Chasse à l'éléphant il y a 500 000 ans au Proche-Orient, en Israël
Des outils trouvés sur le site de Revadim Quarry portent des résidus de viande et de graisse d'éléphant.  

La découverte
Depuis 2004 Le site de Revadim Quarry fait l'objet de fouilles archéologiques. Ce gisement, très riche, a permis de découvrir des dizaines de milliers d'outils mais également des ossements d'animaux. Ce sont principalement des restes d'aurochs, de chèvres, de cerfs, de gazelles qui ont été mis à jour. Une autre espèce a laissé de nombreuses traces : l'éléphant à défenses droites qui a maintenant disparu. Les restes de cet animal, qui pourrait s'apparenter physiquement à l'éléphant asiatique moderne, ont été datés de - 500 000 ans. 
Plus particulièrement une côte d'éléphant a été trouvée à proximité de plusieurs outils paléolithiques de type Acheuléen, trois bifaces et un grattoir.

Des résidus d'animaux...  
La surface de la côte d'éléphant présente, à l'étude au microscope,  des traces de découpe avec un outil en pierre. L'étude attentive des bifaces et du grattoir a permis de déterminer la manière dont ils été utilisé et leurs fonctions.
Mis à part la proximité stratigraphique, un autre élément a permis de relier les outils et l'os d'éléphant : l'étude de résidus trouvés sur le bord des outils. L'étude de cette matière résiduelle à l'aide de la technologie FTIR (Fourier Transform InfraRed) a montré celle-ci avait la même signature biologique que la  graisse et la viande d'éléphant.
Cette étude, publiée dans Plos One est la première du genre qui permet de vérifier scientifiquement l'usage précis des outils de pierre du paléolithique...

Des outils de découpe pour la boucherie...   
Il y a 2.5 millions d'années les ancêtres d'Homo sapiens se nourrissaient principalement de plantes, fruits, tubercules... Au fur et à mesure que le cerveau humain grossissait, la nourriture a dû être augmentée (en quantité)  et diversifiée, avec notamment, l'ajout de graisse et de viande.
Pour enrichir son menu végétarien nos ancêtres ont dû créer des outils afin de découper les carcasses, la peau, les muscles,  les tendons des animaux. Jusqu'à présent l'utilisation d'outils était supposée et logique mais les preuves directes et donc irréfutables n'étaient pas encore trouvées.
L'équipe a également analysé les surfaces d'usure sur les outils, et a même créé des copies des bifaces et du grattoir, afin de déterminer comment ils ont été utilisés. Sur la base de ces répliques, les chercheurs ont pu déterminer que le biface était en fait un excellent outil polyvalent. Il aurait pu ainsi être utilisé pour découper les tendons, retirer les peaux et dessosser la carcasse. Le grattoir, avec sa lame mince et plus fragile, était idéal pour séparer la peau, la graisse et les muscles.

Pour Ran Barkai cela apporte la preuve qu' « Homo erectus pouvait chasser et consommer des animaux de grande taille comme un éléphant ».
« Rien n'est jamais sûr en archéologie. En se basant sur la période, la culture,  le savoir faire et l'assemblage nous pensons que c'était un Homo erectus » indique Ran Barkai (Université de Tel Aviv).

« Les hommes préhistoriques utilisaient toutes les partie de l'animal » déclare le professeur Barkai. « Dans le cas des éléphants ils avaient besoin des deux outils pour gérer une taché aussi  difficile. Le savoir-faire pour tailler ces outils était une chose précieuse et il a dû être transmis de générations en générations...  »