La notion de sépulture : de la sociologie à l'archéologie
Conférence par Bruno Boulestin
Mardi 18 Septembre à 19h
Centre d'accueil du Pôle International de la Préhistoire
Présentation
Depuis qu'elle existe en tant que telle, l'archéologie s'est intéressée à l'étude des pratiques funéraires. Les premières synthèses sur cette question datent de la fin du XIXe siècle et du début
du suivant, au moment où l'on passe insensiblement de l'ère des antiquaires à celle des véritables archéologues, de sorte que l'on peut tenir l'archéologie de la mort comme au moins
centenaire.
Malgré cet âge respectable, paradoxalement ce n'est que récemment que la question de la définition de l'objet d'étude de cette discipline a été posée. Qu'est-ce qu'une sépulture ? Car si
nos prédécesseurs du XIXe siècle s'étaient bien interrogés sur la réalité des sépultures néandertaliennes, il s'agissait uniquement d'un questionnement dicté par des motifs d'ordre
idéologique : Néandertal était-il suffisamment humain pour pouvoir en faire ? Pour le reste, jusqu'à il y a peu les choses n'étaient guère compliquées, puisque de façon très générale la
présence d'os humains dans un endroit un minimum structuré impliquait sépulture et pratique funéraire. À la décharge des archéologues, ethnologues et sociologues ne sont, sur ce sujet,
guère d'un grand secours : leur démarche étant différente, ils ne se sont jamais vraiment souciés de définir ce qu'est exactement une sépulture.
Pourtant, la question est d'importance ; elle est même fondamentale. Avant tout parce que définir ce qui est funéraire, ce qu'est une sépulture, conduit à prendre conscience qu'il y a des
pratiques autour de la mort qui ne relèvent pas de ce domaine et ne conduisent pas à la seconde. Or, ce qui est trivial pour un ethnologue ou un sociologue l'est beaucoup moins pour un
archéologue confronté à la présence de restes humains dont, a priori, il ignore toute l'histoire.
Réaliser que cette présence ne signe pas nécessairement une pratique funéraire et peut ne pas correspondre à une sépulture ouvre sur la discussion de comportements qui dans le cas
contraire non seulement n'auraient pas été soupçonnés, mais encore auraient été étudiés pour ce qu'ils n'étaient pas. Il faut bien comprendre qu'il ne s'agit pas là que d'une simple question de
vocabulaire : ce qui est en cause, c'est le sens même de la recherche. Tenter de reconstruire les comportements de nos ancêtres implique de connaître quelle pratique sociale on analyse
véritablement. Et se tromper sur un terme ou lui donner un sens qu'il n'a pas, ce n'est pas seulement se tromper sur la qualification des faits, mais sur les idées qu'il représente.
C'est cette question qui sera abordée au cours de la conférence, qui s'articulera en deux parties.
La première se penchera sur les notions de sépulture et de pratique funéraire : qu'est-ce qui les caractérise, comment peut-on les définir et, a contrario, pourquoi certaines pratiques autour du
cadavre ne sont pas funéraires et ne conduisent pas à une sépulture ? La seconde concernera la transposition de ces concepts à l'archéologie : comment reconnaitre une sépulture
préhistorique ? Quelles sont les limites de l'exercice ?
Biographie
Bruno Boulestin est docteur (HDR) en médecine et en anthropologie, chercheur à l'université de
Bordeaux dans l'unité PACEA – UMR 5199, équipe « Anthropologie des populations passées et
présentes ».
Ses recherches portent sur l'archéologie de la mort, qui en étudie les différents aspects biologiques et sociologiques dans les populations anciennes, en s'appuyant sur les données
archéologiques, mais aussi sur celles de l'anthropologie biologique, de l'anthropologie sociale et de l'ethnologie. Il s'intéresse plus particulièrement aux traitements du cadavre, funéraires ou
non, qui peuvent être restitués à partir de l'étude des traces qu'ils laissent sur les os humains.
Bruno Boulestin est l'auteur de nombreux articles scientifiques et de vulgarisation, ainsi que de plusieurs ouvrages, sous son nom ou en collaboration. Il a notamment participé à celui publié
récemment sous la direction de Lola Bonnabel, Archéologie de la mort en France (éditions La Découverte, 2012). Il a également coorganisé plusieurs tables rondes consacrées aux restes
humains trouvés dans des situations anormales (Morts anormaux et sépultures bizarres. Les dépôts humains en fosses circulaires et en silos du Néolithique à l'âge du Fer, à Sens, en 2006,
en collaboration avec Luc Baray ; éditions universitaires de Dijon, 2010, ou Crânes trophées, crânes d'ancêtres et autres pratiques autour de la tête : problèmes d'interprétation en
archéologie, aux Eyzies-de-Tayac, en 2010, en collaboration avec Dominique Henry-Gambier ; Archaeopress, British Archaeological Reports, 2012). Il a aussi dirigé pendant plusieurs années
des opérations de fouille programmée et participe ou a participé à plusieurs projets de recherche internationaux, de l'Agence nationale de la recherche et du CNRS en France ou de la Deutsche
Forschungsgemeinschaft (DFG : Fondation pour la recherche allemande) en Allemagne.
Informations pratiques
Lieu : Centre d'accueil du Pôle International de la Préhistoire
30 Rue du moulin – Les Eyzies-de-Tayac
Tél : 05 53 06 06 97
Entrée libre / Réservation conseillée
Parking public gratuit : 19 avenue de la Forge
Coordonnées GPS : N 44° 56.1312 – E 01° 01.1536
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