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Regourdou gisement
Gisement préhistorique néandertalien de – 70 000 ans
Le plus ancien Néandertalien d’Europe
Montignac
Périgord
Le gisement de Regourdou est un site peu connu du grand public qui présente pourtant deux particularités. La première est d’avoir abrité le plus ancien Néandertalien d’Europe connu à ce jour, – 70 000 ans. La deuxième est le nombre d’ossements d’ours trouvés dans le gisement, ce qui est assez rare pour la période. Cette profusion d’ossements d’ours a amené certains chercheurs à parler d’un véritable « Culte de l’Ours » préhistorique.
« Ce site est au sommet de la colline de Lascaux. Son principal intérêt a été la découverte du squelette du Néandertalien le plus ancien d’Europe et de ceux de nombreux ours bruns. », Bruno Maureille.
Situation
Les abris du Moustier sont situés sur la commune de Saint-Léon-sur-Vézère, sur la rive droite de la Le gisement de Regourdou est situé sur la commune de Montignac, sur la rive gauche de la Vézère. Le site est atteignable en prenant la même route que pour aller à la grotte de Lascaux puisque le Regourdou est situé à 800 mètres de la « Chapelle Sixtine de la Préhistoire », sur la même colline.
Historique du gisement du Regourdou
C’est en mars 1954 que le fermier Roger Constant, après la découverte de la grotte de Lascaux toute proche, décide d’effectuer des fouilles sur son propre terrain. Il cherche à découvrir si une autre entrée de la célèbre cavité ne passe pas tout simplement sous son terrain !
Il investit un puit (cheminée karstique) situé juste devant sa ferme et commence à dégager le trou obstrué alors par d’énormes blocs d’effondrements. Le travail est éreintant mais il parvient à nettoyer la cavité karstique sur une largeur de 1,5 à 2,5 mètres et une profondeur de 5 à 6 mètres. Il poursuit alors en creusant à la verticale en suivant un niveau sédimentaire noirâtre le long de la paroi ouest de la cavité. Il y découvre des outils lithiques moustériens ainsi que des ossements d’animaux. Il demande et obtient (en août 1957) une autorisation administrative pour poursuivre les fouilles.
Le 22 septembre 1957, dans des circonstances assez floues, des restes humains sont découverts. Devant l’importance de la trouvaille et la dangerosité des lieux (risque d’éboulement), M. Prechet (Directeur général de l’Architecture) fait stopper les travaux.
Le 4 octobre 57, le préhistorien François Bordes et Eugène Bonifay, assistés de Bernard Vandermeersch entreprennent des fouilles de sauvetage et permettent de reconstituer une grande partie du squelette néandertalien, appelé Regourdou I, avec les 98 ossements ou fragments retrouvés. Les restes du Regourdou I ont été retrouvés sous un bloc rocheux, mélangés à des restes d’ours brun (Ursus arctos) et à divers outils lithiques.
En 2008 d’autres ossements de ce dernier sont identifiés dans les collections du Musée National de Préhistoire des Eyzies. Ils avaient, à l’origine, été attribués par erreur à des restes d’ours… « Ce sont justement une partie de ceux qu’on croyait absents à cause de gestes funéraires : un fémur, un tibia, une fibula [le péroné, NDLR] et certains os du bassin » explique le préhistorien Bruno Maureille.
Sur la partie est de la cavité des fouilles permettront de mettre à jour d’autres restes de Néandertalien appartenant à un autre individu (Regourdou II). En 1993 : classement du site aux Monuments Historiques, arrêt des fouilles.
La visite du gisement le Regourdou
Le site de Regourdou vous permet de voir le gisement à ciel ouvert où ont été découverts les restes néandertaliens, les fosses où des ours vivants ont été introduits, ainsi que le Musée de Regourdou qui présente les différents éléments exhumés du gisement.
La visite dure approximativement 50 minutes mais vous aurez du mal à faire partir les enfants du parc aux ours…
Le gouffre du Regourdou
En 1910, le même O. Hauser met à jour un fragment de crâne et certainement une dent. Ces ossements ne sont répertoriés dans aucun musée ou collection particulière, ils ont tout simplement disparu.
Un large gouffre s’ouvre à l’air libre, au sein duquel vous pouvez apercevoir les différents éléments de la stratigraphie et les endroits marqués d’un panneau où les restes de Néandertaliens ont été retrouvés. Peu accessible, il ne se visite pas pour des raisons de sécurité.
Le parc aux ours
C’est en 1988 que le propriétaire du site Roger Constant décide d’introduire des ours dans le parc jouxtant le gisement archéologique. De grandes fosses sont construites afin d’accueillir 3 ours visibles par les visiteurs. Depuis l’ouverture3 autres ours ont été rajoutés. C’est un peu le retour de l’ours, 70 000 ans après que leurs ancêtres aient utilisés la cavité comme abri.
Le musée du regourdou
C’est dans l’ancienne ferme de Roger Constant qu’un musée a été créé afin de présenter au public les ossements, les outils et l’histoire du site néandertalien de Regourdou. Dans les deux salles qui le composent vous trouverez également une reconstitution du squelette du jeune Néandertalien.
Le néandertalien du Regourdou
Le squelette de Regourdou I appartient à un jeune adulte de 25 ans maximum. Ce sont les dents du fossile qui ont permis de déterminer l’âge du Néandertalien à sa mort.
Les ossements sont particulièrement bien conservés pour un spécimen de – 70 000 ans, à l’exception notoire de la calotte crânienne qui n’a jamais été découverte. Ce « manque » est à l’origine de plusieurs théories. Soit le crâne a été volé lors de sa découverte, soit c’est un rite funéraire néandertalien de déplacer les crânes, soit tout simplement le crâne est encore en place, quelque part dans le gisement.
La position du corps, recroquevillé sur lui-même, indique que nous sommes face à une sépulture préhistorique volontaire. Le corps a été déposé le long d’une paroi de ce qui était alors une grotte, avec des ossements d’ours, et sous une dalle de pierre.
Avec les ossements retrouvés en 2008, le squelette est véritablement l’un des plus complets de cette époque ancienne, il y a 70 000 ans. Selon certaines hypothèses les restes pourraient appartenir au stade isotopique 5 ce qui repousserait la datation des fossiles à – 80 – 90 000 ans.
Le fossile Regourdou I est actuellement conservé au Musée d’art et d’archéologie du Périgord .
Les ours du regourdou
Les ossements d’ours retrouvés au Regourdou appartiennent à l’espèce Ursus arctos (Ours brun) contrairement aux autres sites du moustérien chez qui le taxon dominant est Ursus spelaeus. Actuellement 918 restes osseux d’ours bruns ont été mis à jour au Regourdou.
A côté de la sépulture du Néandertaliens Regourdou I une petite fosse obstruée par une dalle contient les ossements d’une femelle d’ours. Par ailleurs des ossements d’ursidés (dont des crânes) ont été mis à jour dans 4 petites cavités qui semblent d’origine anthropiques (fabriquées par l’homme). Tous les chercheurs n’ont pas la même approche de cette proximité homme/ours.
Pour les uns nous sommes en face d’un culte lié à l’ours et dans ce cas le Néandertalien a été inhumé entouré d’ours dans une sorte de rituel funéraire. « l’ours était un symbole puissant qui avait des relations très étroites avec la mort, et l’ours a peut-être évoqué cette autre vie par le fait qu’il hiberne en hiver et réapparaît au printemps, en même temps que s’opère le renouveau de tout le milieu naturel, comme s’il « ressuscitait » après sa disparition momentanée » (Bonifay E. 2008 – p. 29)
Pour les autres, la cavité servait de tanière pour les ours et certains pouvaient tout simplement mourir sur place ou être piégés par des éboulements. « Si les carcasses d’ours avaient été amenées (complètes) et déposées dans un quelconque dessein, il n’y aurait aucune trace d’origine animale (grignotements) sur les os longs… » (Cavanhie N. 2012).
C.R.
Sources :
CNRS : http://www2.cnrs.fr/presse/journal/4699.htm
Paléo revue Un nouveau bassin néandertalien : http://paleo.revues.org/2134
L’homme qui a vu l’ours – Etude archéozoologique et taphonomique du site paléolithique moyen de Regourdou (Montignac, Dordogne, France) http://paleo.revues.org/1742.
Les abris du Moustier en bref…
Type | Techniques employées | Périodes | Occupation | Restes Humains |
Grotte effondrée sur elle même | Levallois | Moustérien | – 70 000 ans – 90 000 ans ? | 2 fossiles néandertaliens |
Dimensions | Nombre de représentations | Outils / Artefacts | ||
– | Bifaces | |||
Localisation | Accessibilité | Date découverte | Particularités | |
Montignac | Pour tous | 1957 | Le plus ancien fossile de Néandertal en Europe |
Visite du gisement du Regourdou
Adresse
LE REGOURDOU :
24290 Montignac-Lascaux
Contacts
Tél. / Fax : 05 53 51 81 23
Courriel : micheleconstant@wanadoo.fr
Heures d’ouverture du site
Du 6 février au 9 avril : 13 h00 à 18h00
Du 10 avril au 30 juin : 11h00 à 18h00
Juillet et août : 10h00 à 19 h00
Du 1 septembre au 15 novembre :11 à 18 h
Tarifs
Le prix comprend 40 minutes de visite guidée, ainsi que l’accès au musée et au parc à ours.
Adulte : 7 euros
Enfant : 4 euros (de 6 à 12 ans)
Animation : 4,00 euros
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Silvana Condemi, Jean-François Mondot