La Préhistoire sous le signe de l'ambiguïté
par Pascal Semonsut
Docteur en histoire
« À n’en pas douter, ce fut une singulière époque que ce Moyen Age, reprit [Durtal]. Pour les uns, il est entièrement blanc, et pour les autres, absolument noir ; aucune nuance intermédiaire, époque d’ignorance et de ténèbres, rabâchent les normaliens et les athées ; époque douloureuse et exquise, attestent les savants religieux et les artistes »1. L’image est brouillée. Que fut le Moyen Age ? « noir », « blanc »…ou gris ? La question est tout aussi pertinente pour l’Antiquité telle qu’elle apparaît au cinéma. Antonio Gonzales constate que « le but [du péplum] n’est pas de recréer précisément les lieux et les vécus mais, plutôt, de donner une vision particulière de cette période historique, déformée et déformante. L’histoire est vue au travers d’un prisme où certaines facettes sont accentuées afin d’orienter notre vision de celle-ci »2. Nadine Siarri suit le même raisonnement, estimant que « […] les films consacrés à l’Antiquité latine sont un miroir : miroir de ce passé romain, mais miroir déformant […] »3. L’image donnée du Moyen Age, comme de l’Antiquité, est transformée par les médias qui la véhiculent. Mais qu’en est-il de la réalité de ces périodes ? Au bout du compte, quelle est la perception des lecteurs et spectateurs ? Cette interrogation est également la nôtre.
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« À quoi ressemble la Préhistoire ? » Une question plus difficile qu’il n’y paraît
À quoi ressemble la Préhistoire passée au prisme de l’école et de la fiction de la seconde moitié du XXe siècle ? La question est plus difficile qu’il n’y paraît, et cela pour au moins trois raisons. La première tient aux médias eux-mêmes.
Une Préhistoire pour lecteurs, une Préhistoire pour spectateurs
L’image qu’ont les Français de la Préhistoire, des années 1940 à 1960 incluses, est celle de l’écrit, celle de la littérature ou de l’enseignement. Les temps premiers se dévoilent alors sur les bancs de l’école ou dans l’intimité de la lecture. Cro-Magnon et les siens sont des êtres de papier qui s’échappent des pages des manuels et des contes pour renaître à la vie. À partir des années 1970, la main passe. L’école oublie de plus en plus que l’histoire de l’humanité remonte bien au-delà des Grecs et des Romains. Les romans préhistoriques, certes plus nombreux qu’avant, se noient, malgré tout, dans une production romanesque exponentielle. Les préhistoriques troquent le papier pour le celluloïd de la pellicule. Les mots cèdent la place aux images, celles du cinéma et de la télévision. Le petit écran l’emporte d’ailleurs sur le grand en s’invitant en nombre toujours plus grand dans chaque foyer. Le préhistorique devient cathodique.
La représentation de la Préhistoire change ainsi de destinataire : le lecteur jusqu’au début des années 1970, puis le spectateur et, surtout, le téléspectateur dans les trois dernières décennies du millénaire. Cette métamorphose n’est pas sans conséquences. Certes, sur certains points, l’image et le texte se rejoignent. Ainsi, la préhistoire et les préhistoriens ne les intéressent guère. Ils peignent l’environnement préhistorique, faune et flore, avec les mêmes couleurs. S’ils considèrent que « la peur fut un des premiers et des plus forts sentiments de l’homme » puisque « […] l’homme avait peur de l’homme et peur des bêtes. […] peur de tout, peur des éclairs et peur du tonnerre, peur des tempêtes et peur de la nuit »4, ils sont également unanimes à montrer qu’il réussit à dépasser cette peur par son intelligence et sa sensibilité. En revanche, certains sujets ne donnent pas lieu au même consensus. Les villages lacustres n’existent que pour l’école, mais la mort en est bannie, alors qu’elle occupe une place importante dans la bande dessinée et au cinéma. Menhirs et dolmens, inconnus de Rahan comme de Tounga et absents du grand écran, se dressent dans les pages des manuels. Si Cro-Magnon est muet dans les livres de classe, sa langue est étonnamment moderne dans les bulles et les dialogues de film. Il devient alors évident qu’un écolier ou un collégien se contentant de ses lectures scolaires et un passionné de BD ou de cinéma négligeant ses devoirs ne peuvent avoir la même image de la Préhistoire. La représentation de la Préhistoire dépend ainsi du média qu’elle emprunte, non de manière absolue, mais de façon non négligeable. C’est là sa première ambiguïté. Il en est une autre.
La représentation de la Préhistoire, fille de son temps
Nadine Siarri constate, au sujet du péplum, que « la représentation de l’Histoire antique est inséparable de l’histoire contemporaine, […]. C’est toute la mentalité d’une époque donnée qui apparaît dans ces films, à travers la façon dont elle se représente l’Histoire antique : pour que celle-ci intéresse le spectateur, elle doit être présentée de manière à le dépayser, […] ; mais elle doit aussi obligatoirement le toucher, en lui montrant le reflet de sa propre condition, de ses préoccupations, et éventuellement une solution, réaliste ou non, à ses problèmes »5. La représentation de l’Antiquité serait donc fille de son temps. Celle de la Préhistoire l’est tout autant, et elle peut être une fille rebelle. Elle peut, dans de rares cas il est vrai, aller à contre-courant des évolutions de la société. Ainsi, le rapt des femmes à la Préhistoire connaît, dans la fiction, une destinée paradoxale. Très rare à l’époque de la domination masculine, il devient beaucoup plus fréquent dans la littérature à partir des premières conquêtes féministes, comme si la représentation de la Préhistoire voulait, dans ce cas précis, s’opposer à la marche du temps. Autre exemple : la religion. Là aussi, le message est anachronique. Alors que la pratique religieuse faiblit, la part des œuvres évoquant la religion ne cesse d’augmenter. À l’inverse, en période de renouveau religieux, la représentation de la Préhistoire se fait beaucoup plus discrète sur le sujet. Ces deux exemples semblent montrer qu’il peut arriver à la représentation de la Préhistoire de contrebalancer les changements sociétaux. Mais, la plupart du temps, cette fille de son temps se montre douce et soumise.
Rien, à priori, d’aussi éloigné des temps premiers que la décolonisation et les grands conflits du XXe siècle. Et pourtant. Le comparatisme ethnographique, qui ambitionne d’éclairer les pratiques paléolithiques en les comparant à celles des peuples contemporains dits primitifs, disparaît des livres de classe au moment même où les colonies françaises d’Afrique noire accèdent à l’indépendance. Est-ce une simple coïncidence ? Non. Devenus les citoyens d’états libres et, en théorie, à égalité avec leurs anciens maîtres, les Africains ne peuvent plus être assimilés aux préhistoriques. La décolonisation, en en faisant des hommes modernes, les soustrait des leçons sur la Préhistoire. Autre bouleversement majeur, la guerre imprime sa marque sur la représentation de la Préhistoire. Dans les manuels, comme dans la fiction, la guerre préhistorique n’est jamais aussi présente qu’au moment de la Guerre froide et de la guerre en Yougoslavie et, à l’inverse, jamais aussi discrète qu’à l’époque de la Détente.
À l’écoute du monde qui l’entoure, la représentation de la Préhistoire l’est également de la société qui la produit. L’intérêt de l’école et de la fiction pour les sites préhistoriques est contemporain du développement du tourisme de masse. En effet, c’est à partir des années 1960, alors que les Français sont de plus en plus nombreux à emprunter les routes de France, que les hauts lieux de la Préhistoire se multiplient dans les manuels scolaires et les romans. Pouvant être visités, ils doivent être représentés. La mobilité vient nourrir l’image de la Préhistoire. On retrouve ce même phénomène dans un tout autre domaine. Si le préhistorique est avant tout représenté, jusqu’aux années 1960, sous les traits de l’homme des cavernes, ce nomade troglodyte, il est dépeint sous ceux d’un villageois dans les trente dernières années du millénaire. Or c’est au tournant des années 1960-1970 que la répartition de population entre villes et campagnes se stabilise autour d’un taux d’urbanisation de 75 %, resté constant. Avec la fin des grands mouvements de population, le nomade préhistorique doit céder la place au paysan sédentaire, moins anachronique. À l’écoute du monde, à l’écoute de la société, la représentation de la Préhistoire l’est également de son environnement. Comme les Français, elle devient de plus en plus sensible aux problèmes environnementaux, comme la pollution, et le montre en accordant une place de plus en plus grande au paysage paléolithique dans les pages des manuels et des romans. Mais, là où elle se montre la plus soumise à son temps, c’est dans sa sujétion aux préjugés.
Wiktor Stoczkowski distingue trois types d’imagination : une « sauvage et trompeuse », libérée de tout souci de vraisemblance, une autre, « disciplinée et déductive », s’appuyant « sur le terrain conquis par la science, s’alimentant consciencieusement du savoir établi », et une troisième, qu’il nomme « imagination conditionnée », celle des topos et des préjugés6. Ce troisième type d’imagination est particulièrement actif dans la représentation de la Préhistoire. Pascal Picq va même jusqu’à affirmer qu’« il aura été certainement plus facile pour nos lointains ancêtres de marcher debout et de déambuler en marge des forêts et des savanes que pour Homo sapiens d’échapper à ses mythes »7, suivant en cela les traces de Gaston Bachelard, qui, dans La psychanalyse du feu, montre déjà que « […] les idées anciennes traversent les âges [et] reviennent toujours dans les rêveries plus ou moins savantes avec leur charge de naïveté première »8. Pourquoi un tel attachement aux « mythes », aux « idées anciennes » ? Pourquoi une telle force de l’imagination conditionnée ? Gérard Genette tente une réponse. Selon lui, tout récit, s’il veut être vraisemblable -et c’est ce que recherche la représentation de la Préhistoire-, doit être celui « dont les actions répondent, comme autant d’applications ou de cas particuliers, à un corps de maximes reçues comme vraies par le public auquel il s’adresse ; mais ces maximes, du fait même qu’elles sont admises, restent le plus souvent implicites. Le rapport entre le récit vraisemblable et le système de vraisemblance auquel il s’astreint est donc essentiellement muet : les conventions de genre fonctionnent comme un système de forces et de contraintes naturelles, auxquelles le récit obéit comme sans les percevoir, et a fortiori sans les nommer »9. Au premier rang de ces maximes, d’autant plus fortes qu’elles sont implicites, la haute opinion que nous avons de nous. L’Homme est, sans conteste, considéré comme le chef- d’œuvre de la Création, le couronnement de millions d’années d’évolution. Sur toute la seconde moitié du XXe siècle, et quel que soit le média, toute affirmation doit se plier à ce postulat. L’hominisation est ainsi décrite comme une marche ascendante irrésistible. Chacune de ses étapes, de ses stations, se situe au-dessus de celle qui la précède mais en dessous de celle qui la suit, jusqu’à Cro-Magnon, aboutissement triomphal de cette escalade narcissique. Pourtant, rien ne permet d’affirmer, par exemple, que Néandertal, qui le devance, lui soit inférieur. Marylène Patou-Mathis se plait ainsi à faire la liste des arguments tendant à prouver le contraire :
« L’anatomie de Néanderthal révèle ses grandes aptitudes pour la chasse. Par exemple, son épaule est différente de celle de l’homme moderne, elle possède des aptitudes particulières notamment dans le mouvement du lancer. En effet, Néanderthal devait lancer très régulièrement des armes de jet avec puissance et précision. […] certains muscles de son bras faisaient office de levier. Cette caractéristique est fondamentale, car l’homme moderne devra inventer, pour lancer ses sagaies de plus loin, le propulseur, […]. Néanderthal, lui, n’en avait pas besoin ! […] ses orteils […] sont robustes […] ce qui témoigne d’une parfaite adaptation à la course pieds nus et à la marche en terrain accidenté. […] il entendait probablement mieux que nous ». Et la préhistorienne de conclure : « parfaitement adapté physiquement et mentalement, Néanderthal a sans doute été le plus grand chasseur de tous les temps »10.
Ainsi décrit, Néandertal n’apparaît aucunement inférieur à Cro-Magnon. Au contraire, il lui est même supérieur et c’est son successeur qui semble bien faible, bien démuni face au « plus grand chasseur de tous les temps ». Pourtant, on ne trouve cette image dans aucun média, à aucune décennie. Même Jean Auel, qui est pourtant l’un des auteurs valorisant le plus Homo neandertalensis, le dépeint comme inférieur à Homo sapiens sapiens. Si Creb, le chamane du clan de l’ours des cavernes, est particulièrement intelligent par rapport aux siens, Ayla, fille des « Autres », l’est néanmoins bien plus que lui. Et c’est dans un monde hostile, où le danger est partout, qu’Ayla et notre espèce grandissent. Si la Préhistoire est dépeinte ainsi, ce n’est que pour montrer la supériorité éclatante de l’Homme sur la nature. L’Homme, cet être sans griffes ni crocs, partait perdant. Minuscule au pied des arbres millénaires, minuscule devant le mammouth, minuscule face aux colères de la Terre, il n’est rien. Et pourtant, il règne aujourd’hui en maître. S’il a réussi non seulement à survivre mais à s’imposer, n’est-ce pas parce que telle était sa destinée ? N’est-ce pas parce qu’il était normal et juste que cela soit ainsi ? La représentation de la Préhistoire peut être considérée comme une entreprise de légitimation de la domination humaine sur le monde. Il en est de même pour la domination de l’homme sur la femme.
Pour Pascal Picq, « la paléoanthropologie et la préhistoire n’échappent pas à l’idéologie de la domination masculine. Le procédé est aussi simple qu’efficace : projeter dans la nature ou au temps des origines un état de l’idéologie contemporaine de la domination de l’homme et dire ensuite qu’il en a toujours été ainsi »11. La représentation de la Préhistoire est, elle aussi, soumise à « l’idéologie de la domination masculine ». Cette domination s’illustre de bien des façons. Ainsi, l’aube de l’humanité ne semble s’être levée que pour les hommes. On ne peut qu’être frappé par l’absence de la femme, au pire, ou, au mieux, par son effacement dans les médias. Elle n’intéresse aucunement l’école, sauf au détour de quelques illustrations. Quant au cinéma, à la littérature ou la BD, ils ne la montrent, à de rares exceptions près, que comme simple figurante ou comme faire-valoir du mâle. Grande, mince, athlétique, sensuelle, elle n’est qu’un objet du désir masculin, un objet qui doit rester à sa place. Et sa place est à la maison. Cette bimbo en fourrures est une captive. Interdite de chasse, attachée au campement et à la terre, elle attend son homme, le seul qui ait le droit de courir le vaste monde, le seul qui ait le droit de s’aventurer dans le sein de la terre pour y peindre bisons et autres mammouths. Cet homme est son maître et elle subit sa loi. On comprend alors que, dans le panthéon préhistorique, une divinité féminine ne puisse être qu’une exception. L’homme domine la femme ; seul un dieu peut dominer l’homme. Pourtant, et tous les préhistoriens s’accordent sur ce point, il n’existe aucune preuve archéologique de tout cela. Il ne s’agit que d’une construction intellectuelle ne correspondant à aucun fait scientifiquement avéré. Si la préhistorique est représentée ainsi, par tous les médias et sur toute la seconde moitié du XXe siècle, c’est parce que c’est ainsi que les Français se la représentent. Leur proposer une autre image brouillerait trop le message. Ce qu’il gagnerait en vérité, il le perdrait en vraisemblance et ne pourrait être accepté. La femme des temps premiers est présentée ainsi car nul ne l’imagine autrement.
Ainsi, la représentation de la Préhistoire n’est-elle pas intemporelle. Elle s’inscrit dans un double temps, un temps changeant, celui des évolutions sociétales et des bouleversements politiques à l’échelle mondiale, et un temps immobile, nourri des préjugés les plus ressassés. Le premier la conduit, non pas à supprimer certains faits de son récit (la guerre, par exemple, est toujours présente), mais à leur accorder une place plus ou moins importante selon le moment. Le second lui impose un carcan inhibant l’imagination et jusqu’au savoir. Voilà la deuxième ambiguïté de la représentation de la Préhistoire : fille de son temps, fille parfois rebelle mais le plus souvent soumise, elle évolue avec lui, se fond en lui. À tel point que Marc Guillaumie note que « le roman préhistorique s’appuie sur de plus solides et bien plus efficaces fondations que les sciences : la puissance des idées reçues du moment, les représentations qu’une société cherche à se donner d’elle-même et de son avenir, les grandes scènes d’une tradition déjà longue, et les modèles hérités d’un passé plusieurs fois millénaire »12. Les rapports entre la science et la représentation de la Préhistoire sont en fait beaucoup plus compliqués. La représentation de la Préhistoire a-t-elle besoin des préhistoriens ? Les préhistoriens ont-ils besoin de l’école ou de la littérature ? À ces deux questions, on nous pardonnera une réponse de Normand : oui et non. C’est là la troisième ambiguïté.
Représentation de la Préhistoire et science : « je t’aime, moi non plus »
Tous les cas de figure se rencontrent dans les relations entre l’archéologie préhistorique et la représentation des débuts de l’humanité, à commencer par la fidélité de la seconde à la première. Les préhistoriens retrouvent souvent le résultat de leurs recherches dans les manuels et la fiction. C’est le cas pour l’hominisation conçue comme un long processus évolutif, le réchauffement général du climat considéré comme responsable de l’apparition de l’agriculture et donc du passage du Paléolithique au Néolithique, l’existence d’une hiérarchie au sein du groupe, la place centrale de la religion dans la vie des préhistoriques, jusqu’à l’admiration pour l’art des cavernes, affirmée haut et fort tant par les préhistoriens que par les auteurs de livres de classe et les romanciers. Des romanciers qui n’hésitent pas, d’ailleurs, quand leur récit les conduit au fond des grottes ornées ou devant un objet d’art mobilier, à s’inspirer d’œuvres existantes décrites dans de savantes monographies. On imagine alors les successeurs de Boucher de Perthes lire et regarder d’un œil ravi les romans, bandes dessinées ou films que le hasard ou leur curiosité leur apporte.
Ravi, l’œil préhistorien peut aussi être surpris et séduit tout à la fois, lorsque la fiction s’engouffre dans les brèches de la science et comble ses lacunes. C’est le cas, par exemple, quand elle dote ses personnages d’une langue et de noms. Si les préhistoriens s’accordent à dire que les préhistoriques parlaient, ils sont dans l’incapacité de retrouver leurs mots. Tout comme il leur est bien difficile de comprendre les motivations artistiques de nos ancêtres. Certes, décrire ce qu’ils peignaient, où et avec quoi leur est aisé, mais la question centrale -pourquoi ils peignaient- leur échappe. Le romancier n’a pas cette retenue, privilège du poète, et il explique à ses lecteurs pourquoi tel personnage trace sur la paroi les contours de l’animal. Ainsi, la fiction donne vie à une Préhistoire qui, sans elle, serait peut-être plus scientifique, mais moins humaine. Krzystof Pomian a tout à fait raison quand il affirme que « les contenus […] des narrations s’avèrent ainsi indispensables à toute reconstruction du passé » et que, dans ces conditions, il est « impossible sans [la fiction] de reconstruire la dimension visible du passé et sa dimension vécue », pour conclure logiquement que « l’histoire ne saurait se passer de fictions »13. C’est l’avis du préhistorien le plus médiatique du XXe siècle, Yves Coppens. Dans de nombreuses préfaces et postfaces de romans comme de bandes dessinées, il n’hésite pas à reconnaître tout ce que sa discipline leur doit en des termes toujours très élogieux. Ainsi, il remercie Pierre Pelot et Tanino Liberatore, auteurs de Le rêve de Lucy, paru en 1990, « d’avoir bien voulu lire et écouter, respecter les données, en interpréter d’autres, et inventer juste assez pour que l’ensemble soit agréable, original, coloré, sensible et beau » 14. Collaborant avec Pierre Pelot à la série Sous le vent du monde, le professeur au Collège de France félicite, en 1998, l’écrivain, qui « au-delà des bien modestes éléments que les préhistoriens ont recueillis au fil de leurs recherches, longues et lentes, au-delà de leurs interprétations souvent toujours en débat, […] a dû, naturellement et heureusement, imaginer dans le cadre sévère de la plausibilité et dans celui plus souple de la poésie »15. En 2007, il invite les lecteurs de Lucy. L’espoir à se laisser « simplement emporter par l’histoire, pleine de péripéties, une histoire [qu’il] aime beaucoup parce qu’elle est belle, parce qu’elle est tendre, colorée comme les tropiques, solennelle comme une parabole et parce qu’elle finit bien »16.
Ravis d’être suivis, séduits d’être secondés, les préhistoriens peuvent en revanche se montrer sceptiques, lorsque, sans aller jusqu’à trahir leur pensée, auteurs de manuels et de fiction prennent quelques libertés avec elle. Pour les seconds, il est une évidence : la guerre est omniprésente pendant toute la Préhistoire. Or, pour les préhistoriens, elle n’est attestée qu’au Néolithique, voire au début de l’Âge du bronze. Concernant la chasse au mammouth, certains savants estiment qu’elle était impossible, d’autres pensent qu’elle était fréquente. La représentation de la Préhistoire n’a pas les mêmes hésitations : pour elle, les préhistoriques sont des chasseurs de mammouths. Pour expliquer l’art pariétal, elle recourt, sur toute la seconde moitié du XXe siècle, à la théorie de la magie de la chasse, pourtant très discutée, pour ne pas dire abandonnée, par les scientifiques depuis les années 1960. La rigueur scientifique se cabre et rechigne à suivre la fiction. Elle s’y refuse même et se scandalise lorsque cette dernière affirme des contrevérités. Malgré les dénégations préhistoriennes, auteurs de bande dessinée, romanciers et cinéastes persistent à montrer des chevaux, affolés par les torches des chasseurs, basculer dans le vide de la roche de Solutré, alors que la configuration du terrain rend la chose impossible. Les mêmes s’entêtent à armer la main de Cro-Magnon d’une massue que nulle fouille n’a jamais retrouvée et s’obstinent à le montrer fuyant et même affrontant des dinosaures disparus plus de soixante-cinq millions d’années avant lui ou côtoyant des mammouths dont le gigantisme n’est pas celui des fossiles exposés. Marc-Antoine Kaeser a, semble-t-il, raison : « l’archéologie ne peut prétendre réformer l’imaginaire collectif »17. Elle peut le nourrir, elle peut s’en inspirer, elle peut le subir. À l’évidence, les rapports entre la science et la représentation de la Préhistoire sont ambigus.
Une triple ambiguïté préside ainsi à la représentation de la Préhistoire : par rapport aux médias, par rapport à son temps et vis-à-vis de la science. Cette triple ambiguïté est renforcée par la nature même de la représentation. Rick Altman l’affirme : « la représentation ne représente jamais le réel »18. C’est exact : la Préhistoire que décrivent les manuels, les romans, la bande dessinée ou le cinéma n’est pas la Préhistoire. Elle est l’objet de deux types de transpositions. Comme le relève André Leroi-Gourhan, « l’homme préhistorique ne nous a laissé que des messages tronqués »19. Il ne reste de lui, non seulement qu’une partie de ce qu’il a réalisé, mais, au sein de cette partie, que celle révélée par les fouilles. Les préhistoriens doivent alors interpréter des vestiges fragmentaires, partiellement découverts, pour proposer une explication d’ensemble. Tâche ô combien difficile. Au terme de cette première transposition, la transposition scientifique, la Préhistoire a subi sa première transformation. Mais la métamorphose n’est pas complète. Elle se poursuit avec la seconde transposition, celle effectuée par l’école (transposition didactique) et celle de la fiction (transposition fictionnelle). Reprenant les données de la science, première déformation, elles doivent les traduire avec toutes les ambiguïtés décrites précédemment, deuxième déformation, pour leur public. La Préhistoire n’est pas celle de nos ancêtres. Elle est celle que nous lisons et voyons. À l’issue de ces déformations, la Préhistoire n’existe plus, elle est devenue notre Préhistoire. Mais, si déformante soit-elle, « sans la représentation de la Préhistoire, la Préhistoire n’existe pas »20. À quoi ressemble-t-elle donc pour les Français de la seconde moitié du XXe siècle ?
La Préhistoire mise en scène : une époque ambiguë
La Préhistoire de l’école, comme de la fiction, est une époque ambiguë. Faisant fi de quelques variations, car portant sur des points de détail, l’image de la Préhistoire est d’une remarquable constance tout au long des soixante dernières années du deuxième millénaire.
L’homme préhistorique : animal ou humain ?
L’Homme y vit alors en osmose avec la nature. Membre à part entière de l’écosystème, il ne s’en est pas encore exclu. Mais c’est un membre indiscipliné et la sortie est proche. Existant, soit grâce aux animaux, soit malgré eux, il vit au milieu d’eux. Même s’il n’est plus tout à fait eux, il porte encore en lui les stigmates de son animalité. Si, au fur et à mesure de son évolution, il se défait incontestablement de ses hardes bestiales, ce n’est qu’en partie. Les premiers humains, dépeints comme des hommes, et des hommes intelligents, ne se différencient pourtant qu’imparfaitement des animaux à cause des poils qui les couvrent. Néandertal, malgré sa réhabilitation à partir des années 1970, n’aurait guère de succès auprès des Françaises du XXe siècle. Même Cro-Magnon ne se débarrasse pas tout à fait de sa violence primitive. Alors, le préhistorique : animal ou humain ? Plus tout à fait le premier, mais pas encore vraiment le second. Les rapports qu’il entretient avec les animaux contribuent également à brouiller les cartes. Proie des bêtes, l’Homme meurt souvent par les cornes du bison ou les griffes de l’ours. Contraint de lutter pour sa survie face à des forces qui le dépassent, il est un être chétif cerné d’animaux terribles. Mais, il est aussi leur prédateur, celui qui se nourrit de leur chair, qui se vêt de leur peau et sculpte dans leurs cornes, leurs os et leur ivoire. Revanche suprême, ou humiliation suprême selon le point de vue, il est également celui qui les parque, les nourrit, bref les soumet. L’enclos ne les empêche pas seulement de s’enfuir ; beaucoup plus important, il montre avec éclat que l’Homme s’est extrait du monde animal et qu’il en est devenu le maître. Identique ou différent de l’animal, soumis ou dominant dans ses rapports avec lui, les images de l’homme préhistorique proposées aux Français sont mouvantes. Il est ainsi bien difficile pour un lecteur ou un spectateur de se représenter clairement son ancêtre paléolithique. Il en est de même pour l’époque qui l’accueille.
Une Préhistoire d’ombre et de lumière
Il est une Préhistoire noire, celle des dangers. Malheur à l’inconscient qui se risque à traverser un fleuve, son courant va l’emporter, tel un fétu de paille, dans ses profondeurs glauques ; malheur au fou voulant braver l’océan et ses tempêtes, nul ne le reverra plus jamais. La terre elle-même est tortionnaire. Éruptions volcaniques et séismes, telles des épées de Damoclès telluriques, sont posées en permanence au-dessus des têtes préhistoriques. Dans un monde dur pour les hommes, vivent des hommes durs pour les hommes. C’est la barbarie. Tous doivent courber le dos devant un chef dont la violence n’a d’égale que la malfaisance. Une tribu étrangère ne pouvant être qu’hostile, il faut donc l’anéantir si on ne veut pas être anéanti. La guerre embrase les temps premiers. Elle est partout avec son cortège de violences, y compris dans des publications soumises à la loi du 16 juillet 1949. Cette violence de groupe se retrouve au niveau des individus. Ce n’est pas l’animal le principal responsable de la mort de l’Homme, ce n’est pas la maladie, c’est l’Homme lui-même. Le meurtre est dans son sang. L’aube des temps est également celle du mal. L’Homme le porte en lui dès ses premiers balbutiements. Mais, à côté de cette Préhistoire de cauchemar, une autre Préhistoire est mise en scène et bien souvent dans une même œuvre, une Préhistoire plus lumineuse, moins désespérante. Le chef est une brute sanguinaire, mais le héros qui s’oppose à lui est un homme bon et magnanime avec ses semblables. La femme est soumise à l’homme, mais elle en est souvent aimée. Les temps premiers inventent ainsi, dans un même mouvement, la domination masculine et l’amour. L’Homme, capable de la pire bestialité, est capable des réalisations les plus élaborées. D’un rognon de silex informe, il fait surgir une pointe pour sa lance. Dans un os, il va pouvoir ciseler une aiguille et dans un bois, un harpon. Charognard, il est aussi gardien du feu et donc l’inventeur de la cuisine. Maître dans l’art de tuer son prochain, il peut éprouver tant de peine à la mort d’un être cher qu’il déploie alors des trésors d’ingéniosité pour lui offrir une sépulture digne de lui. Il est un être brutal et sensible, une sensibilité que l’école et la fiction se plaisent à mettre en scène quand elles décrivent, admiratives, les fresques que Cro-Magnon réalise dans le sein de la terre. Alors, notre Préhistoire, noire ou lumineuse ? Ni vraiment l’une, ni tout à fait l’autre, plus probablement les deux, un subtil mélange de barbarie et de civilisation.
Une ambiguïté qui plaît
Dans des temps premiers, noirs et lumineux, vivent ou plutôt survivent nos ancêtres, plus vraiment animaux, mais pas encore tout à fait hommes. Telle est l’image que la représentation de la Préhistoire offre aux Français de la seconde moitié du XXe siècle. Est-ce cette ambivalence qui leur plaît ? Car la Préhistoire est une époque à laquelle les Français sont attachés. Acceptant le sacrifice de la visite à Lascaux au nom de sa nécessaire protection, ils sont prêts à défiler dans les rues pour défendre leurs menhirs qu’ils jugent menacés. Jean Auel attire, avec sa série Les enfants de la Terre, des milliers de lecteurs. Le néolithicien Jean Courtin, préhistorien certes reconnu des siens mais bien moins médiatique que certains de ses collègues, accède à la notoriété avec un best-seller inattendu, Le chamane du bout du monde. Quant à La guerre du feu, elle continue de peupler les rayons des librairies un siècle après sa diffusion en feuilleton dans Je sais tout. Rahan, le héros des baby-boomers, devient celui de leurs enfants. Emmanuel Roudier, avec ses trilogies Vo’Houna, parue entre 2002 et 2005, et Néandertal, dont le premier tome sort en 2007, apparaît comme le digne successeur de Chéret et Aidans. La Préhistoire a même les honneurs du prime time, et avec succès. Entre 2003 et 2007, Jacques Malaterre réalise trois docufictions, L’odyssée de l’espèce, Homo sapiens et Le sacre de l’homme, qui attirent au total plus de 22 millions de téléspectateurs. Enfin de grandes réalisations muséographiques voient le jour, comme, en 2004, l’extension du Musée National de Préhistoire des Eyzies, indispensable pour accueillir dignement des touristes toujours plus nombreux, attirés en Dordogne certainement autant par son exceptionnel patrimoine préhistorique que par son foie gras. Pourquoi cet attachement des Français aux premiers matins du monde ? Serait-ce parce que c’est un Français qui a révélé leur existence ? Serait-ce parce que, dans la compétition protéiforme qui oppose les États de la planète, leur pays se hisse sur la première marche du podium en étant celui qui dispose du patrimoine préhistorique le plus riche ? Certainement. La représentation de la Préhistoire est souvent l’occasion d’entonner un cocorico jubilatoire.
Mais le chauvinisme n’est pas l’unique explication. Il s’en ajoute bien d’autres. En expliquant aux Français qu’ils sont tous issus d’un même type d’ancêtres, en insistant à longueur de pages sur Lucy, Néandertal ou Cro-Magnon, manuels et romans font ressortir l’unité fondamentale du genre humain et la parenté qui lie tous les êtres vivants. Ils leur apprennent que le monde est une famille dont Lucy et ses descendants sont les aïeux à la fois proches et lointains. En ne leur cachant pas qu’ils font partie intégrante du monde animal, la représentation de la Préhistoire les invite à la fois à l’humilité et à la fierté : humilité, puisque l’Homme est, à l’origine, un animal parmi d’autres et que cette animalité lui colle à la peau tout au long des temps premiers ; fierté, car il parvient, grâce à son intelligence, à sortir de sa condition et devenir le maître. La représentation de la Préhistoire réussit ce qui ressemble bien à un tour de force : peindre notre espèce sous les traits d’un animal, mais d’un animal cultivé. Cependant, le mérite premier de la Préhistoire, ainsi mise en scène, est d’apporter aux Français d’une époque troublée, d’une époque en quête de repères, un amer d’optimisme et de réconfort. La Préhistoire fut une période dure pour l’Homme. Tout semblait s’être ligué contre lui. Lui-même était souvent son pire ennemi. Et pourtant, il réussit à surmonter l’insurmontable. Il partait de rien. Aujourd’hui, il a tout. Par son ambiguïté même, la représentation de la Préhistoire est une efficace leçon d’optimisme et de confiance en l’avenir.
Pascal SEMONSUT
Docteur en histoire
1 J.-K. Husmans, Là-bas, 1891. Cité par C. Amalvi, Le goût du Moyen-Âge, La Boutique de l’Histoire Éditions, 2002, p. 9.
2 A. Gonzalès, Images et imaginaire. Cinéma et histoire au service d’une néo-mythologie. Le péplum, doctorat, Histoire, sous la dir. de Monique Clavel-Lévêque, Université de Franche-Comté, 1990, p. 60.
3 N. Siarri, L’Antiquité latine au cinéma. Histoire et histoires dans le péplum romain, doctorat, littérature latine ancienne, sous la dir. de J.-P. Néraudau, Aix Marseille I, 1988, p. 15.
4 E. Lavisse, Histoire de France. Cours supérieur 2ème année, Colin, 1949, p. 3.
5 N. Siarri, thèse citée, p. 15.
6 W. Stoczkowski, « Le peintre et l’homme préhistorique » in A. et J. Ducros (Dir.), L’homme préhistorique. Images et imaginaire , L’Harmattan, 2000, p. 234.
7 P. Picq, Nouvelle histoire de l’Homme, Perrin, 2005, p. 182.
8 G. Bachelard, La psychanalyse du feu. Folio essais, 2006, p. 119.
9 G. Genette, Figues II, Seuil, 1969, p. 76.
10 M. Patou-Mathis, Néanderthal. Une autre humanité, Perrin, 2006, p. 110 et p. 126. C’est nous qui soulignons.
11 P. Picq, Nouvelle histoire de l’Homme, op. cit., p. 219.
12 M. Guillaumie, Le roman préhistorique à partir des premiers romans préhistoriques français (1872-1914), doctorat, Littérature française, sous la dir. de Claude Filteau, Limoges, 2000, tome 2, p. 541.
13 K. Pomian, « Histoire et fiction », Le Débat, mars-avril 1989, n° 54, p. 131 et p. 137.
14 P. Pelot, T. Liberatore, Le rêve de Lucy, La Dérivée Seuil, 1990, p. 121.
15 P. Pelot, Le nom perdu du soleil, Denoël, 1998, p. 9
16 P. Norbert, T. Liberatore, Lucy. L’espoir, Capitol Éditions, 2007, p. 73.
17 M.-A. Kaeser, Les lacustres, Lausanne, PPUR, 2004, p. 133.
18 R. Altman, « Technologie et textualité de l’intermédialité », Sociétés & Représentations, avril 2000, n° 9, La croisée des médias, p. 13.
19 A. Leroi-Gourhan, Les religions de la préhistoire, PUF, 1995, p.3.
20 M. Fonton, G. Boëtsch, J.-N. Ferrié, « La mise en scène de l’homme préhistorique dans la peinture et l’illustration », Préhistoire Anthropologie Méditerranéennes, 1993, tome2, p. 148.
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Bibliographie très succincte
R. Altman, « Technologie et textualité de l’intermédialité », Sociétés & Représentations, avril 2000, n° 9, La croisée des médias, pp. 11-20.
C. Amalvi, Le goût du Moyen-Âge, La Boutique de l’Histoire Éditions, 2002, 334 p.
G. Bachelard, La psychanalyse du feu, Folio essais, 2006, 192 p.
G. Camps, Manuel de recherche préhistorique, Doin, 1990.
M. Fonton, G. Boëtsch, J.-N. Ferrié, « La mise en scène de l’homme préhistorique dans la peinture et l’illustration », Préhistoire Anthropologie Méditerranéennes, 1993, tome2, p. 148
G. Genette, Figues II, Seuil, 1969, 298 p.
A. Gonzalès, Images et imaginaire. Cinéma et histoire au service d’une néo-mythologie. Le péplum, doctorat, Histoire, sous la dir. de Monique Clavel-Lévêque, Université de Franche-Comté, 1990, 622 p.
M. Guillaumie, Le roman préhistorique à partir des premiers romans préhistoriques français (1872-1914), doctorat, Littérature française, sous la dir. de Claude Filteau, Limoges, 2000, 681 p.
M.-A. Kaeser, Les lacustres, Lausanne, PPUR, 2004, 142 p.
A. Leroi-Gourhan, Les religions de la préhistoire, PUF, 1995, 156 p.
F. Martin, L’Antiquité au cinéma, Dreamland éditeur, 2002, 144 p.
M. Patou-Mathis, Néanderthal. Une autre humanité, Perrin, 2006, 348 p.
P. Picq, Nouvelle histoire de l’Homme, Perrin, 2005, 319 p.
K. Pomian, « Histoire et fiction », Le Débat, mars-avril 1989, n° 54, pp. 114-137.
N. Siarri, L’Antiquité latine au cinéma. Histoire et histoires dans le péplum romain, doctorat, littérature latine ancienne, sous la dir. de J.-P. Néraudau, Aix Marseille I, 1988,538 p.
W. Stoczkowski, « Le peintre et l’homme préhistorique » in A. et J. Ducros (Dir.), L’homme préhistorique. Images et imaginaire, L’Harmattan, 2000, pp. 233-241.
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Romans |
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Pascal Picq |
Néandertal, une autre humanité
Marylène Patou-Mathis |
Sous le vent du monde
Pierre Pelot |
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Le nom perdu du soleil
P.Pelot |
Les religions de la préhistoire
A. Leroi-Gorhan |
Les enfants de la terre
Jean M. Auel |
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Bandes dessinées |
Neandertal
Emmanuel Roudier |
Rahan
Chéret et Lécureux |
Le rève de Lucy
Pelot - Coppens - Libérator |
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Lucy, l'espoir
P.pelot T. Liberatoir |
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Documentaires |
L'Odyssée de l'espèce
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La Guerre du Feu
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