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3 vagues de migration Asie-Amérique
Trois vagues de migration de l’ Asie vers les Amériques
Publiée le 11 juillet 2012 dans Nature, une vaste étude génétique internationale, portant sur l’origine des Indiens d’Amérique, montre que le peuplement du Nouveau Monde s’est fait en 3 vagues migratoires successives depuis l’Asie, et précise certains aspects de ce peuplement. .
L’étude
Une équipe internationale de généticiens a mené à bien l’étude la plus exhaustive jamais réalisée sur le génome des Amérindiens actuels, qu’elle a comparé à celui de Sibériens afin de préciser les modalités de peuplement de l’Amérique du Nord et du Sud. Les résultats, non seulement confirment l’origine asiatique de ceux que l’on appelle les ‘premiers Américains’, mais corroborent, dans une certaine mesure, une hypothèse lancée par des linguistes dans les années 1980, à savoir qu’il y a eu 3 vagues successives de migration. La première, cependant, a fourni l’essentiel de l’apport humain (et donc génétique) dans le Nouveau Monde.
3 vagues migratoires
Ce premier flux de migrants, venus d’Asie par la Sibérie et le détroit de Béring, alors praticable à pied sec, est arrivé il y a au moins 15 000 ans. « Ce qui est frappant, c’est que les populations [actuelles], depuis le nord du Canada jusqu’au sud de l’Amérique du Sud, sont cohérentes en tant que descendantes d’un seul flux de migration depuis l’Asie », souligne David Reich, de l’École de médecine de Harvard, exprimant ainsi l’écrasante dominance de ce premier apport.
Cependant, une seconde vague migratoire, s’arrêtant aux régions arctiques, s’est mêlée aux descendants des colons de la première vague, fournissant 50 % des gènes des actuels habitants des îles Aléoutiennes (ouest) et du Groenland (est), d’ailleurs liés par l’usage de langues Eskimo-Aléoute.
Une troisième arrivée, enfin, limitée elle aussi au nord du continent, est à l’origine d’environ 10 % de l’ADN des Chipewyans du Canada, qui restent donc à 90 % des descendants des tous premiers Américains. La date de ces 2 dernières migrations reste indéterminée (entre -15 000 et -5 000 ans).
Une fois en Amérique
La diversité génétique plus grande chez les Amérindiens côtiers que chez ceux de l’intérieur des terres suggère une migration le long des rives océaniques, avec des éléments quittant çà et là le flux principal pour coloniser le centre, et avec peu d’échanges génétiques, ensuite, entres les diverses poches d’occupation ainsi formées. Le mouvement global est bien sûr orienté du nord vers le sud, à 2 exceptions près.
Une première rétro-migration aurait conduit des gens qui s’étaient installés au Vénézuela ou en Colombie à remonter un jour vers le nord, pour se mêler à d’autres gens venant, eux, du Mexique et descendant vers le sud, pour finalement former le peuple de langue Chibchan, au Panama.
Deuxièmement, des groupes ‘fraîchement’ américains auraient repris, à un moment de leur Histoire, le chemin inverse, vers l’Asie, comme en témoigne la part d’ADN amérindien dans les gènes des actuels Naukans et Chukchis, peuples côtiers de Sibérie.
Une prouesse scientifique
Ce travail a mobilisé 64 chercheurs des États-Unis, du Canada, de divers pays d’Europe et d’Amérique centrale et du Sud. Le génome de 500 personnes issues de 17 populations sibériennes et de 52 populations du Canada, du Groenland, d’Amérique centrale et du Sud a été étudié. Et, dans cet ADN, les généticiens ont dû repérer les marqueurs génétiques propres aux Amérindiens, ‘perdus’ parmi ceux issus d’ancêtres bien plus récents, européens et africains, venus compliquer encore un peu l’Histoire du peuplement des Amériques…
C.R.
Sources
ScienceDaily,
NewScientist,
Sciences&Avenir
Schéma sur les différentes migrations par Emiliano Bellini