Une nouvelle grotte ornée de gravures en Espagne
C'est un véritable sanctuaire paléolithique qui a été découvert en Catalogne.
Si la grotte était connue depuis 1853 c'est l'étude de galeries moins connues qui a permis de découvrir de magnifiques gravures magdaléniennes ignorées jusque là !
Des archéologues dirigés par Josep María Vergès de l'Université Rovira i Virgili et l'Institut catalan de paléoécologie humaine et d'évolution sociale (IPHES) ont identifié des gravures dans une grotte déjà connue sous le nom de grotte de la Font Major. Cette cavité fait partie d'un système karstique situé à proximité du village de L'Espluga de Francolí, en Catalogne, une région située dans le nord-est de l'Espagne.
Le système karstique est très étendu et connu depuis 1853. Le 22 octobre 2020, les équipes de chercheurs sont venus évaluer le potentiel archéologique de ces cavités. Il ne cherchaient pas spécialement de l'art pariétal.
La ministre de la Culture de Catalogne Mariangela Vilallonga-Vives a expliqué "A L'Espluga de Francoli, une équipe sous la direction de Josep Maria Vergès, a décidé d'explorer des zones inconnues de la cavité. C'est à cette occasion qu'a été révélé ce sanctuaire".
Détail d'un des chevaux gravés à Espugla de Francoli
Josep Maria Vergès / IPHES
La découverte
C'est dans une zone rarement visitée, difficile d'accès et de petites dimensions que les scientifiques ont découvert l'inatendu.
Le 30 octobre, les chercheurs ont localisé plus de cent gravures délicatement incisées dans une fragile couche de limon. Parmi les représentations, une quarantaine sont des animaux : cervidés, équidés et bovidés. Les autres gravures sont plus symboliques et abstraites. Les premières expertises donnent une datation de - 15 000 ans, ce qui correspond au style magdalénien de certaines figures. Les chercheurs n'excluent pas, toutefois, que certaines gravures puissent être plus anciennes que le Paléolithique supérieur ou plus récentes (Néolithique).
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Cheval gravé dans la grotte de Font Major, à L'Espluga de Francoli - Espagne
Josep Maria Vergès / IPHES |
Un véritable sanctuaire
Les chercheurs indiquent qu'un grand nombre de gravures ont probablement été effacées dans le passé. Ainsi, des visiteurs, ne voyant pas les représentations, ont pu passer la main sur les parois, voire même recouvrir des gravures avec des graffitis.
Malgré ces détériorations, la qualité et le nombre de représentations restantes font de l'Espluga un nouveau marqueur de l'art pariétal cantabrique. La communication de la découverte n'a été faite qu'après que la cavité a été numérisée en 3D. Cela permettra de présenter les travaux au grand public mais également aux chercheurs de continuer l'étude des gravures sans pénétrer dans la grotte.
La conservation des gravures est à ce prix car le support de limon est extrêmement friable et un simple frôlement peut effacer les fines gravures.
La presse (La Vanguardia.) a voulu faire dans le sensationnel en surnommant la découverte d"Altamira catalane", mais il est difficile de comparer des gravures et de peintures !
Concernant le nombre de représentations présentes en Espagne, on peut effectivement comparer cette grotte à celles d'Altamira ou d'El Castillo. Mais si l'on tient compte des gravures, c'est à la France que cette cavité peut être comparée, comme par exemple avec les Combarelles ou Cussac.
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Gravures géométriques.
Josep Maria Vergés / IPHES |
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Figures animales stylisées ou symboles ? Josep Maria Vergés / IPHES
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C.R.
Sources :
Newsweek
Libération
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