De nouveaux spécimens d'Homo naledi et une datation !
L'espèce Homo naledi s'enrichit de nouvelles découvertes sur le site de Rising Star, dans une autre grotte du même réseau karstique.
Comme le laissait entendre l'Interview de John Hawks il y a 2 semaines, les anthropologues ont mis au jour de nouveaux restes d'Homo naledi à quelques dizaines de mètres de la première découverte en 2015. Par ailleurs, une autre étude a permis de dater les restes et les sédiments de la première grotte.
En 2015, les chercheurs avaient déjà communiqué sur les restes fossilisés d'hominidés dans l'une des grottes du système de Rising star, en Afrique du sud. La cavité de Dinaledi avait permis d'exhumer plus de 1500 restes appartenant à 15 individus d'une nouvelle espèce, Homo naledi.
En mai 2017, sous la direction de Paul Dick, une équipe a publié les résultats d'une étude de datation des fossiles de la première grotte. Elle a utilisé six techniques de datation différentes, avec 10 laboratoires à travers le monde. Chaque technique a été testée de manière indépendante par au moins deux laboratoires afin de s'assurer que les résultats soient aussi incontestables que possible. Sur la base de l'analyse des dents d'Homo naledi et de plusieurs mesures de la radioactivité dans la grotte, l'équipe a conclu que les fossiles étaient datés entre 236 000 et 335 000 ans.
Les fouilles et les recherches ont continué dans le reste du système karstique de Rising Star à la recherche de nouveaux boyaux à explorer. La quête s'est avérée rentable car les chercheurs ont trouvé une nouvelle cavité avec de nouveaux fossiles. La probabilité d'exhumer d'autres restes d'hominidés était pourtant assez faible.
Crâne LES1 - Neo - Homo naledi - Photo by John Haw ks/University of Wisconsin-Madison
Les découvertes dans la nouvelle chambre
La nouvelle cavité, appelée la chambre Lesedi (un nom qui signifie "léger" dans la langue Setswana), est située à quelques 100 mètres de la première cavité (Dinaledi). Comme la première cavité, elle n'est pas simple d'accès et il est nécessaire de ramper, grimper et se glisser dans les boyaux pour y parvenir.
L'équipe, dirigée par John Hawks et le paléoanthropologue Lee Berger (Université de Witwatersrand, y a récupéré plus de 130 nouveaux restes fossiles d'Homo naledi.
Les nouveaux ossements fossiles proviennent d'au moins trois individus : deux adultes et un enfant. Les chercheurs sont persuadés que d'autres fossiles seront récupérés au fur et à mesure que les fouilles avancent. Pour l'enfant, ce sont des ossements du crâne et du corps qui ont été exhumés, ce qui permet d'estimer l'âge de son décès à 5 ans maximum.
Pour l'un des adultes (LES1), surnommé "Neo", le squelette est remarquablement complet. En particulier le crâne a pu être soigneusement reconstruit, offrant ainsi un portrait beaucoup plus complet d'Homo naledi.
Comme un puzzle crânien « les chercheurs ont découvert une grande partie du visage, y compris les os délicats de la région oculaire et du nez » explique Hawks, expert reconnu des premiers hominidés. "Certains des nouveaux os ajoutent des détails à ce que nous savions auparavant", rajoute-t-il. La reconstitution permet d'évaluer le volume endocrânien à 610 ml.
Photo : reconstitution 3D du volume intracranien de LES1
"Le squelette de Neo présente une clavicule entière et un fémur presque complet, ce qui permet de renforcer nos connaissances sur le mode de locomotion et la taille d'Homo naledi ». C'était à la fois un bon marcheur et un bon grimpeur !
Les vertèbres des nouveaux fossiles sont particulièrement bien conservées, et, fait remarquable, elles ont une forme semblable à celles déjà rencontrées chez les Néandertaliens. "
Homo naledi devient une espèce très documentée
"Avec les nouveaux fossiles de la Chambre Lesedi, nous avons environ 2 000 restes fossiles appartenant à Homo naledi, qui représentent les squelettes d'au moins 18 individus", explique Hawks. "Il existe maintenant plus de spécimens d'Homo naledi que pour n'importe quelle espèce ou population éteintes d'hominidés, à l'exception des Néandertaliens".
Canines provenant de la chambre de Dinaledi.
Une pratique funéraire qui se confirme peut-être
Lors de la découverte de la première cavité, les chercheurs avaient émis l'hypothèse que les ossements ou les corps des 15 individus avaient été apportés par d'autres membres du « clan ». Ce qui laissait imaginer une sorte de rite funéraire en allant ainsi « cacher » le cadavre d'un proche.
Hors, cela gênait les experts car l'espèce Homo naledi paraissait très primitive et jusqu'à présent, seuls les Homo sapiens et les Homo neanderthalensis témoignaient d'une pratique funéraire. Par ailleurs, les plus anciennes « sépultures » du Paléolithique étaient datées de 100 000 ans.
Avec une autre grotte à proximité, la même espèce et la même situation (accès difficile), et une découverte identique, il apparaît que nous sommes très certainement en présence d'une pratique funéraire, il y a 235 000 ans…
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Schéma des grottes de Rising Star. Image par Marina Elliott/Wits University |
"Ce qui est si étonnant à propos d'Homo naledi, c'est que ce sont des individus avec un cerveau d'un tiers de la taille du nôtre", dit Hawks.
"Ce ne sont clairement pas des humains, mais il semble que nous partageons un aspect très profond du comportement que nous reconnaissons, un soin durable pour les autres personnes qui se continue après leur décès. Il me semble que nous pouvons y voir les racines les plus profondes des pratiques culturelles humaines. "
C.R.
Sources :
Science Daily
WashingtonPost
Phys.org
The age of Homo naledi and associated sediments in the Rising Star Cave, South Africa
New fossil remains of Homo naledi from the Lesedi Chamber, South Africa 2
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