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On sait maintenant d'ou vient la roche dans laquelle a été sculptée la Vénus de Willendorf

Les origines de la Vénus de Willendorf
Si la Vénus de Willendorf a été retrouvée sur les rives du Danube en Autriche, une étude de sa composition montre qu’elle provient probablement du nord de l’Italie.

Willendorf sous tous les angles...
Bjørn Christian Tørrissen/ Creative Commons

La Vénus de Willendorf, estimée entre 25 000 et 30 000 ans, a été découverte en 1908 à Willendorf près de Krems en Autriche. Mesurant 11 cm de haut cette statuette féminine n’a pas, comme les autres « vénus », été sculptée dans des matières animales comme l’ivoire ou l’os. Elle a été réalisée dans une matière spécifique, l’oolithe, une structure minérale de sédimentation que l’on ne trouve pas dans la région de Willendorf. La statuette représente une femme nue stéatopyge aux hanches et aux seins volumineux. Des traces de pigments laissent penser qu‘à l’origine la statuette était totalement recouverte de rouge.  Son sexe est visible et marqué. Sa tête est recouverte d’un tressage (cheveux, coiffe...) qui masque entièrement son visage. Ses mains et ses bras, minuscules, semblent reposer sur sa poitrine. La mise en avant de ses attributs sexuels a toujours fait penser que la Vénus de Willendorf était une sorte de totem de fécondité.
Au fil du temps la statuette est devenue une véritable icône de la préhistoire, illustrant de nombreuses revues et affiches. En 2018 la vénus avait posé un problème au réseau social Facebook qui interdisait sa publication pour raison de nudité... Cette polémique s’est arrêtée quand Facebook a autorisé la diffusion.

Une nouvelle étude sur la matière qui compose la statuette  
C’est donc l’oolite qui a été étudiée et analysée pour comprendre son origine. En utilisant la technique de la micro-tomographie (TDM), les scientifiques ont pu réaliser des images en coupe transversale de la Vénus de Willendorf avec une haute résolution allant jusqu'à 11,5 micromètres.
L’équipe a comparé avec des échantillons d’oolithe en provenance de France, de Sicile, de l’Allemagne et de l'est de l'Ukraine. Le résultat des recherches a été publié dans Scientific Reports par l’équipe dirigée par l’anthropologue Gérard Weber (Université de Vienne).
Premier élément le calcaire oolithique de la statuette est composé de plusieurs parties de différentes densités, avec des morceaux de coquillages intégrés. Par ailleurs l’examen fait apparaître six grains très denses et plus gros : des limonites. Pour les scientifiques cette « non homogénéité » est une aubaine car elle permet de déterminer plus précisément l’origine de la roche.


La vénus originale de willendorf. gauche : vue latérale. en haut à droite : cavités hémisphériques sur la hanche droite et la jambe. en bas à droite : trou existant agrandi pour former le nombril.
Image © kern, a. & antl-weiser, w. venus. editon-lammerhuber, 2008, courtesy of university of vienna

Image © gerhard weber, courtesy of university of vienna

Les coquillages ont parlé
Un minuscule reste de coquille, d'à peine 2,5 millimètres de long a été daté du Jurassique, ce qui permet d'exclure tous les gisements potentiels d’oolithe de l'ère géologique du Miocène car beaucoup plus tardif, explique l'étude relayée sur le site Phys.org.
La comparaison avec les échantillons indique que c’est surement des gisements italiens que la roche sculptée a été extraite. Si pour l’anthropologue Weber  "Il s'est avéré que le nord de l'Italie a un match parfait » l’étude indique que potentiellement la figurine pourrait provenir de l'est de l'Ukraine. Mais ce dernier est situé à 1600 kilomètres de Willendorf à vol d’oiseau.

La roche en provenance d’Italie
Les indices sont donc majoritaires pour que la pierre utilisée pour sculpter la figurine provient du nord de l'Italie, à plus de 550 kilomètres de Willendorf en Autriche et à travers les Alpes. Les chercheurs ont cherché les chemins les plus simples sans traverser la chaine de montagnes.
Parmi les deux chemins possibles pour se rendre du nord de l’Italie jusqu'en Autriche ils ont pu prendre la plaine de Pannonie. L'autre itinéraire aurait été de passer par les Alpes, mais on ne sait pas s’il était praticable il y a 30 000 ans du fait des conditions climatiques.
Pour l’équipe les paléolithiques devaient avancer en suivant les troupeaux (source de nourriture) et les rivières (source d’eau potable) : ils ont calculé deux itinéraires dont le plus court est quand même de presque 1 000 kilomètres. Le « voyage » a donc pu être réalisé sur plusieurs générations à moins que la statuette ait servi d’échange entre populations. 

Voies empruntées possibles pour transporter la Vénus de Willendorf

"Les gens du Gravettien - la culture de l'outil de l'époque - ont recherché et habité des lieux favorables. Lorsque le climat ou l'accessibilité aux proies changeait, ils se déplaçaient, de préférence le long des rivières", indique Gerhard Weber. En se déplaçant ils pouvaient emporter avec eux des outils, des objets sculptés (art mobilier).


C. R.

Sources :
Geo
Nature The microstructure and the origin of the Venus from Willendorf
Phys.org


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