Au Néolithique, des habitants de l'Aveyron venaient du Proche-Orient
Publiée mercredi 1er juin dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) et réalisée par des chercheurs français, l'étude génétique d'ossements vieux de quelque 5 500 ans trouvés dans l'Aveyron montre une origine proche-orientale d'une grande partie de cette population.
L'étude
En collaboration avec le CNRS, l'Université Paul Sabatier de Toulouse et l'Université de Strasbourg, le Muséum d'Histoire Naturelle de Toulouse a procédé à l'analyse génétique de fossiles faisant partie de ses collections, à savoir des crânes du Néolithique (IVe millénaire avant notre ère) découverts dans la grotte de Treilles, dans l'Aveyron.
L'ADN nucléaire (c'est-à-dire extrait du noyau des cellules) des dents de 24 de ces crânes montre que "la majorité des sujets inhumés étaient des hommes descendant d'un seul et même ancêtre [venant] (...) probablement d'Anatolie", selon Francis Duranthon, directeur du Muséum.
Un clan, il y a 5 000 ans
De précédents examens de cette sépulture de Treilles, mise au jour dans les années 1930, avaient déjà largement esquissé sa composition : au moins 149 individus, dont 86 adultes et 63 jeunes, inhumés au cours d'un laps de temps de un à deux siècles, il y a quelque 5 000 ans de cela. Les résultats de la présente étude précisent les choses : une majorité d'hommes (parmi lesquels 3 étaient de très proches parents), puisque 2 seulement des 24 sujets génétiquement étudiés étaient des femmes.
Plus remarquable, l'origine géographique donnée par les marqueurs génétiques : locale (ou très voisine) pour les femmes, venues des Grands Causses (sud du Massif Central) ; lointaine pour la plupart des hommes, dont 16 (donc plus des deux tiers) s'avèrent du même lignage paternel, venu de bien loin à l'est.
Le Proche-Orient, région 'phare' au Néolithique
"Il s'agit d'un peuplement originaire du Proche-Orient au début du Néolithique et [d'un ADN] aujourd'hui presque totalement disparu", concluent en effet Eric Crubézy et Marie Lacan, auteurs de l'étude ADN, qui ont relevé, parmi les signatures génétiques de ces migrants, l'absence d'un gène permettant de digérer le lait frais, que possédaient, en revanche, les autochtones de l'époque.
Des études génétiques récentes avaient déjà mis en évidence de tels mouvements de populations néolithiques depuis le Proche-Orient vers l'Europe centrale.
Si des vestiges archéologiques, comme des céramiques, suggéraient un phénomène analogue plus au sud, dorénavant, "ici, on le sait par la génétique", souligne Francis Duranthon, selon qui ces données confirment "l'importance des mouvements de populations, pendant le Néolithique, le long des côtes méditerranéennes".
F. Belnet
Sources :
Sciences et Avenir,
Midi Libre
Voir aussi
Les plus anciennes traces humaines en France
à Lézignan-la-Cèbe
L'exposition Les premiers habitants de l'Europe à Tautavel
Les premiers européens, film documentaire diffusé sur Arte en juin 2010
|