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Abri Cro-Magnon
Abri Cro-Magnon – Histoire et fouilles
Les Eyzies-de-Tayac
Périgord – Dordogne
Situation
L’abri sous roche est situé sur la commune des Eyzies-de-Tayac. Il se trouve en dehors du centre-ville, à proximité de l’ancienne gare ferroviaire. Il est maintenant caché par différents bâtiments, dont celui de l’hotel Cro-Magnon. Pour y accéder partez à gauche de l’hotel puis prenez un petit chemin vers la droite. C’est relativement en retrait (pas une seule pancarte pour l’indiquer dans tout le village) mais cela reste libre d’accès malgré les apparences.
Pourquoi Cro-Magnon ?
Cro ou Cros vient du patois périgourdin qui signifiait le trou, le creux. Magnon est un patronyme courant dans la région. Cro-Magnon est donc le trou appartenant à Monsieur (la famille) Magnon. En réalité, cette dénomination fait référence à la cavité qui se trouvait au-dessus de ce qui allait devenir l’abri Cro-Magnon tel que présenté de nos jours !
A droite, vue générale de l’abri Cro-Magnon en 2009
(Photo Kroko pour Hominides.com) )
La découverte de l’abri Cro-Magnon
L’abri Cro-Magnon a été découvert en 1868 lors de travaux de dégagement de matériaux pour la construction d’une route. Les ouvriers avaient tout simplement besoin de pierres et les prélevaient aux alentours. Ils s’attaquaient ainsi à la base d’un abri sous roche, connu à l’époque sous le nom d’abri Cro-Magnon.
C’est en creusant que les ouvriers ont mis à jour des restes humains et des silex. Le chantier fut stoppé et le préhistorien Edouard Lartet fut aussitôt appelé. Il envoya son fils Louis pour faire les premiers relevés.
Il faut noter que les premiers coups de pioche des ouvriers ont atteint malencontreusement plusieurs des ossements situés dans les couches supérieures.
Erreur sur les circonstances de la découverte !
Pendant longtemps les textes sur la découverte de l’abri Cro-Magnon indiquaient que celui-ci avait été mis à jour lors de la construction de la voie ferrée.
Cette assertion est erronée pour plusieurs raisons mais la plus évidente est que la voie ferrée avait déjà été inaugurée 5 ans auparavant, en 1863 !
Découvrez toute l’histoire dans le livre Petites énigmes et grands mystères. Tome 2. Brigitte et Gilles Delluc.
L’abri Cro-Magnon n’est pas le bon ?
A l’origine le lieu dit Cro-Magnon était bien un abri sous roche mais il était situé en réalité juste au-dessus de celui dont la notoriété allait faire le tour du monde. Avec le temps, des éboulements et des sédiments avaient comblé la cavité inférieure (où étaient ensevelis les restes du premier Cro-magnon), et l’avaient même transformé en tallus ! Ce sont les travaux de déblaiement qui ont remis à jour cette deuxième cavité inconnue. Le nom Cro-Magnon donné à l’abri sous roche originel fut en fait attribué au second abri (celui du dessous). Il y avait donc bien deux abris sous roche l’un au-dessus de l’autre… (voir coupe ci-dessous à droite)
Les fouilles de l’abri Cro-Magnon
C’est le préhistorien Louis Lartet qui commence à fouiller les lieux selon des méthodes moins agressives que les pioches des ouvriers… . Deux crânes sont exhumés ainsi que d’autres ossements provenant de cinq squelettes humains, de l’outillage lithique, des éléments de parure et des os de rennes gravés. Cette première phase de fouille ne dure que 15 jours (!) et la forme de l’abri sous roche apparait.
Les crânes et les ossements sont expédiés au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris afin d’être étudiés.
Tous les autres éléments sont rachetés par le docteur Emile Rivière. Les caisses de matériel passent de mains en mains pour finir en Suisse à Lausanne. C’est la dernière fois qu’elles ont été vues !
Pendant une quarantaine d’année le site sera sporadiquement fouillé de manière plus ou moins expéditive et rapide. On peut citer, Massénat en 1869, Broca en 1872, Breuil en 1897, Peyrony en 1907…
Au fil des fouilles et du temps, le site va être entièrement vidé et nettoyé. L’abri est, de nos jours, une belle cavité, nettoyée et désespérément vide.
Les ossements découverts à l’abri Cro-Magnon
La sépulture de Cro-Magnon n’était pas, comme on pourrait le croire, dans les couches stratigraphiques basses de l’abri (comme à La Ferrassie). Les corps des 5 fossiles se trouvaient vers le fond de l’abri, presque en haut de la stratigraphie.
Cela implique d’une part que lors de l’ensevelissement des corps, l’abri était déjà presque entièrement comblé ; d’autre part que les défunts ont été poussés dans une cavité et non « enterrés ». Pour être un peu plus descriptif cette sépulture préhistorique ressemblait plus à un columbarium (avec des niches) qu’à nos cimetières actuels avec des allées de tombes…
Les ossements des cinq individus étaient partiellement recouverts d’ocre. On a pu identifier les corps d’un enfant (de quelques jours) et de quatre adultes dont une femme. Le crâne de cette dernière portait une balafre qui avait été tout d’abord été identifié comme une blessure, ce qui laissait penser que cette femme avait été mortellement touchée. Les études du crâne ont en fait montré qu’il s’agissait simplement d’un mauvais coup de pioche lors de la découverte du site !
Excepté les dents manquantes, le squelette de Cro-Magnon 1 est complet. Il était agé de 40 ans ce qui pour l’époque devait être exceptionnel. Il avait perdu toutes ses dents et ses alvéoles étaient partiellement bouchées indiquant qu’il a vécu après la perte de sa dentition. L’étude du squelette montre également que Cro-Magnon 1 souffrait de la maladie de Scheuermann qui occasionne un tassement des vertèbres ce qui devait le rendre bossu…
Pour compléter le tableau des pathologies de Cro-Magnon on peut également citer des érosions au niveau du front et de la mâchoire inférieure.
Les études ont démontré que notre « vieillard » souffrait d’ histiocytose x.
Ci-contre un gros plan du front de Cro-Magnon 1 montrant la lésion arrondie. Photos Delluc
La parure de Cro-Magnon
Parmis les restes humains les chercheurs ont mis à jour près de trois cents coquilles percées de l’espèce Littorina littorea (coquillages que l’on trouve en Atlantique). Ces coquilles devaient être reliées par un fil ou plaquées sur une peau comme un ornement. L’un des coquillages a récemment fait l’objet d’une datation directe (Carbone 14 SMA) : la parure mélangée aux ossements a été enterrée il y a 27 680 ans (avec une marge d’erreur de plus ou moins 270 ans).
A gauche : La parure reconstituée par
E. Lartet et H.Christy; 1875
A droite les coquillages étudiés pour la datation (CM 8682, 1868, collection Lartet, MAN). Photo M. Vanharen.
Les outils découverts sous l’abri
Différents éléments de l’Aurignacien ont été identifiés dès les premières fouilles de L. Lartet et Jones : lames aurignaciennes, grattoirs sur lame, lissoirs, sagaies à base fendue et des poinçons. Ils correspondent aux couches stratigraphiques les plus anciennes de l’abri.
Tout en haut de la stratigraphie des pointes de la Gravette et des flèches de Bayac ont également été mises à jour. Ce dernier point peut laisser supposer que les fossiles humains seraient peut-être contemporains du Gravettien plutôt que de l’aurignacien.
Ci-contre Grattoirs sur lames aurignaciennes découvertes à l’Abri Cro-Magnon en 1876. Exposées au Musée d’Aquitaine de Bordeaux.
Photo Kroko pour Hominides.com.
Des éléments d’art mobilier
Si les fouilles de l’Abri Cro-Magnon n’ont pas délivré d’art mobilier, Il existe cependant deux ossements gravés dont l’origine est contestée (Movius, 1969). En effet les conditions de la découverte (à l’Abri Cro-Magnon ?) et l’origine ne sont pas clairement établies. Toutefois l’abbé Breuil qui en a effectué le tracé ne remet pas en cause leur authenticité.
« Pour Breuil comme pour Bouchud et Pittard, ce matériel constituait la preuve d’une présence gravettienne à Cro-Magnon« (D. Henry-Gambier 2002)
Les deux figurent anthropomorphes représentent pour l’un une femme et pour l’autre un homme.
A droite, Anthropomorphe gravé sur une côte de renne – Abri Cro-Magnon – Musée de Périgueux – Kroko pour Hominides.com
Vue générale et détail de la côte de renne gravée actuellement présentée au Musée d’Art et d’Archéologie de Périgueux.
C.R.
Sources – Pas de chemin de fer pour Cro-Magnon – Gilles et Brigitte Delluc – La Vézère des origines – http://bmsap.revues.org/459?lang=fr#tocto1n4 – Les fossiles de Cro-Magnon (Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne) D. Henry-Gambier 2002 à lire ici – Les squelettes de l’abri Cro-Magnon Hominides.com remercie Brigitte et Gilles Delluc pour leur participation et les documents qui ont permis la rédaction de cette page. |
Type | Techniques employées | Période artistique | Occupation | Restes Humains |
Abri | Gravures sur os ? Coquillages percés | Gravettien | – 27 680 BP | Oui 5 fossiles |
Dimensions | Nombre de représentations | Outils / Artefacts | ||
2 éléments d’art mobilier représentant un homme et un bison | Lames, grattoirs, poincons | |||
Localisation | Accessibilité | Date découverte | Particularités | |
Les Eyzies-de-Tayac | Visible lors de la visite de l’espace muséographique de l’abri Cro-Magnon | mars 1868 | Une des premières sépultures découverte en Périgord. |
Cro-Magnon, premier d’entre nous Brigitte et Gilles Delluc | |
Ce sont les mêmes Hommes qui ont peint la grotte Chauvet et Guernica, inventé le propulseur et la fusée spatiale. Nos ancêtres Cro-Magnons ignoraient la guerre et la destruction de la nature. Empreints de spiritualité, ils avaient découvert l’art figuratif et l’humanisme. L’histoire de ces Homo sapiens est racontée ici avec des mots simples et parfois un certain humour, en s’appuyant sur des images choisies et sur les découvertes récentes. En savoir plus sur Cro-Magnon, le premier d’entre nous |
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