Préhistoriens réels et imaginaires de la seconde moitié du XXe siècle.
par Pascal Semonsut
Docteur en histoire
Si « l’histoire c’est ce que font les historiens », comme se plaît à le dire Antoine Prost, la préhistoire est-elle ce que font les préhistoriens ? Autrement dit, la préhistoire est-elle avant tout définissable par ceux qui la pratiquent ? Pour connaître le préhistorique, faut-il d’abord passer par le préhistorien ? Cela semble être l’avis des préhistoriens eux-mêmes. Certains, comme Henri Delporte, se font à l’occasion biographes d’un collègue (1). Nombre de synthèses destinées au grand public affirment dès les premières pages ce que cette science doit aux savants, affirmant que « la Préhistoire est née de la curiosité de quelques esprits originaux et cultivés » (2) ; ainsi une monographie récente sur le Vaucluse préhistorique consacre-t-elle toute une partie à Quelques hommes qui comptent (3) dans la préhistoire locale. Enfin, il n’est pas de monographie sur l’art sans référence à la vie de l’abbé Breuil, ni sur la Dordogne paléolithique sans rappel du travail de l’instituteur Peyrony ; quant à la Bretagne des mégalithes, il est inconcevable de l’étudier sans évoquer les recherches de James Miln et Zacharie le Rouzic (4). Qu'en est-il des préhistoriens dans l'enseignement et la fiction ?
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L’inconnu de la Préhistoire : le préhistorien
En littérature, très rares sont les romans à base scientifique explicite à ignorer le savant : à l’exception des années 1940 et des deux dernières décennies du XXe siècle, il est présent dans la moitié, sinon la totalité d’entre eux. Centrale dans les années 1950 à 1970, il semblerait que cette figure devienne plus accessoire à l’approche du troisième millénaire. Pourquoi ? Bernadette Villeneuve-Noël, dans sa thèse sur l’image du savant fou dans la littérature française, estime « qu’un tel personnage ne [peut] être viable et efficace que si les modèles sociaux dont il est issu, les structures dans lesquelles il évolue, appartiennent au vécu du lecteur ». Elle explique donc sa disparition récente des romans par le fait que la science se faisant au sein d’équipes de recherches surveillées et payées par les états, le savant isolé, échappant à tout contrôle, devient un personnage trop improbable, manquant de réalisme (5). Le savant préhistorien connaîtrait-il le même destin ? Il est évident que la préhistoire, comme toutes les sciences d’ailleurs, est aujourd’hui le résultat d’un travail de groupe dans lequel les individualités se fondent. Le savant dépositaire d’un savoir encyclopédique, monopolisant toute l’attention, écrasant de son génie sa discipline jusqu’à se confondre avec elle est une figure qui tend à disparaître de notre réalité. Tout comme le savant fou, elle risquerait de frapper par son anachronisme, même dans une œuvre de fiction.
Dans la presse et depuis tout temps, il n’est de découverte sans inventeur. Aucun article ne manquerait, dans son compte-rendu, d’y nommer son découvreur. Depuis les années 1990, le phénomène semble s’accélérer à un point tel que les médias ont pris l’habitude de désigner une découverte par le nom de son découvreur. Si les jeunes Agnel, Coencas, Ravidat et Marsal, si les spéléologues et préhistoriens Robert et Nougier sont ignorés du grand public alors que tout le monde connaît leurs découvertes, les grottes de Lascaux et de Rouffignac, on ne peut en dire autant de leurs émules du XXe siècle finissant. Qui connaît la grotte du Cap Morgiou ou celle de Vallon-pont-D’Arc ? Personne très certainement. En revanche, si l’on précise que la première est la grotte Cosquer et la seconde la grotte Chauvet, alors tout s’éclaire. Le nom des inventeurs a totalement rejeté dans l’ombre celui du lieu : l’anthroponymie triomphe de la toponymie. Dans le cas de la grotte Chauvet, les co-découvreurs sont même allés jusqu’à baptiser eux-mêmes de leurs noms certaines parties : salle Brunel Deschamps, salle Hillaire. Les raisons de cette personnalisation, objectivement excessive, sont multiples. Juridiques tout d’abord : Henri Cosquer et Jean-Marie Chauvet, en imposant ainsi leur nom, marquent leur paternité sur la grotte, leur appropriation morale de ce patrimoine. Économiques : ce faisant, ils peuvent s’estimer en droit de bénéficier des retombées économiques qui ne manqueront pas, suite à l’exploitation et l’étude du site. Médiatiques : la presse qui travaille de plus en plus dans la précipitation, afin de ne pas louper le scoop au risque du dérapage, qui doit faire de plus en plus court, surtout à la télévision pour éviter le zapping, joue la carte de la personnalisation pour raccourcir les titres, éviter à son auditoire de recourir à une carte et lui permettre de s’identifier plus aisément aux héros de l’archéologie moderne.
Dans la BD et le cinéma, à la télévision, il ne peut y avoir d’exposé sur la préhistoire sans participation du savant. Néanmoins, il se fait rare. Sur le petit écran, sa présence est largement dépendante de l’actualité : en dehors d’une découverte, le préhistorien est très rare sur les plateaux de télévision. À notre connaissance, on ne compte, en tout et pour tout, que cinq films dans toute l’histoire du cinéma de préhistoire, et sur ces cinq un seul met en scène un préhistorien : il s’agit de Julien Chessac, paléontologue dans le film de Daniel Vigne, Une femme ou deux, sorti en 1985. Quant à la bande dessinée, la présence des préhistoriens y est également fort discrète alors qu’elle « fait large consommation d’égyptologues et d’archéologues » (6). Nous n’avons compté, là encore, que cinq titres mettant en scène un ou des préhistoriens. Il faut ajouter que dans aucun de ces ouvrages le préhistorien n’occupe une place importante, encore moins centrale. Il est difficile d’expliquer ces réticences d’autant que la figure de l’archéologue aventurier a montré toute sa popularité avec la série de Steven Spielberg, des Aventuriers de l’Arche perdue en 1981 à Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal en 2008. Que ce soit sur grand écran ou dans les cases d’une planche, on pourrait mettre en scène des préhistoriens, sans que cela représente la moindre difficulté, que ce soit sur le plan de l’esthétique comme celui de la narration. Alors, pourquoi une telle discrétion ? La préhistoire aurait-elle une image trop sage qui nuirait à sa mise en scène ?
Cette discrétion, on la retrouve également dans l’enseignement. Totalement absents des programmes, les préhistoriens ne sont guère plus présents dans les manuels : on ne compte en moyenne qu’une citation par leçon, une moyenne qui ne cesse d’ailleurs de diminuer depuis les années 1960, à l’exception du sursaut notable des années 1980. La préhistoire présentée en classe est ainsi une science désincarnée, coupée des hommes et des femmes qui la font. Mais, après tout, en va-t-il différemment des autres périodes étudiées par les élèves ? Combien d’entre eux peuvent ne serait-ce que citer des noms d’antiquisants, de médiévistes ou même d’historiens contemporanéistes ? L’école doit faire des choix ; celui d’évoquer ceux qui font vivre une science n’a pas été retenu.
Hormis dans la littérature et la presse, le préhistorien est, depuis toujours, un personnage peu présenté aux Français et donc peu connu d’une très grande majorité d’entre eux. Mais peu connu ne signifie pas inconnu. À quoi ressemble-t-il donc ?
La préhistoire, science humaine ou science d’hommes ?
Jamais le masculin n’a été aussi bien approprié pour parler d’un groupe car, de préhistorienne, il n’en est pratiquement jamais question pendant toute la seconde moitié du XXe siècle et quel que soit le média retenu. Aucune femme préhistorienne au cinéma, pas la moindre dans la BD et guère davantage dans les manuels et la littérature: tel est le constat que nous pouvons faire pour ce demi-siècle qui vit pourtant les droits des femmes s’affirmer incontestablement.
Les femmes sont négligées par les manuels scolaires. Quant à la littérature, il faut attendre la dernière décennie du siècle pour que les romanciers s’y intéressent. Et encore, aucune savante, préhistorienne ou autre, n’occupe une place importante : mise à part Susan Arnot, l’héroïne du livre de John Darnton Néandertal, elles sont cantonnées dans les seconds rôles. La préhistoire est une affaire d’hommes. Cela est d’autant plus étonnant que les femmes préhistoriques sont nettement plus nombreuses dans la littérature. Les préhistoriennes de renom ne manquent pourtant pas. Beaucoup participent à la rédaction de manuels scolaires, comme Brigitte Delluc, Catherine Perlès ou Marie-Henriette Alimen. D’autres sont responsables de sites ou de musées, telles Dominique Baffier, chargée des relevés et de l’interprétation des gravures paléolithiques de la grotte d’Arcy-sur-Cure, ou Anne-Élisabeth Riskine, de nombreuses années aux commandes du plus important musée consacré au mégalithisme, le musée de préhistoire de Carnac. Enfin, on peut citer Annette Laming-Emperaire, auteur en 1957 d’une thèse remarquée sur La signification de l’art paléolithique et qui fut, avec André Leroi-Gourhan, à l’origine d’une nouvelle analyse de l’art pariétal, et Arlette Leroi-Gourhan, palynologue, co-directrice d’un ouvrage fondamental sur Lascaux en 1979 (7), toutes deux anciennes présidentes de la Société Préhistorique Française.
Pourquoi alors ce qui apparaît vraiment comme un ostracisme ? Cet ostracisme ne touche pas particulièrement les préhistoriennes. Roslynn D. Haynes, dans une étude sur la représentation des savants dans la littérature occidentale depuis le Moyen-Âge, montre, d’après des études récentes menées dans différents pays, que « scientists drawn or described by primary school students are almost invariably male (99.4 percent) » (8). Elle relève également que tous les savants de roman ou de cinéma sont des hommes, du Faust de Goethe au docteur Folamour de Stanley Kubrick, sans oublier le plus célèbre de tous le docteur Frankenstein, création d’une femme, Marie Shelley. Le « plafond de verre », observé par les sociologues dans l’entreprise comme dans la haute fonction publique, et qui bloque l’ascension des femmes en leur sein, existerait-il aussi dans les pages des manuels et des romans ainsi que sur grand écran ? Il le semblerait : le machisme a encore de beaux jours devant lui, y compris en terres préhistoriques. « Guerre des mammouths », Guerre du feu et maintenant guerre des sexes : la préhistoire serait-elle une science belliciste ?
Préhistoriens réels, d’Henri Breuil (1877-1961) à Yves Coppens (1934)
Qui sont donc ces préhistoriens ? Si l’on s’intéresse aux auteurs les plus cités par les manuels scolaires, on constate que sept représentent à eux seuls presque la moitié de toutes les citations d’auteurs.
Dominant la littérature préhistorique, Rosny (1856-1940), un romancier, est paradoxalement l’auteur le plus cité par les manuels scolaires. Tous cycles confondus, plus d’un sur dix utilise La guerre du feu comme illustration au cours, non seulement dans les années 1940, celles qui ont vu la mort de son auteur, mais dans les deux décennies suivantes, ainsi que les années 1980, à la faveur de la sortie du film éponyme réalisé par Jean-Jacques Annaud en 1981. On ne peut qu’être frappé de l’extraordinaire longévité de l’œuvre, mais également de sa récupération par l’enseignement lui-même : après tout, ce n’est pas un travail de vulgarisation, encore moins un ouvrage scientifique ; de plus, les connaissances servant de support au roman sont, pour la plupart, dépassées aujourd’hui. Malgré cela, pour les auteurs de manuels, Rosny semble s’imposer : en France, point de Préhistoire sans le maître, qu’elle soit rêvée ou réelle. Son œuvre appartient bien à ce que Pierre Bourdieu nomme « l’éternel présent de la culture consacrée ».
En revanche, les autres auteurs sont des préhistoriens reconnus. Le premier d’entre eux est André Leroi-Gourhan. Cette domination, pratiquement continue des années 1960 à 1990, n’a rien d’étonnant. Leroi-Gourhan (1911-1986), ethnologue et préhistorien, est un membre éminent de la communauté scientifique : professeur à la Sorbonne à l’âge de quarante-cinq ans, co-directeur de l’Institut d’ethnologie en 1963, il succède à l’abbé Breuil comme titulaire de la chaire de préhistoire au Collège de France en 1969, avant d’être élu à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres en 1980. Dans ses différentes fonctions, il a formé plusieurs générations de chercheurs et marqué de son empreinte tous les pans de la recherche préhistorique française : avec sa Préhistoire de l’art occidental (9), il renouvelle l’approche de l’art pariétal paléolithique, proposant une explication qui, pour être discutée aujourd’hui, n’en est pas moins admise dans ses grandes lignes par tous ; s’inspirant de l’archéologie soviétique, il promeut en France une nouvelle technique de fouille, notamment à Pincevent, qui « allait révolutionner l’étude des habitats préhistoriques » ( 10).
Leroi-Gourhan met fin ainsi au « pontificat » de celui qui s’appelait lui-même, non sans dérision ni auto parodie, le « pape de la préhistoire » : l’abbé Henri Breuil. Henri Breuil, né en 1877, est l’autre figure marquante de la préhistoire française, la première pour les manuels des années 1940 jusqu’à sa mort en 1961. Comme Leroi-Gourhan après lui, il est un notable de la science : professeur à l’Institut de Paléontologie Humaine, premier titulaire de la chaire de préhistoire au Collège de France, il est présent lors de découvertes majeures, comme Les Combarelles ou Font-de-Gaume, et en authentifie de nombreuses dont Altamira, Lascaux ou Rouffignac. Enfin, on lui doit une nouvelle classification des industries paléolithiques et l’établissement d’une chronologie de l’art pariétal qui font encore autorité aujourd’hui. Spécialiste de l’art préhistorique, il est certainement de tous les préhistoriens celui qui influença le plus la préhistoire dans ce domaine. Leroi-Gourhan lui-même peut encore écrire, en 1984, « Penser à l’art préhistorique suggère immédiatement le nom de l’abbé Breuil. Fondateur d’une recherche dont il a conduit l’essor pendant un demi-siècle et qu’il continue de présider, il a attaché sa marque à une œuvre immense et tout effort pour surélever l’étude se fonde sur l’édifice qu’il a construit » (11).
Autre figure consensuelle et qui ne pouvait pas ne pas être évoquée par les manuels de classe, le fondateur de la discipline : Jacques Boucher de Perthes (1788-1868). Présent dans les manuels de toute la période, à l’exception des années 1950 et 1990, le directeur des douanes d’Abbeville offre ainsi une double leçon. D’une part, son destin montre aux élèves qu’à force de travail et de conviction, et grâce à l’étude, on peut quitter une condition somme toute banale pour se hisser au rang de gloire nationale. D’autre part, il est l’illustration parfaite, avec Champollion, son équivalent contemporain pour l’égyptologie, du « génie français ». Avec lui, la préhistoire se fait aussi, et peut-être même surtout, instruction morale puis éducation civique.
Les autres auteurs ont une présence plus discrète. Denis Peyrony (1869-1954), instituteur aux Eyzies-de-Tayac, n’est cité que par les manuels des années 1940 et 1950. Aujourd’hui, c’est un nom totalement inconnu du grand public, alors qu’il fut un personnage marquant de la recherche préhistorique en Dordogne. De ces auteurs dont nous traçons à grands traits la vie professionnelle, il est assurément le plus attaché à son terroir. Découvreur de Font-de-Gaume, de Teyjat et d’autres grottes ornées périgourdines, il est le fondateur du Musée National de Préhistoire des Eyzies et son premier conservateur, poste qu’il occupe jusqu’en 1936 pour le céder à son fils Élie. Avec Léon Laval, son collègue de Montignac, qui avertit Henri Breuil de la découverte de la grotte de Lascaux, il illustre avec éclat l’importance du rôle tenu par cette profession dans la promotion de la préhistoire. Devons-nous voir dans cette popularité scolaire un réflexe corporatif ? S’il n’en est peut-être pas la raison majeure, il est vraisemblable qu’il a pu jouer.
Enfin, les deux derniers préhistoriens les plus marquants, mais présents sur une seule décennie, les années 1980, sont Louis-René Nougier et Henry de Lumley. Professeur émérite en 1980, Louis-René Nougier (1912-1996) n’est pas cité en tant que chercheur, ni même inventeur de Rouffignac ; c’est en sa qualité de vulgarisateur de la Préhistoire que les livres de classe s’intéressent à lui. Henry de Lumley, né en 1934, directeur du Muséum National d’Histoire Naturelle de 1994 à 1999, est aujourd’hui le responsable de son laboratoire de Préhistoire et directeur de l’Institut de paléontologie Humaine. Il dirige des fouilles prestigieuses, comme à la Caune de l’Arago, près de Tautavel où il est l’initiateur de son musée de Préhistoire, ou à la grotte du Lazaret près de Nice ; il est aussi à la tête de l’équipe étudiant les gravures du mont Bégo, près de Tende.
On le voit, sur toute la période, les manuels scolaires se montrent très consensuels, voire prudents, en choisissant de mettre en avant ces différents auteurs. Tous sont des universitaires ou des responsables de musées, tous ont réalisé des fouilles qui ont marqué la recherche préhistorique et tous ont déjà une longue carrière derrière eux quand ils accèdent aux pages des manuels (12). Il est indéniable qu’ils figurent parmi les préhistoriens majeurs de la seconde moitié du XXe siècle. Mais est-ce la seule raison de ce choix ? Évoquant les travaux de ces savants, c’est à une préhistoire solidement établie que les livres de classe initient les élèves, une préhistoire institutionnellement reconnue, officiellement récompensée, une préhistoire sage et comme étrangère aux discussions qui l’animent et aux polémiques qui la traversent régulièrement. Parce qu’il faut aller à l’essentiel ou par conformisme ? Il est très vraisemblable qu’il s’agit un peu des deux.
La télévision fait-elle preuve de la même sagesse ? Quatre préhistoriens occupent le terrain télévisuel : Henry de Lumley, là encore, Jean Clottes, Jean Courtin et, premier des préhistoriens cathodiques, Yves Coppens.
Yves Coppens, né en 1934, professeur au Collège de France de 1983 à 2005, est sans conteste le préhistorien le plus médiatique du XXe siècle. Aucun autre n’a autant attiré les caméras de télévision, pas même Leroi-Gourhan, encore moins Breuil. Ce n’est pas un hasard si sa carrière télévisuelle commence dans la seconde moitié des années 1970 : c’est effectivement la découverte de l’Australopithèque Lucy en 1974 qui le place sous les feux des projecteurs, projecteurs qu’il ne quitte plus depuis, missionnaire talentueux et télégénique de la Préhistoire. Il est indubitablement l’un des scientifiques les plus connus des Français et un préfacier très prolixe, que ce soit d’ouvrages scientifiques et de vulgarisation, de romans ou même de parodies à l’humour potache (13). Il est également un des rares préhistoriens explicitement à l’origine de personnages de fiction : le professeur Coppensius et un certain Yves Copain (14).
La notoriété télévisuelle de Jean Clottes et Jean Courtin, pour être beaucoup plus tardive, puisqu’elle date des années 1990 essentiellement, n’en est pas moins liée à une découverte. C’est en sa qualité de préhistorien, directeur de recherches au CNRS, et de plongeur, que Jean Courtin, né en 1936, est co-responsable de l’étude de la grotte Cosquer, découverte en 1991. C’est à ce double titre qu’il devient pour les médias un interlocuteur privilégié, intérêt médiatique relancé en 1998 par la publication de son roman, succès de librairie de cette année là (15).
Jean Clottes, quant à lui, est un préhistorien plus atypique, un peu à l’image de Denis Peyrony. Enseignant comme lui (il est, à l’origine, professeur d’anglais), il entame au début des années 1970 une carrière de préhistorien. Comme l’instituteur des Eyzies, il est très lié à une région, les Pyrénées dont il fut directeur des Antiquités Préhistoriques, et un département, l’Ariège dont il a étudié toutes les grottes majeures (le réseau Clastres, les cavernes du Volp et, bien entendu, Niaux). Conservateur général du patrimoine, expert international d’art rupestre (16). Il n’en oublie pas pour autant sa fonction première de pédagogue en signant de nombreuses monographies destinées au grand public et en dirigeant à La Maison des Roches la collection Histoire de la France préhistorique. Équivalent d’Yves Coppens dans le domaine de l’édition, il doit néanmoins la plupart de ses interventions télévisées à sa qualité de responsable d’étude des grottes Cosquer et Chauvet. Il est indiscutable que, sans ces deux grottes, ni lui ni Jean Courtin n’auraient autant fréquenté les plateaux de télévision.
Comme pour les manuels, la télévision recherche ce qui fait consensus. Elle fait appel à des hommes qui, de par leur position institutionnelle, ne prêtent guère le flanc à la critique. Qui oserait contredire un professeur au Collège de France ? Quel non spécialiste s’estimerait en droit de critiquer un expert internationalement reconnu ? Donner la parole à Yves Coppens ou Jean Clottes, c’est pour la télévision la certitude d’une parole claire, concise et faisant autorité. Bref, d’une parole rapide parce que non discutable.
Au sortir de cette galerie de portraits où nous avons croisé Leroi-Gourhan et, à plusieurs reprises, Breuil, Clottes, Coppens, Courtin, de Lumley et Nougier, quelle impression se dégage ? Que ce soit dans les manuels, à la télévision ou dans les journaux, des années 1940 à aujourd’hui, les préhistoriens, les vrais, présentés aux Français remplissent tous les mêmes critères : notables de leur science, praticiens expérimentés et célèbres, grands découvreurs, ils sont tous des hommes mûrs quand ils accèdent à la notoriété. Ainsi offerte, la préhistoire, une science pourtant jeune, n’est pas une science de jeunes. Cette maturité se retrouve dans la mise en scène des préhistoriens, telle qu’elle apparaît dans les photographies présentées. Le préhistorien est un sage : il porte souvent des lunettes (Leroi-Gourhan, Breuil, Clottes, Courtin), la barbe (Coppens, Courtin) et la calvitie ne l’épargne pas (de Lumley, Courtin). Janus de la respectabilité bourgeoise et de la curiosité bohème, le costume lui va aussi bien (de Lumley, Coppens) que le vêtement de travail le plus vulgaire (Leroi-Gourhan, Courtin, Clottes). Le préhistorien serait-il la concrétisation de ce que Pierre Bourdieu appelle « l’intellectuel total », celui qui mêle « la prudence académique et l’audace d’artiste, l’érudition et l’inspiration […] mais aussi la réflexivité et la naïveté » ? Il est également important de noter qu’à de très rares exceptions près tous ces savants sont français. Si la préhistoire n’est pas exempte de machisme, elle n’échappe pas non plus au chauvinisme : inventée par un Français, elle reste l’œuvre des Français.
Les préhistoriens de l’imaginaire ressemblent-ils à leurs homologues du réel ?
Préhistoriens de l’imaginaire : Challenger et ses collègues de fantaisie
Qui sont ces préhistoriens de fiction ?
Tous sont des Occidentaux, à l’exception des héros du roman Silex, paru en 1999. Cette focalisation sur le monde occidental n’est pas propre à la préhistoire puisque Roslynn D. Haynes la souligne également dans son étude sur la représentation des scientifiques dans la littérature occidentale (17). De plus, hormis les héros américains qui ne représentent qu’un peu plus d’un savant sur dix et qui n’apparaissent que très tardivement (à la fin des années 1970 pour le cinéma et des années 1990 pour la littérature), une très grande majorité de ces savants sont, dès les années 1950, européens (78,1 % en moyenne). Parmi ces Européens, on trouve à partir des années 1960 plus de 60 % de Français, pour une moyenne sur l’ensemble de la période dépassant la moitié. Le préhistorien proposé à l’imagination est français.
Autre particularité du préhistorien de fantaisie et point commun avec ses homonymes de la réalité, il s’agit quasiment toujours d’un homme d’âge mûr. Il n’y a là rien de très original : c’est un constat fait également par Danièle Alexandre-Bidon pour l’archéologie de science fiction et Bernadette Villeneuve-Noël pour la littérature populaire, pour lesquelles la maturité est « quasi inhérente au personnage » (18) du savant. Dans la préhistoire de fantaisie, la maturité représente la norme au nom d’une équation plusieurs fois millénaire : la vieillesse, c’est la sagesse.
La situation familiale du préhistorien est présentée de manière beaucoup plus nuancée. Le préhistorien, aussi souvent marié que célibataire, les années 1950 et 1970 exceptées, s’éloigne du modèle du savant fou « amputé de toute vie affective » et « résolument et impérativement célibataire » (19). Il prend également ses distances avec l’image romantique du scientifique, telle qu’elle se crée au début du XIXe siècle, celle d’un personnage « who has reneged on human relationships and suppressed all human affections in the cause of science ». Cette image est pourtant « one of the most infuential in twentieth-century stereotyping of the scientists in both literature and film » (20). En littérature, comme au cinéma, le métier de préhistorien n’est pas forcément contradictoire avec la vie de famille, même si pour cette dernière cela ne va pas sans concessions ni sacrifices. Il en va ainsi de la fiction comme de la réalité, les deux se combinant afin de produire une image fort crédible du préhistorien imaginaire.
Si le préhistorien est un monsieur somme toute très banal quant à sa vie affective, il ne l’est pas du tout en ce qui concerne son aspect. Certes, point d’apollon ni de monstre, mais un homme au physique fortement stéréotypé. Depuis les années 1950, la représentation fictionnelle du préhistorien obéit à des canons très stricts et d’une assez remarquable constance en ce qui concerne son apparence : dédaignant minceur et petite taille, une très grande majorité d’auteurs en font un homme fort, grand, moustachu ou barbu, portant très souvent des lunettes auxquelles s’ajoute, dans les années 1990, la calvitie. Ce portrait correspond largement à celui des vrais préhistoriens, tel que nous l’avons tracé précédemment, ainsi qu’à celui réalisé par Roslynn Haynes à partir d’études d’opinion auprès du public.
La barbe, symbole immémorial de sagesse, les lunettes, accessoires indispensables pour qui consacre sa vie à l’étude et l’observation, plus tardivement la calvitie, conséquence pileuse d’une tempête sous un crâne, sont là pour attester de l’âge du préhistorien et confirmer physiquement son activité intellectuelle : intérieur et extérieur doivent correspondre et se répondre l’un l’autre. La grandeur et la forte corpulence ajoutent à l’âge et au savoir la force physique. Le préhistorien apparaît ainsi comme un individu physiquement hors norme : s’il appartient à la société, il ne s’y fond pas, au contraire il s’en distingue. Pour être homme, il n’en est pas moins héros.
Un héros au caractère toujours bien trempé, mais très diversement marqué. Au mauvais caractère du professeur Challenger du Monde perdu, qu’il soit de roman ou sur grand écran, à l’insensibilité du docteur Ogier, étudiant comme un entomologiste les Chasseurs de rennes à Solutré, à l’impulsivité d’Eddie Jessup, l’apprenti sorcier d’Au-delà du réel, et du professeur Sautin ami de Vicky et [des] mammouths et à la misanthropie d’Isidore Katzenberg dans Le père de nos pères, raisonnent en écho le courage de la plupart des préhistoriens et la curiosité de tous, la courtoisie du professeur Summerlee, faire-valoir de Challenger, et la bienveillance de Pierre Briant, le héros récurrent de Jean-Claude Froelich. Si le préhistorien apparaît toujours, et quelle que soit l’époque, comme un personnage au tempérament fort, il n’est jamais dépeint négativement, contrairement aux autres scientifiques de littérature (21). Par exemple, en préhistoire, le personnage du savant fou est pratiquement inexistant. À notre connaissance, il n’en existe qu’un : Espérandieu qui, dans Le savant fou, de Tardi, veut faire d’un pithécanthrope ramené à la vie un soldat agressif et doté d’une force colossale, préfiguration d’une armée « d’autres idiots de son espèce » lancée à la reconquête de l’Alsace-Lorraine. Le préhistorien, s’il peut être coupable de quelques péchés véniels, est toujours un personnage positif véhiculant nombre de qualités et de valeurs. Son principal défaut réside peut-être dans sa principale qualité : il est un idéaliste au service de la science et cet idéalisme tend à l’isoler, à le couper des autres membres de la société. Cet isolement trouve son expression la plus traditionnelle, la plus comique et, partant, la plus attachante dans la distraction dont il est souvent victime.
Enfin, tout comme pour la science fiction, ces préhistoriens confirment « le caractère sérieux et plausible de leur personnage de savants authentiques » par le fait que« tous sont surdiplômés » (22). En effet, de Challenger, dans les années 1950, au professeur Coppensius, à l’extrême fin du XXe siècle, la plupart d’entre eux appartiennent à de prestigieuses universités, comme Harvard ou l’Académie des sciences de Léningrad, à des institutions célèbres, à l’image du Muséum National d’Histoire Naturelle ou le British Museum, et accumulent responsabilités et distinctions. Tout comme dans la réalité, les préhistoriens de l’imaginaire ne sont en rien des amateurs, encore moins des plaisantins, mais des professionnels compétents, voire des sommités. Il est évident que l’effet ainsi recherché est la crédibilité : le lecteur et le spectateur se laisseront d’autant plus aller que le personnage proposé à leur imagination sera sinon possible du moins probable. L’imagination se laisse d’autant plus conduire que le guide, dont on lui propose de suivre les pas, est un personnage digne de confiance, que ce soit sur le plan moral comme sur celui des connaissances.
Préhistorien de l’imaginaire, préhistorien réel : devons-nous faire la distinction ?
La question est plus pertinente qu’il n’y paraît. Qu’on les propose à la réflexion ou à l’imagination, tous deux sont français, d’âge mûr et tous deux sont d’une compétence institutionnellement reconnue. Jusque dans leur physique, ils se ressemblent : la barbe orne le visage tant d’Yves Coppens que du professeur Challenger ; à la calvitie d’Henry de Lumley correspond celle de Jean-Louis Maleterre, l’enseignant expert en mégalithisme du Trésor du menhir ; et le nez de Jean Courtin se chausse de lunettes comme pour Julien Chessac à la poursuite d’Une femme ou deux. Qu’il vive dans le réel ou dans le rêve, et quelle que soit l’époque, le préhistorien est le même. Sur toute la seconde moitié du XXe siècle, que l’on soit un jeune élève de sixième, un lecteur assidu de romans, de journaux ou de bandes dessinées, un amateur de cinéma ou un téléspectateur insatiable, l’image que l’on a du préhistorien est identique : pérennité remarquable et, vraisemblablement, contraignante d’un des stéréotypes les plus prégnants de notre culture.
Pascal Semonsut
Docteur en histoire
Bibliographie très succincte
D. Alexandre-Bidon, L’image de l’archéologie dans le grand public à travers la science-fiction in L’archéologie et son image, Juan-les-Pins, Éditions APDCA, 1988, pp. 221-238
J. Clottes, Voyage en prehistoire
, La Maison des Roches, 1998
N. Coye (Dir.),Sur les chemins de la préhistoire : L'abbé Breuil du Périgord à l'Afrique du Sud
, Somogy, 2006
G. Gaucher, « André Leroi-Gourhan, 1911-1986 », Bulletin de la SPF, 1987, tome 84, n° 10-12
J.-M. Geneste, J. Gomez de Soto, R. Joussaume, J.-P. Rigaud (Dir.),Hauts lieux de la préhistoire en France
, Bordas, 1989
M. Groenen,Pour une histoire de la préhistoire
, Grenoble, Jerôme Millon, 1994
R. Haynes, From Faust to Strangelove. Representations of the Scientists in Western Literature, Baltimore/Londres, The John Hopkins University Press, 1994
A. Leroi-Gourhan, Le Fil du temps
, Fayard, Coll. Le temps des sciences, 1984
A. Leroi-Gourhan, J. Allain (Dir.), Lascaux inconnu
, Éditions du CNRS, 1979
J.-P. Martin (Dir.), Comics Park. Préhistoires de bande dessinée, MNHN/CNBDI, 1999
É. Piette, Histoire de l'art primitif
, Picard, Coll. Les classiques français de l’histoire de l’art, 1987
Ministère de la Culture/DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, Vaucluse préhistorique, Éditions A. Barthélemy, 2004
B. Villeneuve-Noël, Le personnage du savant fou dans la littérature populaire d’imagination scientifique et technique du romantisme aux années 50, doctorat, Littérature française, sous la dir. de Jacques Noiray, Bordeaux, UER Lettres et Arts, 1986
Quelques romans mettant en scène des préhistoriens
BRUYCKER Daniel de,Silex. la tombe du chasseur
, Actes Sud, 1999
CHEVILLARD Éric, Préhistoire, Les Éditions de Minuit, 1994
CRANILE Adrien (pseudonyme d’Adrien Arcelin, l’un des découvreurs de Solutré), Chasseurs de rennes à Solutré, Mâcon, Éd Bourgogne/Rhône-Alpes, 1977
DARNTON John, Néandertal, Flammarion, 1996
DOYLE Arthur Conan (Sir), Le monde perdu
, P.Lafitte, 1921
FROELICH Jean-Claude, Voyage au pays de la pierre ancienne
, Magnard, 1962
FROELICH Jean-Claude, Naufrage dans le temps, Magnard, 1965
FROELICH Jean-Claude, La horde de Gor, Magnard, 1967
GERMAIN Alain, Les origines de l’Homme ou les aventures du professeur Coppensius, Hachette, 1997
MAUFFRET Yvon, Le Trésor du menhir
, Cascade, Rageot, 1998
SAINT LAMBERT Patrick, Vicky et les mammouths, Gérard et Cie, 1961
WERBER Bernard, Le Père de nos pères
, A. Michel, 1998
VERCORS, Les animaux dénaturés, A.Michel, 1952
1 Henri Delporte est l’auteur de « Piette, pionnier de la préhistoire » paru dans É. Piette, Histoire de l’art primitif, Picard, Coll. Les classiques français de l’histoire de l’art, 1987, 276 p.
2 J.-M. Geneste, J. Gomez de Soto, R. Joussaume, J.-P. Rigaud (Dir.), Les hauts lieux de la Préhistoire en France, Bordas, 1989, p. 12.
3 Ministère de la Culture/DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, Éditions A. Barthélemy, 2004, 320 p. Il s’agit de la deuxième partie, vingt-six pages.
4 L’Écossais James Miln (1823-1881) et le Breton Zacharie le Rouzic (1864-1939) sont les deux plus grands fouilleurs du Morbihan à l’origine du musée de Préhistoire de Carnac, le premier comme fondateur et le second comme son premier et plus marquant conservateur.
5 B. Villeneuve-Noël, Le personnage du savant fou dans la littérature populaire d’imagination scientifique et technique du romantisme aux années 50, doctorat, Littérature française, sous la dir. de Jacques Noiray, Bordeaux, UER Lettres et Arts, 1986, pp 295-296.
6 J.-P. Martin, « Images de la paléontologie » in J.-P. Martin (Dir.), Comics Park. Préhistoires de bande dessinée, MNHN/CNBDI, 1999, p. 66.
7 Lascaux inconnu, Éditions du CNRS, 381 p.
8 From Faust to Strangelove. Representations of the Scientists in Western Literature, Baltimore/Londres, The John Hopkins University Press, 1994, p. 1. « Les savants dessinés ou décrits par les élèves de l’école primaire sont presque invariablement des hommes (99,4 %) » (notre traduction).
9 Mazenod, 1965, 480 p. L’ouvrage est réédité en 1971 et 1995, cette dernière édition étant revue et augmentée par deux proches élèves, Brigitte et Gilles Delluc.
10 G. Gaucher, « André Leroi-Gourhan, 1911-1986 », Bulletin de la SPF, 1987, tome 84, n° 10-12, p. 311.
11 A. Leroi-Gourhan, Le fil du temps, Fayard, Coll. Le temps des sciences, 1984, p. 271.
12 Leroi-Gourhan et de Lumley ont autour de cinquante ans, Breuil plus de soixante, Peyrony et Nougier plus de soixante-dix.
13 Par exemple et respectivement : J.-J. Bahain D. Grimaud-Hervé, F. Serre, Histoire d’ancêtres, Éditions Artcom, 1998, 96 p. ; M. Ruspoli, Lascaux, Bordas, 1986, 207 p. ; la série Sous le vent du monde, op. cit. p. et Riff, Enfin un livre intelligent sur la Préhistoire, Boulogne, La Sirène, 1996, 47 p.
14 Respectivement dans A. Germain, Les origines de l’Homme ou les aventures du professeur Coppensius, Hachette, 1997, 88p. et Wasterlain, Yéren,. Jean Courtin est également mis en scène dans un roman sous un pseudonyme il est vrai moins explicite : il est le professeur Palestro dans X.-M. Bonnot, La première empreinte, Marseille, L’Écailler du Sud, 2002.
15 Le chamane du bout du monde, Seuil, 1998, 391 p.
16 Voir pour plus de renseignements, J. Clottes, Voyage en préhistoire, La Maison des Roches, 1998, pp. 5-37.
17 R.D. Haynes, op. cit. p. 305.
18 Op. cit., p. 53.
19 B. Villeneuve-Noël, thèse citée, p. 29 et p. 35.
20 R.D. Haynes, op. cit., p. 3 et p. 91. « qui a rejeté toutes relations et tous sentiments humains au service de la science » ; « un des plus influents stéréotypes du XXe siècle sur les scientifiques, aussi bien dans la littérature qu’au cinéma » (notre traduction).
21 « The majority of these stereotypes […] represent scientists in negative terms »: « Une majorité de ces stéréotypes […] représente les scientifiques en termes négatifs » (notre traduction). Roslynn D. Haynes, op. cit., p. 4.
22 D. Alexandre-Bidon, L’image de l’archéologie dans le grand public à travers la science-fiction in L’archéologie et son image, Juan-les-Pins, Éditions APDCA, 1988,, p. 225.
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