L'affaire de L'abri du poisson
Patrie et préhistoire
Randall White
Le nouveau livre de Randall White, préhistorien, montre que l’affaire de
l’abri du Poisson fut plus complexe qu’on a bien voulu l’admettre
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Dans le vallon de Gorge d’Enfer aux Eyzies, la voûte d’un abri-sous-roche porte l’image d’un saumon, sculpté par l’un de nos ancêtres préhistoriques. Cette sculpture, qualifiée de bas-relief, est entourée des coups de ciseaux violents laissés en 1912 lors d’une tentative d’enlèvement pour la vendre à un musée allemand. Ce poisson est devenu un symbole de la lutte des préhistoriens et des autorités françaises du début du XXe siècle contre l’exportation à l’étranger du patrimoine préhistorique.
Ce livre raconte, étape après étape, l’histoire surprenante de cette affaire, dont les procédures administratives et légales ont duré presque trois ans. Sur le chemin de la vérité, le lecteur rencontre des faits inédits étonnants. Chaque fait et chaque affirmation sont fondés sur des documents précis : l’auteur a eu accès aux archives publiques et privées, en France, en Allemagne et aux Etats-Unis. |
Notre avis :
Véritable reconstitution historique de cette affaire, documents à l'appui.
Randall White remet l'affaire dans son contexte c'est-à-dire dans une période où français et allemands n'étaient pas franchement en bons termes... On découvre que Denis Peyrony n'est pas aussi intègre qu'on pouvait le penser mais c'est surtout Otto Hauser qui apparaît sous un nouveau jour... beaucoup moins affairiste et plus préhistorien.
A noter le rôle de l'abbé Breuil qui a su se faire "journaliste" à l'occasion en utilisant des arguments indignes d'un homme d'église.
Une véritable remise à plat des faits pour faire éclater le vérité ! |
Communiqué Editions Fanlac
Cette enquête apporte des éléments nouveaux :
• La présentation de l’affaire du Poisson dans la presse et dans le monde scientifique trahit
sérieusement la vérité.
• Le fameux archéologue suisse Otto Hauser n’avait rien à voir avec l’extraction et la vente
de la sculpture et le rôle du grand préhistorien périgourdin Denis Peyrony fut moins
« héroïque » qu’on ne l’imagine.
• L’extraction et la vente du poisson furent parfaitement légales à l’époque, en l’absence de
lois contrôlant les fouilles et l’exportation du mobilier archéologique.
• Les vendeurs n’étaient ni des marginaux, ni des voleurs, mais plutôt de bons citoyens : un
adjoint au maire de Manaurie qui devint maire ensuite (Delprat), et un membre du
conseil municipal des Eyzies (Souffron). Lorsque le directeur du musée de Berlin est
venu aux Eyzies au mois de septembre 1912, il fut bien accueilli par ces habitants de la
commune des Eyzies.
• La mise en cause d’Hauser faisait partie d’une campagne de presse contre lui de la part
d’un certain nombre de préhistoriens dont Louis Capitan, Henri Breuil, Louis Didon et
Denis Peyrony.
• Ces derniers qualifiaient Hauser de « commerçant, » mais les archives démontrent qu’eux
aussi vendaient des collections à prix fort à l’étranger. Par exemple, pendant l’année 1912,
celle de la tentative d’enlèvement du Poisson, Denis Peyrony a vendu sa collection
personnelle d’environ dix mille objets, en grande partie à l’étranger, à un prix surprenant.
• L’affaire de l’abri du Poisson s’est déroulée dans une France saturée par un sentiment
anti-allemand. Les écrits fervents de Louis Capitan montrent jusqu’à quel point ses
interventions étaient motivées par la haine, la peur et le dégoût provoqués par la menace
allemande. Mais cette menace contre la nation n’empêchait pas les habitants de la vallée
de la Vézère de proposer des ventes aux « Prussiens ».
• Alors que les ventes en Allemagne étaient empêchées, on recevait à bras ouverts des
représentants des musées américains. Un squelette magdalénien du Cap-Blanc passait en
Amérique ainsi qu’une superbe sculpture de cheval de Sergeac, cette dernière vendue par
Louis Didon à l’American Museum of Natural History à New York. Évidemment, des
intérêts autres que la protection du patrimoine préhistorique étaient en jeu à l’abri du
Poisson.
• Avant que le poisson ne soit détaché de la voûte, l’Etat français a ouvert une instance de
classement en vue d’une expropriation. Mais les propriétaires, par l’intermédiaire d’un
vote du conseil municipal des Eyzies, tentèrent, sans résultat de s’opposer à
l’expropriation.
• Finalement, le jury d’expropriation, composé des habitants de la Vézère, fixa un prix
élevé pour l’époque et presque dix fois la somme offerte par l’Etat. En fait, le prix de
l’expropriation équivalait à la somme offerte par le musée de Berlin. Même s’ils écrivaient
mal, les Eyzicois savaient compter. L’un des représentants de l’Etat se plaindra par la
suite que le propriétaire lui avait bien fait l’effet d’une fripouille.
• Enfin, vraisemblablement, le Poisson, situé directement sous le chemin communal allant
de Laugerie au Bugue, appartenait à une collectivité territoriale. Louis Capitan se rendit
compte de ce fait trop tard pour contester les droits des propriétaires.
En somme, l’affaire de l’abri du Poisson n’était pas une simple lutte des bons contre des
méchants. Elle a été faussement imaginée être un coup de massue sur le méchant Hauser par le héros Denis Peyrony. En réalité, les différents acteurs dans cette affaire étaient des êtres humains infiniment compliqués, dans un moment de crise et de transformation de l’histoire du Périgord, de l’Europe et du monde en général.
Périgueux
Le 4 janvier 2007
L'auteur, Randall White
Randall White, éminent chercheur, spécialiste de lart et de la technologie de lépoque glaciaire, dirige lInstitute for the Ice Age Studies à lUniversité de New York, où il est professeur danthropologie. Son travail de terrain la conduit à explorer une grande diversité de sites préhistoriques, des régions arctiques du Canada à lAfrique du Nord, et jusque dans le sud de la Russie, et en France dans la vallée de la Dordogne où il dirige actuellement des fouilles sur un établissement datant de 35 000 ans à labri Castanet.
Il est lauteur de nombreux ouvrages et articles sur la vie des hommes préhistoriques, collaborant souvent à des revues comme Time, Newsweek, Natural History et autres magazines de grande diffusion.
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