Le crâne de Ceprano, réétudié, est plus « parlant »
Mise en ligne le 20 avril sur le site Public Library of Science (PLS ONE), une nouvelle étude franco-italienne du crâne de Ceprano, découvert en Italie en 1994, associe ce fossile à Homo heidelbergensis, suggérant pour cette espèce un rôle bien plus important que ce qui est généralement supposé.
L'étude
Deux membres de l'équipe 'Paléontologie et Bio-archéologie' du CNRS-Université de la Méditerranée et un chercheur de l'Université de Rome ont procédé à une comparaison à grande échelle de plusieurs dizaines de crânes, de diverses périodes, d'Homo erectus, d'Homo ergaster, d'Homo heidelbergensis, d'Homo neanderthalensis et d'Homo sapiens, et notamment à un réexamen exhaustif de la calotte crânienne de Ceprano, découverte en 1994 dans le sud du Latium (Italie), qu'il s'agissait de mieux caractériser, définir et exploiter.
Utilisant la morphométrie géométrique [mesure précise des formes] et s'intéressant aussi aux caractères discrets [caractères non constants, observables sur certains crânes, cette « méthodologie originale pourrait permettre de reconsidérer de nombreuses problématiques taxonomiques en paléoanthropologie », souligne le site d'information du Cnrs.
Un seul crâne, beaucoup d'interprétations
Attestant, avec d'autres fossiles, de l'ancienneté du peuplement de l'Europe, notamment par sa morphologie archaïque et sa relation possible avec des assemblages oldowayens de la même région, le crâne de Ceprano avait d'abord été estimé à 8 ou 900 000 ans d'âge. Une récente redatation multidisciplinaire du site le place finalement entre 430 et 385 000 ans.
Les auteurs soulignent que son statut taxonomique a jusqu'ici été controversé : Homo erectus 'récent', Homo antecessor adulte, holotype d'une nouvelle espèce alors nommée Homo cepranensis, ou encore, d'après certaines affinités morphologiques avec des fossiles du Pléistocène moyen (780 à 130 000 ans BP) d'Afrique et d'Europe, spécimen ancestral d'Homo heidelbergensis ?
Les nouvelles conclusions
L'équipe franco-italienne penche pour cette dernière hypothèse : « Les résultats soutiennent fortement l'unicité de H. heidelbergensis sur un large horizon géographique, y compris l'Eurasie et l'Afrique. Dans ce cadre, la calotte crânienne de Ceprano - avec sa combinaison particulière de traits archaïques et dérivés - peut représenter, mieux que d'autres spécimens pénécontemporains [presque contemporains], un type ancestral de cette espèce, précédant l'apparition de caractéristiques régionales autapomorphiques ['innovations' physiques] ».
D'après les auteurs, la ressemblance avec certains fossiles européens et non-européens, et le mélange de caractères primitifs et 'modernes', font du crâne de Ceprano - de façon cohérente avec sa datation - un bon morphotype ancestral de l'espèce Homo heidelbergensis. Une espèce unique, pont phylogénétique entre les formes fossiles du Pléistocène inférieur (de - 1,8 Ma à - 780 000 ans) et celles du Pléistocène moyen (de -780 000 à -130 000 ans), er qui se serait répandue en Afrique et en Eurasie vers la période charnière entre ces deux époques.
Un des enjeux majeurs
Se dispersant dans l'ancien monde, Homo heidelbergensis pourrait donc être le dernier ancêtre commun des hommes modernes et des Néandertaliens : « (...) bien que la diagnose d'H. heidelbergensis reste encore à clarifier, cette espèce pourrait représenter le taxon d'origine de la divergence entre les deux lignées distinctes du Pléistocène moyen : celle de l'homme de Néandertal en Europe et celle d'H. sapiens en Afrique », concluent les auteurs.
F. Belnet
Sources :
PLoSONE,
Cnrs.fr
Examiner.com
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