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Cain, Abel et Ötzi, l’héritage néolithique
Caïn, Abel, Ötzi, l’héritage néolithique
Jean Guilaine
Editions Gallimard
Le Néolithique, un grand tournant de l’humanité…
Le Néolithique ce n’est plus de la préhistoire c’est de l’histoire. La césure que l’on met met généralement c’est l’écriture… Pour moi l’écriture n’est qu’un pâle marqueur.
Jean Guilaine
Présentation par l’éditeur :
Vers la fin des temps paléolithiques, au terme de près de trois millions d’années d’histoire, l’humanité change brusquement de façon de vivre : des groupes de chasseurs-cueilleurs font l’expérience de la sédentarisation, renforcent l’aspect végétal de leur diète, commencent à manipuler céréales et animaux et se transforment peu à peu en agriculteurs et en éleveurs. Le Néolithique a commencé.
Pour Jean Guilaine, ce moment de basculement n’est pas tant une fin qu’un commencement : étalé suivant les régions d’environ – 12000 à – 3000, il ouvre les portes de l’Histoire et pose le socle initial de nos sociétés. Car ces populations, désormais rurales, sont assez vite confrontées à la plupart des problèmes des communautés historiques : pulsions démographiques, politiques de colonisation, implantation de frontières, maîtrise de la nature, luttes pour le pouvoir, conflits intervillages…
Trois noms symbolisent cette révolution : Caïn, le premier agriculteur, Abel, le premier berger, et Ötzi, alias Hibernatus ou l’Homme des glaces, peut-être le premier… tueur en série. Pour l’auteur, cet éventail de rôles délivre la leçon du Néolithique. Bien investi, régulé, le milieu est le meilleur auxiliaire de l’homme, mais pressions démographiques, appât du profit, stratégies économiques pour vivre aux dépens des plus faibles entraînent une exploitation exacerbée de l’environnement et un monde aux tensions permanentes.
288 pages
14,2 x 22,5
Editions Gallimard
La seconde naissance de l’homme – Le Néolithique existe également en Ebook format Kindle
L’auteur, Jean-Guilaine
Né le 24 décembre 1936 , Jean Guilaine est un archéologue spécialisé dans l’étude du Néolitique et de la Préhistoire récente. Après une carrière exemplaire au CNRS il est, depuis 1994, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de Civilisations de l’Europe au Néolithique et à l’Age du Bronze. Il est l’un des plus grands spécialistes du Néolithique.
Derniers ouvrages :
– Sépultures et Sociétés
– Cain, Abel et Otzi l’héritage néolithique.
Il est l’également l’auteur d’un roman : Pourquoi j’ai construit une maison carrée.
Sommaire de « Caïn, Abel, Ötzi, l’héritage néolithique«
Pourquoi le Néolithique ?
Où ? Quand ? Comment ? Un survol
Diffusion
La maison et le village
Le social
Techniques
Alimentation et autres usages
Le corps, des corps
Immaginaire, idéologie
Des mythes modernes
Un extrait de « Caïn, Abel, Ötzi, l’héritage néolithique »
Pourquoi le néolithique?
Première question: pourquoi le néolithique? Pourquoi, après une multitude de millénaires passés à chasser et à cueillir des plantes sauvages, l’homme a-t-il décidé de modifier totalement son comportement en abandonnant une forme de mobilité (souvent relative il est vrai) pour se fixer, se mettre à semer des céréales, des légumineuses, tirer parti de tubercules, faire reproduire des animaux en captivité, vivre dans des villages selon des règles partagées par leurs habitants? Ce changement de vie implique aussi des rythmes économiques totalement repensés. Le chasseur consomme son gibier immédiatement. Il peut certes boucaner la viande de l’animal tué mais ses réserves sont généralement à court terme. Il est fréquemment en quête de nourriture et adapte ses activités de prédation en fonction de l’alimentation recherchée. Le paysan, au contraire, joue le long terme: il sème mais il sait que la récolte ne viendra que beaucoup plus tard. Comme il faut bien vivre entre-temps, il a intérêt à stocker pour pouvoir disposer de réserves. L’exploitation du temps, sa perspective sont autres, le calendrier l’est aussi. Bien des anthropologues, et notamment Marshall Sahlins, ont montré, enquêtes chiffrées à l’appui, que le temps consacré par le chasseur à l’acquisition de sa nourriture est inférieur à celui que l’agriculteur doit investir dans la préparation des champs, la mise en culture, les récoltes, le traitement de celles-ci et leur conservation, le gardiennage des troupeaux et leur entretien, etc. Pourquoi, donc, avoir décidé de se compliquer la vie? De fait, il n’est pas que des contraintes dans l’économie de production – agriculture et élevage. Cette dernière apporte une sécurité que la chasse et la collecte, plus aléatoires, n’assurent pas: une alimentation maîtrisée et disponible autant qu’on le veut. Elle permet de nourrir un plus grand nombre de bouches, elle libère des flux démographiques. Toujours plus de bras pour travailler, davantage d’enfants, une espérance de vie en hausse. Ces acquis doivent aussi être pris en compte dans tout essai comparatif.
Les tentatives de réponse à cette interrogation – pourquoi le néolithique? pourquoi l’agriculture? – ont été, on s’en doute, diverses. Elles ont souvent revêtu un caractère théorique et c’est sur ce plan que nous les examinerons d’abord. Globalement et de façon schématique, on peut les regrouper selon deux tendances principales: l’homme est contraint de changer ou bien l’homme décide de changer. Dans le premier type de réponse, l’homme subit des pressions qui le poussent à transformer sa façon de vivre. Dans le second, il est maître de son destin et fait, en toute liberté, des choix de comportements nouveaux. Allons plus avant, mais en ne perdant jamais de vue le caractère souvent spéculatif de la plupart des thèses évoquées ci-après.
Laurent Carozza, Cyril Marcigny