La bipédie des australopithèques proche de la nôtre ?
Une voûte plantaire similaire à celle d'Homo sapiens ?
Une nouvelle étude parue dans la revue Science du 10 février 2011 accorde aux australopithèques une bipédie similaire à celle de l'homme moderne du fait d'une courbure du pied. Les conclusions lapidaires de cette étude ne sont, toutefois, pas admises par l'ensemble de la communauté scientifique.
L'étude
Carol Ward (Chercheur École de médecine de MU), William Kimbel et Donald Johanson (Institut des origines de l'homme, Arizona State University) ont étudié les os du pied d'un Australopithecus afarensis daté de -3.2 millions d'années (trouvé sur le site de l'Hadar en Ethiopie). Cette espèce est notamment très connue par la médiatisation d'un de ses représentants : Lucy.
Avant cette publication, on attribuait à cette espèce l'arboricolisme comme principal moyen de locomotion mais également la possibilité d'une bipédie spécifique, plus chaloupée que la nôtre, moins raide.
Un peu de culture du tarse...
Le squelette du pied humain présente des spécificités anatomiques du fait de sa bipédie caractéristique. L'arche interne formée par le pied entre les orteils et le talon est un élément fondamental de la bipédie humaine. Celle-ci permet d'absorber les chocs mais également de fournir un point d'appui pour pousser sur nos pieds et aller de l'avant.
Au centre de cette cambrure se trouve le métatarse formé de cinq os : les métatarsiens. Chez l'homme ceux-ci sont légèrement courbés du fait de la forme en arche du pied.
Le métatarse d'Australopithecus afarensis est, à ce jour, le seul fossile retrouvé pour cette espèce... Son étude est donc primordiale.
Le quatrième métatarsien d'Australopithecus afarensis
L'étude de l'os métatarsien montre une courbure similaire à celle de l'homme actuel. Si cette étude est confimée, cela modifierait de manière conséquente la vision que nous avons du mode de vie des australopithèques.
Avec une bipédie proche de celle d'Homo sapiens,
A. afarensis arait pu marcher sur de plus longues distances, gérer différemment la recherche de nourriture et aurait eu la faculté de s'adapter à des environnements plus ouverts et moins boisés.
Il faut noter que cette étude ne porte que sur un seul métatarsien fossilisé. La découverte et l'analyse de plusieurs nouveaux ossements du pied seront nécessaires pour confirmer la bipédie quasi humaine de l'espèce A. afarensis.
Les réactions
«L'os qui a été récupéré sur le site Hadar a toutes les caractéristiques, la forme et la fonction du pied de l'homme moderne" a expliqué William Kimbel, directeur de l'Institut des origines de l'homme à l'Arizona State University, États-Unis.
Le professeur Yves Coppens, (interrogé par Le Figaro) note que "des fossiles d'une autre espèce d'australopithèques, plus évoluée (dont l'homme descend en ligne directe), ont été découverts sur ce même site... et que le fameux os pourrait tout aussi bien lui appartenir... "
Pour Yvette Deloison, "Trouver un 4ème métatarsien, c'est mieux que rien mais un 1er ou un 5ème aurait été beaucoup plus utile car plus explicite d'une forme de pied ou de locomotion. D'après la photo vue sur internet, AL333-160 ressemble beaucoup à StW 596 de Sterkfontein, trop grand pour appartenir à un pied d'australopithèque mais contrairement à ce dernier, et comme l'os de Sterkfontein, il peut être attribué à une locomotion bipède. Il vient, alors, en confirmation de l'existence sur ce site d'un Homo primitif.
Je rappelle que les os des pieds des australopithèques et encore plus des A. afarensis appartiennent à des pieds présentant nettement des caractères de pieds préhensiles donc arboricoles. Ils ne pouvaient marcher en bipédie qu'à la manière des grands singes actuels seulement sur de très courtes distances.
Envisager un primate avec le haut du corps arboricole et le bas bipède relève du « non sens » anatomique.(Préhistoire du piéton, Plon 2004)"
C.R.
A noter :
Lors d'une précédente étude le chercheur David Raichlen
a démontré que la bipédie telle que l'homme moderne la pratique est la solution la plus économique d'un point de vue énergétique.
En mars 2010, une précédente étude comparait les traces de pas laissées à Laetoli
pour déterminer également le type de bipédie des australopithèques.
Sources :
BBC News
Sciences et Avenir
Figaro
Science article payant
News 11/02/11 |