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Moustier abri
L’abri du Moustier, un haut-lieu de la culture néandertalienne, le Moustérien
Saint-Léon-sur-Vézère
Périgord
Plus de 600 représentations gravées dans la roche
Attention en 2024 quelques dates sont ouvertes pour des conférences sur site !!!
Dates de réservation Abri du Moustier et visite en bas de page
Les abris du Moustier sont situés en face du site troglodytique de la Roque Saint-Christophe.
Pour le non spécialiste, le nom du Moustier ne signifie absolument rien. Si l’on ajoute que c’est un abri sous roche et qu’il y en a même deux… votre interlocuteur écarquillera les yeux de plus en plus grands ! Pour finir, rajoutez qu’il est à l’origine d’une culture lithique néandertalienne, et finalement vous êtes tout seul à parler !
Pour un amateur, le gisement du Moustier est presque un lieu magique où les découvertes sont exceptionnelles : non seulement les outils laissés par Néandertal sont nombreux, mais en plus il y a eu (au moins) deux squelettes retrouvés, dont celui d’un petit enfant. Une vraie merveille je vous dis !…
Si l’abri en lui-même ne se visite pas, des conférences sur le site sont organisées. Il vous suffit de vous rendre à Font-de-Gaume, aux Eyzies-de-Tayac, pour réserver, si possible en dehors des vacances scolaires…
Situation
Les abris du Moustier sont situés sur la commune de Saint-Léon-sur-Vézère, sur la rive droite de la Vézère, à proximité du confluent le Vimon. Sur la même commune est situé le magnifique site troglodytique de la Roque-Saint-Christophe.
Le gisement est constitué de deux abris sous roche situés en plein milieu du village, en face de l’église romane. L’abri supérieur (ou classique) surplombe de quatorze mètres l’abri inférieur qui se trouve aujourd’hui au niveau de la Vézère, au pied de la petite falaise.
L’abri supérieur, vidé, ne se visite pas. L’abri inférieur, visible du chemin, est accessible lors de conférences organisées par Font-de-Gaume.
Historique et fouilles à l’abri du Moustier
Ce sont les hommes de Cro-Magnon qui ont, à l’origine, gravé les parois argilo-sableuses des Combarelles. L’abri supérieur du Moustier a été fouillé dès 1863 par les préhistoriens E. Lartet et H. Christy. Ils y découvrirent une importante industrie lithique spécifique (des silex taillés) qui sera baptisée en 1869 le « Moustérien » par Gabriel de Mortillet, la référence en préhistoire de l’époque. D’autres chercheurs ont repris les fouilles, comme M. Bourlon et D. Peyrony mais l’abri est maintenant totalement vidé de ses dépôts paléolithiques.
A gauche : coupe des abris inférieur et supérieur du Moustier (Dessin A. Roussot).
A partir de 1907, des fouilles sont entreprises dans l’abri inférieur du Moustier. C’est le collectionneur-préhistorien contesté Otto Hauser qui va découvrir le 10 avril 1908 le premier squelette du gisement attribué à Néandertal, Le Moustier 1. Le positionnement du squelette dans le gisement n’a pas été suffisamment détaillé pour le situer dans la stratigraphie. Hauser va vendre directement ce fossile au Museum für Völkerkunde de Berlin.
En 1910, le même O. Hauser met à jour un fragment de crâne et certainement une dent. Ces ossements ne sont répertoriés dans aucun musée ou collection particulière, ils ont tout simplement disparu.
Les fouilles continuent sous la houlette de Denis Peyrony à partir de 1910 qui a fait racheter le gisement par l’Etat. Le préhistorien définit les différentes strates du gisement du Moustérien typique à l’Aurignacien, en passant par du Moustérien de tradition acheuléenne. Ces travaux seront par la suite confirmés par d’autres scientifiques comme M. Bourgon et F. Bordes.
Le 19 mai 1914, D. Peyrony découvre une fosse dans laquelle se trouvent des restes humains. Le Moustier 2 vient d’être découvert… et commence maintenant son périple… En effet, il disparaît subitement et on pense alors que le fossile est perdu.
Photo : les fouilleurs au Moustier, le 14 avril 1908. On peut reconnaître Raymonden, Cartailhac, Peyrony et l’abbé Breuil.
Les découvertes anthropologiques du Moustier
Le Moustier 1
Pour vendre sa découverte, Otto Hauser ne va pas hésiter à enfouir les ossements à plusieurs reprises pour simuler, en présence de scientifiques, la « découverte » du Néandertalien. Il va même jusqu’à le baptiser Homo mousteriensis hauseri ! C’est finalement le Musée de Berlin qui se portera acquéreur.
Les restes du fossile seront malheureusement détruits sous les bombardements de la seconde guerre mondiale, à l’exception notable du crâne qui avait été stocké séparément.
Une étude de celui-ci, initialement mal remonté, datant de 2003, permet de l’attribuer à un adolescent néandertalien de sexe masculin.
Le Moustier 2
Exhumé par Denis Peyrony en 1914, le squelette du nouveau-né du Moustier est, pour sa classe d’âge, l’un des deux fossiles les mieux conservés au monde.
Il reposait dans une fosse ovale, longue de 50 cm et profonde de 40 cm, creusée dans les couches J et H (-40 000 ans). Le bébé reposait, couché sur le dos, la tête calée à gauche par un bloc calcaire.
Peu de temps après sa découverte, le petit fossile disparaît et ne sera alors plus référencé. Pour Jean-Louis Heim « ce très jeune squelette, découvert par Hauser et signalé dans les notes manuscrites de D. Peyrony que nous avons consultées au Musée des Eyzies, a été très certainement égaré après avoir été envoyé pour étude à Marcellin Boule ».
C’est 88 ans plus tard, en 1996, que Bruno Maureille identifie des ossements dans les réserves du Musée National de Préhistoire, qu’ils n’avaient manifestement jamais quitté. Le Moustier 2 pu alors bénéficier des dernières techniques d’investigation : le nouveau-né du Moustier 2 devait avoir approximativement 9 mois au moment de son décès. L’analyse de sa morphologie permet de classer ce petit humain comme Néandertalien. La bonne conservation du fossile pourrait permettre, à terme, d’effectuer une datation directe (SMA) mais aussi des recherches sur son ADN.
Industrie lithique et faune au Moustier
Les 2 abris superposés ont délivré un grand nombre de restes osseux montrant une faune riche, mais également une industrie spécifique aux Néandertaliens.
Les restes de faunes proviennent de bovidés (aurochs, bisons), des équidés, du rhinocéros laineux, du renne, du cerf et du bouquetin.
L’outillage lithique du Moustier est, entre autres, composé de racloirs et de grattoirs. Les différents chercheurs qui se sont succédé à l’étude de l’industrie lithique du Moustier ont permis de diviser la stratigraphie en 12 couches (identifiées de A à L) sur une épaisseur totale de 7 mètres. Il ont déterminé du Moustérien typique, du Moustérien de tradition acheuléenne, et du Moustérien de type Quina (abri supérieur).
« Le Moustérien proprement dit, tel que le gisement classique du Moustier l’avait fait connaître depuis longtemps, comporte ainsi une préparation du plan de frappe sur nucléus discoïdaux et généralement de petite taille. Les éclats provenant de ce travail ont été transformés en un très grand nombre par retouches secondaires, en pointes, racloirs, etc… (Fig. 9). Il y a donc bien lieu de distinguer le faciès moustérien, proprement dit du faciès levalloisien… «
La préhistoire de Louis Capitan (Payot – Paris – troisième tirage 1931).
Suivant les scientifiques on dénombre de 600 à 800 figures pariétales, de l’animal seul et identifiable, aux signes tectiformes dont on ne connaît pas la signification. Cette différence de comptage s’explique par la difficulté à isoler certaines gravures mêlées, ainsi que par le recouvrement de calcite sur maintes représentations. Néanmoins, ce voile de calcite n’a pas que des inconvénients : il contribue également à la préservation des gravures !
Une colle préhistorique
En 2024 une nouvelle étude publiée dans la revue Science Advances reprend les recherches sur des outils lithiques qui étaient conservés au National Museums de Berlin. En particulier les chercheurs ont découvert des traces d’un mélange d’ocre et de bitume sur plusieurs outils en pierre découverts sur le gisement du Moustier. L’étude et le positionnement des traces colorés montre que les néandertaliens utiliseaient probablement cette mixture comme colle.
Datation des abris du Moustier
En 1970, H. Laville et J.P. Rigaud reprennent les travaux de Peyrony et précisent le cadre chronostratigraphique en se basant sur les sédiments et les pollens retrouvés 60 ans auparavant.
En 1982, J.-M. Geneste et J.-P. Chadelle font une nouvelle étude du site. Ils basent leurs recherches sur des silex brûlés en utilisant la méthode de thermoluminescence. Cela a permis de dater la partie supérieure des dépôts archéologiques sur une période comprise entre – 50 000 et – 42 000 ans, le tout sur une épaisseur de 2 mètres.
Otto Hauser, un spécialiste de la vente préhistorique
L’archéologue, antiquaire amateur Otto Hauser a été, au début du 20 ème siècle, une vraie star de la préhistoire.
Le suisse-allemand s’est intéressé très tôt à la préhistoire et il a simplement cherché à rentabiliser son affaire… Achetant ou louant des terrains aux petits propriétaires de la région des Eyzies-de-Tayac, il investissait ainsi des gisements préhistoriques qu’il exploitait comme une mine. Ses fouilles un peu expéditives et la revente des objets retrouvés ont fini par lui donner une réputation sulfureuse. Ses meilleurs ennemis étaient Denys Peyrony et l’abbé Breuil qui ne pouvaient pas suivre financièrement parlant…
Il a ainsi exploité les sites de la Micoque, Combe Capelle, Laugerie-basse, Laugerie-haute, mais aussi le Moustier dans lequel il a découvert le fameux fossile de Néandertalien. Pour ce dernier, et afin de le vendre plus facilement, il a ré-enseveli le fossile pour le re-découvrir à plusieurs reprises devant des acheteurs potentiels… Un vrai commercial pour l’époque !
C.R.
Sources :
Paleo revue
La Vézère des origines – Norbert Aujoulat, Jean-Michel Geneste, Jean-Philippe Rigaud et Alain Roussot.
Dictionnaire de la préhistoire sous la direction d’André Leroi-Gourhan.
Les abris du Moustier en bref…
Type | Techniques employées | Périodes | Occupation | Restes Humains |
Abri sous roche | Occupation néandertalienne | Moustérien | – 50 000 à – 42 000 ans | Oui squelettes néandertaliens |
Dimensions | Nombre de représentations | Outils / Artefacts | ||
250 mètres de longueur | – | Outillage lithique | ||
Localisation | Accessibilité | Date découverte | Particularités | |
Saint-Léon-sur-Vézère Périgord Dordogne | Pas de visite | 1863 | A l’origine de la culture moustérienne |
Visite de l’abri du Moustier
En 2019, 2020, 2021 et 2022 les visites et conférences sont suspendues.
En juillet 2024 les visites continuent.
Les mardis 2, 9, 16 et 23 juillet 11h
Réservations obligatoire en ligne
Vous devez vous présentez 1/2 heure avant la conférence à la billetterie de Font-de-Gaume
Véhicule indispensable
La visite-conférence dure environ 1 heure pour 5 à 10 personnes (déplacement inclus) .
La visite ne convient pas aux enfants de moins de 7 ans
>>>>>>>>> Lien pour réserver <<<<<<<<<
Tarifs 2024
Adulte : 9 €
Moins de 18 ans : 4 €
Silvana Condemi, Jean-François Mondot