Des lames en silex fabriquées "en série" il y a 200 000 à 400 000 ans en Israël
Publiée récemment dans le Journal of Human Evolution, la découverte et l'étude, par des chercheurs israéliens, de milliers de lames de silex vieilles de 200 000 à 400 000 ans, dans une grotte proche de Tel-Aviv, suggère une production élaborée et "intensive" de ces tranchants, rivalisant avec la technicité de l'homme anatomiquement moderne du Paléolithique supérieur.
La découverte
Dans la grotte de Qesem, près de Tel-Aviv, sur un site archéologique associé au complexe culturel acheulo-yabroudien (Proche-Orient, fin du Paléolithique inférieur, soit - 400 000 à - 200 000 ans), le Pr. Avi Gopher, le Dr. Ran Barkai et le Dr. Ron Shimelmitz, de l'Université de Tel-Aviv, ont mis au jour plusieurs milliers de lames de silex, que les découvreurs présentent comme le résultat d'un « système sophistiqué de production d'outils, rivalisant avec la technologie de fabrication de lames utilisée des centaines de millier d'années plus tard ».
Les outils
Il s'agit d'outils de découpe en silex, longs et minces, dont la plupart présentent, d'un côté un tranchant affilé, et de l'autre un bord mat (non tranchant), facilitant la préhension. Selon le Pr. Cristina Lemorini, de l'Université Sapienza de Rome, qui en a étudié les surfaces au microscope, ils étaient principalement utilisés dans des activités de boucherie.
« Chaîne de montage »
Par le passé, des lames ont déjà été découvertes sur des sites plus anciens, en Afrique. Mais ici, les artisans de cette culture lithique restreinte au Proche-Orient semblent en avoir optimisé la production : « Parce qu'elles pouvaient être produites si efficacement, elles étaient presque utilisées comme ‘biens de consommation courante' », suppose le
Pr. Gopher.
D'après les auteurs de l'étude, le processus, bien planifié, commençait par le choix rigoureux et l'extraction (en surface voire souterraine) de la matière première : du silex compatible avec la technologie mise en œuvre. Systématique et efficace, celle-ci impliquait une grande précision des impacts - puissants mais maîtrisés - portés sur la pierre, dont les modalités de fracturation semblent avoir été très bien connues.
C'est peut-être la première fois, dans l'histoire humaine, qu'une telle technologie a été normalisée, note le Pr. Gopher, qui précise que les lames ont été produites avec relativement peu de déchets, et une relative facilité.
Des résidents bien organisés
Les artéfacts de Qesem se distingueraient donc surtout par la sophistication de leur fabrication, une véritable ‘production de masse' préhistorique. Les chercheurs estiment que ceci est en cohérence avec l'utilisation « quotidienne et habituelle » de feux à l'intérieur de la grotte, laquelle montrerait également une division spatiale bien établie, selon les tâches à accomplir.
F. Belnet
Sources :
ScienceDaily,
www.archeologydaily.com
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