Oreopithecus pas si bipède que cela... finalement !
Longtemps considéré comme l'un des premiers primates bipèdes, une nouvelle étude tend à prouver qu'Oreopithecus bambolii ne pratiquait la bipédie qu'occasionnellement...
Depuis sa découverte en 1872 par le zoologiste Paul Gervais, les scientifiques savent qu'un primate très particulier, aujourd'hui disparu, vivait il y a 9 millions d'années à Monte-Bamboli en Italie (Région de la Toscane actuelle). La question, plus polémique, était plutôt de connaître le (les) mode(s) de locomotion qu'Oreopithecus bambolii pratiquait. Se balançait-il dans les arbres ou marchait-il sur le sol simplement sur ses deux pieds...
L'étude
Dans le passé, plusieurs études ont conclu qu'Oreopithecus marchait principalement de manière bipède. Mais une nouvelle étude, menée par des chercheurs de l'Université du Texas (publiée dans la revue « Journal of Human Evolution »), présente une nouvelle approche sur le débat de la locomotion d'Oreopithecus.
Un primate pas vraiment bipède.
Pour le Dr Gabrielle A. Russo, (anthropologue à l'université) co-auteur de l'étude, "Bien qu'il soit certainement possible que Oreopithecus marchait effectivement sur ses 2 deux jambes comme le font certains grands singes actuels, connus pour utiliser la bipédie sur de courtes distances, une quantité croissante de preuves anatomiques démontre clairement qu'il ne la pratiquait pas de manière fréquente»,
Les chercheurs Russo et Shapiro ont étudié la colonne vertébrale d'un fossile d'Oreopithecus - plus précisément, les vertèbres lombaires (en bas du dos) et le sacrum - pour voir si elle avait les caractéristiques anatomiques nécessaires à une marche bipède. Ils ont ensuite comparé ces données avec celles des grands singes modernes (bonobo, gorille...), des lémuriens, des hommes modernes et des ancêtres de l'homme.
Selon Russo, «le débat sur le comportement locomoteur des Oreopithecus avait été axé sur l'anatomie des membres inférieurs et du bassin, mais personne n'avait remis en cause scientifiquement l'affirmation que le bas de son dos ressemblait à celui de l'homme". Et c'est justement sur ce point que les chercheurs ont pu déterminer que, contrairement à ce qui était admis, le bas du dos des Oreopithecus était très proche de celui des grands singes.
Le bas du dos chez l'homme présente une courbure (appelée lordose) qui permet une répartition plus équilibrée du poids corporel. Cette particularité est un atout indispensable pour la marche bipède humaine. Les deux anthropologues ont pu démontrer que la colonne vertébrale inférieure des Oréopithèques ne présentait pas cette courbure, ce qui la rendait incompatible avec les exigences fonctionnelles de la marche debout.
Même si Oreopithecus bambolii pouvait faire quelques pas de façon bipède, il ne pouvait pas rester debout de manière prolongée, et encore moins se déplacer de manière bipède sur de longues distances.
C.R.
Sources
Image :
Ghedoghedo - Museo di Storia Naturale di Milano
ScienceDirect
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