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Musée Archéologique de Strasbourg
Musée archéologique de Strasbourg
Dernière visite février 2024
600 000 ans d’archéologie de la Préhistoire au Moyen-Age en Alsace
Palais Rohan Strasboug
Un peu d’histoire du Musée Archéologique de Strasbourg
Le Musée Archéologique a fait l’objet, de 1988 à 1992, d’un réaménagement muséographique complet qui a renforcé largement son rôle de musée de synthèse de l’archéologie régionale.
L’option retenue par les Monuments Historiques a été celle d’une restitution aussi fidèle que possible du cadre architectural des lieux, afin de leur rendre l’aspect qu’ils avaient à la fin du XVIIIe siècle, dans un souci de respect, de qualité et de mise en valeur optimale de la très belle architecture de cet ensemble de salles voûtées, donnant à la fois sur terrasse et sur cour.
La mise en espace des collections est l’œuvre de deux architectes régionaux : Claude Pache, de Colmar, et Jean-Claude Goepp, de Strasbourg, en collaboration étroite avec la Conservation du Musée et l’Inspection Générale des Musées de France et grâce à un partenariat financier important de l’Etat (Ministère de la Culture) relayé par le Conseil Général du Bas-Rhin.
Beauté des lignes, souci de transparence et de clarté, de qualité de l’éclairage ont orienté les choix de présentation alliés à un souci constant de pédagogie et de lisibilité des œuvres présentées. Pour rendre la présentation plus attrayante encore, en surprenant le visiteur, au détour des salles, plusieurs espaces ont fait l’objet d’une mise en scène particulière :
– la reconstitution d’un chantier de fouille, à l’entrée du musée pour rendre plus concret le travail de l’archéologue sur le terrain
– une évocation de maison gallo-romaine avec remise en situation d’éléments d’architecture et de décor, tels fresques mosaïques, hypocauste, toiture….
– le sanctuaire du dieu Mithra et la présentation d’un moulage polychrome du grand relief cultuel de Strasbourg-Koenigshoffen.
Visite du Musée d’Archéologie de Strasbourg
De la Préhistoire au haut Moyen-Age : plusieurs millénaires de l’histoire de l’Alsace.
Des premières traces de l’occupation humaine vers – 600 000 ans avant J.-C. jusqu’à l’aube du Moyen-Age, les collections du musée illustrent plusieurs millénaires de l’histoire de l’Alsace.
Ce musée appartenant au réseau des Musées de la Ville de Strasbourg dépasse ainsi le cadre strict de l’histoire de la ville et de sa proche région, pour atteindre une dimension régionale, constamment renforcée tout au long de son histoire.
Le parcours muséographique est chronologique et s’articule autour de quatre sections successives, sur 1200 m2 d’exposition permanente :
- la Préhistoire : du Paléolithique au Néolithique
- la Protohistoire : les âges du Bronze et du Fer
- l’époque gallo-romaine
- le haut Moyen-Age, de la fin de l’Antiquité à l’an 800 après J.-C.
Chaque section s’organise autour de la présentation des faits de civilisation marquants de chaque phase chronologique, l’évocation des sites majeurs et une approche thématique, renforcée par la présence de panneaux documentaires spécifiques.
Des origines lointaines de la Préhistoire (salles 02/04 et 021F)
La présence de l’Homme est attestée dès le Paléolithique ancien, vers 600 000 ans avant J.-C. et l’Alsace est la région de l’Est de la France où l’on a retrouvé les plus anciens outils utilisés par l’Homme.
Le site des lœssières d’Achenheim-Hangenbieten est, en effet, une référence obligée pour l’étude du Quaternaire européen et son impressionnante succession de couches stratigraphiques a fourni une source inépuisable de renseignements. Les différentes phases de l’évolution du climat, de la végétation, de la faune, au cours des grandes glaciations y sont inscrites, ainsi que l’histoire des premiers hommes qui ont vécu en Alsace en contemporains des mammouths, éléphants, rhinocéros de la dernière glaciation de Würm. Leur activité principale est la chasse : une aire de dépeçage d’animaux abattus au cours d’une chasse a été mise au jour en 1974 par la Direction des Antiquités Préhistoriques, où carcasses d’animaux découpés et outillage de pierre se trouvaient associés, sur le site d’un ancien campement de chasse préhistorique. Le site de Mutzig-Felsbourg, découvert en 1993, vient compléter depuis peu nos connaissances sur le Paléolithique moyen en Alsace.
1 Chopper en quartzite Waltenheim-sur-Zorn
2 Chopping-tool Achenheim
3 Choppers et chopping-tool Achenheim
Photo Kroko pour Hominides.com
Fragment mandibule humaine et parure en dents de cervidé.
Longtemps datée du Paléolithique cette découverte semble aujourd’hui plutôt à mettre en relation avec la période néolithique. Photo Kroko pour Hominides.com
Un climat proche du nôtre s’installe vers 8000 avant J.-C. et les modifications de l’environnement sont perceptibles dans le mode de vie des derniers chasseurs de l’Epipaléolithique et du Mésolithique. Vers 5500 environ, de nouvelles populations, porteuses d’une économie fondée sur l’agriculture et l’élevage, vont arriver des régions du Danube et coloniser les riches terres de lœss de la plaine alsacienne.
Ces premiers agriculteurs du Néolithique construisent des villages aux vastes maisons de terre et de bois, fabriquent poteries et outils en pierre polie, travaillent le bois, l’os, les fibres végétales et textiles. Les vestiges de leur habitat et des nécropoles qui en sont proches ont été mis au jour en de nombreux points de l’Alsace : Reichstett, Rosheim, Bischoffsheim, Colmar, Ensisheim, Sierentz, Rouffach, Niedernai…. Ils livrent l’image d’une civilisation agro-pastorale, qui se développe en Alsace de 5 500 à 2 000 avant J.-C., en une série de groupes culturels qui commencent à être bien connus grâce aux fouilles menées dans toute la région au cours des vingt dernières années.
Les points forts :
Les plus anciens outils de l’Est de la France.
La section consacrée au Néolithique, présentant l’ensemble des civilisations qui se sont succédé en Alsace au cours de cette période ; voir plus particulièrement le vase zoomorphe de Dachstein, la figurine assise de Rosheim, l’ensemble de céramiques.
Michelsberg de Geispolsheim.
PArure issue d’une sépulture – Rosheim, « Rosenmeer »
Fouilles Inrap et Antea, 1999) – Photo Kroko pour Hominides.com
Ces anneaux-disques qui nécessitent un long travail de perforation et de polissage sont des marqueurs d’un statut social particulier. Une lame de silex accompagnait l’ensemble. Ils ont été découverts dans la propriété du professeur
Heimburger, à l’entrée de Schiltigheim (rue de Wasselone ?), en 1867.
Musée Archéologique de Strasbourg – Photo Kroko pour Hominides.com
Les riches civilisations des âges du Bronze et du Fer (salles 05/07)
L’apparition du métal marque l’ouverture d’une ère nouvelle. Véhiculés par les porteurs de la civilisation des Gobelets campaniformes et de la civilisation cordée, les premiers objets en cuivre, puis en bronze apparaissent vers 2000 avant J.C. dans notre région.
La civilisation des tumulus du Bronze Moyen, centrée sur la forêt de Haguenau, va rayonner sur tout l’Est de la France. Les tertres funéraires, dispersés au cœur de la « Forêt Sainte », ont livré les témoignages d’une civilisation raffinée, où objets de parure, armes et outils en métal voisinent avec de fines et élégantes céramiques dans d’abondants dépôts funéraires. Au Bronze Final, de nouveaux rites funéraires se mettent en place : l’incinération l’emporte progressivement sur l’inhumation et l’utilisation du métal se développe considérablement.
La civilisation celtique – ou Age du Fer – va prendre le relais, vers 750 avant JC ; elle se caractérise par une profonde unité culturelle, malgré la multiplicité de groupes régionaux, parfois très brillants. L’habitat se concentre dans des sites fortifiés de hauteur, les « oppida », protégés par de puissantes fortifications. Siège de l’autorité des princes hallstattiens, ces sites servent également de refuge aux populations de la plaine en période d’insécurité. Deux sites de ce type sont localisés en Alsace : le Hexenberg près de Leutenheim, dans le Bas-Rhin et le Britzgyberg, près d’Illfurth dans le Haut-Rhin, où les fouilles ont livré de la céramique importée de Grèce.
La richesse de cette aristocratie guerrière est liée, en effet, au contrôle des voies commerciales vers le monde méditerranéen. Sel, ambre, lignite, corail, vin, vases en bronze, céramiques grecques et étrusques transitent par les principales routes commerciales qui relient l’Europe du Nord à la Méditerranée, par les cols des Alpes et les vallées du Rhône, de la Saône et du Rhin et l’Alsace est située en bonne place sur cet axe Nord-Sud.
Photo Kroko pour Hominides.com
dans le tumulus d’Ohnenheim
Photo Kroko pour Hominides.com
Les sépultures reflètent cette richesse, par la présence d’un important mobilier en métal précieux et en bronze, souvent associé à un char funéraire. L’Alsace en a livré deux exemples célèbres : Hatten et Ohnenheim.
Le Second Age du Fer (450 à 50 avant J.-C.) ou civilisation de La Tène est encore assez peu connue en Alsace où les découvertes restent éparses et peu abondantes. La fin de cette période est marquée par la « Guerre des Gaules » et la conquête rapide de tout le pays par les légions romaines de César.
Les points forts :
– La reconstitution du char funéraire d’Ohnenheim
– La sépulture princière de Hatten
– L’oenochoé de Sessenheim.
Cinq siècles de paix romaine (salles 08 à 020 et couloir 021)
58 avant J.-C. Cette date marque la victoire de César sur Arioviste et la coalition des Germains qui s’étaient établis sur la rive gauche du Rhin : l’Alsace devient province romaine et le restera durant plus de cinq siècles, jusqu’à la fin de l’Empire romain et le déferlement des hordes barbares à la fin du 4e et au 5e siècles après J.-C.
Strasbourg-Argentorate devient le siège de l’autorité militaire et la plaque-tournante de l’administration impériale, ainsi que la base de ravitaillement principale pour les camps romains situés aux avant-postes, sur la frontière danubienne.
Photo Kroko pour Hominides.com
La 8e Légion Auguste est la légion « alsacienne » par excellence. Arrivée dans notre région vers 80 avant JC, elle y restera stationnée jusqu’à la fin de l’Empire. Marquant de son empreinte la vie de toute la province, elle constitue un important facteur de romanisation : la construction du camp légionnaire, la mise en valeur des terroirs agricoles et leur cadastration, l’adduction d’eau (par l’aqueduc souterrain de Kuttolsheim), la création de nombreuses routes sont à mettre à son actif.
Par ailleurs, par le marché important qu’elle représente, la légion attire dans son orbite tout un peuple d’artisans et de commerçants pour qui elle constitue le débouché majeur de leur production, favorisant ainsi le développement économique de toute la région. Les « canabae », les faubourgs civils, s’étendent autour du camp, en bordure des voies de sortie principales. Le « vicus » de Koenigshoffen en est le mieux connu, avec ses installations artisanales et ses zones de nécropoles
Mausolée découvert rue du Donon dans le faubourg romain de Koenigshoffen. Il appartenait à la famille des Valerius Rufus, qui ont vécu au 1° siècle après J.-C. Photo Kroko pour Hominides.com
La vie quotidienne peut être appréhendée aussi bien à travers la multitude de petits objets livrés par les fouilles (céramiques, verreries, lames à huile, outils, armes, bijoux, jouets…) qu’à partir de l’iconographie des stèles funéraires représentant les Gallo-Romains dans leurs activités quotidiennes.
Les fouilles de nécropoles et les nombreuses sculptures votives découvertes en Alsace nous introduisent aussi dans le monde complexe des rites funéraires et des croyances. Des divinités héritées du vieux fond celtique local coexistent avec les dieux importés par les Romains ; Mercure y est omniprésent, associé à Jupiter, Mars, Minerve, Junon, Apollon, Bacchus, Hercule. Ces divinités romaines côtoient Épona, Ésus, Taranis, Sucellus, le « Père Rhin » et les anciennes déesses-mères gauloises. Le culte du dieu solaire Mithra se répand dans tout l’Empire à partir du 2e siècle, concurrençant fortement le christianisme naissant au Bas-Empire.
Les points forts :
– La collection lapidaire, avec de nombreuses stèles de légionnaires (dont celle de Largennius) et une belle série de monuments votifs (dont la très belle stèle à quatre dieux de la place Kléber)
– La collection de verreries gallo-romaines, avec le célèbre verre gravé chrétien
– Les sanctuaires mithriaques de Koenigshoffen et Mackwiller
– Le sarcophage de Florentina
– La stèle funéraire du couple de paysans d’Oberhaslach.
A l’aube du Moyen-Age : l’Alsace mérovingienne (salle 019)
Après l’invasion des Huns en 451 et la disparition de l’autorité romaine, Alamans et Francs vont étendre leur domination en Alsace. La région est intégrée au royaume d’Austrasie en 532 puis devient duché administré par de hauts fonctionnaires d’origine franque en 635 : le père de Sainte Odile, le duc Étichon, est ainsi le troisième d’Alsace.
Les fouilles archéologiques révèlent la continuité et la densité de l’occupation de la plaine. L’habitat reste encore mal connu, car la quasi-totalité des sites repérés sont des nécropoles. Elles se caractérisent par la présence de tombes en dalles de pierre voisinant avec des inhumations en cercueil de bois ou en pleine terre, formant des rangées parallèles, selon une orientation préférentielle Est-Ouest, au soleil levant.
Photo Kroko pour Hominides.com
Malgré les interdictions répétées de l’Église, le mobilier funéraire reste abondant jusqu’au 7e, voire 8e siècle : céramiques, verreries, armes, bijoux, objets de la vie quotidienne accompagnent le défunt dans son voyage vers l’au-delà. La diversité de l’armement est remarquable ; spatha, scramasax, épées longues finement damassées, partie centrale des boucliers (umbo), francisques et framées équipent la caste guerrière qui domine la société mérovingienne. de nos frontières et témoigne du goût des princes mérovingiens pour les pièces d’équipement militaire de qualité. Il en est de même pour les phalères honorifiques en vermeil découvertes à Ittenheim, décor d’un harnachement de parade. Les bijoux (fibules, boucles d’oreilles, colliers, bracelets) allient la finesse du travail de l’or, de l’argent et du bronze au chatoiement de pierres aux multiples couleurs et révèlent un goût « barbare » pour les pièces rutilantes et contrastées.
La société mérovingienne s’organise selon un modèle pré-féodal où la masse de la population -paysans et artisans- est dominée par une caste aristocratique et guerrière, progressivement soumise à l’autorité de l’Eglise, au fur et à mesure que progresse la christianisation du pays et que les monastères étendent leur autorité.
Les points forts :
– Le casque princier de Baldenheim
– Les phalères décorées d’Ittenheim
-Les plaques de décor de selle en vermeil de Mundolsheim
– La tombe de la princesse de Hochfelden.
Hominides.com remercie le Conservateur du Musée Archéologique de Strasbourg et le service de documentation et de photographie des Musées de Strasbourg.
Le Musée d’Archéologie de Strasbourg – Pratique
Adresse
Musée d’Archéologie de Strasbourg
2 place du Château
67076 Strasbourg Cedex
Tél. : 03 88 52 50 00
Tarifs 2024
Adulte : 7,5 euros
Réduit : 3,5 euros
Horaires d’ouverture
Ouvert tous les jours sauf le mardi
De 10h à 13h et de 14h à 18h en semaine
De 10h à 18h le week-end
Sur demande, par des guides-conférencières agréées de la Ville de Strasbourg (rendez-vous à prendre auprès du Service Éducatif des Musées ou auprès de l’Office du Tourisme).
Site officiel
A noter dans le Palais Rohan vous trouverez également le Musée des Beaux-Arts et le Musée des Arts Décoratifs.