L'Emite du Paradis
Jean Guilaine
Editions Association Totem
L’odyssée d'un véritable Ulysse de la préhistoire.
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Présentation de l'éditeur
À sa mort, parvenu au Paradis, un archéologue se trouve face à face avec Ato, un homme ayant vécu vers 2500/2400 avant notre ère. Un dialogue amical se noue. L’archéologue s’imagine que son nouveau compagnon a mené une vie misérable. Il a tout faux ! Ato lui narre alors les mille et une péripéties de son existence aventureuse. À la demande d’un chef ibérique, il a erré aux quatre coins de la Méditerranée à la recherche – sans cesse compromise – d’ivoire oriental. Devenant ainsi malgré lui le chroniqueur émouvant des civilisations fort diverses auxquelles son destin l’a confronté...
L’odyssée de cet Ulysse préhistorique sera riche en rebondissements. Un récit captivant !
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13 x 20 cm
320 pages - broché
L'auteur, Jean Guilaine
Jean Guilaine, archéologue de réputation internationale, après Pourquoi j’ai construit une maison carrée (Actes Sud, 2006), signe ici son deuxième roman. Il a également écrit Cain, Abel, Ötzi
Un extrait de L'Ermite du Paradis
« Je crus un instant être victime d’une hallucination. Les archéologues en ont quelquefois. J'envisageai aussi un canular. On peut en faire, même au paradis. Je restai donc là, figé, scrutant à une cinquantaine de mètres les moindres détails architecturaux de cette modeste maison dont le modèle avait constitué l’un de mes casse-têtes professionnels. Je n’osais même pas avancer, pris entre rêve et réalité. J’avais trop peur que le moindre pas en avant ne fasse brusquement volatiliser ce tableau singulier qu’il m’était donné de voir pour la première fois alors que mes chantiers sur terre ne m’en avaient livré que des bribes.
Je restai là, un peu décontenancé, lorsque je vis plus étrange encore. Une homme sortit soudain de cet antre et alla ramasser un petit fagot de bois à quelques mètres de là. Je me cachai illico derrière un buisson et me mis à l’épier. C’était un gaillard d’environ une trentaine d’années, peut-être plus, barbu, vêtu d’une tunique de cuir plutôt grossière, assez mal ajustée. Il marchait d’un pas assez lourd, claudiquant légèrement. Retournant vers sa demeure, il laissa tomber involontairement une partie des branches prises sous le bois, grommela quelques mots étranges et disparut dans sa case.
J’avais du mal à retenir mon émotion. J’étais pétrifié. C’était, à coup sûr, un vieil humain. Voilà quelqu’un qui avait vécu plusieurs millénaires avant moi, me dis-je, et qui, lui aussi, avait gagné son coin de paradis en s’établissant aux frontières géographiques de celui-ci. Je détalai, refranchissant à vive allure les reliefs que j’avais escaladé à l’aller. Au terme d’un retour qui me parut sans fin, j’arrivai, bouleversé, dans ma « villa ». Pour la première fois, j’en fermai à double tour toutes les issues. Avoir vu un « néolithique » (j’emploie ce terme qui faisait partie de mon vocabulaire d’archéologue terrien mais qui ici ne signifiait plus rien) m’avait grandement perturbé. Imaginez donc. Supposez qu’au cours d’une promenade en montagne, vous tombiez sur Ötzi en chair et en os… C’est bien ce qui venait de m’arriver. Je décidai de ne jamais plus revenir vers ses satanées montagnes et d’orienter toutes mes promenades dans d’autres directions. »
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