La découverte
Contrairement aux autres espèces d’hominidés, ce n’est pas un anthropologue qui a identifié cette nouvelle espèce mais un généticien.
En 2008, des chercheurs avaient exhumé dans la grotte de Denisova (Montagnes de l’Altaï en Sibérie) des artefacts et des ossements datés sur une période comprise entre -30 et – 40 000 ans. Parmi ces derniers figurait le morceau d’une phalange auriculaire d’un jeune enfant. En tentant une extraction d’ADN les chercheurs cherchaient à déterminer l’espèce d’hominidé qui avait séjourné dans la cavité : Homo néandertalensis ou Homo sapiens ?
C’est le généticien Svante Pääbo (Institut Max-Planck, Leipzig en Allemagne) qui a séquencé l'ADN mitochondrial (ADNmt) extrait du minuscule morceau d’os. Les conclusions ont montré que les restes appartenaient à une espèce d’hominidé inconnue. L’homme de Denisova était né d’un morceau de phalange !
Les caractéristiques anatomiques
A l’exception d’une phalange, d’un orteil et de deux dents (dont une molaire), les restes de cet hominidé ne permettent pas de déterminer son aspect et son squelette. Toutefois les éléments dentaires et auriculaires montrent que l’espèce était très robuste, certainement plus proche du physique néandertalien que celui d’Homo sapiens.
En mai 2019, une machoire de Denisovien a été identifiée sur le plateau tibétain. Cette demi-mandibule est datée de 160 000 ans.
Une étude comparative de la phalange a montré en septembre 2019 que les Dénisoviens avient des doigts longs et fins plus proches de ceux d'Homo sapiens que d'Homo neandertalensis..
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A droite La mandibule Xiahe, uniquement représentée par sa moitié droite, a été retrouvée en 1980 dans la grotte Baishiya Karst. (Crédit photo: Dongju Zhang, Université de Lanzhou) |
et génétiques
De l'ADN de Denisova chez les tibétains
L'étude du génome de dénisova a montré que, en commun avec les tibétains, les Denisoviens avaient une mutation du gène EPAS1. Cette mutation permet de mieux résister au manque d’oxygène, avantage certain sur les hauts plateaux tibétains. Les dénisoviens ont probablement légués cette variante aux tibétains lors d'une hybridation fertile entre les espèces.
La place de l’Homme de Denisova dans l’arbre généalogique
Génétiquement, les Denisoviens ont un ancêtre commun avec Néandertal d’une part et avec Homo sapiens d’autre part. Par ailleurs il semble que plusieurs échanges génétiques ont eu lieu entre les différentes espèces, rendant plus difficile la vue d’ensemble des croisements. En 2016 une étude des hominidés de la Sima de Los Huesos montrent que ces derniers sont faiblement apparentés au Denisoviens !
Une des hypothèses place Homo heidelbergensis à l’origine des hommes modernes (Homo sapiens), des Homo néandertalensis et des Hommes de Denisova. De façon plus détaillée il y a 300.000 à 400.000 ans, un groupe ancestral d’Homo heidelbergensis quitte l'Afrique et se sépare en 3 populations peu après . Une branche se dirige et s’installe en Europe de l’ouest et deviendra les néandertaliens. Un autre groupe part à l’est et formera les Denisoviens. Quant aux Homo heidelbergensis restés en Afrique il vont évoluer vers Homo sapiens et quitter ce continent il y a 60 000 ans.
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Denisova 3 - Phalange |
Denisova 8 - Molaire |
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