Néandertal l'européen
Musée de préhistoire de Solutré-Pouilly
Exposition du 4 avril 2015 au 28 février 2016

De Namur à Solutré : une exposition européenne
Créée à Namur (Belgique) en 2010, cette exposition itinérante a été réalisée à l’occasion de la présidence belge du Conseil de l’Union européenne : une manière de souligner que l’Homme de Néandertal est l’Européen par excellence. Descendant des premiers groupes humains à s’être peu à peu dispersés à travers l’Eurasie au départ du Proche-Orient, c’est en Europe que les Néandertaliens ont acquis leur physionomie si caractéristique.
Depuis 1830, la Wallonie a joué un rôle majeur dans la genèse de la Préhistoire et de l’étude de l’homme fossile. De nombreuses recherches sur l’Homme de Néandertal sont actuellement menées en Wallonie par la Direction de l’Archéologie du SPW, avec la collaboration d’institutions nationales et internationales.
L’exposition « Néandertal, l’Européen » présente les réponses les plus actuelles à toutes ces questions et renouvelle le questionnement sur ces lointains parents. Elle nous invite à la rencontre de cette fascinante humanité qui s’est éteinte 30 000 ans avant notre ère et nous interroge sur notre histoire, sur la diversité humaine, la cohabitation des cultures et notre rapport à autrui.


Néandertal l’Européen
Descendant des premiers groupes humains à s’être peu à peu introduits en Europe depuis le Proche-Orient, l’Homme de Néandertal a acquis sa morphologie spécifique entre - 500 000 et -120 000 ans. C’est également en Europe qu’il a disparu entre - 40 000 et - 30 000 ans. Au même moment, des hommes anatomiquement modernes, les Homo sapiens, commencent à peupler notre continent. Ces derniers sont nos ancêtres directs.

De l’Afrique à Néandertal
Les premiers hommes, Homo habilis et Homo rudolfensis, ont pris naissance le long de la dépression tectonique qui traverse l’Afrique orientale du nord au sud. A partir de 2 à 1,8 millions d’années, une autre humanité émerge en Afrique, Homo ergaster. En Europe, les hommes ont d’abord occupé les régions méridionales, comme dans la Sierra d’Atapuerca, en Espagne (Homo antecessor, vers -700 000). Une nouvelle « espèce » (Homo heidelbergensis) est attestée vers quelque 600 000 ans ; sa stature est proche de la nôtre. C’est au sein de ces différentes espèces, parfois regroupées sous le terme d’Homo rhodesiensis, qu’il faut chercher l’origine de l’Homme de Néandertal.

Anatomie
Quoique globalement proche de l’Homme moderne du point de vue anatomique, l’Homme de Néandertal s’en différencie par un certain nombre de caractères, les uns archaïques - communs à d’autres populations anciennes – et les autres spécialisés - typiquement néandertaliens. Les traits anatomiques qui caractérisent les Néandertaliens sont apparus au fil de plusieurs centaines de millénaires. L’homme de Néandertal dit « classique », à partir de – 120 000 ans, est trapu. Sa surface externe est réduite par rapport à son volume, ce qui diminue ses dépenses de chaleur et correspond à une adaptation aux climats rigoureux auxquels il était confronté.
De la bête à l’Homme Depuis sa découverte, l’Homme de Néandertal a fait fantasmer nombre d’artistes. Dans le contexte idéologique et religieux de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, les représentations illustrent la conception bestiale et simiesque que l’on avait de lui à cette époque. Au cours du XXe siècle, cette conception fait place peu à peu à une vision plus humaine qui le rapproche de nous.

Environnement
Les Néandertaliens ont connu de nombreuses fluctuations climatiques. Si certains ont connu des phases particulièrement rigoureuses, d’autres ont évolué au sein de forêts tempérées, dans un climat équivalent à l’actuel. Au gré des retraits et des avancées des calottes glaciaires, ils ont occupé la quasi-totalité de l’Europe et ont migré vers le Proche-Orient et la Sibérie. Leur développement et leur épanouissement en Europe au cours de cette longue période très contrastée sont donc le témoignage d’une bonne adaptation à l’environnement. Lors des phases glaciaires, les Néandertaliens ont évolué dans un environnement ouvert, steppique, aux côtés du mammouth, du rhinocéros laineux, du renne, du lion, de la hyène, de l’ours… Lors des optimums climatiques, les populations évoluaient dans des forêts tempérées, côtoyant le daim et le cerf élaphe, le sanglier et l’aurochs, mais aussi certains animaux déjà présents lors des phases glaciaires (lion, ours…).

Mode de vie
L’Homme de Néandertal vit de la chasse et de la cueillette. Certains sites présentent des accumulations d’ossements portant des traces de découpe. Il fabriquait des armes et des outils en pierre, principalement en silex. Il a développé un débitage bien particulier appelé « technique Levallois » qui permet au tailleur de maîtriser les formes et les dimensions des pièces obtenues. L’Homme de Néandertal est nomade. Il vit en petits groupes et change régulièrement d’habitat. Ce sont généralement les saisons et les mouvements des troupeaux qui rythment ses déplacements, ainsi que ses besoins en matières premières. Il installe ses campements en plein air ou à l’entrée de grottes (ou abri-sous-roche) dont il reste peu de traces. On sait qu’il utilisait le feu grâce aux vestiges de foyers retrouvés dans les habitats.

Néandertal face à la mort
Une quarantaine de sépultures néandertaliennes ont été découvertes à ce jour en Europe et au Proche-Orient. Elles proviennent de sites d’habitat en grottes ou d’abrisous- roche. On y trouve aussi bien des femmes et des hommes que des enfants d’âges variés, y compris des foetus. Elles attestent de l’attention portée aux défunts et du souci de les soustraire aux animaux charognards.

Comportements symboliques
En dehors des sépultures, les témoignages de comportements symboliques demeurent rares. Quelques ossements et des pierres portent des gravures. La première gravure pariétale néandertalienne a néanmoins été découverte en 2014, à Gibraltar. Son analyse met à mal l’hypothèse selon laquelle la production de représentations abstraites et figuratives sur les parois des grottes serait une innovation culturelle introduite en Europe par les Hommes modernes. Ces résultats étayent au contraire l’idée que les Néandertaliens possédaient une culture matérielle symbolique.