Des droitiers et des gauchers... déjà à la Préhistoire
Depuis au moins 500 000 ans la latéralisation existe...
Entre 8 et 15% de la population utilise sa main droite en priorité
L'être humain n'est pas le seul animal qui présente une préférence dans la manipulation d'objets, d'aliments... Mais en revanche nous sommes la seule espèce où l'une des deux latéralisations possibles (droite ou gauche) est aussi majoritaire. En effet, chez l'Homme les gauchers sont minoritaires alors que la grande majorité est droitière.
La proportion est de 9 pour 10 à l'avantage des droitiers.
N'oublions pas, pour terminer ce petit panorama, que 1% de la population est ambidextre.
Cette caractéristique humaine s'est-elle développée avec l'apparition des Homo sapiens ou a-t-elle été partagée avec d'autres espèces d'hominidés plus anciens ?
C'est à cette ancienneté que s'est attaquée une équipe internationale de scientifiques sous la direction de David Frayer (Professeur d'anthropologie à l'Universités du Kansas). Il a publié avec ses collègues italiens espagnols et croates le résultat de son étude dans la revue Laterality.
L'étude
Les scientifiques ont cherché l'ancienneté de cette latéralisation disproportionnée en étudiant divers éléments du Paléolithique : dents humaines, vestiges d'art préhistorique, outils...
Ce sont les études de dents fossilisées qui ont apporté le plus d'éléments déterminants. Les traces spécifiques sur ces dents ont permis de déterminer si les hommes préhistoriques étaient gauchers ou droitiers.
L'étude porte en particulier sur les dents provenant du site de La Sima de los Huesos (Burgos, Espagne). La plus vieille dent fossilisée, datée de - 500 000 ans appartenait à l'espèce Homo antecessor connue comme ancêtre de Néandertal en Europe.
L'étude a mis en évidence des marques dues à l'introduction d'un outil de pierre dans la cavité buccale. Son orientation permet de déterminer si l'individu était gaucher ou droitier.
L'étude des dents retrouvées sur le site espagnol, mais également sur des sites néandertaliens européens, montre que ces hominidés anciens étaient droitiers à 93,1%, ce qui est proche de la proportion qu'on observe dans la population humaine actuelle.
Ce que cela implique...
Tout d'abord les chercheurs indiquent que les résultats ne sont pas définitifs et qu'il faudra bien sûr les confirmer avec d'autres études sur d'autres sites.
Cette latéralisation « déséquilibrée », caractéristique de l'espèce humaine, est donc une évolution ancienne de plus de 500 000 ans, partagée par d'autres hominidés européens. Ce n'est donc pas une exclusivité d'Homo sapiens, espèce qui ne s'est développée que depuis 200 000 ans.
David Frayer et son équipe indiquent que « cette étude de la latéralisation a des implications sur notre compréhension des capacités de langage des populations anciennes, parce que le langage est principalement situé sur le côté gauche du cerveau, qui contrôle le côté droit du corps. Il y a une connexion entre la latéralisation droite et le langage».
Sources :
ScienceDaily
Image
Photo d'une dent étudiée retrouvée sur le site de Vindija (copyright University of Kansas)
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