« Arkaïm », une cité de l’âge du bronze
dans les steppes de l’Oural
exposition au Musée départemental des Merveilles de Tende
du 26 juin 2010 au 31 mars 2011
Manifestation organisée dans le cadre de l’année France-Russie 2010
Exposition « Arkaïm », une cité de l’âge du bronze dans les steppes de l’Oural, présentée, pour la première fois en Europe,
Cette nouvelle exposition temporaire, présentée jusqu’au 31 mars 2011, permettra de révéler aux visiteurs, la richesse des vestiges découverts depuis 1987 dans les steppes, à l’Est de l’Oural, et leur offira un voyage passionnant dans une cité mystérieuse : Arkaïm.
Il y a 4 000 ans, dans les régions des steppes de l’Oural, l’exploitation de minéraux de cuivre présents sur ses contreforts a permis le développement de grandes colonies fortifiées et très organisées.
Constituant ce que les scientifiques appellent « la Contrée des cités » une vingtaine de structures circulaires qui correspondent à des concentrations urbaines de l'âge du Bronze ont été repérées sur le versant oriental de l'Oural et six ont déjà fait l'objet de fouilles archéologiques. Parmi elles, le site emblématique « d'Arkaim ».
Cadre géographique
La cité d'Arkaïm est située au centre de l'Eurasie, à proximité des contreforts orientaux de la chaîne montagneuse de l'Oural, à l'intérieur de l'oblast deTchélyabinsk, et au nord de la frontière entre la Russie et le Kazakhstan.
Les paysages de steppes et de forêts-steppes prédominent : bouleaux, pins et mélèzes sont les espèces végétales prépondérantes.
Historique des recherches
La cité d'Arkaïm a été découverte en 1987, lors de la construction d'un grand réservoir d'eau sur la rivière Bolchaïa Karaganka : le site se trouvait exactement dans ce qui devait être le fond du réservoir. Les scientifiques de l'Université d'Etat de Tchélyabinsk ont mené une lutte sans précédent pour sauvegarder ce site unique et, grâce au puissant soutien des savants les plus éminents de Russie, à la participation active de la municipalité de l'oblast de Tchélyabinsk et à l'engagement de l'opinion publique, la construction du réservoir a été suspendue et Arkaïm a pu être sauvée.
Stratigraphie / datation
L'Oural du sud possède un passé historique très riche : la région était peuplée déjà à l'époque moustérienne; au Mésolithique et au Néolithique, le nombre de campements situés sur les bords des lacs et dans les vallées fluviales est également très important.
A l'âge du Cuivre et à l'âge du Bronze, dans les régions des steppes, le processus de sédentarisation s'accroît fortement et coïncide avec l'apparition des grandes colonies. La mise en valeur des zones steppiques atteint néanmoins son apothéose à l'âge du Bronze moyen, lorsque, suite à l'exploitation des minéraux de cuivre présents sur les contreforts de l'Oural, des colonies fortifiées et organisées commencent à apparaître. Cette période - qui prend le nom de culture de Contrée de cités ou d'Arkaïm-Sintachta – s'insère, par datation radiométrique, dans un intervalle de temps compris entre 2040 et 1690 av. J.-C. et, d'un point de vue chronologique, correspond à l'âge du Bronze final en Europe. Cette phase, dite de la Contrée de cités, peut-être subdivisée en trois étapes principales : ancienne, développée et récente, dont le critère de distinction correspond au changement de forme et d'organisation des colonies fortifiées ainsi que celui de la culture matérielle. Au-dessus des couches datées de la culture d'Arkaïm-Sintachta, la tradition de la construction des villages fortifiés se poursuit avec les porteurs des cultures de l'âge du Bronze final.
Architecture
Dans le cadre de la Contrée de cités, les cités fortifiées se situent à une distance comprise entre 40 et 60 km les unes des autres. Le lieu de construction choisi se révèle toujours sec et plat, surélevé de quelques mètres au-dessus du niveau de l'eau, et délimité sur ses côtés par des fleuves et des pentes naturels. Grâce à des recherches archéologiques récentes et à l'observation de photographies aériennes, il a été possible de reconnaître la succession précise des divers systèmes d'aménagements : les structures de forme ovale sont les plus anciennes, remplacées plus tardivement par des structures en forme de cercle ; enfin, les systèmes de fortification rectangulaires sont les plus récents.
La cité d'Arkaïm se distingue des autres cités par l'état d'intégrité unique de ses ouvrages de fortification et de ses sépulcres, mais surtout par l'exceptionnel état de conservation du paysage alentours.
Matériel archéologique : céramique, industrie lithique, armes et bijoux
Les objets découverts lors des fouilles archéologiques témoignent du développement des différents métiers d'artisanat, tels que la poterie, la sculpture sur os, la taille de la pierre et la métallurgie. Tous les objets produits par les habitants de la Contrée de cités possèdent deux fonctions bien distinctes : utilitaire et sémantique. La poterie, par exemple, est ornée de motifs géométriques qui symbolisent les différentes forces de la nature - cercles, carrés, losanges, triangles, croix gammées - qui se retrouvent également dans l'aspect général des colonies et des constructions tombales. D'autres objets sont également décorés : il s'agit de petites sculptures anthropomorphes et zoomorphes en pierre, de pilons, de coupes en pierre ou de manches d'armes et d'outils.
La plupart des objets découverts proviennent toutefois des sépultures présentes en grand nombre, celles des hommes comme celles des femmes, non moins importantes dans la culture de la Contrée de cités. La tenue funéraire féminine présente ainsi de nombreux éléments de parures, tels que des bandeaux placés sur le front, et décorés de bijoux minuscules en bronze et en or; des pendeloques encadrant le visage de la femme ; des colliers enrichis de diverses amulettes et perles de verroterie ; des bracelets. Les inhumations masculines sont, quant à elles, accompagnées d'un vaste assortiment d'armes : arcs, pointes de flèches, haches de guerre et lances. Dans toutes les sépultures de personnages adultes, on trouve également des récipients emplis de nourriture.
Sépultures et pensée religieuse
Les sépultures d'Arkaïm présentent une organisation complexe : en effet, les anciens habitants de la Contrée de cités les considéraient, non seulement comme de simples tombes, mais aussi comme de véritables asiles pour les défunts ; chaque mort y était enterré avec son outillage funéraire personnel.
Les rites funéraires sont également chargés d'une symbolique complexe. On retrouve différentes typologies d'inhumation, parmi lesquelles les plus frappantes sont sans doute celle des hommes accompagnés d'un char et celle où l'homme et la femme sont inhumés ensemble, dans l'idée probablement d'une union sacrée jusque dans l'au-delà.
Les sépultures découvertes sur les différents sites de la Contrée decités témoignent d'un système complexe de cultes et de croyances des peuples qui habitaient la région. On peut affirmer que leur religion était de type polythéiste, basée sur l'existence de plusieurs divinités incarnant les différents éléments naturels - eau, feu, soleil, etc.
Faute de documentation écrite, il n'a été possible d'appréhender la pensée religieuse des peuples d'Arkaïm qu'au travers de lamythologie indo-européenne.
Comportement et mode de vie
Les communautés de la Contrée de cités se divisaient de manière tripartite en guerriers, prêtres et artisans, comme c'est typiquement le cas au sein des sociétés indo-européennes. On ne peut toutefois reconnaître l'existence d'un pouvoir détenu par un chef de tribu unique : grâce aux études menées sur les rites funéraires et les sépultures, il a été possible de conclure que la société de la Contrée de cités était en fait hiérarchisée et rassemblée autour d'une élite. L'autorité de ce groupe d'individus n'était pas fondée sur des contraintes économiques mais sur des valeurs religieuses traditionnelles. Les membres de l'élite tenaient le rôle de prêtres et disposaient également d'une position importante dans le domaine militaire. La femme possédait un statut social élevé et la part jouée d'une manière générale par les femmes dans la culture de la Contrée de cités était très développée.
© Texte, photographies, Établissement public de la culture « Réserve de l’histoire et de la culture d’intérêt régional « Arkaïm », ville de Tchéliabinsk, 2010.
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