L’Archéosite des Fieux
De la halte de chasse à la grotte ornée : 80 000 ans de présence sur les lieux
Miers – Lot
Le gisement préhistorique des Fieux est situé dans le Lot, sur la commune de Miers, à quelques kilomètres du village Carrenac. La région est riche en préhistoire et l’on peut trouver à proximité des sites aussi importants que les grottes du Pech-Merle, de Roucadour ou le gisement de La Chapelle-aux-Saints. Le site des Fieux se trouve sur un plateau calcaire qui s’est formé il y a 6.5 millions d’années. Une galerie karstique s’était constituée sous l’action de l’eau, ce qui a mené à l’amincissement puis l’effondrement de la voûte approximativement 1 million d’années en arrière. Cet aven à l’air libre s’est peu à peu rempli de sédiments, enfermant les traces des animaux qui s'étaient fait piégés ou même des activités humaines passées. Le site a livré une stratigraphie rare de plus de 9 mètres de profondeur, empilant les visites successives de chasseurs-cueilleurs de la Préhistoire, d'
Homo neanderthalensis à
Homo sapiens.
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Découverte et fouilles
C’est en cherchant des cavités en relation avec Padirac que le spéléo club de Périgueux est venu désobstruer un simple trou de renard en novembre 1964, sur les conseils du propriétaire des lieux E. Caminade. Si l’équipe de spéléologues n’a pas trouvé d’accès vers la rivière souterraine de Padirac, elle a en revanche réussi à pénétrer et agrandir une petite galerie donnant accès à une cavité. Cette grotte présentait des peintures et des gravures pariétales, ainsi que des mains négatives… Une première étude complète des représentations fut effectuée en 1982 par le préhistorien Michel Lorblanchet.
En 1966, les travaux d’élargissement de la cavité ont permis de mettre au jour des couches archéologiques. Le préhistorien Fernand Champagne fut appelé pour faire une rapide évaluation du gisement. La richesse des lieux lui fit prolonger les fouilles sur une trentaine d’années ! En 1999, Nicolas Valdeyron effectua une courte mission sur les niveaux sauveterriens de la stratigraphie.
Pendant de nombreuses années le site fut ensuite laissé à l’abandon. En 2006, une nouvelle équipe menée par Vincent Mourre mit en place une protection du gisement et continua les recherches jusqu’en 2013. Le site est désormais accessible aux visiteurs du haut d’une mezzanine et protégé par une structure métallique.
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Niveaux Paléolithique moyen (- 80 000 ans / - 40 000 ans)
Ce sont les niveaux les plus anciens retrouvés sur le site : entre - 80 000 ans et – 40 000 ans des hominidés y sont venus et ont probablement charogné des carcasses. A ce moment-là le trou est profond (9 mètres en dessous du niveau actuel) et les animaux qui tombent à l’intérieur finissent par mourir sans pouvoir remonter. Il est possible que les animaux aient été poussés volontairement vers la fosse mais rien ne permet d’affirmer ce type de chasse dans les plus anciens niveaux.
Les restes de faune (mammouths, chevaux, rennes, bisons…) associés à quelques outils de pierre indiquent que les hommes anciens n’avaient pas établi de campement définitif mais qu’ils devaient plutôt profiter de l’aubaine quand un animal y était tombé accidentellement.
Le style des outils, de culture moustérienne, et les niveaux stratigraphiques indiquent que c’est bien l’Homme de Néandertal qui utilisait cette halte de chasse à ce moment-là, même si aucun reste humain n’a été découvert sur cette période. Dans un deuxième temps, Néandertal devait, après la phase opportuniste de charognage, utiliser cet aven comme piège avec rabattage des animaux (gros gibiers : bisons, chevaux...)
Le niveau D est le plus ancien à 9 mètre de profondeur...
C'est à ce moment que Néandertal passait
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Le site a permis de mettre au jour des restes de mammouths : os longs, dents, défenses... Les individus sont tombés dans l'aven.
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Paléolithique supérieur (- 35 000 ans / - 10 000 ans)
A cette époque, seule notre espèce, Homo sapiens, était présente. Dans ces niveaux, les fouilleurs ont pu remonter des restes de cheval et de renne, et ils ont surtout retrouvé de nombreux outils de pierre ou en silex. Ils ont également mis au jour des galets (provenant de la proche Dordogne) qui ont du servir d’enclume et de percuteur. La profusion de matériel montre que nous sommes devant un campement qui a été utilisé à de très nombreuses reprises. Cela pourrait également indiquer que, contrairement aux niveaux inférieurs plus anciens, il est possible que les Homo sapiens utilisaient la crevasse comme piège vers lequel ils attiraient / poussaient les animaux.
Reconstitutions de différents niveaux de la stratigraphie
Au premier plan le niveau C début Paléolithique supérieur |
Sol paléolithique supérieur (reconstitution) . En haut
des galets amenés, par Homo sapiens, de la Dordogne à 5 km... |
La grotte ornée
Dans le Quercy, la grotte ornée des Fieux se positionne à la même époque que les autres grottes de la région, comme le Pech Merle ou Cougnac. La majeure partie des figures se trouve sur un grand bloc de roche au centre de la salle de 30 mètres de long. Le bloc évoque la forme générale d’un pachyderme et on distingue 2 mammouths, des bouquetins, la ligne dorsale d’un cheval, un animal indéterminé, des mains négatives et des signes géométriques. Les scientifiques distinguent 2 phases : le piquetage avec le bouquetin et l'animal indéterminé, daté de l'aurignacien, puis, par la suite, le gravettien pour les mammouths et les figurations en incisions.
D’autres signes se retrouvent à plusieurs endroits dans la cavité. La grotte a été classée Monument Historique le 17 janvier 1967.
Du fait des conditions d’accès, et pour garantir la conservation des peintures pariétales, la grotte n’est pas accessible au public. Vous avez la possibilité de découvrir la grotte grâce au film qui est diffusé dès le début de votre parcours préhistorique sur le site.
Grand bloc central des Fieux
Photo : Les Fieux
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Mains négatives
Photo : Les Fieux
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Activités aux Fieux
Des animations permanentes sur le site.
Du mois d’avril au mois de novembre, plusieurs activités sont proposées aux visiteurs : animations, ateliers et démonstrations. La reconstitution d’un campement préhistorique permet de visualiser la vie de nos lointains ancêtres. Les enfants ne peuvent venir seuls et doivent être accompagnés d’un adulte.
Photo : Neeko pour Hominides.com
Avez-vous déjà essayé le lancer de propulseur ?
Si c’est actuellement un sport, aux temps paléolithiques c’était un moyen relativement facile pour atteindre précisément un gibier à une trentaine de mètres ou plus. En essayant vous-même de viser la cible vous verrez que ce n’est pas si simple que cela !
Et si vous devenez passionné de ce sport, vous serez content d'apprendre qu'il existe des compétitions et même un championnat de tir au propulseur !
Photo : Les Fieux
Comment allumer un feu à la préhistoire ?
Pour se réchauffer, faire cuire un aliment ou éloigner des prédateurs l’utilisation du feu a été un grand pas pour l’homme préhistorique. Mais le plus important était de savoir l’allumer à volonté et rapidement ! La démonstration d’allumage par les animateurs est impressionnante de savoir-faire et de dextérité. Nul doute que ce type de talent était très recherché au Paléolithique !
Photo : Kroko pour Hominides.com
Un outil pour chaque utilisation…
Non seulement on vous explique l’enchaînement des gestes pour tailler un silex, mais on vous montre la différence entre les différents outils taillés par l’homme préhistorique… En effet, si l’on parle souvent de biface, il existe des outils pour chaque utilisation : le racloir, le denticulé, la pointe….
Photo : Kroko pour Hominides.com
Homo sapiens mélomane ? Homo beethovenus ?
Non la création musicale n’a pas commencé avec les Gaulois et Assurancetourix… Les hommes préhistoriques utilisaient des percussions ou des rhombes, soufflaient dans des coquillages, tapaient sur des silex et l’on peut imaginer que c’est surtout le rythme qui comptait… Découvrez aux Fieux les anciens instruments de musique préhistorique !
Homo sapiens ? Homo picassous ?
Depuis 40 000 ans on découvre sur les parois de certaines grottes des peintures, des gravures, des signes, des animaux… Les hommes se sont parfois enfoncés très loin dans les cavités pour orner les parois. Rassurez-vous, ici l’atelier d’art pariétal se fait en extérieur… au grand air, et petits et grands sont accompagnés dans cette découverte et peuvent s’entraîner !
Photo : Les Fieux
Bonne visite !
C.R.
Hominides.com remercie l'équipe des Fieux pour leur acceuil et les documents ayant permis la réalisation de cette page.
Le gisement des Fieux en bref