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Les dents de Néandertal découvertes il y a 110 ans à Jersey nous étonnent encore ! (03/02/20)

Nouvelle étude des dents néandertaliennes de l’île de Jersey
Des dents découvertes dans la grotte de La Cotte de St Brelade, il y a 110 ans, révèlent des signes d’hybridation entre les Néandertaliens et Homo sapiens


Un site majeur de la présence de Néandertal en Europe de l’ouest
C’est entre 1910 et 1911, sur le site de La Cotte de St Brelade (île de jersey) que l’anthropologue Robert Ranulph Marett entame des fouilles. Son équipe met au jour des restes de faune (mammouth et renne principalement) ainsi que plus de 15 000 outils en silex. La preuve d’un habitat récurrent est apportée par la découverte de traces de foyers (silex chauffés) et surtout de dents d’hominidés. Au total, 13 dents sont attribuées par les chercheurs à Néandertal.  
En 1916, Robert R. Marett publie les résultats des fouilles (The Site, Fauna, and Industry of La Cotte de St. Brelade, Jersey 1916).
Ponctuellement, en fonction de l’évolution des techniques, les artefacts de la grotte de la Cotte bénéficient par la suite de nouvelle études. En 1994, les silex chauffés sont datés par thermoluminescence à 238 000 ans pour les plus anciens. En 2013, les sédiments contenant les dents sont datés par la méthode OSL (luminescence stimulée optiquement) entre - 48 000 et -100 000 ans.
Photo : Natural History Museum.


Une trace de métissage ?
Des chercheurs, dirigés par Chris Stringer (Natural History Museum de Londres), ont repris l’étude des 13 dents trouvées entre 1910 et 1911. Ils ont utilisé des tomodensitométries (TDM) de celles-ci pour les examiner à un niveau de détail, impensable pour les chercheurs du siècle dernier. Premier élément, si les premiers chercheurs pensaient que toutes les dents appartenaient à un seul individu, la nouvelle étude a permis de déterminer qu’en fait au moins 2 individus étaient concernés. Ils sont arrivés à la conclusion que tous les spécimens de dents ont, certes, des caractéristiques néandertaliennes, mais que certains aspects de leur morphologie sont plus proches de celles d’Homo sapiens... La meilleure hypothèse pour expliquer ces caractéristiques est que les Néandertaliens et les Homo sapiens se soient hybridés. C’est d’ailleurs ce qui a été prouvé par d’autres études génétiques.
Le professeur Stringer (Natural History Museum de Londres) rajoute : "Étant donné que les hommes modernes étaient contemporains des hommes de Néandertal dans certaines parties de l'Europe il y a 45000 ans, les caractéristiques inhabituelles de ces individus de La Cotte suggèrent qu'ils auraient pu avoir une double ascendance Néandertal / Sapiens. "
Par ailleurs, la datation des dents à -48 000 ans place ces restes néandertaliens assez proches de la date présumée de leur extinction (-40 000 ans).

Photo Natural History Museum

Un lieu de rencontres il y a 50 000 ans
À l'époque où ces Néandertaliens parcouraient la régions, l’environnement était très différent d’aujourd’hui. Le climat dans cette partie du monde était plus froid qu'aujourd'hui et le niveau de la mer était beaucoup plus bas, de plusieurs dizaines de mètres.
Le co-auteur de l’étude, le professeur Matt Pope (Institut d'Archéologie de l'University College London - UCL), a déclaré que la région était « un fantastique endroit pour la chasse", en raison de ses "vallées sans issue et de ses ravines aveugles" qui permettaient de piéger le gibier.
Parlant de la grotte La Cotte de St Brelade, il rajoute : "Les cavités de cette échelle et de cette taille sont extrêmement rares dans ce paysage. Les préhistoriques l’avaient remarqué et semblent l’avoir intégré dans leurs habitudes, revenant à cet endroit pendant des dizaines de milliers d'années."
De fait, les recherches montrent que la plus ancienne trace de passage sur le site de La Cotte remonte
à - 250 000 ans.

Les études continuent
"Cette idée d'une population hybride pourrait être génétiquement testée par la récupération de l'ADN des dents, et est actuellement à l'étude", a déclaré le professeur Stringer (Natural History Museum de Londres).


Sources

The morphology of the Late Pleistocene hominin remains from the site of La Cotte de St Brelade, Jersey (Channel Islands)
Tim Compton, Matthew M.Skinner, Louise Humphrey, Matthew Pope, Martin Bates, Thomas W. Davies, Simon A. Parfitt, William P.Plummer, Beccy Scott, Andrew Shaw, Chris Stringer

BBC
Natural History Museum


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