L'évolution du vivant
Maryline Coquidé - Stéphane Tirard

Un enseignement à risque ? Ouvrage Collectif M. Coquidé, S.Tirard, G. Gohau, G. Lecointre et H. Le Guyader

Présentation par l'éditeur L'évolution du vivant est devenue le paradigme central de la biologie et, si les chapitres explicitement consacrés à la théorie de l'évolution dans la scolarité obligatoire ne sont pas si nombreux, elle oriente néanmoins la totalité de l'enseignement des sciences de la vie et de la Terre. Depuis 1859 (parution du livre fondateur de Darwin Origine des espèces), les idées darwiniennes ont fait leur chemin, depuis 1953 (découverte de la double hélice d'ADN) la génétique et la biologie moléculaire ont donné un support matériel aux phénomènes évolutifs et la théorie n'a cessé de se consolider et s'enrichir. Cependant bien des régressions, des remises en cause, des résistances subsistent ou réapparaissent. Faire face aux offensives des mouvements néo-créationnistes ou du dessein intelligent exige un travail d'épistémologie - auquel les enseignants sont peu préparés - afin d'analyser les raisonnements biaisés qui sont opposés et mettre en place une formation à l'esprit critique où le souci de respect des cultures et des opinions ne conduirait pas à l'esquive ou au renoncement à la rigueur. Ce livre fait partie de la sélection de livres pour l'anniversaire de Charles Darwin en 2009.

Sommaire de L'évolution du vivant

L'enseignement et la diffusion de l'évolution à la loupe
Une question de science : ruptures, débats, obstacles
L'évolution et son enseignement : questions de sociétés

Un extrait de "L'évolution du vivant "

L'argumentation critique: un enjeu pédagogique
Recenser les différences, souligner les points communs de l'organisation des Vertébrés, en un mot comparer, telle est la démarche pédagogique adoptée pour mettre en évidence l'unité de plan d'organisation caractéristique des Vertébrés. L'objectif est de montrer aux élèves que l'accumulation des données issues de la paléontologie (similitudes entre les squelettes fossiles et actuels), de l'anatomie (même disposition topologique des organes et des os), de l'embryologie (même origine embryonnaire des structures anatomiques, homologie) et de la génétique (similitudes entre les gènes, gènes homologues) justifie le bien-fondé d'un lien de parenté entre les Vertébrés.
Comme si l'ordonnancement logique de toutes les ressemblances répertoriées exigeait, par nécessité déductive, l'hypothèse d'un ancêtre commun. Mais, considérons, un instant, la remarque d'un élève de Terminale S, à propos de l'homologie: < C'est normal qu'il y ait des structures homologues chez les Vertébrés, car tous les Vertébrés se développent pareil; ça ne prouve pas qu'ils soient parents. C'est comme le singe et l'Homme, même s'ils ont un développement semblable, avec les mêmes organes, les mêmes membres, etc., c'est tous les deux des Mammifères, alors ils se développent pareil. Ça ne veut pas dire qu'ils ont un ancêtre commun. Le singe, c'est le singe, l'Homme c'est l'Homme. »
L'élève ne remet pas nécessairement en cause l'idée d'évolution, mais il informe l'enseignant que son objectif pédagogique - établir un lien entre l'unité de plan des Vertébrés et l'ancêtre commun - n'a pas été atteint. En effet, s'appuyer sur l'invariance du plan d'organisation des Vertébrés pour démontrer l'évolution, c'est-à-dire la transformation des organismes au cours du temps, lui paraît, pour le moins paradoxal ! Ne faut-il pas alors reconsidérer cet a priori selon lequel toute comparaison (anatomique, embryologique ou moléculaire) conduirait inéluctablement à l'idée d'évo­lution ? Examinons la pertinence des arguments les plus utilisés en classe, tirés de l'anatomie comparée, de l'embryologie et de la biologie moléculaire pour accréditer une origine commune aux Vertébrés....

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