Parures et bijoux
de la Préhistoire
Parure et ornements du Paléolithique
La découverte d'une parure préhistorique est forcément un moment d'émotion.
Le chercheur se trouvent face à un objet porté par un être humain plusieurs milliers d'années auparavant. Un objet porté à même le corps ou sur un vêtement. Un objet sans utilité apparente autre que d'orner. Un objet fabriqué, choisi, non pour son utilité mais uniquement pour ce qu'il représente...
Pourquoi les hommes de la préhistoire utilisaient des ornements ? Depuis quand ? Quelles sont les différents types de parures ? Telles sont les questions auxquelles cet article tente de répondre.
Le pourquoi de la parure
Les raisons pour lesquelles l'homme préhistorique se parait d'ornements ne seront jamais vraiment définies avec certitude. Les chercheurs ayant travaillé sur ce sujet ont émis de nombreuses hypothèses « logiques » en rapport avec notre culture. Les hommes de la préhistoire en avaient peut-être d'autres...
Beaucoup d'hypothèses pour expliquer la parure à la préhistoire...
L'embellissement dans un but sexuel est souvent cité par les scientifiques car c'est un comportement que l'on retrouve encore de nos jours dans les sociétés actuelles. Toutefois ce n'est pas parce que nous le faisons que nos lointains ancêtres adhéraient aux mêmes valeurs ! Il y a ici un fort risque d'ethnocentrisme.
Le rite funéraire. Ici la parure est considérée comme un symbole que le mort emporte avec lui dans la tombe. Si de nombreux objets de parures ont été retrouvés dans les sépultures, la majeure partie a été découverte hors de ce contexte. Le rite funéraire ne peut donc pas être une explication globale.
La parure comme distinction d'un rang social, d'un statut conjugal sont plausibles mais ne correspondent pas forcément à tous les cas de figure : des parures « similaires » ont parfois été découvertes, sur des enfants, des adolescents, des adultes des deux sexes... Le code d'interprétation des signes n'a pas encore pu être déterminé.
La parure, l'ornement pourraient également signifier l'appartenance à une communauté (un clan) ou à une « religion ». Cela est tout à fait imaginable et nous devrions trouver dans ce cas beaucoup d'ornements identiques dans un même lieu. Malheureusement les chances de conservation d'un élément de parure sont faibles et la probabilité d'en trouver plusieurs au même endroit sont infinitésimales...
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Pour certains chercheurs la parure de la préhistoire pourrait être une preuve de richesse, voire un objet d'échange. |
La statuette de Kostienki présente une sorte de collier autour du cou et au-dessus des seins. |
La parure comme moyen de communication
Tous les préhistoriens s'accordent sur un point, la parure est un symbole, un moyen de communication. Sans langage écrit, la parure était certainement le seul moyen de faire passer un message. Mais il faut bien intégrer également que le symbole transmis n'était pas forcément compréhensible par des individus extérieurs à la communauté restreinte concernée.
De la même manière qu'un anglais ne comprend pas le russe, un membre de la communauté A n'accordait peut-être pas la même signification à un coquillage percé qu'un membre de la communauté B. On ne peut pas parler de langage universel.
(Dessin d'Eric Lebrun)
Différencier un simple objet d'une parure, d'un bijou ?
Si parfois les parures ont été retrouvées à proximité ou sur un corps fossilisé, la plupart du temps l'objet est découvert isolé au milieu des restes d'un foyer.
C'est donc l'étude minutieuse des détails de l'objet qui permettent de définir l'usage qui en était fait. On peut ainsi déterminer qu'un objet était porté ou suspendu comme un bijou, ou qu'il était maintenu sur un vêtement. C'est parfois grâce au microscope que l'on peut voir l'usure dûe à un passage de lanière, le polissage dû au frottement sur un vêtement.
Le principe d'une parure est d'être accroché à un support et cela laisse des traces ! |
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Ammonites perforées découverts à l'Abri Pataud. |
Les plus anciens bijoux ou parures retrouvés
Jusqu'à une date récente les préhistoriens n'avaient retrouvé que des parures qui remontaient au plus à 40 000 ans avant notre ère. De nouvelles découvertes ont permis de de reculer et de doubler cette première datation.
Grotte des Pigeons, Maroc, - 82 000 ans
Dans la grotte des Pigeons au Maroc, une douzaine de coquilles de mollusques perforées ont été mises à jour. La datation par quatre méthodes différentes montre que les fossiles datent de -82 000 ans (étude confirmée par le CNRS, l 'Académie des Sciences Américaine...). Les coquillages présentent une perforation avec des traces d'usure. En savoir plus sur les coquillages de la Grotte des Pigeons.
Blombos, Afrique-du-sud, - 75 000 ans
Dans la grotte de Blombos en Afrique du Sud les archéologues ont découvert de nombreux éléments dans des couches datées de -75 000 ans : coquillages, perles, bloc d'ocre usagé et strié de motifs géométriques, outils. C'est ainsi que des dizaines de coquillages percés ont été étudiés et présentés comme les restes d'une parure portée en collier. Pour certains scientifiques, comme Bruno Maureille, les premières parures du continent africain ne doivent pas forcément être attribuées à Homo sapiens.
Entre – 75 000 ans et – 40 000 ans on ne trouve aucune parure, que ce soit sur le continent africain ou européen.
Vers – 42 000 ans on retrouve, en Europe centrale, plusieurs éléments de parure. C'est également vers cette époque que l'art préhistorique explose littéralement.
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Arcy-sur-cure: parure du Chatelperronien attribuée à Néandertal. Parure réalisée à partir de dents d'animaux et d'ivoire. L'une des première parures connues en France, sinon la première : elle est datée de – 35 000 ans.
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La Grande Roche (Quincay) : on a retrouvé 6 dents percées de renard, loup et cervidés datées du Chatelperonnien. Ces parures datent d'il y a au moins -30 000 ans, et probablement d'au moins
38 000 ans. |
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Saint-Germain-la-Riviere : La Dame de Saint-Germain-la-Rivière était parée de 69 craches de cerf en provenance de 63 individus. Le plus étonnant est que les scientifiques ont déterminés qu'il n'y avait pas de cerf dans l'environnement immédiat. La parure a été datée de - 15 500 ans.
Parure présentée au Musée de Préhistoire des Eyzies-de-Tayac
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La Madeleine : le corps d'un enfant de trois ans et demi a été découvert en 1926 par Denis Peyrony à l'Abri de La Madeleine. Plus de 1500 coquillages ont été retrouvés sur lui à la tête, aux poignets, aux chevilles. Ces coquillages provenaient des côtes atlantiques et méditerranéennes.
L'ensemble a été daté de - 10 200 ans.
Parure présentée au Musée de Préhistoire des Eyzies-de-Tayac |
Les différentes sortes de parure
L'homme préhistorique a utilisé plusieurs supports et techniques pour fabriquer ses parures. Vous trouverez ici les principaux types de parures. Sont exclues les parures qui n'ont pas laissé de trace comme celles, éphémères, de la coiffure ou des peintures corporelles. Toutefois les restes de colorants sur des squelettes ou des fossiles laissent à penser que l'homme pouvait les utiliser de son vivant (comme l'Enfant de l'Abri de la Madeleine). En 2010 on a retrouvé en Espagne des coquillages portant des traces de pigments que l'homme de néandertal a utilisé il y a 50 000 ans.
Colliers formés de multiples petits éléments.
Coquillages, fossiles de coquillages, dents, craches de cerfs ont souvent été utilisés en nombre pour constituer une parure ou un élément d'ornement maintenu sur un vêtement. Les éléments sont troués pour laisser passer un lien. Les liens n'existent plus : probablement réalisés en tendon d'animal ou crin de cheval ils n'ont pas résisté au temps.
Ci-contre une partie des 82 perles en os façonnées au Protomagdalénien découvertes au pied de la falaise de l'Abri Pataud. Actuellement exposées au Musée de l'Abri Pataud aux Eyzies-de-Tayac |
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Pendeloques
Les pendeloques sont des objets réalisés en os ou en pierre, souvent de forme applatie, perforés à une extrémité d'un trou qui devait permettre le passage d'un fil (d'un lien) pour le suspendre ou l'attacher. Les formes sont dépendantes du matériel de construction, elles sont parfois oblongues ou arrondies. Une repésentation fine ou un motif répétitif est souvent gravé dans la matière. |
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Pendeloque gravée en ivoire de mammouth datant de - 40 000 à - 36 000 ans découverte à la Grotte de la Tuto del Camalhot en 1928 par Joseph et JeanVézian. |
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Statuettes suspendues
Des statuettes figuratives ou symboliques présentant des anneaux de suspension. Ces objets en relief étaient peut-être portés seuls ou en série. C'est le plus souvent l'ivoire qui était utilisé comme matière première.
Ci-contre la "Vénus" de Hohle Fels dont la tête a été remplacée par un anneau de suspension et la statuette de Dolni Venice dont l'anneau se trouve à l'arrière. |
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Statuette dont la forme peut évoquer une paire de seins ou un sexe masculin...
Site de
Dolni Venice |
Les rondelles
Objets arrondis et plats présentant au centre un orifice prévu pour la suspension. Fabriquées en os, les rondelles ont été taillées dans l'omoplate d'un animal. La finesse de l'objet est souvent accentuée par la gravure d'une représentation animale (et très rarement humaine). |
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Les contours découpés
Objets très plats et de petite taille dont les contours suivent la forme de l'animal représenté. Le plus souvent c'est un os hyoïde ou une omoplate qui sert de matière première. La forme initiale de l'os hyoïde a dû fortement inspirer les hommes du Magdalénien. On trouve le plus grand nombre de contours découpés dans la région des Pyrénées. |
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C.R.
Sources :
Aux origines de la Parure Maria Vanhaeren - Francesco d'Errico - Pour la Science, Juillet 2008
Pigments, gravures, parures : les comportements symboliques controversés des néandertaliens - Marie Soressi - Francesco D'Errico
A l'aube de la pensée symbolique - Kate Wong - Pour la Science Juillet 2005
Les premiers objets de parure - Conférence d'Yvette Taborin Octobre 2009 - Musée d'Archéologie Nationale - St Germain-en-Laye
Les parures au paléolithique. Enjeux cognitifs, démographies et identitaires. Steven L. Kuhn et Mary C. Stiner - Diogène 2006
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