Les premières populations amérindiennes ont génétiquement disparu
Une étude de l'ADN mitochondrial des anciennes populations amérindiennes retrace leur cheminement à travers le continent américain et montre que leur génome n'est plus perceptible dans celui des populations actuelles.
 
L'étude
Les chercheurs se sont intéressés à l'ADNmt de plusieurs individus de l'époque précolombienne.  Les  momies et squelettes anciens sont datés de 500 à 8 600 ans et proviennent du Mexique, du Chili, du Pérou... L'étude génétique, qui a été publiée dans la revue Science Advances, était dirigée par l'ACAD (Australian Centre for Ancient DNA,  Université d'Adelaïde). Elle a permis de confirmer deux points sur l'évolution et la conquête des Amériques. Premièrement, reconstituer les lignées génétiques des populations précolombiennes et deuxièmement l'absence totale de ces dernières dans le génome des Amérindiens actuels.  
A droite : Huaca Pucliana - Tombe et momie du Pérou.

L'histoire du peuplement des Amériques par la génétique
L'étude génétique permet de reconstituer l'histoire (et la préhistoire) des premiers arrivants aux Amériques. Il apparaît que ces premiers migrants ont été génétiquement en contact avec les populations sibériennes il y a 23 000 ans. Puis, pendant une période de 6 000 ans, un groupe humain  isolé s'est détaché, partant vers l'est en passant par la Béringie (un passage de glace
entre la Sibérie et l'Alaska pendant la dernière période glaciaire). « Notre reconstitution génétique confirme que les premiers Américains sont arrivés il y a environ 16000 années par la côte Pacifique », dit le professeur Alan Cooper (directeur de l'ACAD). Ce groupe a pénétré le continent américain il y a 16 000 ans et a continué sa progression vers le sud. Il a finalement atteint le sud du Chili actuel il y a 14 600 ans. Cette propagation vers l'Amérique du Sud, que certains scientifiques trouvaient trop rapide (en 1 500 ans), est donc confirmée par la génétique.
Les chercheurs ont pu également  montrer qu'au fur et à mesure de leur progression, des groupes humains s'étaient établis et stabilisés dans les régions et n'avaient plus eu de contact par la suite avec les autres groupes. 
Pour le Dr Bastien Llamas (ACAD) "Le seul scénario qui correspond à nos observations est que peu de temps après la colonisation initiale, les populations se sont établies et sont restées géographiquement isolées les unes des autres... » 

Béringie orientale au cours du maximum de la dernière glaciation (LGM) et le retrait des calottes glaciaires. Image Science Advance

Des populations totalement disparues ?

Selon les chercheurs toutes les populations essaimées en Amérique du sud n'ont plus eu de contacts entre elles depuis 9 000 ans : elles sont isolées géographiquement et génétiquement. A la fin des années 1 400 elles disparaissent sans descendance, de manière simultanée et massive à l'arrivée des Espagnols, et plus particulièrement des conquistadores.  
Cette extinction massive de toutes ces lignées natives peut correspondre à une extermination rapide et directe par les Espagnols mais également par le contact avec des maladies importées d'Europe (syphilis, variole, rougeole, oreillons et peste bubonique). Toutes ces populations ont été brutalement  décimées, sans aucune descendance connue. 
Les chercheurs font toutefois remarquer que l'étude a porté sur 92 individus et qu'il faudrait élargir l'échantillon pour être sûr que ces populations ont véritablement été complètement anéanties.


C.R.


Sources
Science Advances  
Science Daily