La
taille du cerveau humain |
Mesurer
le cerveau humain :
un sujet à risque !
Le fait de prendre les mesures d’une partie
du corps humain semble banal et logique pour
faire des comparaisons ou montrer une évolution…
Mais mesurer le cerveau est beaucoup plus risqué
du fait de ce que cela sous-entend pour certains.
Plusieurs théories racistes ont pris
pour base ces mesures… en y ajoutant des
notions de races.
- comment mesure-t-on un cerveau ?
- comparatif du cerveau de plusieurs hominidés
(Les avis divergent, Loïc Hibon)
- le crâne humain... resté au stade
foetal ? (L'homme végétal,
Gérard Nissim Amzallag)
- mesurer un crâne n'est pas sans danger
!
Mesurer le cerveau n’est pas mesurer
l’intelligence…
"La mesure du cerveau" a été
le premier thème choisi par les internautes
lors du précédent sondage (février
2003). |
Voir aussi
- L'étude du crâne et de l'endocrâne de l'entant de Mojokerto par Antoine Balzeau (juin 2005)
- L'étude de Bruce Lahn sur l'évolution du cerveau humain (sept. 2005)
- Acheter un crâne humain ou d'un hominidés. |
|
Comment
mesurer un cerveau ?
Sur
Hominidés.com vous trouverez sur chaque
fiche ancêtre, le volume en
centimètres cube
de l'individu concerné.
Cette méthode est basique mais permet
de comparer facilement différents individus
d'une même espèce entre eux.
Avec cette méthode l'homme est détrôné
par les éléphants, les dauphins
et les baleines
Une autre méthode est le coefficient
d'encéphalisation qui mesure la taille
du cerveau par rapport au corps de l'individu.
La méthode est plus complexe mais donne
une idée plus réelle du poids
en tenant compte de la taille générale
de l'individu.
Malheureusement (?), là encore, l'homme
se retrouve classé derrière les
singes écureuils, les capucins d'Amérique
du Nord et certaines chauve-souris
mais
premier chez les primates !
|
|
Comparatif
du volume cervical des hominidés
D'une manière générale,
sur les derniers millions d'années, on
peut observer une progression du cerveau des
hominidés. De l'Australopithecus
(410 cm3) à l'Homo sapiens (1400 cm3) on assiste
à un triplement du volume du cerveau.
La facilité serait d'en déduire
que nos facultés cognitives ont aussi
progressé dans les mêmes proportions.
La
taille du cerveau n'a pas de réel
rapport avec l'intelligence.
Si on observe le cerveau d'Homo
sapiens actuels, force
est de constater que nos plus grands scientifiques
ou artistes ne sont pas dotés d'un
cerveau supérieur à la moyenne...
Quelques ancêtres apportent même
de nouvelles pièces à contradiction...
!
Tout
d'abord Homo
neanderthalensis...
En effet cet hominidé était
doté d'un cerveau compris entre 1500
et 1750 cm3* (soit 350 cm3 de plus que sapiens
!). On ne peut donc établir un rapport
direct entre taille du cerveau et intelligence,
ou alors il faudrait admettre que nous avons
17 % de moins de capacité cognitive
que les néandertaliens...!
* Source "Aux
origines de l'humanité"
Fayard 2002
Homo
georgicus pose lui
aussi problème... cérébral
! Jusqu'à sa découverte, on
pensait que le premier hominidé à
avoir quitté le berceau africain
pour s'aventurer en Europe était
doté d'un cerveau et de capacités
importants. L'Homo erectus était
tout désigné pour cette migration : un cerveau volumineux et une grande capacité
à fabriquer des outils... Mais les
restes d'Homo georgicus,
retrouvés à Dmanissi et vieux
de 1,8 millions d'années, en font
le plus vieil hominidé connu sur
le continent européen avec un cerveau
plus petit d'un tiers qu'Homo erectus...
N'oublions pas également le cerveau de Cro-magnon, un ancêtre direct de l'homme moderne dont le cerveau était en moyenne de 15% supérieur en taille. Le cerveau du spécimen Cro-magnon 1 a été récemment modélisé en 3D. Les chercheurs ont estimé qu'il était supérieur en taille de 20% !
|
Le
cerveau des néanderthaliens surdéveloppé
?
Tous le chercheurs ne sont pas de cet avis...
Parmi eux, Loïc Hibon
(anthropologue) trouve
le nombre d'individus étudiés
trop faible pour établir une véritable
moyenne.
" ...les néandertaliens n'avaient
pas un volume cérébral supérieur
à celui de l'homme moderne. La moyenne
que l'on avance chaque fois pour les néandertaliens
est calculée sur une demi-douzaine
d'individus (...), et il n'est guère
scientifique d'en tirer des conclusions
!
Et il faut en effet rappeler que si l'homme
moderne a un volume moyen de 1500 cm3, les
valeurs s'échelonnent entre 1000
et 2000 cm3".
Loïc Hibon cite en exemple :
" M. H Wolpoff, dans Human evolution (éd. 1996-97), nous dresse un tableau
des moyennes pour la "taille du cerveau"
des néandertaliens würmiens
:
4 femelles --> 1286 cm3
7 mâles --> 1575 cm3.
Wolpoff remarque au passage que la plus
grande représentation de mâles
nuit à la possibilité de comparaisons...
A l'heure actuelle les paléoanthropologues
considèrent que si le volume crânien
était globalement le même,
l'architecture était par contre différente
(avec des lobes frontaux bien moins développés)".
Voir
le site de Loïc Hibon |
Le
crâne humain.. resté au stade
foetal ?
Selon Gérard Nissim Amzallag
(biologiste) le rapport tête/corps
de l'être humain est anormalement
élevé... pour un adulte
!
En effet, à l'état embryonnaire,
tous les mammifères ont un coefficient
d'encéphalisation élevé
: le crâne se développe de
manière plus rapide que le reste
du corps. Puis, au fur et à mesure
du développement, ce rapport diminue
progressivement et les mammifères
retrouvent, à l'âge adulte,
une taille de crâne plus proportionnelle
au reste du corps.
L' homme fait partie des très rares
mammifères à garder "une
grosse tête"... Comme
si nous avions conservé des caractéristiques
embryonnaires et stoppé notre développement.
A noter aussi, le grand nombre de circonvolutions
du cerveau humain qui ressemble très
fortement à celui du chimpanzé...
à la naissance !
Gérard
Nissim Amzallag
en déduit : "C'est encore
une indication de l'arrêt précoce
du développement accompagnant l'hominisation"...
"L' homme végétal"
Gérard Nissim Amzallag (Albin Michel)
|
|
|
Mesurer
un crâne n'est pas sans danger !
Au 19 et 20e siècle notre société
a cherché à classifier tous les
êtres et la faune qui nous entourent (Linné,
Lamarck).
Un sujet a particulièrement passionné
les scientifiques de l'époque, l'étude
de la taille du cerveau humain.
En filigrane, ces études voulaient également
classifier entre eux les différents êtres
humains et démontrer que l'homme se trouvait
en haut de l'échelle de l'évolution.
Le concept était relativement simple :
plus le volume du cerveau est important, plus
l'être est intelligent et évolué.
Cette classification simpliste permettait de classer
les noirs en bas de l'échelle avec les
singes, puis les jaunes et enfin les blancs
Les protagonistes sur le sujet sont nombreux,
en voici quelques-uns : Paul Broca
(1824-1880), fondateur de la Société
d'anthropologie, publia de nombreuses études
sur la taille des cerveaux masculins, féminins,
mais aussi sur leurs évolutions dans le
temps
Gustave Le Bon (1841-1931) qui soutenait
que l'écart entre le cerveau de l'homme
et celui de la femme se creusait, en éliminant
les sujets extrêmes qui contre-carraient
sa théorie (ou ses préjugés
?).
Emile Durkheim dans " L'Homme et les
sociétés " (1881) qui reprit
dans un premier temps les thèses de Gustave
Le Bon avant de s'en écarter.
Toutes ces théories ont servi de base
au racisme et à la prétendue inégalité
entre les "races ". Même L'origine
des espèces de Charles Darwin a
pu être ainsi détournée
en distinguant les "races moins évoluées",
" le plus évolué l'emporte" et en l'appliquant aux être humains
A
lire sur le sujet :
|
La mal-mesure de l'homme de Stephen Jay Gould.
Un livre contre les préjugés.
L'auteur reprend les travaux des scientifiques de l'époque et démontre qu'ils ont arrangé leurs" études" pour les faire coïncider avec leurs théories. L'ouvrage aborde également les tests de QI (Quotient intellectuel). Sujets à caution, ils mesurent plus souvent l'aptitude d'UNE certaine population à résoudre UN type de problème que l'intelligence en elle-même.
Et d'abord, c'est quoi l'intelligence ? Passionnant !
Voir la bibliographie de Stephen Jay Gould. |
|
Pour
aller plus loin sur le thème du cerveau
Un site canadien sur le cerveau
humain.
Tous les aspects sont abordés (ou
en phase de réalisation !) : la mémoire,
l'évolution, le plaisir, la douleur...
Dans un soucis d'adaptation à votre
niveau de connaissance, ce site vous propose
trois niveaux de lecture :
- débutant,
- intermédiaire ou
- avancé... à vous de choisir
!
A noter les schémas qui agrémentent
le site sont tous de très grande
qualité.
http://www.lecerveau.mcgill.ca/flash/index_d.html
Une référence ! |
|
|
|
|
Dernière mise à jour le 01/06/10 |
|