L'art préhistorique,
théories d'explication |
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L’art paléolithique comprend l’art
pariétal localisé dans la profondeur
des grottes, hors de portée de la lumière
du jour et l’art mobilier sur support organique
ou minéral.
Découvrez, sur plus de 77 000 ans, la
chronologie de l'art pariétal...
- L’art néolithique dit rupestre se manifeste dans des abris sous roche peu profonds, à la lumière du jour.
(Page à venir)
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Chronologie - Art pariétal |
A noter, ce bel ordonnancement
a d’être perturbé par la découverte
de sites rupestres, à la lumière du jour mais
d’âge paléolithique : en France, rocher de
Fornols-Haut, en Espagne, Siega-Verde, au Portugal, Foz-coâ9…
Les différentes
théories d'explication de l'art préhistorique
Le naturalisme artistique
Cette nouvelle hypothèse prend en compte que la très grande majorité des représentations dans l'art préhistorique sont d'un réalisme étonnant. Les artistes dès le paléolithique prenaient un soin étonnant dans la figuration des animaux, des attitudes, des moments de vie (chasse, parade, combat...). Il apparait que ce réalisme est de fait une imitation du réel. Or ce l'auteur fait remarquer que ce type d'imitation se retrouve dans les sociétés hiérarchisées dans lesquelles une autorité (une élite) exprime son prestige par la production d'œuvres réalistes. Pour fabriquer ces œuvres cette élite doit mobiliser des artistes et les dégager de toute contraintes afin de leur permettre un apprentissage et un savoir d'observation uniques. Cette hiérarchisation des rôles implique donc une société inégalitaire dans laquelle des artistes réalisent pour une élite des peintures, sculptures, gravures. Ces représentations sont donc un signe de prestige et une marque de pouvoir sur un territoire.
Cette hypothèse, très récente, a été peu commentée par les spécialistes.
Le chamanisme
Pour expliquer les grottes ornées le préhistorien Jean Clottes émet l'hypothèse que les peintures pariétales sont le fait de chamanes en transe. Ces prêtres magiciens sont le lien entre le monde réel et le monde des esprits. Par la transe le chamane est le seul capable de voyager dans ces mondes parallèles mais également de communiquer avec les esprits qui l'habitent. Après sa transe le chamane peint des animaux ou applique sa main sur les parois, les faisant ainsi pénétrer la paroi pour rejoindre les esprits et communiquer avec eux.
Les signes, les points, les traits, grilles sont issus directement de la transe et n'ont pas forcément une signification précise : ce sont des hallucinations préalables à la révélation des animaux.
Cette hypothèse met en avant la grotte, dont les parois sont un lieu de passage privilégié des esprits mais elle est moins adaptée pour l'art rupestre ou l'art mobilier. Mettant en scene des chamanes cette hypothese fait l'objet de nombreuses réactions car faisant trop appel à l'ethnologie comparative.
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L'art pour l'art |
Le pouvoir magique |
Le chamanisme |
Cette théorie un peu désuette présente un peu les hommes préhistoriques comme des esthètes à la recherche du "beau"... L'art pour l'art... l'art fait pour être vu...
Malheureusement la grande majorité de l'art pariétal est située dans des grottes, souvent au fond de galeries et toujours sans lumière naturelle ! Comment, dans ce cas, imaginer que cette recherche et cette création de décoration (d'ornements) soit quasiment inaccessible ? |
C'est l'abbé Breuil qui imagine que les représentations d'animaux ou de scènes de chasse étaient censées aider les hominidés dans leur recherche de nourriture. En attribuant aux images un pouvoir surnaturel, les hommes préhistoriques pouvaient ainsi exorciser leurs démons, et se "garantir" une chasse fructueuse.
Ce pouvoir magique est contredit par les nombreuses représentations d'animaux ou d'éléments sans rapport avec la chasse (mains, figures humaines...).
Lire Les bases magiques de l'art préhistorique du Comte Henri Begouen. |
Jean Clottes présente la grotte comme un lieu de passage entre le monde des hommes et un monde parallèle.
La grotte est donc un sanctuaire dans lequel le chaman, reconnu par sa tribu, entre en transe pour restaurer l'harmonie entre l'homme et la nature...Les représentations seraient donc là pour créer une ambiance fantastique (quasi religieuse).
Cette théorie est fortement critiquée par de nombreux préhistoriens qui n'y voient qu'une imagination débordante... |
Art pour l'art, totémisme et chasse magique
Avant de comprendre il faut
accepter. En 1834 Brouillet découvre au Chauffaud
(Vienne) 2 un os portant deux biches gravées. Ce
qui, bien plus tard, deviendra la première manifestation
connue de l’art paléolithique ne retient
pas l’attention. Au fil des ans les découvertes
s’accumulent et peu à peu il faut bien admettre
que cet ancêtre, sauvage presque animal, cela semblait
aller de soi, avait des capacités artistiques qui
méritaient quelque attention malgré leur
caractère dérangeant.
Les premières interprétations font référence
à l’art pour l’art, au totémisme
et à la chasse. La première de ces théories,
résurgence assez inattendue du « bon sauvage
» de Rousseau, n’est en fait que le reflet
des idées anticléricales, parfois violentes,
de certains préhistoriens de l’époque,
Gabriel de Mortillet entre autres, elle
ne leur survivra pas. Le totémisme a été
souvent évoqué. Dans cette perspective à
chaque clan correspond un animal totémique objet
de prohibitions, alimentaires en particulier, et parfois
d’une sorte de culte. Ceci impliquerait une variabilité
du bestiaire qui ne correspond pas du tout à la
réalité archéologique. D’autre
part un nombre limité, mais certain, d’animaux
est porteur de flèches ou de blessures incompatibles
avec la prohibition propre aux animaux totémiques.
De surcroût sur le versant ethnologique les idées
ont évolué, le totémisme n’est
plus une entité unique susceptible de faire l’objet
d’une théorie unique mais un fait ethnologique
complexe regroupant artificiellement sous une seule dénomination
des faits disparates. La troisième hypothèse
aura plus de succès, grâce au soutien actif
de l’abbé Breuil (1877-1961) elle durera jusqu’aux années
cinquante ou soixante. Fin du bon sauvage l’ancêtre
est présumé être un chasseur affamé,
certains animaux paraissent atteints par des flèches,
les figures mi-animales mi-humaines sont vues comme des
chasseurs travestis pour approcher le gibier. Au-delà
des techniques cynégétiques on parle également
de pratiques magiques. L’abbé Breuil et le Comte H. Begouën reprennent cette théorie de la chasse magique,
ce sera la magie sympathique soutenue par l’Abbé
jusqu’à la fin de sa vie, il lui est en effet
plus facile d’admettre une magie qu’une religion
primitive, pour autant il n’hésite pas à
parler de Chapelle Sixtine de la Préhistoire à
propos de Lascaux. La magie dite sympathique suppose une
relation d’identité entre l’image et
son sujet. Le bison dessiné est symboliquement
tué avant de l’être réellement.
Quelques animaux paraissent effectivement blessés
par des flèches, l’ours modelé de
Montespan a été lardé de coups de
sagaie… En fait les animaux blessés ne sont
pas très nombreux, surtout les fouilles montrent
que le bestiaire représenté ne correspond
pas à ce qui était réellement consommé
par les paléolithiques (échantillon culinaire).
A partir des années soixante cette théorie
tombe progressivement en désuétude.
Le structuralisme
A
cette époque A. Leroi-Gourhan
(1911-1986), après Max Raphaël
et A. Laming-Emperaire, ouvre une perspective
nouvelle de type structuraliste. Derrière le désordre
apparent de l’art pariétal il existe un ordre,
une structure, que la statistique doit permettre de faire
apparaûtre. A. Leroi-Gourhan s’attachera avec
une remarquable rigueur à étayer cette théorie.
Il existerait ainsi une structuration de la grotte dans
son ensemble avec des figures d’entrée
et de fond, une organisation des panneaux avec des figures
centrales et périphériques, et surtout une
dualité fondamentale femelle / mâle représentée
par le couple symbolique bison-aurochs / cheval, à
la fois opposé et complémentaire. Cette
théorie nouvelle est, au départ, très
fraûchement accueillie, elle vaudra même à
A. Leroi-Gourhan de se faire traiter d’obsédé
sexuel par l’abbé Breuil alors que manifestement
il s’agit là, plus de genre que de sexe.
Par la suite la perspective structuraliste s’impose
au point de devenir la perspective de recherche dominante
voire unique. Une cinquantaine d’années s’est
maintenant écoulée sans que la structure
tant cherchée n’ait pu être mise en
évidence de manière sûre. Bien au contraire
A. Laming-Emperaire qui a poursuivi ses recherches de
son côté a abouti à une dualité bison / cheval
mais de polarité sexuelle inverse.
Le
chamanisme
En
1996 Jean Clottes et D. Lewis- Williams
réouvrent le dossier du chamanisme.
Selon eux cette pratique très répandue
chez les chasseurs-cueilleurs expliquerait la plupart
des particularités de l’art paléolithique.
L’attrait pour les grottes profondes et pour les
détails de leurs parois serait le reflet d’une
cosmogonie à étages et de la croyance
en un monde autre souterrain. Les chevauchements de
figures, l’absence de sol comme d’horizon
ou de contexte écologique, les animaux en position
normale…seraient des évocations des images
hallucinatoires vécues pendant la transe. Dans
l’ensemble cette thèse a été
fort mal reçue. Elle a suscité un énorme
silence qui n’est pas sans évoquer celui
qui a accueilli la publication de Sautuola, c’est
en effet un véritable attentat au préhistoriquement
correct, structuraliste, du moment.
A lire
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Le Temps Sacré des Cavernes
Gwenn Rigal
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L'art de l'époque glaciaire
Paul G. Bahn
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L'art de la préhistoire
Collectif
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« Le Temps Sacré des Cavernes » est une synthèse claire et accessible de toutes les hypothèses proposées au fil du temps par la communauté scientifique pour répondre à la question de la signification de l’art des cavernes... Fruit de plusieurs années de travail, « Le Temps Sacré des Cavernes » accorde à chaque théorie une attention égale, exposant au besoin les points de friction entre spécialistes.
Le temps sacré des cavernes |
Ce livre répond à toutes vos questions sur l'art à la préhistoire. Enfin disponible en français, c’est le seul véritable manuel consacré à l’art de l’époque glaciaire. Peintures, gravures, sculptures et parures y sont systématiquement passées en revue. Paul Bahn, qui a lui-même visité des milliers de sites d’art rupestre, nous livre ici un véritable tour du monde des arts de l’Âge Glaciaire. Un gros et beau livre !
L'art de l'époque glaciaire |
Les éditions Citadelles & Mazenod réactualisent de manière ambitieuse, et à l’échelle mondiale, l’ensemble des connaissances sur l’un des temps de création les plus passionnants de l’humanité. Écrit par une équipe de chercheurs internationaux, l’ouvrage propose un panorama des arts de la Préhistoire dans le monde entier
Nouveauté 2017
L'art de la préhistoire |
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Qu'est-ce que l'art
préhistorique ? Patrick Paillet |
Ce que l'art préhistorique dit de nos origines Emmanuel Guy |
L'art préhistorique
Alain Roussot
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Nouveauté 2018
Cet ouvrage fait le point sur ce que nous savons aujourd’hui de l’art paléolithique dans son extrême diversité chronologique, culturelle et expressive, mais également dans la multiplicité des approches scientifiques dont il fait l’objet. Richement illustré, il donne à voir la genèse de ce qui est sans conteste une des plus importantes activités humaines.
En savoir plus sur Qu'est-ce-que l'art préhistorique ? |
Que nous dit l'art préhistorique des sociétés qui l'ont produit ? À distance des interprétations religieuses communément admises, ce livre suggère d'en repenser la valeur sociale. Ce n'est pas sans raison, en effet, que l'art des grottes se signale, dès ses origines, par un goût marqué pour l'imitation. L'histoire de l'art nous rappelle à juste titre que le prestige suscité par l'imitation sert toujours les intérêts politiques d'une élite.
En savoir plus sur Ce que l'art préhistorique dit de nos origines |
Un grand livre dans un petit format !
Panorama très complet
de l'art dans la préhistoire : techniques utilisées, type de représentations, théories pour expliquer l'art pariétal, rupestre et mobilier...
L'art préhistorique |
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Art et religion de Chauvet à Lascaux Alain Testart |
L'homme de Lascaux et l'énigme
du puits Jean-Loïc Le Quellec |
Les origines de l'art
Michel Lorblanchet |
Dans cet ouvrage posthume inédit, l'anthropologue Alain Testart pose son regard sur le dispositif iconographique des grottes ornées du paléolithique supérieur.
Analysant aussi bien la distribution spatiale des œuvres, les représentations animales et l'abondance des signes abstraits, il en propose une interprétation inédite jointe à une nouvelle théorie des signes.
Art et religion de Chauvet à Lascaux |
Parmi toutes les images préhistoriques, la « Scène du Puits» de Lascaux est certainement l’ensemble qui a suscité le plus d’interrogations et de commentaires. L’homme mystérieux qui figure au centre de ce panneau a été tout à tour vu comme un chasseur accidenté, un sorcier se préparant à la traque ou un chamane en transe. Ce livre présente toutes les interprétations les plus étonnantes de cette scène qui se sont multipliées depuis des décennies...
L'homme de Lascaux et l'énigme du puits |
« Dès le début de sa longue histoire, l'homme se présente comme un élément de la nature. Il entreprend rapidement la collecte d'un bric-à-brac de productions naturelles aux formes bizarres et colorées. Par le choix qu'il en fait, il proclame ces objets œuvres d'art et rêve d'en être l'auteur.»
Collectionneur dès ses premiers temps, l'homme deviendra ensuite créateur. C'est là une étape spirituelle inédite, spectaculaire : ce comportement d'artiste constitue l'un des caractères sélectifs favorables à l'évolution de l'espèce humaine. .
Les origines de l'art - Lorblanchet |
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19/07/04 revue le 06/01/12
CR et ZAF |
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