Trou de la Mère Clochette
Rochefort-sur-Nenon - Jura
Paléolithique supérieur (35 460 ± 250 14C BP)
Situation
C’est dans cette petite cavité qu’un important matériel archéologique, témoin d’occupations moustériennes, aurignaciennes et gravettiennes, a été découvert au début du XXe siècle par Julien Feuvrier (1851-1936). Cette formation géologique est située à quelques kilomètres au nord-ouest de Dole, dans la commune de Rochefort-sur-Nenon. Plus précisément, le long de l’ancien chemin de halage du Doubs, à 30 m de la rivière. La grotte au milieu de falaises calcaires du Bathonien (Jurassique moyen, 168.3 à 166.1 Ma) surplombe la rivière de 14 m sous le plancher et à 214 m d’altitude. Son entrée est tournée vers le sud-est. La cavité est large de 16 m et profonde d’environ 6 m. De faible superficie d’environ 50 m² et d’une faible élévation de 1,70 m à 2 m. Composée d’une salle unique débouchant vers deux petits conduits de karst comblés par des argiles de décalcification. Elle a trois ouvertures séparées par deux piliers calcaires, offrant une très belle vue sur la rivière. Elle tient son nom d'une éleveuse de chèvres qui avait élu domicile avec ses animaux à l’intérieur. |
|
Localisation géographique du Trou de la Mère Clochette en Bourgogne Franche Comté - DAO S. David |
Un certain nombre de phases chrono-culturelles ont été identifiées. Elle a été habitée à l'époque romaine, à l'Âge du Bronze, ainsi qu'aux périodes du Néolithique et du Paléolithique moyen et supérieur. C'est l’un des seuls sites stratifiés connus à ce jour dans toute la partie nord-est de France portant des preuves définitives de l'occupation aurignacienne grâce aux récentes datations portées sur des industries organiques : des pointes de sagaie à base fendues en bois de renne.
À l’Aurignacien, l’exploitation des matières est déjà bien structurée et organisée autour de trois sphères d’appartenance : le bois de renne est principalement destiné à la confection d’armatures, l’os à la fabrication de l’équipement domestique et l’ivoire essentiellement à la réalisation de parures.
|
|
Vue extérieure sur la Grotte ©F. Feret, 2015, modifié |
Vue sur Le Doubs depuis le sommet des falaises ©J. Ozcelebi, 2019 |
|
|
Vue intérieure de la Grotte ©F. Feret, 2015, modifié |
Vue sur Le Doubs depuis la Grotte ©J. Ozcelebi, 2018 |
|
Pourquoi ce site est-il important ?
Nous savons d’après un ensemble de résultats que les humains anatomiquement modernes seraient arrivés en Europe dès
~45 000 BP et se seraient rapidement répandus dans toute l'Europe jusqu'au sud de l'Angleterre, entre 43 000 et 41 000 BP. Le site du Trou de la Mère Clochette est au carrefour de la vallée du Danube et du Rhône. Sa position géographique est équidistante de trois grands centres aurignaciens d’Europe occidentale : le Jura Souabe, le sud-ouest de la France et la région méditerranéenne. Avec les caractéristiques de son industrie lithique et biologique, ce site a contribué aux discussions sur l’émergence, le développement et la caractérisation de la “culture aurignacienne” dans son sens le plus large. La nouvelle datation au radiocarbone sur des industries osseuses indiquent une fréquentation du site à 35 460 ± 250 14C BP. |
Vue depuis une ouverture de la grotte ©J. Ozcelebi, 2019
|
|
Historique des fouilles
Julien Feuvrier (1851-1936), pionnier de l’archéologie jurassienne
Historien, archéologue, archiviste et conservateur du Musée archéologique de Dole qu’il créa en 1899. Il devient, parmi d’autres sociétés savantes, membre de la Société Préhistorique Française en 1905 dont il sera le délégué (département du Jura) pour la Commission d’étude des enceintes préhistoriques et anhistoriques. La Grotte du Trou de la Mère Clochette à Rochefort-sur-Nenon a été son chantier de fouille archéologique majeur. Les fouilles se sont déroulées de juillet 1905 à août 1909 soit 37 jours de travaux répartis sur cinq années. |
|
|
Fouille du Trou de la Mère Clochette, Julien Feuvrier est appuyé contre le pilier, mai 1906. ©Coll. Et cl. Musée de Dole |
Méthodes de fouilles très avancées pour l’époque ! En ce temps-là, des préhistoriens vidaient les grottes de leurs objets les plus significatifs à la recherche du bel objet, sans aucune méthode. Malgré son peu d’expérience de fouille en grotte, Julien Feuvrier avait mis au point une méthode spécifique :
- Tenue d’un précieux carnet de fouille nommé Explorations et Fouilles : 1905-06-07-08 et 1910, N°2, ce carnet est documenté par des croquis et des notes manuscrites quotidiennes de l’avancement des fouilles ainsi que des plans et coupes en couleur avec report de cotes.
- Il met en place un système de repère servant également de plan de référence pour les altitudes (niveau 0)
- Le décapage est effectué par des passes successives de 10 à 20 cm d’épaisseur.
- Les fouilles se font souvent en tranchée voire par la méthode du tunnel (cf. E. Dupont, 1866).
- Secteur par secteur, couche archéologique par couche archéologique.
Les deux seules insuffisances étaient celles de ne pas avoir suffisamment décrit le matériel dans le contexte de sa découverte et de ne pas avoir situé les artefacts sur les relevés stratigraphiques. |
R. Desbrosses a beaucoup contribué à l’étude des collections et c’est P. Nowicki au début des années 1990 qui a découvert l’un des carnets de fouilles appartenant à Julien Feuvrier dans la bibliothèque de Dole rendant ainsi possible la réévaluation de la Collection et confirmer l’importance de ce site fouillé il y a très longtemps. C’est également grâce aux nombreux travaux apportés par Laurent Brou associés à ceux de Luc Jaccottey et Carolyn C. Szmidt que l’on a pu obtenir une connaissance plus précise de ce site ainsi qu’une nouvelle datation.
Du Magdalénien à l’Aurignacien
Au début, Julien Feuvrier qui avait pour référence régionale une série très importante magdalénienne découverte dans la grotte d’Arlay (Jura) attribua au Magdalénien l’intégralité du matériel recueilli dans la couche B (industries paléolithiques). Il se référait également à la classification de l’industrie osseuse de G. de Mortillet (1821-1898) en vigueur depuis 1872 sans savoir que sa découverte s’apparentait au faciès d’Aurignac (Haute-Garonne). À cette époque, la communauté scientifique n’était pas en accord sur l’existence et la position chronostratigraphique de l’Aurignacien. L’Abbé Breuil venait seulement de proposer la subdivision de l'Aurignacien au Congrès International d'Anthropologie et d'Archéologie Préhistorique de Monaco en 1906 (Cf. La bataille aurignacienne). Julien Feuvrier avait apporté la correction après que Maurice Piroutet, géologue et paléontologue, lui avait indiqué dans une lettre en 1925 que cette industrie était en fait aurignacienne et non magdalénienne. Cela fut confirmé par l’abbé Breuil et Raymond Vaufrey dans les années trente.
Plans et stratigraphies
Elle est composée de trois unités stratigraphiques majeures partant du bas (A) vers le haut (C) décrites par Julien Feuvrier en 1907 :
C. Couche noirâtre, meuble, composée d’humus, mélangée à l’argile et aux pierrailles. Elle contenait seulement du matériel récent (un foyer à bois avec fragments d’un grand vase en terre grossière, des débris de poteries vernissée du XVe ou XVIe siècle et des os entiers ou brisés d’espèces animales actuelles.
B. Couche jaune formée d’argile à blocaux durcie par les infiltrations calcaires dont la base est colorée par les oxydes de fer (couche à hématite/ferrugineuse) contenant les industries paléolithiques.
A. Couche blanche stérile, formée de sable mélangé d’un peu d’argile.
Plans de la Grotte
|
|
Plan de le Grotte du Trou de la Mère Clochette à Rochefort
sur Nenon par J. Feuvrier. ©Coll. Musée de Dole |
Restitution du plan des fouilles du Trou de la Mère Clochette à Rochefort
sur Nenon par J. Feuvrier. En 1905, Julien Feuvrier débute ses fouilles au centre de la grotte, entre les deux piliers. Il fouille ensuite, le devant de la cavité (1906 et 1907), puis le fond (1908 et 1909). ©Del. L. Jaccottey, Inrap. |
La coupe stratigraphique à l’avant de la cavité confirme la succession stratigraphique décrite par Julien Feuvrier. Elle montre aussi la présence d’une zone où sont conservés les déblais des fouilles de celui-ci, déblais au sein desquels ont été retrouvés des fragments d’ivoire ocrés ainsi qu’une lamelle Dufour.
|
|
Plan du Trou de la Mère Clochette et du Trou du Renard. Coupe stratigraphique à l’avant de la cavité ©Szmidt et al., 2010, modifié |
Coupe stratigraphique à l’avant de la cavité. Elle montre les déblais issus des fouilles de Julien Feuvrier ©Fouille et del. Luc Jaccottey/INRAP |
Trou du renard
Juste à côté se trouve un petit tunnel karstique long de 12 m et large de 2 m qui se nomme le Trou du Renard. À l’origine, caché par des buissons et presque entièrement comblé par des alluvions et des éboulis, du matériel similaire à celui du Trou de la Mère Clochette avait été découvert par A. Guichon, J. Perret et P. Ripotot en 1930 et 1931.
Matériels archéologiques
« Le travail des matières osseuses est une des innovations majeures associées à l’avènement du Paléolithique supérieur en Europe. Dès l’édification du concept d’Aurignacien par l’abbé Breuil, il constitue un argument fort en faveur d’une révolution cognitive : son apparition “soudaine” entretient l’idée d’une rupture biologique et conceptuelle franche avec le Paléolithique moyen et la large répartition des pointes à base fendue en Europe, celle d’une diffusion rapide et très homogène de la culture aurignacienne. […] C’est à l’Aurignacien que le travail des matières osseuses se généralise et intègre durablement les systèmes techno-économiques. Il connaît un développement graduel en Europe qui, en l’état actuel des connaissances, trouverait son origine au sein des sociétés proto-aurignaciennes d’Europe occidentale. L’apparition de ce nouveau champ technique semble résulter d’un transfert des techniques de travail du bois végétal aux matières osseuses, lié sans doute en partie au brusque changement des conditions environnementales affectant l’Europe autour de 40 000 BP. L’évolution des productions osseuses au cours des premières phases de l’Aurignacien témoigne de profonds changements technoéconomiques qui, à l’appui des données des études lithiques, révèlent de puissants changements sociologiques au cours du passage entre Paléolithique moyen et supérieur. »
Industries lithiques
Le Trou de la Mère Clochette était remarquable et unique pour la région, notamment en raison de ses industries lithiques et osseuses abondantes, qui comprennent des artefacts travaillés dans du bois de renne et de l'ivoire. Certains de ces artefacts, tels que les pointes en os, un os d'oiseau décoré et certaines lithiques sont décrits dans le seul cahier de terrain récupéré. La présence de lamelles est également notée à plusieurs reprises dans ses notes. Julien Feuvrier avait également signalé la présence d’un foyer composé d’os brûlés dans la couche ferrugineuse. Dans ce foyer et autour de celui-ci, il avait trouvé de nombreuses lithiques et os (en particulier des
rennes), ainsi que des fragments de défenses d’
Elephas primigenius.
L’étude descriptive et l’inventaire des industries lithiques attestent des occupations au Moustérien, à l’Aurignacien et au Gravettien. Ils indiquent aussi plusieurs groupes de matériaux utilisés : chaille, quartzite, quartz, radiolarite, grès et silex. L’acquisition de ces matériaux se faisait sur les plateaux alentours, dans les alluvions plus ou moins fossiles des rivières, sur les vallons du bassin oligocène de Mont-les-Etrelles (40 km) et autour du Massif de la Serre (voir Grotte des Gorges).
La série moustérienne, composée de plus de 3 200 artefacts, était principalement conçue à partir de chaille.
La série aurignacienne, composée de plus de 2 300 artefacts, était principalement conçue à partir de silex Bajocien et Callovien.
La série gravettienne, composée d’un nombre d’artefacts moins importants, était conçue à partir de silex allochtone.
L’outillage lithique
Grattoirs, burins, outils composites, troncatures, becs, perçoirs, encoches, pièces denticulées, pièces esquillées, lames à retouche aurignacienne, lames retouchées, lamelles retouchées
|
|
Industries lithiques aurignaciennes (Nucléus à lamelles, lamelles brutes, lamelles Dufour, grattoirs, burins, brèche ocrée) ©Musée des Beaux-Arts de Dole, cl. Pierre Guenat |
Industries lithiques moustériennes (Nucléus, racloirs, denticulés et encoches) ©Musée des Beaux-Arts de Dole, cl. Pierre Guenat |
Industries osseuses
Datation : 33 750 ± 350 14C BP et 35 460 ± 250 14C BP
L’outillage osseux
6 Sagaies dont 5 de type à bases fendue en bois de renne ; fragments de sagaies à bases fendues, poinçons, fragment de brunissoir, bâtonnets ocrés, enclumes ou retouchoirs.
La variabilité des formes de ces pointes de sagaie pourrait correspondre à des fonctions différentes de la chasse. Quelques-unes ont des stries dont la signification nous est inconnue à ce jour. |
|
|
Pointes de sagaie à base fendue en bois de renne, (Proto)Aurignacien ©Coll. Musée de Dole, cl. L. Brou |
|
Témoins esthétiques
5 Fragments d’un tube décoré de traits obliques disposés en chevron, façonné dans un tibia d’oiseau. L’un des objets les plus spectaculaires de la collection. Les tubes sont des os d’oiseaux utilisés comme étuis ou décorations vestimentaires. Ils sont souvent décorés.
1 petit os d’oiseau dont les épiphyses ont été sectionnées par la technique de l’incision circulaire.
1 esquille d’os long présentant deux courtes incisions parallèles.
2 fragments de plaquette polie et incisée en ivoire.
1 fragment de petit batônnet de section circulaire décoré en ivoire.
1 dent présentant une gorge de suspension à la racine. |
Fragments d’un tube décoré de traits obliques disposés en chevron, façonné dans un tibia d’oiseau. @Tartar É., 2015 |
|
Témoin minéral
Un petit “godet” à ocre en pierre.
Restes humains du Néolithique
Datation : 4341 ± 33 14C BP
Dans la région rare sont les restes humains, sur ce site ont été identifiés : un fragment de maxillaire droit contenant deux molaires, une prémolaire maxillaire gauche et un calcanéum gauche.
À droite
Fragment du maxillaire droit contenant deux molaires M1 et M2.
Vue occlusale (à gauche), vue linguale (à droite).
Datation effectuée sur une des racines de M2. @Szmidt et al., 2010 |
|
Exposition des collections du Trou de la Mère Clochette
Au sein du musée des Beaux-Arts et d'archéologie de Dole fondé en 1821 et installé depuis 1980, dans le pavillon des officiers (XVIIIe siècle) de l'ancien Château de Dole (XIe siècle).
Musée des Beaux-Arts de Dole
85 rue des Arènes
39100 DOLE
03 84 79 25 85
Ouvert tous les jours sauf dimanche matin et lundi
De 10:00 à 12:00 et de 14:00 à 18:00
Entrée gratuite
Rédaction
Jonathan Ozcelebi
Sous la supervision de Laurent Brou (Archéologue au Centre National de Recherche Archéologique, Luxembourg)
Sources
David S., 2018. Aux origines de l’art dans le Jura, il y a 32 000 ans la grotte des Gorges à Amange.
Centre Jurassien du Patrimoine : Catalogue d'exposition.
Bilan scientifique de la région Franche-Comté 2008/2009/2010, 2017. Ministère de la Culture, Direction Générale des Patrimoines, Sous-Direction de l’Archéologie.
Tartar É., 2015 - Origine et développement de la technologie osseuse aurignacienne en Europe occidentale :
bilan des connaissances actuelles, in White R., Bourrillon R. (dir.) avec la collaboration de Bon F., Aurignacian Genius : art, technologie et société des premiers hommes modernes en Europe, Actes du symposium international, 8-10 avril 2013, New York University, P@lethnologie, 7, 34-56.
Higham, T. et al., 2012. Τesting models for the beginnings of the Aurignacian and the advent of figurative art and music:
The radiocarbon chronology of Geißenklösterle, Journal of Human Evolution.
Szmidt C., Brou L., Jaccottey L., 2010. Direct radiocarbon (AMS) dating of split-based points from the (Proto)Aurignacian of Trou de la Mère Clochette, North Eastern France. Implications for the characterization of the Aurignacian and the timing of technical innovations in Europe, Journal of Archaeological Science, 37, 3320-3337.
Cupillard C., Malgarini R., Fornage-Bontemps Sophie, 2009. Le Paléolithique supérieur ancien dans le quart nord-est de la France : l’exemple de la Franche-Comté.
Jaccottey L., Milleville A., 2009. Gestion des matières premières et implantation humaine autour du massif de la Serre (Jura, France) : Rapport final de PCR 2007-2009.
Les recherches de Julien Feuvrier (1851-1936), historien, archéologue, archiviste et conservateur du musée : Catalogue d'exposition “Dole et sa région, de la Préhistoire au 18e siècle” Musée des beaux-arts de Dole, 13 mars-24 mai 2009, sous la direction de Jean-Luc Mordefroid.
Brou, L., 1997. L’industrie aurignacienne du “Trou de la Mère Clochette” à Rochefort-sur-Neron, Jura. Présentation des données. In, Le Paléolithique Supérieur de l’Est de la France : De l’Aurignacien à l’Ahrensbourgien. Actes du colloque de Chaumont, 1994. Mémoire de la Société Archéologique Champenoise 13, supplément au Bulletin 2, Reims, pp. 15e35.
Vie de la société. In: Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 33, n°5, 1936. pp. 289-302
www.reseaudescommunes.fr
La grotte du Trou de la Mère Clochette en bref...
Type : |
Technique |
Période |
Datation |
Restes humains |
Grotte
|
|
Paléolithique supérieur |
35 460 ± 250 14C BP ;
33 750 ± 350 14C BP ;
4 341 ± 350 14C BP |
Oui |
Dimensions |
Nombre de représentations |
|
|
Outils |
Largeur 16 m ; Profondeur 6 m env. ; Superficie environ 50 m² |
|
|
|
Harpon, pointe, burins |
Localisation |
Accessibilité |
Date de la découverte |
Particularités |
Dans la région |
Rochefort-sur-Nenon (39) |
Ne se visite pas
|
Fouilles officielles de 1905 à 1909 |
Présence de pointes de sagaie à base fendues |
Grotte des gorges |