On en sait un peu plus sur le régime alimentaire d'Abel...
Australopithecus bahrelghazali, un cousin de Lucie, était plutôt herbivore.
L'archéologue Julia Lee-Thorp (Université d'Oxford, Angleterre) a pu étudier les dents de trois fossiles de l'espèce Australopithecus bahrelghazali. Elle cherchait à découvrir les habitudes alimentaires de cette espèce. L'étude a été publiée le 12 novembre 2012 dans les PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences).
Abel, un australopithèque à l'ouest...
Abel, comme Toumaï, a été découvert au Tchad par les équipes du professeur Brunet. Cet australopithecus bahrelghazali avait déjà la particularité d'avoir été retrouvé dans une région (l'ouest) qui invalidait la théorie de l'East Side Story. Il rajoute maintenant des particularités alimentaires !
A gauche, prémolaire du spécimen Koro-Todo K12 (Australopithecus bahrelghazali). Photo de Julia Lee-Thorp (Oxford University)
L'étude des dents
Pour déterminer le régime alimentaire les chercheurs ont étudié (par découpe au laser) dans l'émail des dents de 3 fossiles différents. Cela a permis d'établir le rapport entre les deux isotopes non radioactifs de carbone C4 et C3. Selon les proportions les chercheurs peuvent ensuite retrouver les habitudes alimentaires de l'hominidé (ou de l'animal en général) à base de viande, de plantes, de fruits... Cela permet également d'en savoir plus sur l'environnement ou cet hominidé vivait.
Dans le cas d'Australopithecus bahrelghazali les dents (âgées entre 3 et 3,5 millions d'années) étaient plus enrichies en carbone C4, indiquant par la même un régime alimentaire riche en graminées et en carex. Cela correspond à l'environnement autour de l'ancien lac Tchad (maintenant disparu) ou se développait des roseaux et des plantes tubéreuses. L'espèce Australopithecus bahrelghazali vivait donc au sol et ne se nourrissait pas dans les arbres comme les grands singes actuels.
Une longue histoire de la nourriture chez les australopithèques
Parmi les plus anciens on trouve Australopithecus ramidus (ou Ardipithecus ramidus), qui vivait 4.4 millions d'années en arrière, préféraient une nourriture de type fruit, un aliment qui indique l'arboricolisme de l'espèce.
Il y a 4 millions d'années c'est Australopithecus anamensis dont l'émail dentaire présente en épaisseur et en taille de dent une évolution vers une alimentation plus coriace et surtout plus terrestre.
C'est maintenant Australopithecus bahrelghazali qui vivait il y a 3.5 millions d'années dont les dents fossilisées montrent qu'il trouvait son alimentation au sol comme de nombreux herbivores.
Quand à Australopithecus sediba, une dernière étude montre que cette espèce consommait principalement des écorces il y a moins de 2 millions d'années...
Chaque espèce s'était donc véritablement adapté à un milieu spécifique.
Les premiers membres de la famille humaine se tenaient debout, mais ils ressemblaient plus à des grands singes (comme les chimpanzés) par la taille du cerveaux et l'aspect extérieur velu. Puis, "il y a environ 3,5 millions d'années, au moins en Afrique centrale, le régime alimentaire des hominidés est passé d'un régime de fruits (comme celui des singe) à un régime composé essentiellement d'herbe et de carex», explique le paléontologue Michel Brunet (Collège de France).
Cette modification du régime alimentaire serait donc intervenue après la séparation de la lignée humaine de celle des grands singes... il y a 6 à 8 millions d'années
CR
Sources :
Archéology.about,
News.sciencemag
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