Homo floresiensis taillait ses outils de la même façon
qu'Homo sapiens !
Sur Flores, en Indonésie, le célèbre hobbit pratiquait la taille d'outils bien avant l'arrivée d'Homo sapiens sur l'île, et de la même manière...
Une équipe dirigée par Mark Moore, (archéologue, Université de la Nouvelle-Angleterre, Australie), a étudié les 11 600 outils de pierre et déchets de taille retrouvés à Liang Bua. Cette étude est publiée dans le Journal of Human Evolution.
Une stratigraphie qui permet d'attribuer les outils à chaque espèce
Plusieurs milliers de déchets issus de la taille d'outils ont été retrouvés dans la grotte de Liang Bua. Tous ces restes ont été exhumés d'une couche datée entre 95 000 et 17 000 ans. C'est de cette même strate que les ossements du hobbit ont été extraits. Au-dessus, une couche de tuf volcanique datée de - 12 000 ans marquait la limite avec l'occupation de la grotte par Homo sapiens il y a 11 000 ans. Les outils retrouvés sont donc à chaque fois identifiables par rapport à l'espèce qui les a façonnés.
L'étude des outils
Les scientifiques ont analysé les formes des outils, la position et l'angle des traces de frappe laissées lors du faconnage de l'outil. Ils ont ainsi pu reconstituer la séquence de construction de l'outillage. Ils ont par exemple pu déterminer que les petits hommes de Flores :
- commençaient toujours la fabrication d'un outil à l'extérieur de la grotte avant de la terminer à l'intérieur
- frappaient l'objet en utilisant une pierre comme marteau ou une autre comme enclume
- ont utilisé le même processus de fabrication pendant toute la durée de leur présence.
En effectuant les mêmes recherches sur les outils attribués à Homo sapiens, datés eux de - 11 000 ans, ils ont eu la surprise de voir que les méthodes et moyens étaient strictement les mêmes... Homo floresiensis a donc été un modèle pour Homo sapiens dans l'île de Flores.
Homo floresiensis précurseur à Flores ?
Pour Mark Moore cette ressemblance s'explique par le fait que les deux espèces se sont rencontrées et qu'elles ont du avoir des échanges. "Je peux imaginer comment différents hominidés peuvent utiliser les mêmes techniques de taille. Mais je trouve qu'il est plus difficile de comprendre comment des enchaînements de techniques pourraient être identiques, sans, au préalable, une observation directe ou une interaction."
Homo floresiensis s'est longtemps vu refusé le statut d'espèce à part entière par certains scientifiques. Avec sa petite taille et sa capacité crânienne équivalente à celle d'un chimpanzé, le Hobbit avait eu un peu de mal à se faire une place dans le buisson de l'humanité. Certains voyaient même en lui un individu atteint de pathologies diverses. Cette nouvelle étude lui donne maintenant le statut de fabricant d'outils et même de professeur d'Homo sapiens... une vraie promotion !
News 21/04/09
Sources :
- SciencesDirect
- ScienceNow
Photo
Chris Turney, University of Wollongong
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