Le Roc de Sers
Site préhistorique
Sers
La plus ancienne frise sculptée de l'humanité au cœur de la Charente
Le site préhistorique du Roc de Sers
Le site archéologique du Roc, communément appelé « Roc de Sers », est localisé dans la vallée du Roc, à l'est du département de la Charente, sur la commune de Sers. Il occupe une position centrale par rapport aux deux autres sites charentais d'art pariétal paléolithique : la grotte du Placard (Vilhonneur), à 21 km au nord-est et, à égale distance au sud-ouest, l'abri de la Chaire à Calvin (Mouthiers-sur-Boëme).
L'ensemble le plus important comprend : en amont, la grotte de la Vierge et à une trentaine de mètres en aval, la grotte du Roc. Les deux grottes sont séparées à égale distance par un abri-sous-roche intermédiaire.
Au plus fort du Maximum glaciaire, il y a 23 000 ans, des hommes ont occupé les talus des grottes et des abris sous roche de la vallée du Roc. La nature de leur matériel de chasse (pointes en silex dites « feuilles de laurier » et « pointes à cran » ) et leurs techniques de taille du silex signent leur identité et leur culture: le SOLUTRÉEN.
Le terme « Solutréen» vient du site éponyme de Solutré (Saône-et-Loire), où ont été trouvés les premiers témoins de cette culture du Paléolithique supérieur. Il est dû au préhistorien Gabriel de Mortillet.
Dans cette «zone refuge» protégée des vents violents soufflant des plateaux, a été produit un art monumental exceptionnel: une frise pariétale sculptée d'une dizaine de mètres de long.
Le Roc de Sers est l'un de ces rares habitats où l'art pariétal fait partie intégrante de la vie quotidienne de ses occupants. Cette association habitat-sanctuaire est d'autant plus exceptionnelle qu'aucune autre frise sculptée n'est connue dans les cultures précédentes. |
Illustration de Gilles Tosello
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Découverte et étude de la frise sculptée |
Des fouilles archéologiques ont été entreprises dès le début du XXe siècle dans la vallée du Roc. Les plus importantes ont été réalisées par le Dr Léon Henri-Martin, éminent préhistorien et scientifique, de 1909 à 1933.
En 1927, au cours des fouilles archéologiques de cette partie de la vallée, le Dr Léon Henri-Martin met au jour les premiers éléments d'une frise pariétale effondrée naturellement, ainsi que les innombrables témoins des habitats de ces groupes solutréens. Au total, 11 fragments sculptés ont découvert.
En 1951, Germaine Henri-Martin reprend les fouilles au Roc, quinze ans après le décès de son père. Elle dégage alors l'extrémité ouest de la frise sculptée encore solidaire de la paroi rocheuse et protégée par les sédiments. Cette découverte met fin à l'idée d'un agencement de blocs sculptés. Ces sculptures ont rejoint les précédentes au Musée d'Archéologie nationale où elles sont présentées au public.
En 1995, Sophie Tymula réalise une étude des sculptures et de leur contexte archéologique dans le cadre de sa thèse de doctorat. Découvrant de nouvelles sculptures et des signes peints, elle réussit à reconstituer une partie de la frise ainsi que l'organisation graphique des figures.
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Archives Henri-Martin, Le Peyrat (Blanzaguet)
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L'art solutréen du Roc de Sers : à l'origine de la sculpture
Chevaux, bisons, bouquetins, rennes et oiseau, mais aussi deux figures humaines, des signes peints (points) et deux animaux composites (un bison-sanglier et un ovibos-bison), composent cet ensemble exceptionnel.
L'univers symbolique des Solutréens nous est en partie dévoilé. Et nous pouvons imaginer le pouvoir social de ces sculptures. Les techniques sculpturales employées par le ou les artistes (haut-relief, demi-relief dit « en cuvette», relief semi-méplat, relief modelé, relief gravé, relief « différentiel», relief par réserve) témoignent d'un haut de degré de technicité et d'une volonté de traduction de la perspective.
Le demi-relief et le haut-relief trouvent leur origine ici même, en Charente, et sont le reflet d'une évolution technologique sans précédent. Ils retiennent le regard qui s'attarde dans les ombres et les lumières.
Devant une telle création, le visiteur voyage au fil de ces silhouettes imprimées dans la pierre et découvre émerveillé une organisation complexe du dispositif pariétal, révélant de véritables scènes. Il peut saisir également la rigueur du dessin anatomique et la capacité d'exécution mettant en œuvre adresse et intelligence.
Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, il convient de parler véritablement de sculpture pariétale.
Illustration Gilles Tosello
Cheval Cliché Sophie Tymula
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Cheval Cliché Sophie Tymula
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Bouquetins affrontés Cliché Gérard Blot, RMN
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Cheval et Bison-Sanglier Cliché Claire Artemyz
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Sophie Tymula
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