ANTHROPIC PARK
ou KNM-ER 1470 est-il un Homme ?
Amosse Rémi - Borst Wolfgang - Guillemaut Fabien - Meignien Bruno
Juin 2007
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I. Avant-propos
II. ANTROPIC PARK ou KNM-ER 1470 est-il un Homme?
1- Le conflit Bromage-Leakey : Rudolf Pithecus ou Rudolf Homo?
2- Un nécessaire retour aux sources : 1972-1973
3- L'intérêt des Créationnistes pour la théorie d'Alexeev : Rudolf Rudolf ou Rudolf Amadeus ? : 1978-1985 |
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4- Les évolutionnistes à la reconquête de l'humanité de Rudolf : 1985-1989
5- Platyops affirme qu'il est frère avec Rudolf, le début d'une accalmie
6- Sandrine Prat convoque quatre-vingt quinze fossiles : le débat reste ouvert en
l'attente de nouvelles preuves…
7- Les enjeux de la controverse
8- Conclusion |
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III. Annexes
1- Chronologie
2- Les acteurs de la controverse
3- Les fossiles, actants de la controverse
4- Bibliographie |
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ANTROPIC PARK ou KNM-ER 1470 est-il un Homme ? 1ère partie
Avant propos : « L'influence » de Bruno Latour: Les trois petits dinosaures.
Au vu de la complexité de notre sujet, regorgeant de termes spécialisés, nous avons décidé de le rendre plus ludique en s'inspirant de la méthode utilisée par Bruno Latour dans son texte Les trois petits dinosaures. Notre controverse se situant dans le même domaine scientifique et la situation étant assez similaire, cela nous a paru être bien approprié.
Tout d'abord l'existence de plusieurs hypothèses sur les origines de notre héros Rudolfensis nous a mené a lui donner différents noms correspondant aux idées développées par chacun des acteurs de la controverse. A l'origine, il ne s'agit que d'un fossile constitués de divers fragments de crâne nommé « Rudolf Fragmentus », la question développée dans ce récit est d'affilier ces restes
d'individus à une espèce . Certains diagnostiquent que ce dernier est en vérité « Rudolf Homo », qui appartient donc au genre humain. D'autres pensent qu'il s'agit en fait simplement d'un singe évolué, c'est-à-dire un australopithèque, celui-ci s'appelle donc en toute logique "Rudolf Pithecus". Bien que cela fasse déjà beaucoup pour un seul être, il ne faut pas oublier la théorie de certains créationnistes selon laquelle le fossile est le premier représentant de l'espèce humaine et qu'il est apparu de lui même, il est nommé "Rudolf Amadeus". D'autres créationnistes estiment tout simplement que le fossile est affilié aux australopithèques. Enfin, celui qui a créé l'espèce Rudolfensis à partir de ce fossile le nomme "Rudolf Rudolf", car il est le premier représentant de sa famille. Face à ce nombre important de dénominations pour un seul inconnu, notre pauvre Sam, incarnant lui-même quatre pauvres étudiants de l'ENTPE, le nomme Rudolf, jusqu'à ce qu'il soit sûr de ce qu'il fût réellement.
Notre héros se retrouvera donc dans une situation similaire au sociologue de Bruno Latour, rassemblant les arguments des différents spécialistes -ou non- qui se disputent la vérité en s'appuyant sur des méthodes ou des théories particulièrement contraires. D'ailleurs nous verrons que ce climat d'opposition radical amènera Sam face à des situations plutôt « électriques », dans des
confrontations difficiles entre deux acteurs campant chacun sur leurs positions. On observera tout de même que certains scientifiques sont influencés de part et d'autre par les conclusions de leurs "rivaux". Les idées d'un camp nourrissant les conclusions d'un autre, il est probable qu'il se crée des conflits d'intérêts chez certains chercheurs qui cherchent à rester objectifs et impartiaux. En effet, ils peuvent hésiter à émettre des doutes sur leurs hypothèses, qui sont des armes pour leurs adversaires.
Étonné par un tel engouement, Sam cherchera à comprendre le comportement des personnes qui se sont intéressées au sujet, il sera d'ailleurs désespéré par tant de confusion tout comme le héros des « Trois petits dinosaures ». Que pourra-t-il conclure de son étude dans un tel climat ? L'individu en question, n'est-ce pas simplement un tas d'os sur lequel tout le monde fabule dans le seul but d'avoir raison et de se faire remarquer?
Nous allons donc essayer de vous faire vivre dans l'ordre de nos recherches mais aussi dans celui de la chronologie des faits, les péripéties de Sam afin de mieux vous faire connaître Rudolf et de pouvoir découvrir la controverse qui lui est attachée. Enfin peut être pourront-nous savoir s'il appartient bien au genre homo, s'il est plus un australopithèque ou...si on ne peut le savoir.
Il est primordial de rappeler, avant lecture du récit qui suit, que son déroulement s'appuie sur les faits et arguments réels de chacun des acteurs de la controverse mais s'avère néanmoins être une
fiction.
Le conflit Bromage-Leakey : Rudolf Pithecus ou Rudolf Homo ?
Il était une fois quelques bouts d'os. Ceux-ci vivaient une existence paisible dans un sol du Kenya quand un jour (1) une équipe de paléoanthropologues...
(trente-cinq ans plus tard) Notre héros s’appelle Sam Suffi. Il est biochimiste. Un beau jour, ou plutôt une belle nuit, lui est apparue en rêve une créature disparaissant dans le brouillard. Quelques instants plus tard apparut à sa place, très clairement, un crâne. Un crâne dont les orbites vides le fixaient avec insistance et dont les mâchoires commencèrent à remuer : « Aide-moi. Retrouve ma famille. Je m’appelle KNM-ER 1470 (2). Mais personne aujourd'hui n'est affublé d'un nom pareil! Qui suis-je vraiment ? Où se trouve ma famille ? »
Il se réveilla alors, en sueur, se demandant ce que signifiait ce rêve pour le moins étrange. Interloqué, il alluma son ordinateur personnel, sans prendre la peine de finir sa nuit, afin de glaner quelques éléments d’informations sur Internet. Il y apprit que KNM-ER 1470, de son vrai nom Kenyan National Museum – East Rudolf 1470, était une collection d’os crâniens presque complète, découverte par Bernard Ngeneo à Koobi Fora, Kenya, en 1972. La reconstitution avait été effectuée durant l’année par la personne qui avait monté l’expédition en Afrique de l’Est. Sam se surprit à douter que ces quelques bouts d'os eussent pu un jour être véritablement quelqu'un, mais de ce qu'il avait vu de ses propres pupilles, il réprima ses premiers soupçons. Ces maigres informations ne lui disaient toujours pas qui était "KNM-ER 1470". Fatigué, il retourna se coucher en se promettant de tirer cette affaire au clair et d'apporter une solution au problème de son nouvel ami imaginaire.
Après une petite enquête, il avait décidé d'aller voir un certain Timothy Bromage (3), un vrai spécialiste en la matière, sur lequel il avait rassemblé une masse conséquente d'informations via internet. Ce grand spécialiste en dentisterie et biologie de l'évolution accepta de le recevoir et lui présenta ses travaux : il s'avéra très fier de sa dernière découverte, dont tout le milieu semblait alors parler, ce qui prouvait d'ailleurs la pertinence de sa théorie. |
KNM-ER 1470 (reconstitution d'après R.Leakey) |
Ce scientifique avait donc trouvé une méthode basée sur les dernières avancées technologiques, à la pointe du progrès, qui permettaient de reconstituer les fossiles de manière beaucoup plus fiables qu'avec les bonnes vieilles méthodes traditionnelles de reconstitution maladroite à la main. Son étude portait sur un étrange spécimen, l' « Homo rudolfensis ». Rien à voir avec les stars du genre, Homo erectus et Homo sapiens.
Pourtant, cet obscur spécimen défrayait la chronique. Le biochimiste, dénommé Sam Sufi, trouvant ce nom très actuel, décida de l'appeler Rudolf. « Rudolf Pithecus! », précisa Bromage, soudain sourcilleux. Le biochimiste se garda bien de lui demander de plus amples explications.
Après un approfondissement de ses recherches, notre homme décida de revenir aux origines de Rudolf. Il se rendit donc au Conservatoire de la Vie Sauvage (CVS) du Kenya et prit rendezvous avec le directeur. Celui-ci le reçut volontiers : ce n'était pas tous les jours qu'on lui rendait visite. Le docteur Richard Leakey (4) arborait une attitude très sage et très digne. De toute évidence, il devait être un scientifique de renom. A l'évocation de Rudolf, les yeux de Leakey pétillèrent. Si Rudolf existait et survivait encore, c'était grâce à lui. En effet, Rudolf, en 1972, fut le premier des fossiles découverts par Leakey, alors bien sûr qu'il en avait pris soin! Sam Sufi insinua avec prudence que sans les travaux de Timothy Bromage, la longévité incroyable de Rudolf Pithecus... « Rudolf Homo! », corrigea immédiatement Leakey. Sentant un brin d'animosité chez le sage Leakey, Sam décida de prendre congé.
Intéressant, pensa Sam. Rudolf aurait donc deux familles? Impossible. Mais comment savoir à quelle famille il appartient? Qui croire? Pour les départager, il fallait regarder plus précisément la crédibilité de Bromage et de Leakey. Très vite, Sam découvrit la supercherie : Leakey n'avait pas eu son bac! Rien, pas le moindre diplôme (5), et ce monsieur croyait pouvoir duper les honnêtes biochimistes qui se prennent de passion pour l'anthropologie. C'était tout bonnement scandaleux!
Mais Sam se ravisa assez vite. D'abord, que signifiaient ces étranges noms, Homo et Pithecus? Il prit son dictionnaire et y trouva l'information : Homo désignait le genre humain, alors qu' (Australo)pithecus n'était qu'un genre de singe évolué. Cela demandait quelques explications de la part des deux scientifiques ubiquitaires. Et d’autre part, personne n’avait encore trouvé de critique valable remettant en cause la reconstitution de Leakey. Après vingt ans (6), bien des spécialistes avaient discuté des conclusions de Leakey, sans qu’aucun ne remette véritablement en cause sa reconstitution. De toute évidence, l’un des deux avait faux.
Sam était dans une telle confusion qu’il se demandait par quel moyen il pourrait bien entendre la vérité, la vraie! Il décida qu’une confrontation était le meilleur moyen d’arriver à ses fins, du moins de décider une bonne fois pour toutes lequel des deux était le plus convaincant.
Le double entretien avec Bromage et Leakey eut lieu quelques mois plus tard. Sam débuta sans se donner la peine d’introduire dans les formes les deux hommes : il devaient déjà bien se connaître: “Je ne veux parler aujourd’hui que d’un seul et unique individu, je vous ai rassemblé ici afin de déterminer la véritable identité de Rudolf”.
Leakey s’empressa alors de constater qu’il utilisait les techniques communéments usitées depuis que la paléoanthropologie (7) est une science. Sam gribouillait ce qu’il croyait comprendre des arguments de chacun : il ne devait donc s’agir que d’une question technico-anthropologique. Bromage ne se priva alors pas de préciser sur un ton jubilatoire : |
Carte issue du document original écrit par R.Leakey dans Nature en 1973 |
– Il ne s’agit pas uniquement de décider de l’identité de notre sympathique Rudolf, mais bel et bien de réécrire la véritable histoire de l’Homme! Rudolf étant un australopithèque, il se pourrait aussi bien qu’avec ma technique on reclasse un nombre incalculable d’espèces! La phylogénie de l’homme en serait toute retournée! (8) Qui plus est, depuis que les "spécialistes" s'appuient sur l'exemple de Rudolf alors que les chiffres le concernant ne veulent rien dire (9).
– Rudolf est d’après moi un Homo habilis avec des caractères humains particulièrement développés pour sa race et pour son âge, il serait totalement anachronique de le reléguer au rang de “Pithecus”, s'insurgea Leakey. D'ailleurs on a retrouvé un fémur, un tibia et un fibule gauche attribués à Rudolf (10) dont la forme prouve que notre homme marchait debout sur ses deux pieds comme vous et moi!
– C'est exactement l'inverse! répliqua Bromage. Premièrement, il n'est absolument pas démontré ni démontrable que KNM-ER 1481 et KNM-ER 1470 proviennent bien du même individu. Deuxièmement, la datation attribuée à ce squelette en fait un outlier (11) : il y a 1,88 millions d'années n'existaient que des Australopithecus, et d'autant plus à l'âge que vous lui aviez tout d'abord attribué (12). Et troisièmement, le volume endocrânien de votre reconstitution n'est pas plausible : il est évidemment trop important pour l'époque. Avec ma reconstitution, ce volume est bien plus raisonnable et inscrit Rudolf dans le genre des Australopithèques (13).
– Robert Martin (14) et moi-même sommes d'accord sur le fait que Rudolf a un volume crânien tout à fait acceptable à 1,9 millions d'années, car trois cent mille ans plus tard, on trouve des spécimens d'une capacité crânienne de 900 cm3 (15). Nous avons tout simplement trouvé le chaînon manquant. D'autre part nous pensons aussi que votre reconstitution ne change en rien le crâne en lui-même, vous avez seulement fait tourner la face vers l'avant (16).
– Je vous ferais remarquer que mise à part la qualité de ma reconstitution...
S’ensuivit un débat qui dépassait malheureusement complètement les compétences de notre biochimiste, qui faillit s’endormir avant d’être le témoin d’une scène pour le moins dramatique. Alors que Bromage s’acharnait à triturer le crâne pour “rectifier l’angle de prognatisme” (17), Leakey lui arracha des mains et s’empressa de le menacer à l’aide de cette arme inattendue. Sam, désemparé, voulut héroïquement s’interposer.
– Laissez, l’arrêta Leakey, il ne s’agit que d’une bête réplique. C’est très utile dans ces cas-là, on fait ça souvent.
– J’aurais eu l’original entre mes mains, je ne me serais pas gêné, répliqua Bromage.
– Soit. Je vous remercie pour cet aimable entretien.
Lorsqu’il quitta les deux hommes, Sam ne put s’empêcher de penser que Bromage avait été de loin le plus convaincant. Pour le Dr R. Leakey, Rudolf avait un gros crâne pour l'époque et était étrangement humain. Pour le Dr T. Bromage, Rudolf avait en vérité un petit crâne par rapport aux Homo et ressemblait beaucoup plus aux australopithèques. Il n'empêche que la méthode par ordinateur de ce dernier représentait un gage de sûreté. Notamment, il avait fait remarquer à Leakey que “son” crâne ne pouvait pas respirer étant donné la position de la mâchoire (18), Et il y avait aussi une histoire d’angle entre l’oeil, le larynx et le menton qui n’était pas respecté... L’intrusion de ce dentiste, Bromage, dans le monde de l’anthropologie ne pouvait qu’être mal vécue ; si sa méthode s’avérait exacte, ce serait un véritable tsunami sur la communauté des paléoanthropologues.
Mais cela semblait changer trop profondément la face de la paléoanthropologie. Sam était Français, et ce qui change trop et trop vite le rendait méfiant. De plus, La confrontation avait été un fiasco. Les deux hommes semblaient trop campés sur leurs positions, qui n’avaient pas évolué d’un cheveu lorsqu’ils s’étaient quittés dans un climat étrangement tendu. Sam, se voyant dans l’impasse, n’attendit pas pour se replonger dans ses études de biochimie.
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Les 2 reconstitutions |
Il ne fallut que peu de temps au destin pour ramener Sam à la question qu’il avait laissé en suspens. Entre deux lectures de publications, il repensa à Bromage qui insistait, virevoltant lorsqu’il parlait de Rudolf “Pithecus” comme s’il avait été touché par la grâce. Quel intérêt pouvait-il porter précisément à Rudolf? Et d’ailleurs il fallait bien que d’autres se soient ralliés à cette cause pour faire preuve d’un tel aplomb. Sans attendre, Sam abandonna sa publication pour creuser la question. Cinq minutes plus tard, il avait une piste : John Hawks (19)! Ce dernier se proposait d’être l’arbitre, mais son ton était bien ironique, voire méprisant vis-à-vis de Bromage (20).
Notre biochimiste, cédant à une pulsion soudaine, décida de faire le voyage. Malheureusement, l’entretien ne l’avança guère ; J.Hawks n’apportait pas beaucoup d'arguments nouveaux et décisifs, sauf un curieux concept, la théorie multirégionale (21), développé avec son maître-à-penser Milford Wolpoff (22) ; il était évident pour eux que Rudolf n’avait rien d’un Pithecus : il était un Homo. Et malgré son jeune âge (23) qui ne lui donnait pas à première vue tous les attributs de sa famille, il semblait que Rudolf était une ébauche des générations à venir qui avait mal fonctionné; c’était la sélection naturelle (24) , Rudolf ne se sentait pas bien, il était un peu dépressif, le rejet par ses homologues moqueurs l’avait achevé.
Malgré cette démonstration d’une clarté exceptionnelle, Sam ne parvenait pas à mettre en doute les thèses de Bromage. Qu’en était-il de la théorie de l’évolution (25) ? Heureusement, alors qu’il était sur le départ, Hawks lui recommanda vivement l’un de ses collègues, le Dr Holloway.
Le Dr Holloway (26) en question accueillit à bras ouverts celui qu’il croyait être un admirateur anonyme. Rien d’étonnant jusque-là, Sam avait maintenant l’habitude des rendez-vous décontractés qui finissent mal. Sam le laissa engager la discussion puisque son interlocuteur semblait alerte. Ce dernier lui présenta les travaux auxquels il avait consacré sa vie. Il lui présenta
une foultitude d’endocastes (27).
– Il a fallu réaliser des centaines et des centaines d’essais pour arriver à la bonne combinaison de plâtre et de caoutchouc. En effet, on ne pouvait se permettre de remplir un crâne de matière sans pouvoir l’en extraire. Avec ma collection de moulages, je peux vous affirmer que Rudolf est bien un Homo. Vous savez, c'est absolument étonnant ce que tout ce que l'étude d'un endocaste peut apporter! J'ai même pu montrer l'existence de la zone de Broca en étudiant l'assymétrie de l'intérieur du crâne, ce qui témoigne de capacités cognitives évoluées (28) : Rudolf usait donc de la parole pour s'exprimer! Comment serait-ce possible que certains puissent encore douter de son humanité? D'ailleurs la reconstitution du Dr Bromage est fausse, archi-fausse. L’endocaste qu’on pourrait en tirer ne ressemble à rien, sinon à celui d’un nouveau Frankenstein.
– Mais comment en êtes-vous arrivé à développer ce genre de techniques?
– Oh, c’est plus ou moins dû au grand hasard des rencontres que l'on peut faire dans une vie. J’avais pris une année sabbatique en 1971. Arrivé au Kenya, j’ai fait la connaissance d’une éminente famille de scientifiques -tous paléoanthropologues-, les Leakey (29). C’est en leur compagnie, lors de différentes recherches et expéditions que j’ai décidé de faire de l’étude des
crânes ma spécialité (30).
L’entretien allait bon train et malgré les craintes de Sam, ils se quittèrent quelques heures plus tard en bons termes. Charmé, notre investigateur restait cependant sur ses gardes. S'il voulait rester objectif, il ne pouvait oublier la complicité évidente qui existait entre Holloway et Richard Leakey.
Désemparé, Sam ne savait plus comment avancer dans cette affaire complexe. D'un côté, de nombreux scientifiques étaient persuadés de l'appartenance de ce crâne au genre Homo, de l'autre Bromage, seul contre tous, le reléguait au rang d'Australopithèque, preuves solides à l'appui.
Un nécessaire retour aux sources : 1972-1973
La méthode d'investigation hasardeuse que Sam avait utilisée jusque-là ne le satisfaisait pas. Plus il accumulait d'informations, et plus l'affaire devenait confuse. Il décida alors qu'il se devait d'établir une chronologie rigoureuse de ce qu'on pouvait maintenant nommer une controverse. Il ne savait pas sur quelle pente glissante il s'était déjà engagé . Pour cela il rassembla tout d'abord
méticuleusement les informations qui lui étaient acquises sur le sujet.
"Reprenons : En 1972, Ngeneo découvre des fragments d'un crâne que le Dr R. Leakey reconstitue et classe parmi les Homo, et plus précisément dans une espèce créée peu de temps auparavant par son père, les Homo habilis (31).
En 1992, Bromage jette un pavé dans la mare avec sa reconstitution par ordinateur. C'est seulement à partir de cet évènement que la machine s'est emballée.
De tous les scientifiques avec lesquels j'ai pu converser, tous se sont positionnés en faveur de Rudolf Homo. Dans cette histoire, seul le Dr Bromage se démarque des autres. Et pourtant, je persiste à penser qu'il ne peut être arrivé à sa conclusion seul, il s'agit en effet de retrouver ceux qui l'ont orienté dans ses recherches."
Sam n'avait pas pensé à chercher dans l'histoire pour répondre à ses questions : les vingt ans qui séparaient les recherches de Leakey et de Bromage lui étaient encore inconnus au regard de la controverse. Il décida donc d'effectuer un retour dans le passé. En cherchant mieux, il ne tarda pas à trouver ce qu'il aurait du savoir depuis le départ. En 1973, un article fut publié dans la revue
scientifique Nature qui décrivait les caractéristiques des fossiles retrouvés à Koobi Fora, et notamment celui nommé KNM-ER 1470.(32)
Richard Leakey présentait un discours particulièrement prudent quant à la classification et les caractéristiques de Rudolf. Le plus étrange, pensa Sam, c'est qu'aucun scientifique ne se soit jeté sur l'occasion pour réfuter les conclusions de Leakey qui semblaient bien timides. Leakey avait par souci d'objectivité clairement posé The question : "Homo or Australopithecus?". Dans son texte, on
trouve beaucoup de doutes concernant la datation du fossile à 2,7 millions d'années et la classification du fait de ses originalités comme son volume crânien élevé ou sa face très plate pour l'époque. Néanmoins, il conclut qu'il ne semble exister aucune raison de l'affilier au genre Australopithèque mais que la création d'une nouvelle espèce n'est pas justifiée et serait la preuve
d'un échec dans la recherche des origines de l'Homme (33).
Ce qui veut dire que soit la communauté scientifique n'avait pas saisi l'importance des conclusions de Leakey, soit ces conclusions avaient littéralement séduit l'assemblée des évolutionnistes. Les recherches anthropologiques de l'époque étaient en effet concentrées sur l'espoir de trouver le fameux chaînon manquant, pièce maîtresse qui pourrait enfin asseoir la théorie évolutionniste une fois pour toutes. Rudolf rassemble quasiment toutes les caractéristiques : un air benêt d'australopithèque mais une intelligence d'homo. Il est intermédiaire et ressemble fort à l'idée que les évolutionnistes se sont toujours faite du chaînon manquant. C'est cette pièce que Richard Leakey apporte en 1973, malgré quelques défauts théoriques comme l'époque d'existence de Rudolf qui ne coïncidait malheureusement pas avec le modèle généalogique alors en place. Si Leakey se montre prudent lorsqu'il annonce la découverte de Rudolf Homo, c'est peut être bien parce qu'il croit avoir trouvé le magnifique Rudolf Fabulus mi-homme, mi-singe!Quoi qu'il en soit, R.Leakey avait rempli plus que son obligation de résultats auprès du Comité de Recherche et d’Exploration de la
National Geographic Society qui lui avait fournit les fonds d'expédition (34).
L'intérêt des créationnistes pour la théorie d'Alexeev : Rudolf Rudolf ou R udolf Amadeus ? : 1978-1985
Mais il y avait des gens qui ne suivaient pas tous les congrès outre-Atlantique et qui n'avaient pas eu vent de la bonne parole. C'est ainsi qu'un scientifique d'URSS Valery Alexeev (35), figure incontournable de la science soviétique, propose en 1978 une autre manière d'identifier ce voyou de Rudolf, présumé membre d'une bande de singes nommés australopithèques. S'il assied le fait que Rudolf est bien homo, il va plus loin en proposant d'en faire une espèce à part entière. Pour lui, Rudolf est très spécial, Rudolf est Rudolf . Il n'a pas de famille, il est la famille. Alexeev se base essentiellement sur les travaux de Leakey, et en retient les caractères particulièrement évolués. Du fait de la barrière de la langue et peut-être aussi de l'existence d'une certaine "fraîcheur" entre
l'URSS et les Etats-Unis à cette époque, cette avancée ne fit pas grand bruit. Les scientifiques Américains n'allaient tout de même pas donner de crédit à un méchant soviétique. Sauf bien sûr ceux qui trouvaient une opportunité à voir cette thèse éclore. Rudolf était bien pour le coup un homme et rien d'autre ; en l'occurence Alexeev levait toute ambiguïté à l'égard de la parenté possible entre Rudolf et ce groupe de primates que sont les Australopithèques.
"Oh, une nouvelle piste!", s'écria Sam, au même titre que le docteur Duane T. Gish (36) qui affirma, un an après cette magnifique découverte, d'Alexeev que Rudolf ressortait blanc comme neige de ce procès. Toutes les preuves étaient là pour en faire l'unique, la vraie, l'ultime création du règne de Dieu : l'Homme. Ainsi, il y a près de trois millions d'années, c'est-à-dire le sixième jour, Dieu avait décidé de créer l'Homme, et de laisser les singes vivre leur vie de singes. Pas de parents, mais l'humanité en guise de descendance, quelque chose clochait.
Confusion chez le biochimiste ; Sam n'arrivait pas à joindre les deux bouts. Rudolf, créé ex nihilo! Jusqu'ici, le débat restait raisonnable, les acteurs qu'il avait entendus jusqu'ici s'étaient tous basés sur la théorie de l'évolution ; difficile de penser autrement. La thèse du Dr. Gish l'amusait doucement.
Sam ne voyait pas exactement où voulait en venir ce confrère biochimiste. Et malgré quelques réticences, il s'obligea à considérer ce point de vue. Rien de très scientifique à première vue, pensa-t-il après un premier aperçu du courant de pensée créationniste (37). Cependant, Sam réalisa qu'il avait pris parti et aveuglément admis la théorie de l'évolution qu'il avait crue universelle et absolue. A y regarder d'un peu plus près, Gish donnait des arguments loin d'être idiots, voire très convaincants. Selon lui “il n’y a pas une once d’évidence dans l’ensemble des fossiles vertébrés découverts de l’existence d’un supposé ancêtre commun. […] Aucun intermédiaire [entre vertébrés et invertébrés] n’a été découvert. Si les vertébrés n’ont pas évolué [à partir d’un ancêtre commun], ce qui semble certain, la théorie de l’évolution est morte” (38).
Par acquis de conscience, Sam décida de ravaler ses a priori et d'étudier la thèse de Gish, créationniste convaincu. Concernant Rudolf, Gish ne niait pas la petite taille de Rudolf par rapport à un humain adulte, d'ailleurs il précisait que personne n'avait pu donner son sexe ni son âge (39) et faisait entendre qu'il avait était emporté par la maladie très jeune. Il était un enfant, mais pas n'importe lequel ; cet enfant était la marque du règne de Dieu : il s'appelait Amadeus, "Rudolf Amadeus". Sam ajouta ce nom à la liste qu'il avait commencé à constituer, mais avec un bémol ; Gish se contentait de pointer le manque de précision de ses adversaires évolutionnistes sans apporter lui-même plus de précisions ou de véritables preuves. Gish était évidemment soutenu par d'autres scientifiques créationnistes. Sam se dit qu'il fallait suivre ce biologiste à l'avenir pour observer s'il apportait de nouvelles preuves.
Cependant l'autre camp (40) avait été le lieu d'un coup de théâtre. Sam s'aperçu qu'il avait raté quelque chose. Plusieurs mois auparavant, le Dr. Alan Walker (41) , l'un des jeunes anthropologues ayant participé à la découverte de Rudolf sur le chantier de Koobi Fora, avait pour la première fois soutenu que Rudolf était l'un de ces voyous d'Australopithèques (42). Ainsi Sam avait trouvé le premier défenseur de l'opinion du Dr. Bromage. Selon Walker, les liens entre la famille Erectus, les familles Habilis et Rudolfensis et la famille Australopithèque étaient totalement imaginaires. Les évolutionnistes, trop pressés de trouver le chaînon manquant, l'avaient tout bonnement imaginé (43). La tranquillité de Rudolf, affublé de ce nouveau nom qui lui va si mal : "Pithecus", n'allait plus être épargnée, Richard Leakey ne sachant pas lui-même que les rats commençaient à fuir le navire...
Cette nuit là, Sam refit ce rêve qu'il avait eu cette fameuse première nuit, il revoyait Rudolf pleurant dans un coin, lui aussi venait d'apprendre la triste nouvelle: il n'était pas admis dans la classe des Homo. Au dessus de lui se tenait, menaçant, un homme dont le nom avait été prononcé par l'assistance : J.E. Cronin, celui-ci semblait s'efforcer de démontrer que notre pauvre Rudolf était un Australopithèque. Consciencieusement incompréhensible, le discours de Cronin semblait ressembler à celui du Dr Bromage. Dans ce brouillard persistant, il n'arrivait jusqu'à Sam que quelques bribes :
– ... son clivus naso-alvéolaire d'une platitude... une largeur crânienne maximale presque ridicule... des traits relativement primitifs voyez-vous...Comme d'autres spécimens primitifs Homo...nombreuses caractéristiques morphologiques en commun avec les Australopithèques (44)
...
– Non... non... non... lançaient de temps à autre certains créationnistes. KNM-ER 1813.. crâne trop petit... mais 1470... doit rester homo... (45) |
KNM-ER 1470 et KNM-ER 1813
l'échelle n'est pas respectée |
Et Rudolf qui pleurait, quoique quelque peu rassuré car son camarade KNM-ER 1813, qui, il est vrai lui ressemblait étrangement tout en ayant une tête quasiment deux fois plus petite, était lui aussi "recalé".
Soudain, notre héros n'en pouvant plus, se réveilla:
– Quel cauchemard! Je devrais laisser tomber cette histoire, je deviens moi-même un peu fou... Sam savait pertinemment, et cela bien malgré lui, qu'il avait été le spectateur d'une scène qui avait réellement (46) eu lieu, en 1981 exactement.
Quatre ans après ce triste épisode, Sam rencontre une nouvelle partisane de l' “australopithéquisation” de Rudolf : Sally Weaver, une paléanthropologue canadienne.
« Bizarre, bizarre, pourquoi tant d'évolutionnistes se prononcent-ils contre l'humanité de Rudolf à présent? Serait-ce parce qu'il n'existe plus de danger à le clamer, ou serait-ce simplement pour se démarquer du Dr Gish et de sa science “occulte”? Mais je vois le mal partout, après tout les scientifiques sont faits pour rester objectifs, revenons plutôt à nos moutons”, se disait Sam. »
Sally Weaver daignait en effet répondre au docteur Gish, et affirmait que d'après la comparaison de photographies, il était absolument impossible que Rudolf soit un enfant, l'argument n'était évidemment pas recevable pour expliquer sa petitesse, il était donc inimaginable que Rudolf soit Homo! Le docteur Gish qui, en 1978 n'avait pas tenu compte de l'avis de Alan Walker, pouvait en l'occurence être convaincu par les propos du docteur Cronin et de la doctoresse Weaver que la théorie de Rudolf Homo était bel et bien morte. Celui-ci voyant un signe de bonne volonté de la part de la doctoresse, il décida d'accepter que Rudolf puisse être admis comme membre de la famille Australopithèques. Il fallait bien évoluer d'idée, étant donné que ses démonstrations s'appuyaient essentiellement sur les arguments des évolutionnistes. Ce qui troubla d'ailleurs Sam au passage, le docteur Gish n'était-il pas le réfractaire de la théorie de l'évolution? Dans ce cas pourquoi utilisait-il les arguments de ses opposants pour nourrir sa théorie? Etait ce pour la simple raison de rester crédible auprès de la société? A vrai dire Sam n'avait que très peu entendu parler du créationnisme. Ce courant de pensée n'avait pas réussi à tisser un lien avec la sphère sociale tandis que l'évolutionnisme était enseigné dans toutes les écoles du monde. Qui, dans le monde actuel n'avait pas encore acquis le fait que l'Homme descend du singe? Cette relation de descendance était devenue bien moins sûre.
Sam, qui commençait à avoir le réflexe de se poser les bonnes questions, se demanda alors : « Quel intérêt pourrait bien avoir le Dr Gish, à accepter un point de vue mettant en péril “sa” théorie ô combien controversée? Aucun si ce n'est à la seule et unique condition qu'il puisse prouver que cela coïncide avec le courant de pensée créationniste (47)... » |
Relation stratigraphique entre les fossiles hominidés retrouvés sous la couche KBS Tuff près du lac Rudolf
source : Article R. Leakey dans Nature 1973 |
Notes :
1 En 1972, Bernard Ngeneo, de l'expédition organisée par le Dr Richard Leakey, fait une des plus grandes découvertes de l'histoire de l'anthropologie. Le crâne KNM-ER 1470 est retrouvé près de la Rudolph River à Koobi Fora, près du Rift Est-Africain, au Kenya. Dès la découverte de KNM-ER 1470, Leakey décrit le fossile comme un Homo Habilis aux caractéristiques très particulières. C’est de ses premières incertitudes que naît la controverse.
2 "Fossils are labeled with a KNM (Kenya National Museums) accession number,[...] ER stand[s] for East Rudolf" d'après l'encyclopédie wikipedia lien : http://en.wikipedia.org/wiki/Koobi_Fora
3 Timothy Bromage est docteur et chercheur en anthropologie biologique à l’université de New York, spécialisé en dentisterie et analyse de fossiles par méthodes assistées par ordinateur. Ses recherches sont financées par diverses fondations : la Ramon Areces Foundation, la E. Blanquer Foundation, la March Foundation, et Proctor and Gamble Pharmaceuticals. Sa reconstitution par méthode assistée par ordinateur montre que KNM-ER 1470 ne ferait pas partie de la lignée des Homininés.
4 Fils de Louis et Mary Leakey, paléontologues reconnus, Richard Leakey est né au Kenya. Il quitte les études avant d’obtenir son baccalauréat et décide d’explorer les environs du rift est africain au Kenya. Il occupe ensuite de nombreux postes prestigieux tels que la direction du Conservatoire de la Vie Sauvage au Kenya et continue à mener des expéditions qui feront de lui l’un des paléoanthropologues les plus connus du 20ème siècle.
En 1968, Richard, avec l’appui de son père, demanda la somme de 25000 dollars afin de réaliser des fouilles près du lac Rudolph (aujourd’hui lac Turkana) au Comité de Recherche et d’Exploration de la National Geographic Society.
5 "Leakey prepared for university work, passing a level examinations in London. However, he eventually declined a British university education, not wishing to spend the time away from field work in East Africa"
source : http://www.answers.com/topic/richard-leakey
6 Il s'est écoulé vingt ans entre la découverte du crâne en 1972 et la présentation des travaux de Bromage en 1992.
7 La paléoanthropologie est née de la rencontre entre la paléontologie et l'anthropologie : « La paléontologie est la science qui étudie les restes fossiles des êtres vivants du passé et les implications évolutives de ces études » « L'anthropologie est une discipline des sciences humaines et des sciences naturelles qui étudie l’être humain sous tous ses aspects, sociaux, psychologiques, culturels, et physiques (anatomie, physiologie, pathologie, évolution). » C'est surtout ce dernier point qui intéresse la paléoanthropologie
Encyclopédie en ligne Wikipédia.
8 La rencontre n’ayant jamais eu lieu, ces propos ainsi que les suivants n’ont pas été prononcés.
9 "For how many years now, people have been using this [skull] and the numbers may not be very meaningful" T. Bromage propos recueillis par Ker Than sur http://www.foxnews.com/story/0,2933,262500,00.html
10 Ces restes osseux, nommés KNM-ER 1481, ont été découverts par J.M Harris à Koobi Fora, en 1972 également.
http://www.msu.edu/~heslipst/contents/ANP440/habilis.htm
11 Un outlier est un spécimen "aberrant" par rapport aux caractères de tous les autres spécimens retrouvés. C'est une notion couramment utilisée en mathématiques. "It's always been an outlier in every study ever performed on brain sizes". T.Bromage
12 - Datation Leakey de 1972 : Meave Leakey, la femme de Richard Leakey, avait alors estimé le crâne à 2,8 millions d'années.
- Datation Feibel de 1989 : le crâne est réévalué entre 1,9 et 1,88 millions d'années. Cette datation est encore controversée par certains géologues qui estiment que KNM ER-1470 est plus ancien.
13 Le volume intérieur du crâne dans la reconstitution de Leakey est de 810 cm3. Celui de la reconstitution de Bromage est de 525 cm3. Les crânes datés de 1,9 à 3 millions d'années ont tous un volume crânien inférieur à 600 cm3 , la limite d'appartenance au genre homo déterminée par Louis Leakey, Napier et Tobias en 1964. A titre de comparaison, la capacité crânienne d'un homme actuel est d'environ 1150 cm3.
Sources : "six measurements of the endocast by water displacement were made by Dr. A Walker [...], and gave a mean value of 810 cm3" p. 449. "Evidence for an Advanced Plio-Pleistocene hominid from east Rudolf, Kenya" par R. Leakey dans Nature volume 242 reçu le 23 Avril 1973.
14 Le docteur Robert Martin, professeur et chercheur en anthopologie biologique à l'Université de Chicago et l'Université de l'Illinois est depuis 2004 "Prévôt" du Field Museum et chargé des Affaires académiques ainsi que des relations extérieures. http://www.fieldmuseum.org/museum_info/executive_profiles_martin.htm
15 "At 1.9, you've got [H.Rudolfensis] with 750 cc. And at 1.6 you've got 900cc. I don't have a problem with that" R.Martin
16 "They [Bromage et al.] haven't changed the skull at all;they've simply rotated the face outwards" R. Martin
17 L'angle de prognatisme correspond à l'angle que fait la face par rapport à la verticale. Le genre homo présente un angle de prognatisme beaucoup moins important que le genre australopithèque, c'est-à-dire que sa face est plus plate.
18 "The jaw would have been positioned so far back in the skull that there would have been no room for an airway or oesophagus. It couldn't breathe or eat." T.Bromage
19 Docteur et assistant professeur à l’université du Wisconsin, Etats-Unis et spécialisé dans la génomique anthropologique. Il réfute l’hypothèse selon laquelle notre crâne est un celui d’un australopitèque
20 Voir son blog : “ KNM-ER 1470 is not a microcephalic”
http://johnhawks.net/weblog/index.html?find=rudolfensis&plugin=find&path=
21 La théorie multirégionale propose que les Homo Erectus, initialement africains, aient migré, une première fois, aux alentours de 2 millions d'années vers l'Asie et l'Europe, puis une seconde fois de l'Afrique vers l'Europe il y a un million d'année. A partir de ce moment, ils auraient, parallèlement sur chaque continent, évolué vers Homo Sapiens.
22 Milford Wolpoff a été le président de l’ American Association of Physicial Anthropologists. Il est membre de nombreuses organisations d’anthropologues. Il a développé le concept de “théorie multirégionale”
23 Rudolf est âgé de 1.9 millions d’années
24 Mécanisme proposé par Charles Darwin pour expliquer l’évolution des espèces, selon lequel les individus les mieux adaptés à leur environnement survivent aux dépens des moins aptes.
25 Décrit les processus par lesquels les espèces se modifient au cours du temps, et donnent naissance à de nouvelles
espèces.
26 Ralph Holloway est docteur et professeur en anthropologie biologique à l’Université de Columbia, Etats-Unis.
27 Un endocaste est un moulage de l'intérieur d'un crâne, c'est une technique couramment, presque systématiquement
utilisée pour déterminer le volume endocrânien d'un fossile, et utilisée initialement par le Dr A. Walker en 1973 afin
de déterminer le volume crânien de KNM-ER 1470.
L'étude de R. Holloway sur KNM-ER 1470 l’a mené à conclure que ce fossile faisait partie de la lignée des Homininés.
28 « "You can tell a lot from an endocast," Holloway continues, "from whether someone was right-handed or lefthanded to the size of the brain, it can even give a clue as to cognitive abilities." » source : " Reading Minds: Archaeologist Ralph Holloway Studies Brain Endocasts by Ellen Rapp. lien : http://www.columbia.edu/cu/news/05/04/reading_minds.html
29 La famille Leakey : parents Louis et Mary ; enfants Jonathan et Richard qui épouse Meave. Ils ont découvert un très grand nombre de fossiles humains, ensemble ou séparément ; et/ou ont financé les expéditions qui les ont découverts. En 1971, Ralph Holloway rencontre Louis et Mary, ainsi que Richard jeune et leur collègue Phillip Tobias
30 " After getting his Ph.D. in anthropology at the University of California at Berkeley, [...]. During a 1971 sabbatical to Africa, where he joined renowned anthropologists Louis, Mary and Richard Leakey as well as Phillip V. Tobias, he got involved in taking brain endocasts and "decided to make that my specialty." source : " Reading Minds: Archaeologist Ralph Holloway Studies Brain Endocasts by Ellen Rapp.
31 L'espèce homo habilis, première espèce du genre homo est créée en 1964 par John Napier, Phillip Tobias et Louis Leakey, père de Richard Leakey. En 1968, l'espèce est reconnue par la communauté scientifique après la découverte de Miss Twiggy, squelette de femme découvert à Olduvai (Tanzanie) doté d'une capacité crânienne de 600 cm3 et daté de 1,9 millions d'années.
32 "Evidence for an Advanced Plio-Pleistocene hominid from east Rudolf, Kenya" par R. Leakey, 1973
33 "there does not seem to be any basis for attribution to australopithecus and to consider a new genus (genre) would be, in my mind, both unnecessary and self defeating in the endeavour (entreprise) to understand the origins of man." R. Leakey in Nature vol. 242, p.450
34 En 1968, Richard introduit par son père à une réunion demanda sans l'accord de son père la somme de 25000 dollars afin de réaliser des fouilles près du lac Rudolf (aujourd’hui lac Turkana) au Comité de Recherche et d’Exploration de la National Geographic Society. source : http://en.wikipedia.org/wiki/Richard_Leakey
35 Valery Alexeev, né en URSS était un paléoanthropologue et scientifique renommé de l'époque soviétique. Il fut directeur de l’Institut d’archéologie de Moscou de 1987 jusqu'à sa mort en 1991 et membre de l’Académie des Sciences d’URSS sans être affilié au parti communiste. Très actif, il publia plus de vingt livres et cinq cents articles. Il propose en 1986 de rassembler KNM-ER 1470 ainsi que d’autres fossiles rattachés au taxon Homo Erectus au sein d’une nouvelle espèce appelée Homo Rudolfensis.
36 Duane T. Gish est docteur en biochimie et professeur au Chistian Heritage College, Etats-Unis. Il soutient la théorie créationniste selon laquelle il n’y a pas d’évolution continue donc absence de “lignées”.
37 Thèse selon laquelle la Terre, et par extension l'Univers, a été créée par un être suprême, c'est-à-dire un dieu. Il constitue une croyance fondamentale des trois principales religions monothéistes (judaïsme, christianisme, et islam).
38 Source : Evolution: the Fossils Still Say No p. 147, 148 : écrit par Duane T. Gish
39 Cette explication a été invoquée dans d'autres cas, par exemple en 2005 pour expliquer la petite taille de l'Homo floresiensis, découvert sur l'île de Florès, en Indonésie.
40 Les évolutionnistes
41 Paléoanthropologue de l'Université de John Hopkins ayant participé à la reconstitution de KNM-ER 1470 "Dr Bernard Wood spent many long hours at the site screening for fragments and assisted my wife, Meave, and Dr . Alan Walker in the painstaking reconstruction work" écrit par R. Leakey dans Nature vol. 242
42 Alan Walker, Scientific American, vol 239 (2), 1978, p. 54.
43 La phylogénie évolutive positionne les australopithèques comme ancêtres des Homo habilis et rudolfensis, euxmêmes ancêtres des Homo Erectus, ou "hommes droits", dont la bipédie était parfaite comme chez Homo Sapiens (apparition il y a environ 1,6 millions d'années).
44 “The specimen probably represents a member of the earliest species of the genus Homo, H. habilis (or H. modjokertensis), also known in Africa from Olduvai, Omo, Sterkfontein and Swartkrans. KNM-ER 1470, like other early Homo specimens, shows many morphological characteristics in common with gracile australopithecines that are not shared with later specimens of the genus Homo in fact, Walker has classified ER 1470 as australopithecine.” Cronin
45 KNM-ER 1813 est un fossile retrouvé par Kamoya Kimeu, membre de l'équipe de Leakey en 1973 à Koobi Fora au Kenya. Ce spécimen est similaire à KNM-ER 1470, mais beaucoup plus petit, avec un volume endocrânien de 510 cm3 . Son âge est estimé à 1,8-1,9 millions d'années. « Because its brain was far smaller than any human, creationists have no choice but to call this an ape, despite the fact that 1470 looks more similar to 1813 than it does to a modern human skull. » Jim Foley Source : http://www.talkorigins.org/faqs/homs/14701813.html
46 "its relatively robustly constructed face, flattish naso-alveolar clivus, (recalling australopithecine dished faces), low maximum cranial width (on the temporals), strong canine juga and large molars (as indicated by remaining roots) are all relatively primitive traits which ally the specimen with members of the taxon A. Africanus." J.E. Cronin et al.
Source : extraits de "Tempo and Mode in Hominid Evolution", Nature, Vol 292, p113-122
lien :http://www.darwinismrefuted.com/origin_of_man_04.html#193a
47 "le mot théorie est souvent péjoratif [pour les créationnistes] et assimilé à un délire, car seul le fait serait noble[...]" Evolution et créationnismes par Guillaume Lemoine, Muséum national d'histoire naturelle de Paris
lien : http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/decouv/articles/chap1/lecointre1.html
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Mise en ligne le 15/12/09
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