Mémoire de pierre
Alain Orthlieb
Roman
Nous sommes au néolithique, de nouvelles techniques bouleversent le mode de vie des hommes. L'agriculture qui se développe change les rapports humains...
Un roman destiné plus particulièrement à un public d'adolescents mais qui peut interesser également les adultes.
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Résumé de Mémoire de pierre
Si les deux jeunes héros de ce roman ont l’âge de Roméo et de Juliette le conflit qui naît entre leurs deux familles est d’une toute autre nature que celui qui opposait les Capulet et les Montaigut. Nous ne sommes pas dans la Vérone du quinzième siècle mais au pied d’un Causse, au bord d’un torrent six mille ans plus tôt.
Lorsque le regard noir de la jeune Cénolle croise le sourire de Sénoé, fils de Nour qui, ce matin d’été, s’apprête à franchir le gué, l’une comme l’autre ignore que ce pas est un pas de trop et qu’il va déclencher une série de malentendus et de drames dont il n’est pas interdit de penser que l’écho résonne encore aujourd’hui.
En s’installant dans la courbe de la rivière les Cénolles ont apporté avec eux un nouveau mode de vie lié à une connaissance née quelques siècles plus tôt au Proche Orient : l’agriculture, et avec elle son corollaire : la propriété.
Ce bouleversement, qui n’a pas d’équivalent depuis la découverte du feu, prépare inéluctablement la fin d’un monde où l’homme ne connaissait d’autres frontières que celles que lui dressaient la nature et les éléments.
Pour les Nours, peuple de chasseurs-cueilleurs qui, jusque là n’ont eu pour leurs voisins qu’une hautaine indifférence, le retour de Sénoé, avec en guise de gibier une jarre emplie de graines offerte par le chef des Cénolles, est vécu comme une humiliation. La réaction de certains sera violente.
Surprise avec son petit frère, par l’incendie provoqué par les Nours, Fa, la jeune Cénolle n’a d’autre solution que de gagner la rive des Nours. Ils sont rejetés au torrent. Se mettant sciemment en rupture avec les règles de son clan, Sénoé les sauve. En compagnie de son frère d’adoption il va les cacher et demeurer avec eux le temps que la terre refroidisse et affronter des dangers dont l’homme ne sera pas le moindre. Ces périls et l’abnégation de Sénoé auront raison in fine de l’amertume et de la rancœur de la jeune Cénolle.
Parce qu’il place la désobéissance au dessus des lois du groupe lorsque la vie et la dignité de l’autre sont en jeu, Sénoé par delà le temps nous interpelle. C’est le thème de ce roman.
Pour preuve : les actes de Pierre Cassignol. Ce jeune garçon du même âge vit de nos jours dans le village cévenole situé à l’endroit même où vécu Sénoé. En découvrant dans l’ancien limon la pointe de silex d’une flèche perdue par ce lointain ancêtre, et que personne n’a touchée avant lui, il crée un lien entre des évènements dont je le fais témoin et acteur dans les mêmes lieux où se déroula l’aventure de Fa et de Sénoé. C’est à lui que je raconte leur histoire…
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Editions Baudelaire
ISBN 978-2-35508-722-6-05-01
Dépôt légal 2e trimestre 2011
Un extrait de Mémoire de pierre
Ils étaient cinq. Six avec la jeune fille. Peut-être valait-il mieux faire preuve de souplesse à présent. C’était certainement l’avis de Gurd qui lui fit signe discrètement que regagner l’autre rive était à présent la meilleure option, ce qui eut, sur le jeune garçon, l’effet inverse
– « Et ça, c’est quoi ? Fit Sénoé montrant du menton la tête encornée au dessus d’eux.
– Ça, répondit Courtepatte, c’est pour montrer la limite au-delà de laquelle il est dangereux aux jeunes écervelés de s’aventurer…
– La… limite. Quelle limite ?
– La limite du territoire des Cénolles.
– Du quoi ?
– D’ici jusqu’au pied des Collines Bleues cette terre nous appartient. Tu comprends ? »
Non.
Non, Sénoé ne comprenait visiblement pas.
Pendant quelques secondes le jeune garçon demeura immobile. D’un geste brusque de la tête il rejeta sur le côté les cheveux qui masquaient son regard et le Cénolle y vit luire un éclat qui lentement virait de l’incompréhension à la colère.
Depuis toujours les Nours et leurs semblables de part le monde avaient arpenté celui-ci à la mesure de leurs besoins. Saisons après saisons ils avaient, au gré de leurs errances, cueillis les premières guignes à l’orée des forêts, les fraises, les framboises, les mûres et les airelles. Sous les ardeurs du soleil, tandis que les hommes chassaient, les femmes et les enfants glanaient l’orge sauvage et l’épeautre dont ils faisaient déjà quelques maigres galettes. Lorsque les rayons du soleil devenaient plus obliques et que les nuages commençaient à pleurer l’automne aux crêtes des falaises, ils cueillaient les petites poires dures et ramassaient les châtaignes. Jusqu’aux grandes plaines du septentrion, avec les jeunes garçons en âge de porter l’épieu, de manier le propulseur ou la fronde, les hommes avaient cheminés vers les grands troupeaux de bovins et d’équidés, à la rencontre d’autres clans avec lesquels ils partageaient l’affût et la course, les risques et l’effort avant de se retrouver autour des grands feux pour échanger les souvenirs d’autres chasses et d’autres horizons. Et tout cela sans autres limites à leurs marches que ce que leur imposait la nature. Sans autres barrières que celles des montagnes enneigées ou la crue des fleuves.
Et voilà que, tout à coup, Sénoé voyait se dresser entre lui et son gibier une barrière faite de main d’homme. Et que la terre de tous les hommes devenait par la volonté de quelques-uns la propriété d’une poignée d’individus. Un… comment avait dit ce bas du cul ? Un territoire.
Jamais jusqu’à ce jour l’homme ne fut propriétaire d’autre chose que ses armes, sa vêture, ses outils, son abri, ses enfants, et encore… Mais la terre, les forêts, les collines, les rivières. L’arbre, la roche, l’eau, l’herbe toutes ces choses où se cachent les mânes des ancêtres … L’ombre et la lumière, le vent et la pluie… Qui donc, d’un seul coup, pouvait prétendre dire : « C’est à moi ! ».
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Mais celui sur lequel s’attardaient davantage le regard et les pensées de l’Ancien c’était le jeune Sénoé. Celui-là n’était pas comme les autres. Plus délié de corps, certes, parce qu’il était encore au milieu de son adolescence, alors que son cousin était déjà adulte, il était aussi plus délié d’esprit. Ainsi avait-il fait ce que nul de ses fils n’avait entrepris. Il avait lié connaissance avec ces autres à qui, sous la férule de son père, le clan tout entier tournait le dos. Il avait transformé le hasard d’une chasse mal commencée en un avantage incontestable. Il avait forcé le destin.
Son destin.
Et peut-être aussi celui du clan.
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