Finalement, quelle est la date de l'extinction de l'Homme de Néandertal ?
En Espagne, les dernières "poches de résistance" des Néandertaliens sont-elles plus anciennes qu'on ne le pensait ? C'est ce qu'avance cette étude qui fait reculer les derniers Néandertaliens espagnols de 10 000 ans !
Des sites qui avaient déjà été datés
Une équipe internationale livre ses conclusions sur l'étude des datations des derniers sites néandertaliens. Elle remet en cause les dates des grottes de Jarama VI (Guadalajara) et Zafarraya (Malaga), considérées jusqu'à présent comme deux des derniers bastions de l'homme de Néandertal en Espagne. Ces sites ont également été choisis car se sont les seuls dont les ossements contenaient une dose suffisante de collagène. Ces sites étaient jusqu'à présent datés, par une méthode radiométrique, aux environs de - 33 000 ans. Les résultats de l'étude ont été publiés en ligne le 4 février dans les PNAS.
A gauche, photo de la grotte de Zafarraya -
Málaga / Cecilio Barroso
Près de 10 000 ans en plus…
L'équipe a utilisé une méthode de datation plus complexe qui, tout en gardant la méthode par le radiocarbone, purifie le collagène des ossements étudiés. Cette technique (AMS) qui filtre et sépare le collagène des impuretés, exige toutefois des quantités plus importante d'échantillons.
En appliquant cette technique plus sophistiquée, les scientifiques ont fait reculer l'âge des fossiles de presque 10 000 ans. Ce qui indiquerait que ces 2 sites ont été visités la dernière fois par Néandertal il y a 43 000 ans !
Il faut également noter qu'on se rapproche des limites de la datation radiocarbone, qui ne peut mesurer que les périodes inférieures à - 50 000 ans.
La “résistance” de la Cueva Anton, à Murcia
Pour les chercheurs, la Cueva Antón est dorénavant le seul site néandertalien espagnol dont la datation n'est pas remise en cause à - 30 000 ans. Toutefois, ni les restes lithiques ne sont clairement liés aux Néandertaliens, ni les échantillons de charbon, qui sont datés, ne peuvent être clairement associés aux outils de pierre.
Il ne faut pas oublier également le site de Gorham, à Gilbraltar, visité aussi par les Néandertaliens, et dont les datations sont estimées entre - 28 000 ans et - 24 000 ans (non remises en cause actuellement).
Remise en cause de la cohabitation Néandertal - Sapiens
Les chercheurs en arrivent à la conclusion que, si les dernières preuves de la présence de Néandertal en Espagne sont datées de - 43 000 ans… et que, par ailleurs, l'arrivée d'Homo sapiens est prouvée à - 35 000 ans, les deux espèces n'ont pas pu se rencontrer, tout du moins pas en Espagne.
« Bien qu'il soit encore controversé de changer toutes les hypothèses en vigueur, ces nouvelles données, dessinent un nouveau concept indiquant que les Néandertaliens et Homo sapiens n'ont pas pu coexister dans la péninsule ibérique. C'est ce concept qui va rencontrer le plus de succès », indique Jesús F. Jorda, chercheur au Département de Préhistoire et d'Archéologie de l'UNED.
De manière plus anecdotique, si les Néandertaliens et les Sapiens ne se sont pas rencontrés en Espagne, on ne peut pas accuser ces derniers d'avoir exterminer les premiers !
Réaction
Certains archéologues ne sont pas encore convaincus par cette étude. C'est le cas de Paul Pettit (Université de Durham en Angletter) qui déclare : «nous ne devons pas nous laisser emporter par rapport aux résultats radiocarbone sur seulement deux sites ».
Le préhistorien Bruno Maureille (Université de Bordeaux) déclare au Figaro, «cela n'a rien d'étonnant. La transition entre Néandertaliens et hommes modernes est tellement plus complexe que ce que l'on peut restituer avec nos outils actuels qu'il faut se garder d'avancer des hypothèses trop simplificatrices.»
Equipe de l'étude :
Rachel E. Wood, Cecilio Barroso-Ruíz, Miguel Caparrós, Jesús F. Jordá Pardo, Bertila Galván Santos and Thomas F. G. Higham.
C.R.
Sources :
ScienceDaily
PNAS
Le Figaro
El Pais
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