Grotte d'Altamira - Santillana del Mar - Espagne |
La grotte d'Altamira - Espagne
Chapelle Sixtine de l'art Quaternaire
Cette grotte ne se visite pas
L'une des premières grottes ornées découvertes mais qui n'a pas été reconnue immédiatement.
La grotte d’Altamira est située dans le village de Santillana del Mar, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de la ville de Santander, en Cantabrie (Espagne). Située maintenant à 158 mètres au-dessus du niveau de la mer, la grotte s’est formée dans le calcaire suite à des effondrements gravitationnels du plafond et des chutes de rochers. C’est uniquement à l’entrée de la grotte que les hommes du Paléolithique supérieur se sont installés. Les parties plus profondes ont été utilisées comme support pour des gravures mais surtout pour les peintures des célèbres bisons polychromes. Les représentations d’Altamira ont été les premières peintures d’art rupestre du Paléolithique à être découvertes. Mais elles n’ont pas immédiatement été reconnues !
A droite: entrée de la grotte d'Altamira originale.
Découverte et reconnaissance d’Altamira
C’est en 1868 que la grotte a été découverte par un habitant de la région, Modesto Cubillas Pérez (du village de Célorio). Il fit la visite avec le naturaliste Marcelino Sanz de Sautuola en 1875 qui remarqua quelques éléments graphiques mais sans les relier à une quelquonque action humaine. A cette époque l’art pariétal était inconnu, et il n’était pas logique de chercher des dessins sur les plafonds des grottes ! C’est seulement en 1879, en visitant la cavité avec sa fille que cette dernière remarqua les animaux dessinés au plafond, qu’elle prit tout d’abord pour des taureaux. Sanz de Sautuola fit alors le lien avec peintures présentées à l’Exposition Universelle de 1878 et il publia en 1880 ses découvertes (archéologiques et picturales) dans une brochure de 44 pages intitulée Breves apuntes sobre algunos objetos prehistoricos de la provincia de Santander (Brèves notes sur quelques objets préhistoriques de la province de Santander).
Avec l’archéologue Juan Vilanova y Piera il présenta ses découvertes lors du Congrès international d’archéologie et anthropologie préhistoriques de Lisbonne. Il ne convainquit pas et il fut même accusé d’avoir lui-même réalisé les peintures… La polémique enfla et du côté français la communauté scientifique ne reconnut pas non plus l’authenticité de cet art pariétal ibérique. A la tête de cette « fronde » on trouva le préhistorien Émile Cartailhac.
Les découvertes de grottes ornées se succédèrent à partir de 1895 : la Mouthe, dont le remplissage permit d’authentifier l’ancienneté des peintures, les gravures des Combarelles et le bisons de Font-de-Gaume. Les préhistoriens français commencèrent à douter, à revoir leur position, et Emile Cartailhac publia en 1902 un article dans lequel il avoua ses erreurs d’appréciation et rendit hommage au préhistorien Marcelino Sanz de Sautuola : « Il faut s’incliner devant la réalité d’un fait, et, je dois pour ce qui me concerne, faire amende honorable à M. de Sautuola. » (La grotte d’Altamira, Espagne. Mea culpa d’un sceptique.). Malheureusement, ce revirement intervint plusieurs années après la mort du découvreur de la grotte (1888) qui n’aura donc jamais été reconnu de son vivant.
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Relevé à vue des motifs du Grand Plafond de la grotte d’Altamira (Cantabrie)
(d’après M. Sanz de Sautuola, Breves apuntes sobre algunos objetos prehistóricos de la provincia de Santander, Santander, I |
Le plan de la grotte
La caverne d’Altamira mesure au total 270 mètres, de l’entrée à l’extrémité de la grotte. On peut diviser la cavité en 3 parties :
- l’entrée de la grotte avec, à l’époque paléolithique, un large porche ouvert (15 mètres de large sur 3 m de haut) sur l’extérieur avant qu’un éboulement ne l’obstrue presque complètement. C’est cette première salle qui était occupée par les hommes préhistoriques, qui bénéficiaient ainsi de la lumière du jour mais également d’une protection contre les intempéries,
- une seconde partie, plus profonde, dans laquelle les Homo sapiens ne devaient s’aventurer que pour peindre, graver, ou se livrer à des rites oubliés. Pour pénétrer ou traverser cette salle il était indispensable d’apporter une source lumineuse (lampe à huile, torche…). L’absence de source lumineuse permanente a permis aux peintures de conserver leur fraîcheur. Cette partie ornée mesure 18 mètres de long sur 9 mètres de large,
- dans la troisième partie, des petits renflements et des couloirs terminent les derniers mètres de la cavité. Quelques éléments artistiques jalonnent cette fin de voyage souterrain, gravure et peintures.
Au total, les chercheurs ont repertorié 260 gravures et peintures sur l'ensemble de la grotte.
Datations du site d’Altamira
Le vestibule
Les chercheurs ont identifié 8 strates archéologiques qui correspondent à 3 phases principales d’occupation. Cette chronologie est confirmée par les datations radiocarbone :
- la couche stratigraphique 8, la plus ancienne, est donc datée de -26 000 ans, du Gravettien final,
- entre -24 000 et -20 500 ans, on trouve les couches 6 et 7 qui correspondent au Solutréen,
- les occupations les plus récentes, du Magdalénien, sont datées entre – 19 000 et – 16 800 ans.
La partie ornée
Les bisons de la grande salle ornée ont pu être datés grâce aux pigments noirs carbonés. En effet, la méthode radiocarbone ne peut s’appliquer que sur des matières organiques qui datent de 50 000 ans au plus. Pour les représentations polychromes d’Altamira les scientifiques ont pu estimer qu’elles avaient été réalisées entre – 15 500 et – 13 500 ans. Les peintres ont donc travaillé à plusieurs reprises sur une durée de 2 000 ans, soit en contournant les anciens motifs, soit en les incorporant dans une nouvelle figure. A noter, en 2012, une datation sur le claviforme du plafond des polychromes repousse la datation pour cet élément à -36 500 ans.
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Relevé du Grand Plafond d’Altamira (Cantabrie) par Hermilio Alcalde del Río entre 1903 et 1906 (d’après H. Alcalde del Río, Las pinturas y grabados de las cavernas prehistóricas de la Provincia de Santander. Altamira, Covalanas, Hornos de la Peña, Castillo, Santander, Blanchard y Arce, 1906, pl. II). |
Les peintures
On trouve des peintures dans toute la cavité, à l’exception de la partie vestibulaire. C’est le bison qui est le plus représenté, suivi du sanglier, de la biche et du cheval. Les figures mesurent entre 125 et 175 cm de long. Les chercheurs ont pu reconstituer la chronologie de la réalistaion des peinture. Le contour de l’animal est d’abord gravé, puis souligné de noir ; l’animal est encuite complété par les couleurs rouge ou jaune. Certains détails de l’animal (les yeux, les cornes, le cou…) sont parfois repris et surlignsé en gravure.
Pour réaliser les peintures polychromes d’Altamira les « artistes » ont utilisé différents minéraux et matériaux : ocres rouges et noires, de l’hématite, du charbon, des oxydes de manganèse. C’est en diluant plus ou moins les couleurs que les paléolithiques ont pu obtenir les effets de reliefs et de clair-obscur qui donne une belle profondeur aux représentations, souvent accentuées par un trait de gravure sur le pourtour. Les artites ont souvent utilisé les reliefs de la paroi et les fissures pour mettre les peintures en valeur. Hormis les signes simples (points lignes) il faut noter la présence de plusieurs tectiformes en damier de formes parapipedilitiques rectangle.
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Bison relevé Breuil |
Clavirforme |
Les gravures
On a répertorié des gravures dans l’ensemble des galeries d’Altamira. Pour les animaux, ce sont majoritairement des chevaux, des cerfs, des aurochs et des biches qui sont représentés en gravures.
Des figures anthropomorphes ont également été relevées à Altamira. C’est un être hybride présentant une morphologie plus ou moins humaine, surmontée d’une tête d’oiseau. Selon les chercheurs sept hommes-oiseau ont été dénombrés à Altamira. On peut rapprocher cette figure de l’homme-oiseau de la scène du puit à Lascaux dont le sexe est également en érection.
Certain de ces hommes-oiseaux gravés ont les bras levés dans une position que l’on retrouve dans l’art religieux, les orants.
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Buche gravée - Relevé Breuil |
Figures anthropomorphes - Orants |
C .R.
La grotte d'Altamira en bref...
Type : |
Technique |
Période |
Occupation |
Restes humains |
Grotte ornée
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Peintures polychromes
Gravures
Mains négatives |
Gravettien |
- 26 000 à - 16 000 ans pour la partie occupée
- 15 500 à - 13 500 pour la partie ornée
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Non |
Dimensions |
Nombre de représentations |
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Outils |
270 mètres de longueur |
25 peintures polychromes
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Localisation |
Accessibilité |
Date de la découverte |
Particularités |
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Santillana del Mar |
La grotte original ne se visite plus.
Visite de la NeoCueva
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1879 pour la découverte du plafond orné de bisons |
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Pour en savoir plus sur l'art préhistorique et la Grotte d'Altamira
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L'art des grottes ornées
Marc Groenen
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L'art des cavernes
Paul Bahn |
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Ce travail de synthèse consacré à l’art du Paléolithique supérieur sur parois rocheuses est le fruit de vingt années de recherche dans les grottes françaises et espagnoles. Le premier objectif de l’ouvrage est de déterminer le statut des peintres, graveurs et sculpteurs de cette période, le second de comprendre les intentions qui ont conduit à orner les réseaux souterrains.
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L'art des cavernes
Jean Clottes |
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Panorama scientifique, mais accessible, des 85 principales grottes ornées au monde dont Chauvet, Altamira, El Castillo, Lascaux, Niaux, Pech-Merle, Cougnac.... Chaque photo fait l'objet d'un long descriptif.
Beaucoup de photos souvent pleine page. Jean Clottes, spécialiste international de l'art préhistorique, offre au lecteur une visite guidée de quelque 85 grottes et abris, principalement en Europe, mais aussi en Afrique, en Asie, en Amérique et en Australie, révélant l'extraordinaire richesse de l'art des cavernes et de l'art sur les roches. |
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La grotte d'Altamira
L.G. Freeman - J. Gonzalez Echegaray |
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Depuis l'ouvrage d'Henri Breuil et Hugo Obermaier, en 1935, aucune étude d'ensemble de la grotte n'avait vu le jour, alors que nos connaissances se sont considérablement enrichies. L. G. Freeman et J. Gonzàles Echegaray, qui ont travaillé à Altamira pendant de nombreuses années, en proposent ici le premier bilan historique, archéologique et artistique à la lumière des méthodes scientifiques nouvelles. Cet ouvrage de 2001 constitue une somme indispensable pour connaître et comprendre aujourd'hui ce chef-d'œuvre des premières expressions artistiques de l'humanité. |
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.Les grottes ornées de l'âge glaciaire sont l'une des grandes réussites artistiques de l'humanité. Il faut les voir sur place, où l'on peut admirer peintures, gravures, bas-reliefs ou dessins dans leur contexte original, de l'endroit exact où se tenaient leurs auteurs il y a 30000 à 10000 ans. Au plaisir de visiter les grottes d'Europe s'ajoute le fait que nombre d'entre elles se situent dans des régions superbes et au climat accueillant, réputées pour leur gastronomie et leurs vins.
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L'art de l'époque glaciaire
Paul Bahn
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De quand datent les premières manifestations artistiques de l’Humanité et quelle était leur fonction ?
Quels arts étaient pratiqués au Paléolithique supérieur ?
En quels endroits du monde trouve-t-on des grottes ornées ?
Peut-on déchiffrer leur message ? Ce livre répond à toutes ces questions, et à mille autres. Enfin disponible en français, c’est le seul véritable manuel consacré à l’art préhistorique de l’époque glaciaire. |
En savoir plus sur l'Art des cavernes - Bahn |
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Mise en ligne le 01/06/19 |
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