Pour
Michael Morwood, le paléoanthropologue, Homo floresiensis est bien une espèce à part entière...
Mais pas un descendant d'Homo erectus...
L' anthropologiste indonésien Teuku Jacob a déclaré sur BBC Horizon que les restes de l'Homme de Flores correspondaient à ceux d'un homme moderne (Homo sapiens) atteint de microcéphalie.
La microcéphalie est caractérisée par une petite taille du cerveau mais elle peut aussi être associée au nanisme et à des déformations de la face.
Il relance ainsi la polémique qui avait déjà eu lieu au moment de la publication de la découverte du fossile en octobre 2004.
Jacob rejoint ainsi d'autres scientifiques qui avaient déjà fait part de leurs interrogations sur la création d'une nouvelle espèce : Homo floresiensis.
Homo floresiensis aurait du avoir un cerveau de 750 cm3...
Le professeur Bob Martin fait remarquer que les mensurations physiques et cérébrales de l'Homme de Flores sont en contradiction avec les lois du développement biologique.
"Ce que dit cette loi, en termes simples, c'est que si vous divisez de moitié la taille d'un hominidé, la taille du cerveau ne diminue, elle, que de 15 %."
Se basant sur la taille moyenne des Homo erectus, Homo floresiensis devrait avoir, avec une taille de 1 mètre, un cerveau beaucoup plus volumineux que l'on peut estimer à 750 cm3.
Les découvreurs d'Homo floresiensis répliquent...
Pour Ann MacLarnon (Roehampton University, G.-B.) cette théorie d'un homme moderne atteint de microcéphalie ne tient pas la route. Car ne n'est pas un seul individu qui a été trouvé à Flores, mais plusieurs fossiles.
De plus, indique Bert Roberts (l'un des découvreurs), les restes de mâchoires inférieures
retrouvés présentent tous les mêmes caractéristiques inhabituelles.
On ne peut pas imaginer que cette maladie était aussi courante dans la population de Flores.
Michael Morwood, Peter Brown ont trouvé d'autres fossiles d'hominidés sur le même site de Liang Bua. D'après l'étude, les restes appartiennent à neuf individus (Nature, octobre 2005). Parmis les nouvelles découvertes, une mâchoire que l'on peut apparenter à la première mâchoire retrouvée. Les chercheurs ont mis à jour un nombre d'ossements impressionnant :
l'humérus, le radius et le cubitus droit du premier squelette et deux tibias, une omoplate, un fémur, deux radius, un cubitus, une vertèbre et des phalanges de doigts et d'orteils.
La datation des fossiles indique que les Homo floresiensis ont vécu sur l'île de Flores sur une période comprise entre - 95 000 et - 12 000 ans.
Tous ces autres ossements montrent que la taille des Hommes de Flores était d'environ 1 mètre. Par contre les paléontologues indiquent que les bras des fossiles sont de taille inhabituelle et ne correspondent pas à Homo erectus.
Pour Pascal Picq,
«l'homme de Flores semble maintenant plus proche des proportions d' Homo habilis (de 1,15 m à 1,30 m). Après l'homme de Dmanisi retrouvé en 2002 en Géorgie, il s'agirait d'une nouvelle information confirmant que de petits Homo sont également sortis d'Afrique» .
Les recherches sur l'île de Flores sont pour l'instant stoppées. Les chercheurs accusent Teuku Jacob d'être à l'origine de l'arrêt des travaux...
En France, Pascal Picq, paléoanthropologue au Collège de France, déclare : «Avec neuf individus, on a toute une population ! Cela confirme les données précédentes.»
Sur la polémique concernant Homo Floresiensis, Pascal Picq fait remarquer que déjà lors de la découverte de Néandertal on lui avait attribué des pathologies telles que l'agromégalie... certainement pour laisser croire qu'Homo sapiens étant le but ultime de l'évolution (!) il ne pouvait pas cohabiter avec d'autres espèces : «On parle à chaque fois de pathologie. On voudrait penser que nous sommes le canon de l'évolution, l'espèce unique...»
News 27/09/05 modifié le 15/10/05 et le 21/10/05
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