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Villars grotte
Une grotte ornée monochrome dans le nord du Périgord
La Grotte de Villars est située au nord du Périgord, à 38 km de Périgueux. C’est le plus grand réseau souterrain de la région : déjà 13 km de galeries ont été répertoriés. La partie ouverte au public est balisée sur 500 mètres.
Récemment ré-aménagée pour le public l’entrée de la Grotte de Villars se trouve à 150 mètres en contrebas du parking. L’accès est relativement facile mais ne permet pas la visite en fauteuil roulant.
Formation de la grotte de Villars
Les galeries et les cavités de calcaire blanc ont été creusées par une rivière souterraine. Habituelle dans la région cette formation est dite de type karstique. La grotte est toujours « vivante » et humide. C’est pour cette raison que les représentations pariétales sont recouvertes d’une couche de calcite qui continue sont oeuvre de protection.
La découverte
La grotte fait 500 mètres de long avec une largeur qui peut atteindre 50 mètres par endroit.
La grotte de Villars a été découverte en décembre 1953, par cinq membres du Spéléo-Club de Périgueux : B. Pierret, R. de Faccio, P. Vidal, M.-C. Fères et Y. Jézéquel. C’est un nuage de buée émergeant des pierres qui a amené les spéléologues à penser qu’il existait une cavité au-delà d’un minuscule orifice. L’exploration commença et, en 1956, les spéléologues remarquèrent dans cette cavité vierge des traces de passages anciens (griffades d’ours et concrétions cassées, dont certaines avaient repoussé).
A la fin de 1957, les spéléologues observaient, après un parcours difficile, la première figure sous calcite, peut-être un bovin, et un long trait noir sur une draperie cassée de la Salle des Cierges, à une cinquantaine de mètres de l’entrée. Le 19 janvier 1958, une équipe de ce même groupe, accompagnée d’A. Glory, désobstruait une chatière, scellée par des concrétions, faisant communiquer la Salle des Cierges à la Salle des Peintures proprement dite. Il fut ainsi possible d’apercevoir les dessins de la Rotonde des chevaux. C’est ainsi que fut découverte la zone la plus ornée de la grotte.
Depuis cette découverte la grotte a été étudiée par F. Bordes et H. Breuil (1958), A. Leroi-Gourhan (1959) ainsi que Brigitte et Gilles Delluc en 1970.
Visite de la grotte de Villars
Une première partie aux concrétions impressionnantes
La première partie de la visite est consacrée aux superbes concrétions formées depuis le quaternaire. C’est un véritable spectacle « Son et Lumière » qui vous est proposé pour la mise en valeur des stalagmites et stalagtiques…
L’eau saturée en bicarbonate de calcium arrive dans la caverne par les fissures de la roche et le dépose selon deux processus :
– par dégazage du gaz carbonique et par précipitation du bicarbonate de calcium, lequel sèche et se cristallise en calcite,
– par évaporation et dépôt : l’eau s’évapore et la calcite se cristallise naturellement formant peu à peu une concrétion.
Ce dépôt entraîne la formation de concrétions très variées : stalactites, stalagmites, colonnes, draperies, excentriques, bénitiers…
L’écoulement goutte à goutte, très fréquent, façonne la stalactite au plafond et à sa verticale la stalagmite, sur le plancher des galeries et des salles.
Lorsqu’une stalactite rejoint la stalagmite née au-dessous d’elle, on obtient une colonne.
Galerie d’accès
Avant d’arriver aux salles d’art pariétal vous empruntez une galerie d’accès. Sur le côté droit un grand panneau présente de très nombreuses griffades d’ours dans la paroi. Par ailleurs on peut remarquer plusieurs représentations non figuratives : des points ou des traits peints, isolés ou groupés.
La deuxième partie, ornée, preuve de la présence humaine
La zone ornée dans Villars est une galerie profonde, d’accès malaisé mais jalonnée de ponctuations. Le sanctuaire est organisé en ensembles bien délimités: accès, Salle des Cierges, Salle des Peintures. Les thèmes animaux (chevaux, bisons, bouquetins) et les signes (bâtonnets, points, signes barbelés, croix, figures féminines schématiques) sont isolés ou, le plus souvent, regroupés.
Les représentations présentes dans la Grotte de Villars sont en moyenne d’une taille inférieure à 50 cm. Elles ont été réalisées avec du noir de manganèse et sont toutes recouvertes de la calcite qui coule sur les parois. Cette protection naturelle, qui a permis leur conservation jusqu’à nos jours, donne aux œuvres une couleur bleuâtre.
Réalisation des peintures
Il y a 17 000 ans, il n’y a plus qu’une seule espèce d’hominidé en France : les Homo sapiens. Régionalement notre espèce est appelée Cro-Magnon en référence au squelette retrouvé dans le site éponyme des Eyzies-de-Tayac.
La grotte n’était pas habitée par les Cro-Magnons mais on peut supposer qu
elle faisait office de « relais de chasse » car son entrée devait être plus large qu’aujourdhui. L’abri sous roche de l’époque est effondré.
Nombre de représentations dans la grotte de Villars
« Parmi les figures identifiables, on compte, dans la Salle des Cierges ou ses abords, 2 chevaux, 1 bison
et 1 bovin, et, dans la Salle des Peintures, 6 chevaux (dont un verticalement dessiné), 2 ou 3 bisons, 2 ou 3 bouquetins, 1 rhinocéros, 1 homme et quelques silhouettes d’espèce non identifiée. Les détails anatomiques et l’animation des silhouettes animales, de même que l’association, au fond du sanctuaire, de 4 éléments (scène homme-bison, avant-train de cheval et rhinocéros) rappellent le style et les thèmes de Lascaux. » 2016 La grotte ornée de Villars (Dordogne). Révision de la décoration et apports nouveaux
En 2011 les préhistoriens Brigitte et Gilles Delluc identifient une représentation peinte de rhinocéros à proximité de la scène de l’Homme et du bison.
La Salle des peintures
C’est la partie la plus profonde de la grotte. Elle est de proportion plutôt modeste, impression renforcée par l’ensemble de concrétions qui s’y enchevêtrent.
C’est dans cette salle que se trouvent les plus beaux ensembles de représentations qui attirent rapidement l’oeil.
Datation de la grotte
Les caractéristiques stylistiques observées sur les animaux et les éléments thématiques évoquent des œuvres du Solutréen et du début du Magdalénien, période à laquelle ce petit sanctuaire est attribué habituellement (Leroi-Gourhan, 1965 et 1995 ; Delluc, 1974).
Stylistiquement les oeuvres de Villars (y compris la scène homme-bison) sont à rapprocher de celles de la Grotte de Lascaux et de Roc de Sers et nous donnent une datation de – 17 à 18 000 ans.
A noter : la datation récente (par Michel Genty) sur une dent brûlée retrouvée dans la Grotte de Villars dans un foyer sous la scène homme-bison a confirmé une datation à -18 000 ans.
La Salle des Cierges
La chatière qui permettait d’accéder à la salle des peintures au temps préhistorique a été agrandie pour permettre un passage debout. Cet agrandissement de l’ouverture a nécessité la découpe de concrétions.
Egalement marquée de points et de traits, la Salle des Cierges présente quelques belles figures plus « lisibles » comme l’encolure d’un bovin, un bison et une tête de cheval.
Ci-contre le Bison de la Salle des Cierges. La figure mesure 40 cm de longueur sur une hauteur de 28 cm.
« C’est une des plus belle figures de Villars » (citée par A. Glory et A. Leroi-Gourhan), mais elle est assez difficile à lire : les conditions topographiques de la paroi semblent avoir fait négliger, par son auteur, le dessin de sa partie postérieure qui est reconnaissable mais déformée et comme étranglée. (B. et G. Delluc).
La Fresque de chevaux
Un ensemble de 2 chevaux, un figurant en entier et un autre dont nous n’apercevons que la tête.
Le plus complet comporte des aplats de peinture sur le corps mais également des coulées de calcite qui rendent la lecture de l’image plus difficile.
La tête du cheval est uniquement détourée d’un épais tracé noir sans aplats.
Le petit cheval bleu
Appelé également le « cheval au galop » cette représentation mesure 50 cm de longueur sur 30 cm de hauteur. Elle est située au Nord-est de la Rotonde des chevaux à environ 2 mètres du sol. Cette représentation est plus rudimentaire que celles des autres équidés dans la grotte mais cet aspect rustique n’empêche pas qu’elle reste l’une des plus belles de la Grotte… La couleur bleue dûe à la calcite apporte un aspect iréel à l’ensemble.
L’homme et le bison
L’une des très rares scènes de la préhistoire où figure un humain. Un bison et un homme se font face. Le bison semble foncer vers l’être humain qui, lui, apparaît debout, les jambes fléchies et les bras en l’air. Cette posture peut évoquer une prise d’élan avant un saut, ou la projection d’une arme vers l’animal…
Le matériel mobilier
A divers endroits dans la grotte ont été retrouvés des éléments mobiliers laissés par l’homme de Cro-Magnon.
Dans les salles ornées, des traces de passage des hommes préhistoriques avaient été observées et divers objets ont été recueillis par les spéléologues ou lors des travaux d’aménagement. Ils sont conservés et présentés sur place : nombreuses concrétions cassées, godets naturels de calcite, éclats de silex, dont un rubéfié et éclaté au feu, vestiges osseux, notamment de renne (omoplates), un bois de renne, fragments d’ocre et de manganèse.
Sources
DELLUC B. et G. 1974 : La grotte ornée de Villars (Dordogne), Gallia-Préhistoire, 17, p. 1-67, il!.
DELLUC B. et G. 1984 : Grotte de Villars, in : L’Art des cavernes … , p. 246-251, il!.
DELLUC B. et G. 1986: Une note inédite de l’abbé Glory sur la grotte ornée de Villars (Dordogne), Spéléo-Dordogne, Bulletin du Spéléo-Club de Périgueux, n° 99, p. 2-3
GLORY A. et PIERRET B. 1960 : La grotte ornée de Villars, Bulletin de la Société Préhistorique Française, 57, p. 355361, il!.
LEROI-GOURHAN A. 1995 : Préhistoire de l’art occidental, Citadelles et Mazenod, Paris (nouvelle édition mise à jour par B. et G. Delluc; 1 e édition: 1965), il!.
PIERRET B. 1959 : La Caverne de Villars, Imprimerie périgourdine, Périgueux, il!.
PIERRET B. 1969 : Villars, caverne périgourdine, Bernard et Lalorette, Périgueux, il!.
SPELEO-CLUB DE PERIGUEUX (s.d. 1985) : La Grotte préhistorique de Villars, imprimerie Lo Trebuc, Bonnut (textes de P. Vidal et de B. et G. Delluc), il!.
La grotte ornée de Villars (Dordogne). Révision de la décoration et apports nouveaux
Voir aussi
La grotte de Villars en bref
Type | Techniques employées | Périodes | Occupation | Restes Humains |
Grotte ornée | Peintures monochromes recouvertes de calcite | Magdalénien ancien | entre – 17 et 18 000 ans BP | non |
Dimensions | Nombre de représentations | Outils / Artefacts | ||
13 km de galeries dont 500 mètres visitables | Une vingtaine de figures identifiées | Oui | ||
Localisation | Accessibilité | Date découverte | Particularités | |
Périgord | Pour tous | 1953 pour la grotte et 1957 pour les peintures |