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Le Néolithique
Age de la pierre polie |
Jusqu’à la fin du Paléolithique, les hominidés s’alimentent en pratiquant la chasse, la pêche ou le charognage, et en cueillant des plantes ou des fruits. Ce sont des cueilleurs-chasseurs nomades qui suivent les mouvements de la faune chassée. Ils établissent des campements temporaires en fonction de leur zone de chasse et des saisons.
En quelques milliers d’années l’homme va passer du statut de prédateur à celui de producteur. Il va tenter de dominer la nature et de la transformer pour mieux l’utiliser.
« Le néolithique, c’est d’abord la première manipulation de la matière vivante; végétale ou animale, par l’homme et la construction d’un milieu désormais controlé » La seconde naissance de l’Homme, Jean Guilaine.
Des évolutions plutôt qu’une révolution
Si la littérature a souvent utilisé le terme de « révolution néolithique »*, c’était pour exprimer le changement profond des habitudes, des techniques et du mode de vie des hommes préhistoriques sur une période comprise entre – 12 000 et – 5 000 ans.
Plus qu’une révolution c’ est une évolution lente et géographiquement disparate qui s’est installée de par le monde. De plus, suivant les régions, ces changements ne se sont pas tous déroulés dans le même ordre. Par exemple les premières traces de sédentarisation ont été retrouvées au Proche-Orient il y a 12 500 ans.
*Gordon CHILDE, A New. Light on the Most Ancien East. 1934.
Chronologie du néolithique
De Limite supérieure | A Limite inférieure | Les différentes périodes | Caractéristiques |
– 3 950 | – 4 500 | Néolithique final | Tombes collectives |
– 4 500 | – 5 300 | Néolithique moyen | Premières architectures en terre et en bois Premières sépultures mégalithiques |
– 5 300 | – 6 500 | Néolithique ancien | Premiers villages sédentaires Haches polies, Poterie et Céramique |
de 9 500 à – 6 500 | de – 12 000 à – 9 500 | Mésolithique ou épipaléolithique | Elevage / Domestication animaux Sédentarisation Agriculture |
Les évolutions du néolithique
C’est tout d’abord au Moyen-Orient que nous retrouvons les premières traces du Néolithique. La zone formée principalement par les actuels Israël, Cisjordanie et Liban est appelée le croissant fertile. Dans cette région, Homo sapiens commence à cultiver des céréales et à domestiquer des animaux vers 9500 avant notre ère. Le croissant fertile bénéficiait à l’époque de conditions climatiques clémentes (réchauffement) qui ont favorisé l’essor de nouvelles technologies, particulièrement dans l’agriculture.
On estime que le développement néolithique en Europe ou en Afrique du nord ne s’est réalisé progressivement qu’à partir de 8 500 ans.
La sédentarisation
Les premières traces de sédentarisation dans le croissant fertile sont principalement dues à la « richesse » de la région :
– un climat propice
– des céréales sauvages comme l’engrain, des légumineuses poussant à profusion (lentilles, pois…)
– de nombreux ongulés (chèvres, mouton…) faciles à chasser.
Les hominidés ne sont plus obligés de se déplacer car ils trouvent suffisamment de nourriture à proximité de leurs campements.
Dans le Moyen-Orient, la sédentarisation a donc précédé l’agriculture et l’élevage, alors qu’en Europe, ces évolutions ont été simultanées.
On trouve les premières traces de village à Aïn Mallaha ou Eynane (Israël). La vingtaine de « maisons » est datée de 12 000 ans et ses habitants, les Natoufiens, ne pratiquent pas encore l’agriculture. Ils vivent de chasse, de pêche et de cueillette.
Les débuts de l’agriculture
En cherchant sa nourriture, l’homme préhistorique découvre progressivement le processus de germination des céréales. On peut penser qu’il cherche à consommer les épis les plus gros et qui tiennent le plus sur les tiges, s’évitant par là-même un travail supplémentaire de ramassage.
Du ramassage organisé il commence à protéger les plans puis a semer intentionnellement les épis qu’il a sélectionnés… Ce sont les premières traces de sélection génétique !
Si l’on retrouve des traces de cueillette intensive de céréales il y a 20 000 ans, les débuts de l’agriculture volontaire sont eux estimés à – 10 500 ans dans le croissant fertile (Qaramet, Syrie).
L’élevage la domestication
L’homme préhistorique chassait toutes sortes de proies avant de remarquer que certaines espèces se laissaient plus facilement approcher que d’autres. Cette « proximité » avec certains animaux a dû donner envie aux hommes de favoriser cette cohabitation. Il est plus facile d’attraper une chèvre ou un porc vivant à proximité de la hutte, qu’un animal sauvage qui décampe quand on s’approche à moins de 30 mètres.
La domestication a toutefois dû se réaliser lentement, l’espèce humaine comme la faune devant trouver chacune des avantages à ce voisinage.
Pour Jean-Denis Vigne, « les premières espèces domestiquées furent la chèvre, le mouton, le porc et le boeuf… elles l’ont toutes été à peu près en même temps, vers 8 500 avant J.-C., au Proche-Orient.«
Selon une étude de l’UCL (Londres) publiée en septembre 2009, le lait a commencé à pouvoir être consommé il y a 7500 ans dans le centre de l’Europe, conséquence logique de l’élevage de bovins.
Les outils, les armes
Aux débuts de la science préhistorique, c’est le le polissage des outils en pierre qui a le plus caractérisé la période du Néolithique. En effet cela représentait les premières traces facilement visibles et repérables de cette nouvelle civilisation.
Les outils, qui jusque là étaient uniquement travaillés pour obtenir un bord tranchant, vont bénéficier d’une opération de finition, le polissage.
La hache et l’herminette vont profiter de ce traitement, ce qui va permettre aux hommes de travailler plus efficacement et finement. Les outils polis sont de plus en plus spécialisés et permettent un meilleur rendement dans le travail des matériaux (comme le bois ou la terre, par exemple).
Les armes, pour la chasse, vont également être polies, ce qui va nettement augmenter leur pouvoir de pénétration. Voir la page consacrée à l’arc et aux flèches au Néolithique.
Les premières pierres polies sont datées de 6000 ans.
La céramique
L’invention et l’utilisation de la céramique sont une conséquence logique des avancées précédentes du Néolithique. La sédentarisation et l’agriculture vont provoquer de nouveaux besoins chez l’homme.
La conservation des aliments dans des récipients va remplacer la simple fosse creusée dans le sol. Le récipient va permettre de mettre à l’abri des animaux et des intempéries les céréales collectées.
La cuisson des aliments va être facilitée par l’utilisation de récipients résistants au feu. Les aliments, même liquides, vont pouvoir être cuits plus longtemps sans carboniser.
Les premières céramiques sont fabriquées sans « tour de potier », tout simplement en montant les uns sur les autres des colombins d’argile. Le récipient ainsi obtenu était cuit dans une petite cavitée creusée à même le sol. L’utilisation de véritables fours ne se fera que beaucoup plus tard.
Les premières poteries utilitaires sont apparues vers – 8000 ans et se généralisent vers – 6000 ans. La cuisson de poteries est prouvée sur les sites de Catal Huyuk (Anatolie) et Tepe Guran (Mésopotamie).
Pourquoi cette hausse de la natalité ?
Cette augmentation du rapport se retrouve dans différentes régions du monde et toujours après la sédentarisation.
Pour expliquer ce véritable baby-boom les chercheurs indiquent que la sédentarisation a séparé les bébés de leur mère, le sevrage devenant plus précoce… En effet au Paléolithique, les nomades transportent leurs enfants avec eux, maintenant un contact quasi perpétuel du bébé avec sa mère. La période d’allaitement est donc plus longue et la femme ne peut enfanter à nouveau.
Avec la sédentarisation, le bébé est plus souvent éloigné de sa mère, et celle-ci redevient plus rapidement fertile pour de nouvelles grossesses. La fertilité peut ainsi être portée à plus de huit enfants par femme.
Pour Jean-Paul Demoule : « Le Néolithique proche-oriental le plus ancien du monde provoque bientôt une poussée démographique de plus en plus forte. En effet, si l’ethnologie nous montre que les chasseurs-cueilleurs, ou plutôt les chasseuses-cueilleuses, ont en moyenne un enfants tous les trois ans, c’est pratiquement un enfant par an que mettent au monde les agricultrices dans les sociétés traditionnelles – même si la moitié mourait avant l’âge d’un an. » (Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’histoire / 2018)
La fouille de la grotte d’Eybral (Dordogne), réalisée entre 1971 et 1973, a révélé l’existence d’une sépulture collective reunissant plus de 60 individus.
La base du remplissage est constituée d’une couche noire renfermant des charbons et des ossements humains brûlés. Des plaquettes calcaires présentant des traces de combustion séparent ce premier niveau d’une couche d’ossements peu ou pas brûlés. L’ensemble est recouvert d’une couche d’argile.
Texte du Musée d’Aquitaine à Bordeaux
Dans un premier temps cette hausse de la natalité a certainement apporté une surmortalité infantile : il n’y avait pas assez de nourriture pour tous.
Nos ancêtres du Néolithique se seraient alors tournés vers d’autres sources d’alimentation : l’agriculture et l’élevage… «C’est la crise démographique due au trop grand nombre d’enfants qui a certainement conduit à l’adoption de ce nouveau moyen de production. Ce dernier a ensuite intensifié la sédentarisation, laquelle a augmenté encore la fécondité. Une sorte de processus qui s’est auto-alimenté.»
Une religion néolithique ?
Datant du néolithique de nombreuses statuettes, le plus souvent féminines, ont été mise au jour, plus particulièrement sur les sites mégalithiques. Les archéologues ont découvert de telles statuettes à Malte, sur le site de Catal Höyük (Turquie), à Ain Ghazal (Jordanie), à Villers-Carbonnel (France)…
Pour Marylène Patou-Mathis « Cette statuaire féminine a conduit de nombreux chercheurs, se référant à l’archétype de la déesse-mère présent dans de nombreux mythes, à soutenir que dès le néolithique des cultes étaient rendus à une « mère » originelle et universelle. » Mais un peu plus loin la préhistorienne précise « Dans les années 1990, l’hypothèse de l’existence de la déesse-mère est remise en question par plusieurs archéologues féministes…. Aujourd’hui, l’existence, au Néolithique , d’un culte rendu à une déesse mère unique et universelle n’est pas archéologiquement prouvée« . (L’Homme préhistorique est aussi une femme,2020)
Une véritable poussée de la démographie
Pour l’archéologue Jean-Paul Demoule l’invention de l’agriculture et de l’élevage ont véritablement déclenché une révolution néolithique. En 2014 il écrit « Il y a 12 000 ans, l’humanité ne comptait que quelques centaines de milliers d’individus, répartis sur l’ensemble du globe en petits groupes de quelques dizaines d’individus… 12 000 ans plus tard, l’humanité compte sept milliards d’individus dont la moitiée est touchée soit par la malnutrition, soit par l’obésité…« .
C.R.
Laurent Carozza, Cyril Marcigny
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