L'homme qui dessine
Benoît Séverac
Préface de
Francis Duranthon, paléontologue et directeur du Muséum d'histoire naturelle de Toulouse.
Un polar à la préhistoire.
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Présentation de l'éditeur Un polar vertigineux qui nous emmène, il y a
30 000 ans, et bouscule notre vision de la préhistoire et de nos origines.
L'Homme-qui-dessine a quitté son clan, celui des Hommes-droits, il y a trois hivers. Il a été chargé par les siens de parcourir le monde, d'en rapporter les contours et les reliefs sur des écorces de bouleau. Au cours de son voyage, il a fait partout ce constat amer : les tribus d'Hommes-droits se font de plus en plus rares, tandis que les Hommes-qui-savent, ces nouveaux venus au faciès plat, prospèrent avec une insolente vitalité.
Alors qu'il s'est aventuré plus loin qu'il n'a jamais été, l'Homme-qui-dessine est fait prisonnier par une tribu d'Hommes-qui savent dont les membres sont inexplicablement assassinés les uns après les autres.
Les Hommes-qui-savent ont besoin d'un coupable. L'Homme-qui-dessine a sept nuits, jusqu'à la prochaine lune, pour prouver son innocence. De sa survie dépend celle de son espèce. |
211 pages
SYROS JEUNESSE
Hominides.com
Nous nous retrouvons 35 000 ans en arrières dans la région de la grotte du Mas d'Azil en Arièges. Pour sauver sa peau, Mounj, un néandertalien, doit découvrir qui a tué plusieurs hommes de la tribu des « Hommes qui savent ». Un vrai polar ou le héro, pressé par le temps, n'a que sept jours pour trouver le coupable.
Un roman qui mêle habilement une paléo-enquête policière et la confrontation d'humanités différentes (Homo sapiens et Néandertal). Même si nous sommes sur un roman, l'auteur a respecté les connaissances scientifiques connues sur cette période. Pas d'anomalie ou d'anachronisme, nous voyons la vie au paléolithique telle quelle devait se dérouler !
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L'auteur
BENOÎT SÉVERAC est auteur de romans policiers et de nouvelles noires. Il a récemment présenté trois documentaires sur France 3 dans la série " Territoires Polars ". Ses deux premiers romans adultes ont reçu de nombreux prix, et il rencontre un succès similaire en littérature jeunesse. Il enseigne également l'anglais à l'école vétérinaire de Toulouse et fait de la musique dans un orchestre de rue. Il vit à Toulouse.
Un extrait de "L'homme qui dessine"
Chapitre un
Le renne blessé
En bas de la colline, près d'un passage à gué, un troupeau de rennes émerge de la pénombre. L'Hommequi-dessine vient de se réveiller, il a failli ne pas les voir. Ils se sont fondus dans la brume matinale pour sortir de la forêt et venir brouter l'herbe grasse des berges.
L'Homme-qui-dessine aperçoit les mâles qui se découpent dans le jour naissant. Il devine à leurs mouvements la méfiance déployée pour protéger le troupeau pendant qu'il s'abreuve.
Il profite d'une bourrasque qui le met en aval du vent pour descendre jusqu'à une zone marécageuse; il s'arrête un instant pour rassembler ses forces avant l'attaque et s'assurer que les cervidés n'ont pas détecté sa présence. Il sait qu'une fois dans l'herbe gorgée d'eau, ses pieds seront moins légers, ils feront davantage de bruit et seront moins rapides.
Il use de mille précautions mais à peine a-t-il fait quinze pas dans la tourbe que l'un des mâles redresse la tête, cesse de mastiquer et se met à humer l'air. L'Homme qui-dessine n'a pas le temps de s'en vouloir, le grand mâle bondit en direction de la forêt, entraînant le reste du troupeau. Seul un jeune faon est moins prompt à fuir.
L'homme, qui n'a plus rien à perdre, commence à courir pour mettre l'animal à portée de sagaie. Le jeune renne entre en mouvement au même moment, mais son arrière-train s'affaisse dans l'effort fourni pour s'extraire du ruisseau et rejoindre la terre ferme. L'homme a maintenant quelques secondes d'avance sur sa proie, et il a faim. La vue de cette masse de viande rouge irriguée de sang chaud lui donne des ailes. Il estime la distance et la force de son bras, et lance son arme. La sagaie frappe le renne au moment où il atteint la berge. Ses pattes avant se plantent dans l'herbe, comme si elles pouvaient s'y agripper, mais il est cloué sur place, paralysé par le coup, ses antérieurs continuant à brasser le sol alors que le reste de son corps s'enfonce dans l'eau. L'Homme-qui dessine a cessé de courir. Le reste du troupeau a disparu. Il s'approche du jeune animal qui s'essouffle à refuser l'issue du bref combat. Il se plante devant lui et l'observe tandis qu'il dépense ses dernières forces. Enfin, il l'achève en écrasant son crâne sous une énorme pierre. Il hisse la carcasse hors de l'eau et la dépose sur la berge. Quand il retire sa sagaie, il remarque une autre blessure en haut de la cuisse droite du jeune renne. Voilà pourquoi la bête a eu tant de difficultés à bondir hors de l'eau !
Il examine la plaie et y enfonce un doigt. Il rencontre un objet qui ne peut pas être un os. Une masse dure a déchiré les tissus et s'y est fichée. Il sort de son sac un bout d'os taillé en biseau pour le plonger dans la plaie. Il le tourne et le retourne, et finit par extraire une pointe le silex blanc, d'assez mauvaise facture. Le faon a déjà été pris pour cible. Il a échappé à une première blessure, récente. Il n'a pas pu parcourir une très grande distance, celui qui l'a touché n'est donc pas loin. Des hommes ont forcément dans les parages ! Si tel est le cas, ils ont peut-être déjà repéré l'Homme-qui-dessine. Son premier réflexe est de s'accroupir. Il n'avait pas pensé à cela ; il est à découvert dans ce vallon. Il inspecte rapidement les alentours afin d'écarter tout danger immédiat, puis se couche contre l'animal dont il se fait un rempart et s'immobilise. Rien ne se passe ; dans la frondaison, en haut des rochers, sur la rivière, rien ne bouge. Pas loin, il y a des humains, dont il ne connaît pas les intentions.
Après une longue attente, il décide de se relever. Il saisit le renne par les pattes arrière et le traîne à l'abri sous les arbres, Il se bâte de dépecer l'animal. Il ne prend pas le risque de faire un feu pour cuire la viande fraîche. Il se contente de manger le foie et le cœur, gorgés de vie, n'emportant que les quatre pattes dont il lie les extrémités autour de son cou à l'aide de lianes tressées. Il laisse la carcasse sur place et reprend sa progression, sans sortir du bois. Sa marche est lente et pénible, il se cogne aux branches et doit lutter contre les ronces, mais il veut voir sans être vu. On ne sait jamais comment peut se passer une première rencontre avec des humains, surtout si on commence par leur ravir une proie. Voyager seul est dangereux, il en a déjà fait l'expérience au cours de son périple. Il suffit de peu pour perdre la vie...
Questions à Benoït Séverac
Dans votre roman, vous prêtez des intentions à vos personnages qui peuvent paraître éloignées de celles que l'on associe généralement aux hommes préhistoriques. Quelle est la part de vérité et d'invention dans L'Homme-qui-dessine ?
Comme souvent, de la documentation naît la fiction. Les auteurs de littérature noire ont tendance à essayer de trouver un angle original au réel, une façon de voir leur sujet qui permette de l'éclairer de façon inattendue. C'est ce que j'ai fait en prenant comme postulat que Néandertal était aussi doté d'une conscience humaniste. Les philosophes m'opposeront qu'avant les Grecs, point d'humanisme ; « l'autre » était un barbare. Mais au cours de mes lectures, je suis tombé sur un article troublant publié dans Journal of Human Evolution qui nous apprend qu'une équipe de paléontologues de l'université de Saragosse, en Espagne, a découvert en 1993 dans les Pyrénées une pierre gravée dont les dessins sont restés abscons pendant des années... Jusqu'à ce que l'on
comprenne qu'il s'agissait d'un croquis de la vallée qui s'étendait au pied de la grotte dans laquelle la pierre a été découverte, représentant les points d'intérêt alentour (eau, gibier principalement), à l'intention des occupants suivants. Simple repérage pratique ou acte altruiste de transmission ? On voit que mon idée d'Homme qui dessine humaniste n'est peut-être pas si éloignée de la réalité. D'ailleurs, je suis particulièrement fier que Francis Duranthon, directeur du Muséum d'histoire
naturelle de Toulouse et paléontologue de renom, ait accepté de valider le contenu scientifique de mon roman. C'est bien la preuve qu'imagination et faits peuvent se retrouver dans un roman.
Combien d'années avant notre ère pourrait selon vous se dérouler cette histoire ?
J'ai situé l'action de ce roman en - 30 000 car c'est le moment crucial où Néandertal disparaît complètement et Sapiens sapiens prend l'ascendant, notamment dans les Pyrénées. Un autre élément est venu stimuler mon imagination : alors que j'avais déjà entrepris la rédaction de L'Homme-qui-dessine, des généticiens ont prouvé ce que les paléontologues soupçonnaient depuis quelque temps, à savoir que Néandertal et Sapiens sapiens se sont reproduits et que, contrairement à ce que l'on pensait jusqu'à l'invention de la biologie moléculaire, leurs descendants
issus de ces croisements ont été fertiles...
Au point qu'aujourd'hui, nous possédons un certain pourcentage d'ADN provenant de Néandertal. Cette découverte m'a conforté dans mon projet littéraire car une nouvelle fois, c'était un peu de réalité qui rejoignait ma fiction.
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