Les entailles sur les ossement ont bien été faites par un outil de pierre.
Une nouvelle étude des marques et des ossements sur le site de Dikika, en Ethiopie, semble prouver que les australopithèques utilisaient des outils il y a 3,4 millions d'années. Ce "privilège"
de l'utilisation de l'outil de pierre n'est donc plus à réserver au genre Homo.
La découverte et l'interprétation en 2010 des 12 marques de découpe sur les ossements d'animaux avait suscité une certaine polémique entre scientifiques. D'un côté, l'équipe qui avait réalisé l'étude maintenait que les traces venaient d'un outil de pierre, de l'autre, des scientifiques soutenaient une origine accidentelle : un piétinement sur des sédiments abrasifs.
Une première contre-étude publiée dans les PNAS en 2011 avait réfuté l'utilisation d'outils et, en utilisant des méthodes expérimentales, était parvenue à la conclusion que les marques étaient caractéristiques de piétinement.
A gauche : Photo Crédit: Dikika Research Project, California Academy of Sciences
Une nouvelle étude publiée dans Journal of Human Evolution
La nouvelle étude, menée par l'anthropologue Jessica Thompson (Emory University), a analysé au microscope tous les fossiles de faune (hors hominidés) collectés sur le gisement de Dikika. Les chercheurs ont recueilli un échantillon aléatoire de 4 000 fossiles provenant du même dépôt que les échantillons controversés, ainsi que des dépôts à proximité. Ils ont ainsi répertorié 450 marques sous forme d'entaille.
L'équipe a également reproduit les effets d'un piétinement sur des ossements et repris les chiffres de l'étude publiée dans les PNAS. Ils ont ensuite mesuré les formes et les tailles de marques sur les os fossiles.
Ils ont finalement comparé statistiquement les caractéristiques des entailles sur les fossiles aux marques expérimentales publiées dans le document des PNAS et ont étudié l'angularité des grains de sable sur le site. Ils ont pu constater que les bords des grains sont arrondis : pas le type angulaire qui pourrait produire des stries sur un os piétiné.
Les conclusions
Les marques dues à un piétinement ont tendance à être peu profondes et sinueuses. Les entailles faites avec un outil ont tendance à être droites et provoque une rainure étroite en forme de V. Les marques dues à une dentition ont tendance à faire une rainure en forme de U.
A droite : les entailles
qui ont dues être réalisées avec un outil lithique.
"Notre analyse montre avec une certitude statistique que les marques sur les deux os en question ne sont pas causées par le piétinement ou une morsure de crocodile," dit Thompson. "Bien qu'il existe des preuves abondantes que d'autres os sur le site ont été endommagés par le piétinement, ces deux os sont différents des autres. Les entailles ressemblent plus à des marques faites par une découpe de boucherie."
Jessica Thompson déclare : "Les entailles sur les deux os en question ne ressemblent pas aux autres marques communes sur le gisement. Les marques de découpes sont plus grosses, et elles ont des caractéristiques différentes."
A droite : des ossements portant les traces d'une morsure par un crocodile
Comme conclusion, l'étude valide l'hypothèse d'un dépeçage de grands animaux avec des outils il y a 3,4 millions d'années. Mais, au regard du faible nombre de traces, elle ajoute que ce comportement devait être extrêmement rare.
Même occasionnel, ce comportement indique que les australopithèques pouvaient consommer de la viande. Jusqu'à présent, cette possibilité n'était offerte qu'aux membres de la lignée Homo. ..
Sources :
Taphonomy of fossils from the hominin-bearing deposits at Dikika, Ethiopia, Jessica C. Thompsona, Shannon P. McPherronb, René Bobec, Denné Reedd, W. Andrew Barrc, Jonathan G. Wynne, Curtis W. Mareanf, g, Denis Geraadsb, h, Zeresenay Alemsegedi.
Sciencedaily
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Phys.org
Crédit photo : Dikika Research Project, California Academy of Sciences
2010 Des traces de découpes sur des ossements il y a 3,4 millions d'années repoussent l'utilisation de l'outil à l'australopithèque
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