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La bipédie de l’orang-outan pour comprendre la bipédie humaine ?
Une étude sur les différents mode de locomotion de l’orang-outan, la bipédie, l’arboricolisme…
Le vieux mythe du singe qui descend de l’arbre pour marcher revient avec l’orang-outan.
Dans la revue Science du 1er juin, Susannah Torpe et Roger Holder (Université de Birmingham) et Robin Crompton (Université de Liverpool) publient en commun les résultats de leur étude sur le comportement des orangs-outans de Sumatra. Cette étude a été menée pendant plus d’un an.
Le répertoire des modes de locomotion des orangs-outans.
Tout d’abord l’étude a permis de confirmer les 3 différents modes de locomotion connus de l’orang-outan :
– la marche à quatre pattes dans les arbres, sur les branches les plus grosses, permet la meilleure stabilité.
– la marche avec les pattes antérieures, aidée par les mains qui saisissent alors les branches pour stabiliser l’animal. Ce mode est utilisé sur les branches d’épaisseur et de solidité moyenne.
– la progression sur deux pattes sur les branches les plus fines, le corps redressé, les bras écartés, une sorte de bipédie. Parfois l’équilibre est maintenu avec les mains agrippées aux branches supérieures.
Une technique de locomotion originale
Cette dernière technique de locomotion « assistée avec les mains » pourrait être, selon les biologistes, à l’origine de la bipédie des hominidés, ceux-ci ayant donc pris l’habitude de se redresser pour avancer avant de pratiquer cette activité au sol. Cette hypothèse se rapproche beaucoup de la théorie selon laquelle nos ancêtres étaient des primates arboricoles dont la branche humaine serait « descendue » de l’arbre pour marcher… Cette théorie de l’homme descend de l’arbre n’est toujours pas prouvée.
Une hypothèse qui ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique
Selon Paul O’Higgins et Sarah Elton (Hull York Medical School), les conclusions de cette étude sur ces orangs-outans sont un argument plausible et élégant en faveur de l’émergence de la bipédie dans un contexte arboricole plutôt que terrestre.
Pour Brigitte Senut, découvreuse d’Orrorin : « On sait que Lucy n’a pas vécu dans une savane sèche et qu’Orrorin a vécu dans un environnement humide et boisé. Dans ce milieu, ils présentaient des adaptations à la grimpe tout en étant bipèdes. Elle indique également : Rien qu’au niveau du fémur, on ne peut pas confondre un homme et un orang-outan ! » (Le Figaro).
Yvette Deloison, anthropologue au CNRS, et spécialiste française de la bipédie : « Si notre ancêtre avait une anatomie permettant de faire ce que font les orangs-outans, avec des mains et des pieds si parfaitement adaptés au grimper et à la suspension, il aurait été beaucoup trop spécialisé pour pouvoir donner naissance à ce que nous sommes aujourd’hui. » (AFP) Yvette Deloison a part ailleurs publié une théorie totalement en contradiction avec une origine arboricole de la bipédie humaine. L’homme aurait simplement hérité sa bipédie d’un ancêtre ancien déjà bipède.
C.R.
Sources :
SciencesDaily
PNAS
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Brigitte Senut avec Michel Devillers