Homme de Pékin : des dents retrouvées dans un musée
Des paléontologues suédois ont retrouvé, au Musée d'Uppsala, dans leur pays, de précieux spécimens oubliés venant de Chine, dont plusieurs dents du trop méconnu Homme de Pékin.
La (re)découverte OU « quand les paléontologues font du
rangement... »
Récemment, Per Ahlberg, professeur en biologie évolutive, et ses collègues de l'Université d'Uppsala, en Suède, ont inventorié pas moins de 40 cartons oubliés depuis des décennies dans un coin du Musée de l'Evolution de cette ville, et recélant divers fossiles de dinosaures et autres vertébrés collectés en Chine dans les années 1920.
Parmi ceux-ci 4 dents de l'Homme de Pékin, dont la seule canine connue pour cet hominidé, généralement considéré comme une variété extrême-orientale de l'Homo erectus. Selon le professeur Liu Wu, de l'Académie chinoise des sciences, cette canine est fracturée, mais bien conservée par ailleurs.
Des liens privilégiés avec la Chine
Premiers scientifiques européens à se rendre en Chine au début du 20e siècle, les paléontologues suédois ont mené une série d'expéditions en collaboration avec leurs collègues chinois, mettant au jour un grand nombre de fossiles, dont beaucoup furent expédiés en Suède.
Le Musée de l'Evolution d'Uppsala détient ainsi l'une des plus belles collections - hors Chine - de fossiles venant de ce pays, collection encore enrichie par la récente redécouverte. Ses responsables ont donc tout naturellement convié les spécialistes chinois de l'Institut de paléontologie des vertébrés et de paléoanthropologie de Pékin à partager cette nouvelle manne.
Un taxon peu documenté
Parmi les différents fossiles attribués à l'Homme de Pékin, tous ceux ramenés en Occident ont mystérieusement disparu durant la Seconde Guerre mondiale. Ne subsistaient de ce taxon que 5 dents et quelques fragments crâniens trouvés dans les années 1950-1960 et conservés en Chine. Les dents retrouvées en Suède sont donc considérées comme extrêmement précieuses.
Les promesses
« C'est une incroyable trouvaille ! Avec la technologie d'aujourd'hui, une canine jamais encore traitée peut nous en dire beaucoup plus que par le passé, comme ce qu'[H. erectus] mangeait », s'enthousiasme Per Ahlberg. « C'est une très importante découverte. C'est la seule canine connue. Elle peut fournir des informations importantes sur la façon dont Homo erectus vivait en Chine », confirme Liu Wu.
En examinant les traces d'usures sur cette dent, et en y décelant d'éventuelles granules minérales microscopiques issues de restes de plantes, il pourrait être possible de déchiffrer le régime alimentaire de l'Homme de Pékin et, en complétant l'étude grâce aux autres éléments retrouvés dans la remise du musée d'Uppsala, de reconstituer son environnement.
F. Belnet
Source : Science Daily
Crédit photo : Uppsala University
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