Peinture corporelle ou parures sur Néandertal
il y a 50 000 ans ?
Des traces de pigment dans des coquillages utilisés par les néandertaliens en Espagne au Paléolithique.
La découverte
C'est dans les PNAS ( Proceedings of the National Academy of Sciences) que João Zilhão (University of Bristol, Angleterre) et ses collègues viennent de publier une étude sur des coquillages présentant des résidus de pigments. Les coquilles proviennent de deux sites du sud de l'Espagne, dans la province de Murcia. Si les grottes (Anton et Los aviones) sont a proximité de la mer il est toutefois impossible que les coquillages aient été apportés par les vagues. Les grottes sont à une altitude trop élevée par rapport au niveau de l'eau.
Photo João Zilhão : image composite présentant à gauche la face interne colorée et à droite la face externe de couleur naturelle.
Des coquillages comme parure ou récipient à maquillage
Les restes de coquilles Saint-Jacques, d'huitres et de pétoncles présentent des traces de pigments et des trous de suspension. Les orifices semblent naturels mais il sont tous positionnés de la même façon, indiquant certainement que les néandertaliens les ont choisis selon leurs propres critères en vue d'une utilisation particulière.
C'est la surface interne qui a été colorée avec
des pigments orange (goethite jaune) et rouge (hématite). Ces pigments proviennent d'un site situé à cinq kilomètres des grottes.
Les trous de suspension et la taille identique des coquillages montre que ceux-ci devaient être portés comme parure par les néandertaliens. Pour le Docteur Zilhão ces objets devaient "indiquer aux autres qui vous étiez" et " cela devait être une sorte de carte d'identité reconnue socialement". Peut-être un moyen de montrer son appartenance à un clan ou une tribu.
Les traces de colorants se retrouvant uniquement dans la partie creuse des coquillages il est possible que les coquilles aient également servi de récipient. C'est alors dans un but de maquillage ou de peinture corporelle que les coquillages auraient été utilisés.
La datation
Les différentes coquilles sont datées de - 50 000 ans. Cela correspond à une période où les néandertaliens étaient les seuls représentant de l'humanité en Europe. Homo sapiens ne colonisera l'Europe que 10 000 ans plus tard. (Plus sur les Méthodes de datation)
Une nouvelle preuve des aptitudes cognitives de Néandertal.
Jusqu'à présent les plus anciennes parures retrouvées étaient attribuées à Homo sapiens et provenaient d'Afrique (- 82 000 ans Grotte des Pigeons, Maroc et - 75 000 ans Blombos, Afrique du sud). Les parures de néandertaliens, plus récentes,
se situaient à la période où Néandertal et sapiens cohabitaient en Europe. Cela laissait supposer que Néandertal ne faisait que copier les bijoux créés par Homo sapiens.
Cette découverte redonne à Néandertal de vraies aptitudes artistiques et des possibilités intellectuelles que l'on croyait réservées à l'homme moderne. "Les hommes de Néandertal avaient les mêmes capacités pour le symbolisme, l'imagination et la créativité que l'homme moderne», indique le Docteur Zilhao..
Sources :
BBC News
A lire également,
Découverte d'un kit de maquillage préhistorique à Blombos daté de 100 000 ans.
Datation de peintures dans la grotte de Nerja en Espagne
|