préhistoriques se déplaçaient donc debout ou accroupi suivant la disposition des lieux.
La roche sur laquelle sont disposées les gravures est de consistance tellement molle (le mondmilch) que l’abbé Breuil le comparait à du « fromage blanc »…
Visite de Bara-Bahau
Les dimensions sont conséquentes : environ 100 mètres de longueur et 25 mètres de largeur (au maximum). Cette grotte est très différente des autres grottes du Périgord généralement de taille beaucoup plus modeste.
Lorsqu’on pénètre dans Bara-Bahau la première impression est de se retrouver dans une immense cave aux couleurs multiples. Du rouge, du brun, de l’ocre et du blanc semblent peints sur les parois. Vous êtes en réalité en face de différentes strates marines qui se sont déposées il y a des millions d’années. Au milieu de cette cavité, d’énormes blocs de calcaire sont disséminés ça et là, traces visibles des éboulements du plafond de la grotte.
Le plafond de la première salle se situe à 12 mètres de hauteur. Plusieurs passages vous permettent de parcourir les 90 mètres qui vous séparent de la salle des gravures.
Les griffades d’ours
Il y a 50 000 ans la grotte était utilisée comme tanière par des ours des cavernes. Ils ont laissé des traces de leur passage sous forme de griffades sur les parois. Ces griffures sont donc antérieures aux gravures humaines. Pour Gilles Delluc les ours sont obligés de griffer les parois, d’une part, pour « user » leurs longues griffes non rétractiles, mais aussi pour « chercher leur chemin » dans l’obscurité des grottes.
On a également retrouvé des ossements et des dents de cet animal, datant de l’époque Moustérienne.
Les représentations
Toutes les représentations se trouvent au fond de la grotte sur une surface d’environ 12 mètres de long sur 5 mètres de hauteur. On a découvert 18 figures et signes sur trois registres, c’est-à-dire à différents niveaux de hauteur sur la surface inclinée du plafond. Les parois étant relativement molles, les « artistes » de Bara-Bahau ont réalisé les gravures avec une pointe de silex mais aussi, partiellement, avec les doigts. Seule une partie des représentation est présentée ici.
Le registre inférieur (le plus près du sol)
L’homme préhistorique devait donc être couché sur le sol pour réaliser les représentations et les signes.
Le grand signe quadrangulaire (74 cm de large sur 52 cm de haut) est de forme trapézoïdale. Il est rempli de tracés divers qu’il est difficile d’analyser. Au sommet il y a deux sortes d’antennes formées de quatre traits. Ce signe n’a pas pu être décrypté et reste une vraie énigme, comme tous les autres signes tectiformes de l’art pariétal.
Cette main de 13,5 cm de large sur 21cm de haut a été réalisée en prenant comme base une griffade d’ours ! L’auteur de la gravure a donc complété la trace de son prédécesseur. Comme souvent dans l’art préhistorique l’homme utilise les formes et le relief de la paroi. Cette représentation fait partie des rares mains gravées, comme à la grotte de Bernifal et à Frontac.
Une gravure sur 48 cm de large sur 84 cm de haut. Seuls apparaissent avec certitude la tête et le haut du poitrail. Le dos de l’animal est évoqué par une fissure naturelle de la roche. D’autres scientifiques ont, eux, aperçu son arrière-train (Abbé Glory), son ventre et ses pattes… Pour Brigitte et Gilles Delluc la silhouette générale évoque plus un ours brun qu’un ours des cavernes.
L’un des plus grands chevaux de l’art paléolithique. Iil mesure 210 cm de large sur 90 cm de hauteur. Une particularité : la crinière est schématisée par de petits traits.
Une grande figure de 112 cm de large sur 54 cm de haut. On distingue facilement la ligne de dos, la tête, la racine des bois et l’encolure. Le garrot et le port de tête montrent clairement que c’est un renne.
Les représentations de renne sont assez rares dans l’art pariétal mais on en trouve cependant aussi dans la grotte des Combarelles et à l’abri de Cap Blanc.
Le registre moyen
Un magnifique cheval de 172 cm de large sur 106 cm de hauteur, presque complet. Ligne de dos, ventre, queue et poitrail très clairs. Une tête finement gravée surmontée d’une belle crinière et, détail important, deux traits partant de la bouche de l’animal rendent visible son souflle !
Un aurochs de 210 cm de large sur 126 cm de large, une « très belle bête » comme le précise Gilles Delluc… On aperçoit la tête, les deux cornes, la crinière, le dos, le poitrail et la racine des pattes avant. Un bout de silex se trouvant sur la tête de l’animal est, pour Leroi-Gourhan, la représentation de son oreille.
Le registre supérieur
Une simple ligne de dos terminée par la tête du bison permet d’imaginer la forme globale de l’animal.
Situé au-dessus du bison, le phallus semble flotter dans l’air… Il n’est pas rattaché à un autre élément. Il apparaît comme la majorité des représentations de ce type, très schématisé, comme un symbole. Il s’inscrit dans un rectangle de 9 cm de large sur 27 cm de hauteur. On trouve également des phallus sur les sites de Castel Merle à l‘abri Castanet mais aussi à Laussel, Blanchard...
C.R.
Sources :
– Visite de Bara-Bahau réalisée en 2009
– Etude de Brigitte et Gilles Delluc Les gravures de la grotte ornée de Bara-Bahau.
– DELLUC B. et G. et GUICHARD F., 1997 : La grotte ornée de Bara Bahau (Le Bugue), Bulletin de la Socoété historique et archéologique du Périgord, 124, p. 31-62, 16 fig.
– DELLUC B. et G., 1998 : La grotte ornée de Bara-Bahau (Le Bugue, Dordogne), Gallia-Préhistoire, 39, p. 109-150, 26 fig.
– Photos Gilles Delluc (excepté si indications contraires)
La Grotte de Bara-Bahau en bref…
Type | Techniques employées | Périodes | Occupation | Restes Humains |
Grotte ornée | Gravures | Magdalénien | 15 000 ans ? | Non |
Dimensions | Nombre de représentations | Outils / Artefacts | ||
100 mètres de profondeur sur 24 mètre de large au maximum | 18 unités graphiques | Non | ||
Localisation | Accessibilité | Date découverte | Particularités | |
Le Bugue | Pour tous | 12 septembre 1951 | La première partie de la grotte montre des strates magnifiques |
Visite de la grotte de Bara-Bahau
Petite grotte à l’écart des grands circuits, mais très proche des Eyzies-de-Tayac, Bara-Bahau permet de découvrir un autre style de gravure du Paléolithique.
Les gravures peuvent être parfois un peu difficile à « lire » .
Durée de la visite : environ 35 minutes.
Adresse
Grotte de Bara-Bahau
24260 Le Bugue
Moyens de contact
Téléphone : 05 53 07 44 58
Formulaire de contact
Horaires des visites
Du dimanche 13 février au dimanche 6 mars, de 14h à 17h, fermeture le lundi.
Du samedi 2 avril au samedi 9 juillet, de 10h à 12h et de 14h à 17h, fermeture le lundi.
Du dimanche 10 juillet au dimanche 28 août, de 10h à 19h, tous les jours.
Du mardi 30 août au dimanche 2 octobre, de 10h à 12h et de 14h à 17h, fermeture le lundi.
Du samedi 22 octobre au dimanche 6 novembre, de 14h à 17h, fermeture le lundi.
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Tarifs 2022
Adulte : 7.50 €
Enfant (6 à 15 ans) : 5.30 €
Réduit adulte : 6.00 €
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